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lieux communs (et autres fadaises)
28 septembre 2021

marcel me harcèle ?

GUERMANTES
de Christophe Honoré

Le nouveau film de Christophe Honoré, qui sortira en salle le 29, était projeté en one shot sur France 5, et je n'ai donc pas pu résister. Un film intriguant dans son résumé (Christophe Honoré répète une pièce d'après Proust, avec les acteurs de la Comédie Française, et apprend -au début du film- que la pièce ne sera pas jouée, covidmuche oblige, il décide donc de tourner un film sur une troupe d'acteurs de la Comédie Française qui répétaient une pièce d'après Proust et apprennent que la pièce ne sera pas jouée, et ce qui va se passer ensuite, dans un séduisant effet Vache-qui-rit, -on peut dire aussi mise en abyme...-), qui, après un début plutôt naturaliste -et anecdotique ?- (les réactions après l'annonce) va se mettre en pause, et partir batifoler sur des chemins narratifs de traverse, entre disons Pirandello et L'Etat des choses (Der Stand der Dinge), de Wim Wenders).

"Voilà ce que j’écrivais le 18 juin 2020 aux actrices et aux acteurs de la Comédie-Française avec qui, en mars, j’avais commencé à répéter un spectacle d’après Proust, avant que l’instauration du premier confinement nous enferme chacun chez nous :
“Il semblerait qu’on puisse se revoir enfin en juillet et il semblerait qu’on me confie une caméra. Il y aurait donc un film à faire. Un film qui parlerait de vous, de Proust, de ce qui se passe autour de nous, de nos vies. Je n’ai rien écrit, sinon quelques notes. J’ai le rêve d’un film qu’on pourrait imaginer ensemble au jour le jour. C’est jamais aussi simple que ça. Néanmoins, dans l’urgence de cette fabrication qui s’offre à nous, je me dis qu’il faut tenter notre chance sans craindre l’effet tremblé, l’effet inachevé. On se retrouverait de 14.00 à 23.00 pendant ces dix jours, et on filmerait des choses qu’on a décidées la veille. Il y aurait parfois un peu de texte, parfois des improvisations, parfois de la vie telle quelle qu’on tâcherait de capter. J’aime bien l’idée de vous filmer et vous regarder de près.”
Je ne veux pas avoir à clarifier ici ce qui est d’ordre plus documentaire, ou autobiographique, de ce qui l’est moins. Mais je sais que ce film est certainement “le plus vrai” de ceux que j’ai pu tourner. Aux spectateurs maintenant de décider ce qui, dans Guermantes, a bien eu lieu. " (Christophe Honoré)

Le vrai et le faux, le spontané et le mis en scène, le documentaire et le fictionnel, l'intime et le public, voilà le genre de dualités qui titillent, surtout quand il s'agit d'actrices-teurs "de la C-F" dans leur(s) propre(s) rôle(s). Pourtant la chose a un peu de mal à démarrer, à se mettre en place, à s'ébranler. Je me suis dit à un moment, au début ou presque, que je m'y ennuyais presque un peu (d'ailleurs -mais ce n'est pas forcément un indice significatif-, je piquais un peu du nez sur mon canapé...).
Et puis, insensiblement, on se prend au jeu (aux jeux, ou, peut-être justement, sont-ce les acteurs, et le metteur en scène lui-même,  puisqu'il n'a pas hésité à se filmer en tant que metteur en scène -de la pièce-, qui s'y prennent aussi et voilà que la mayonnaise, -puisque cette phrase est centrée sur le verbe prendre-,  à son tour prend aussi, progressivement mais formidablement).
Petites histoires de chacun, coins et recoins du Théâtre Marigny, chansons, parties de ping-pong tournantes, échanges, digressions, disputes, la narration fait feu de tout (petit) bois, va et vient, s'arrête, soupire, éclate de rire, se pose, repart... L'action s'emballant lors d'une sortie du théâtre en costume de tout la troupe, pour se poursuivre dans une chambre au Ritz, (Chambre 203, j'ai cru que c'était un clin d'oeil auto-citationnel, mais non, le film de Christophe Honoré s'appelait Chambre 212, Lacan aurait peut-être pu dire "alors quoi de 9? non ? bon d'accord, je délire...)  celle que Proust réservait pour s'y faire servir de la sole et boire de la bière, puis finissant en joyeuse apothéose nocturne où Sébastien Pouderoux (un joli barbu) joue les Anita Ekberg dans la Fontaine de Trévi...

"Ce moment de flottement devient la matière même du film, quand soudain les esprits du théâtre se retrouvent enlisés dans l’incertitude. On quitte rapidement les rives du vrai-faux making of pour celui de la fiction, c’est-à-dire à cet endroit précis où le jeu permet d’ôter les haillons du réel pour dévoiler des personnages en action se heurtant aux parois d’un monde à part. Tout est vrai, tout est faux, tout est permis. Christophe Honoré, acteur-metteur en scène, fait bouger les lignes et sa troupe avec, dans le décor vide du théâtre." (Première)

Je viens de regarder la bande-annonce () et je réalise que j'ai très envie de le revoir "en vrai", sur grand écran, dans le bôô cinéma, alors on croise les doigts...

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