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GARDÉNIA
de Alain Platel & Franck Van Laecke
troisième spectacle de la saison (apres UN POYO ROJO et CAR/MEN) et on continue de grimper ce genre d'escalier de la gayitude, chaque spectacle étant une marche plus haut que son prédécesseur.
Les spectacles d'Alain Platel, je ne les manque pas...
J'ai été subjugué (et souvent submergé par l'émotion). Pourtant les travelos, d'hab' c'est pas trop mon truc. Mais là ça l'est. Sans constestation possible. Le spectacle est construit de façon à ce qu'on passe, comme ça, d'un état à l'autre (le rire, lémotion), comme sur scène, les actrices/teurs passent d'un genre à l'autre (Monsieur / Madame).
Le début est assez malaisant (tous ces personnages sont grisâtres, atones, apathiques, on s'insuiète à l'avance de comment on va pouvoir supporter si ça dure comme ça) et hop soudain on est transporté, tandis que les personnages eux se transfigurent, et que de sous les tristes costumes stricts surgissent des amours de robes fleuries, qu'on accessoirisera bientôt avec les talons-aiguilles, les perruques et les sacs qui vont bien avec.
(un réjouissant Boléro -de Ravel!- en forme de défilé, avec table de maquillage, au fond, et passage obligé de chacun-cune jusqu'à l'avant-scène, à un-e à deux-e, à plusieur-es, avec chorégraphies qui vont bien avec aussi, et à propos de chorégraphie, un moment sublime où le jeune danseur évolue sur la chanson d'Aznavour Comme ils disent, qui pourtant d'habitude m'exaspère, et en fait un moment de grâce absolue)
Un spectacle en forme de feu d'artifice (qui, justement, prend un certain temps pour l'allumage) sur le genre, sur le corps, sur la mémoire, sur la vieillitude, qui explose en un réjouissant bouquet final. Du bonheur, du bonheur, du bonheur que la (re)présentation de cette humanité-là.
Saisissant. (J'adore cette robe bleue...)