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lieux communs (et autres fadaises)
29 septembre 2021

tout droit! tout droit! tout droit!

LE GENOU D'AHED
de Nadav Lapid

Suis allé spécialement à Besac dimanche parce que l'unique séance (quotidienne) y était à 16h (contre 18h le reste de la semaine.). Pas mal de monde donc dans le hall du cinéma, mais la majorité des chenu(e)s allaient voir Tout s'est bien passé. On était hélas dans la 2, dont les conditions de projection ne sont pas optimales, et, en plus je sentais que j'allais piquer du nez.
La réputation de peu aimable du film n'est pas du tout usurpée (Téléramuche parle, tout aussi justement, de "film qui fait la gueule"). Soit Y, un cinéaste venu (en avion) présenter son dernier film dans une région "reculée", (un village au fin fond du désert d'Arava), y a affaire  à une déléguée culturelle fort avenante, (il doit lui signer un papier précisant de quoi parle le film -et la discussion qui suivra-), il envoie aussi régulièrement des vidéos à sa maman (dont on apprendra bientôt qu'elle souffre d'un cancer du poumon), il danse aussi tout seul dans le désert sur une chanson de Vanessa Paradis (étonnament, d'autres gens, aussi, vont danser, dans le film), et surtout, surtout, il est énervé. Contre le gouvernement, contre sa politique (culturelle ou pas), contre le Ministre de l'art, contre sa représentante, contre les gens, et les autres aussi,  bref, il est vénère grave, le fait savoir aux autres, et donc à nous aussi, les spectateurs. Et la caméra aussi nous le fait savoir, qui valdingue, portée, et tressaute et tournicote et tourneboule (un filmage entre  véhément et furibard).
Vous avez déjà ressenti ça je suppose : vous êtes énervé (peu importe pourquoi) et du coup tout le reste, l'environnement,  vous paraït encore plus énervant, et vous insupporte encore plus (une scène de marche urbaine de nuit où chacun des sons est véritablement une agression). Un film amer comme une remontée de bile, douloureux comme un ulcère (oui, il y est question de choses que le personnage principal, le réalisateur qui ressemble bougrement à Nadav Lapid, a du mal à digérer, justement.)
Un film "de combat" un crapahut cinématographique assez asphyxiant, comme, soldat (il sera, dans le film, beaucoup question de soldats, et ça j'aime plutôt bien, Ah Beaufort, ah Yossi & Jagger, ah, Foxtrot...) on grimperait une montagne au petit trot, avec tout le barda sur le dos , et culminant dans une dernière partie, justement, au-dessus du vide (après une scène de "discussion" après la projection qui ressemble à une longue éructation douloureuse, une remontée très acide et violente, qui éclaboussera chacun des participants).
Pour moi qui suis plutôt bisounours et caliméro, un film, donc, a priori plutôt très éloigné de mon univers rose et satiné habituel, et avec lequel je me sentirais a priori plutôt très peu d'affinités. Mais. Comme un bel hétéro, un film très séduisant par, justement son manque total (de désir de) séduction (son non-désir de plaire). Un film Fais-moi mal Johnny. Un film déplaisant attirant. Un film d'homme (comme on dit une boisson d'homme) fort, comme son personnage principal (et, donc, son réalisateur) aussi sincère que manipulateur.
(Il m'en restera le bruit de la caillasse qui roule sous les pieds, c'est dire...)

2203204

2011504

(Y à terre)

Commentaires
C
Il s'agissait (juste) d'une image, Monsieur!<br /> <br /> Mais, bon, si vous m'accompagnez...
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H
pour la montagne et le barda<br /> <br /> Chiche!<br /> <br /> je veux bien être témoin
Répondre
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