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lieux communs (et autres fadaises)
1 juin 2021

CMFUBJ 50

(P38 /5)

LA LOI DE TÉHÉRAN
de Saheed Roustayi
avec Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Hooman Kiaie, Parinaz Izadyar, Farhad Aslani
(sortie : 28 juillet 2021)

Un cas d'école. J'ai commencé à le regarder en pleine nuit (autant rentabiliser mes pauses nocturnes), j'en ai vu une trentaine de minutes, et je n'étais pas très emballé. Ca commence par une perquisition musclée, avec plein de flics qui courent partout, et ça ressemble à un pas très bon téléfilm, puis suit un reportage sur les déshérités fumeurs de crack qui vivent dans des tuyaux en ciment, puis un coup de filet massif et la mise en garde à vue tout aussi massive de dizaines et dizaines de mecs et de femmes, je suis retourné me coucher en n'étant pas sûr que je regarderais la suite. Et quand je l'ai repris, je l'ai regardé d'un autre oeil. Le héros, Samad, est un flic intègre et inflexible, qui fait tout pour parvenir à arrêter Nasser Khakzad. un insaisissable gros bonnet de la came à Téhéran. Ce qu'il va réussir à faire, (dans un loft de 600 mètres carrés!) et c'est là que le film va commencer à être intéressant, de plus en plus passionnant, via un long-huis clos dans les différents espaces du poste de police, et les affontements non seulement entre Nasser et Samad (car Nasser est un sacré personnage...) mais aussi entre les flics eux-même. En Iran, ça rigole pas avec la came (en général c'est la peine de mort). Plus on progresse vers l'inévitable issue, avec des rebondissements et des retournements de situation successifs, et plus on est fasciné. Un indéniable tour de force.

Capture d’écran (2363)

Capture d’écran (2362)

Capture d’écran (2365)

*

WATCH LIST
de Ben Rekhi
avec Alessandra de Rossi, Jake Macapagal, Arthur Acuña, Jess Mendoza
(sortie le 11.06.21 en VOD)

Des Philippines, je ne connaissais comme cinéastes que Brillante Mendoza et Lav Diaz, dont les points communs sont de ne pas être les réalisateurs les plus joyeux du monde (euphémisme), ainsi que la violence qui affleure dans chacun de leurs films. Ben Reikhi ne déroge pas à la règle : son film est aussi noir par son histoire qu'il est joyeusement coloré dans ses décors et ses costumes. Le film commence avec une déclaration télévisée -violente- du président Rodrigo Duterte pronant l'éradication pure et simple de tous les drogués du pays. Par balle si besoin. Au début du film, Maria et son mari Arturo font l'objet d'une descente de police à domicile leur annonçant qu'ils figurent tous les deux sur la liste des dealers. Quelques jours plus tard, Arturo est abattu, et Maria se retrouve seule sans ressources pour élever ses trois enfants. Elle va finir par contacter l'officier de police vu au début du film pour solliciter son aide, et il va lui proposer d'intégrer son équipe, où elle va découvrir en quoi consiste son nouveau job, qui la place dans une position moralement intenable... Un film noir noir noir...

Capture d’écran (2368)

Capture d’écran (2370)

Capture d’écran (2372)

*

IL SINDACO DEL RIONE SANITA
de Mario Martone
avec Francesco Di Leva, Massimiliano Gallo, Roberto De Francesco
(sortie : "prochainement")

Le hasard -heureux- a voulu que ce soit ce film-là précisément que je voie en dernier (en fait, si je voulais, là, j'aurais encore le temps pour un autre, il est 21h) alors que je n'en avais pas vraiment très envie a priori, MAIS je m'étais promis de voir tous les films de la compétition (10) et celui-là était le dernier de la liste. j'ai fait un effort (je renâclais un peu en me disant "encore une histoire de Parrain et de truands, pfff...") Et il d'agit donc d'une excellente surprise, venue d'Italie, car, dès le début (en forme de fausse piste : rap italien et street art monumental), on est ailleurs, autrement... Jusqu'à ce qu'il finisse enfin par apparaître, le fameux Antonio Barracano (interprété par Fransesco Di Leva, bluffant), au milieu de son petit théâtre domestique -son épouse, sa bonne, son toubib, ses hommes de main, plus les différents "plaideurs" qui vont se succéder- qui rend la justice dans sa luxueuse maison en dessous du Vésuve (on va y rester d'ailleurs presque tout le reste du film, excepté le dernier acte), comme St Louis sous son chêne...
Ce qui est le plus marquant, c'est le ton du film, ou plutôt sa nature. Allocinoche parle de "drame, policier", mais pendant un long moment le spectateur ne sait pas trop si c'est du lard (de la comédie) ou du cochon (du drame), et c'est ça qui est très fort, de se tenir exactement sur cette ligne fine. Cette ambiguïté. Le sérieux qui se prend au sérieux mais pas trop, et l'humour en face qui fait pareil. Comme chez Shakespeare, il y a des rois des traîtres et des bouffons. des complots, des confidences, des apartés.  Avec toujours au centre des débats le flamboyant Don Antonio Barracano, qui a (toujours) le dernier mot sur tout et n'oublie jamais de (nous) le faire savoir... Ca parle beaucoup (normal, c'est rital...) mais on se régale (il y a des tirades et des monologues sublimes).
Jusqu'à ce dernier acte, cette dernière scène, qui revendiquent pleinement leur aspect théâtral* (ça pourrait être du Pirandello) et toujours ritalissime, où se modifie tout à coup le regard qu'on pouvait porter jusque là sur ce personnage très souvent exaspérant il faut le reconnaître...
En tout cas, un sacrée belle façon de terminer en beauté ce (pour moi) premier P38 (FESTIVAL DU POLAR de REIMS...) Vivement que le film soit distribué en France!

Capture d’écran (2378)

Capture d’écran (2377)

Capture d’écran (2376)

Capture d’écran (2375)

* je viens de voir au générique qu'il s'agit en fait de l'adaptation de la pièce du même nom de Eduardo de Filippo...

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