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lieux communs (et autres fadaises)
17 novembre 2021

double séance là-bas et ici

CRY MACHO
de Clint Eastwood

Oh tiens, il est dans le bôô cinéma en sortie nationale! Et re-oh tiens ils ont même saupoudré quelques séances en VO, et donc j'y étais donc cet aprèm à 13h45, séance dite "de vieux" (on était quand même trois dans la très grande salle 11, j'ai d'ailleurs entendu, juste avant,  à la caisse, trois vieilles s'écrier "ah noooon!" quand le caissier-propriétaire (c'est comme ça dans le bôô cinéma) leur a précisé que le film était en VO...).
Clintounet est vieux, il est vraiment très vieux (waouh! allocin*che m'annonce 91 ans!) et ne se prive pas de nous le faire savoir (il joue -tiens donc- un ancien rodeoman qui s'est cassé un jour le dos (sous son cheval) et donc a dû se ranger des voitures des chevaux, qui est chargé par un boss -envers qui il a une dette- d'aller au Mexique pour récupérer son fils.) Et nous raconte ça dans un film sympathique et un peu paresseux, un peu en pilote automatique, avec, autour de notre vieux cow-boy dans sa vieille grosse bagnole, un gamin révolté, un coq de combat, une chaleureuse tenancière de bar mexicaine, plus, pour faire bonne mesure, quelques méchants d'opérette (ou plutôt de bande dessinée, le genre Caramba! Encore raté!) Et hop! En selle le vieux gringo! (Qui au passage nous expose -ou bien son personnage ?- sa philosophie de vie, une (étonnante pour un Clint E.), petite théorie anti virilisme "rouler des muscles et faire le macho, c'est nul..."). Ok Clintou, si tu le dis... And save the last dance for me...

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LA FRACTURE
de Catherine Corsini

Tous juste arrivé du Mexique, à peine le temps d'un petit crème au bar, et hop! je me suis retrouvé aux Urgences, à Paris. Je ne suis pas d'habitude forcément très client du cinéma de Catherine Corsini, mais là, là, j'ai adoré. Malgré ses excès, ses maladresses, ses invraisemblances, ses lourdeurs, et tout et tout, oui j'ai A-DO-RÉ.
Parce que les comédien.nes, d'abord. Je les présente par ordre alphabétique : Valéria Bruni Tedeschi, Aïssatou Diallo Sagna (une "non-professionnelle" très très bluffante), Marina Foïs, Pio Marmaï pour le quarté de tête, (auquel j'adjoindrais personnellement celui qui vient en premier au générique des "écrits en petites lettres", le toujours aussi impressionnant Jean-Louis Coulloc'h, oui celui de L'Amant de Lady Chatterley).
Soient deux bobottes bourgeasses dont le couple bat (sérieusement ? drôlement ?) de l'aile, qui vont se retrouver aux Urgences (l'une s'est pété le coude en voulant rattrapper l'autre, et du coup (!) l'autre l'accompagne, c'est Valeria qui a chu, et Marina qui joue les garde-malades, et toutes les deux semblent en assez grande forme), en compagnie, notamment, d'un routier gilet jaune qui vient de se faire canarder à la jambe dans une manif (Pio Marmaï à croquer avec sa barbe et son bonnet -sans oublier sa grande gueule-). Dans un service hospitalier en pleine surchauffe et carrément au bord de l'asphyxie et de la paralysie, et attention, en plus, la nuit ne fait que commencer... (et, encore, ils ont de la chance, ils ne connaissent encore pas le covid!).
Le film est plein à craquer, de cris, de malheurs, de souffrances, de rencontres, d'affrontements, de chutes, de rebondissements, de chocs, bam bam bam! mais, heureusement, n'est pas non plus dépourvu d'un certain humour (doublé d'une certaine candeur (ou naïveté ?), sans doute aussi), surtout quand il se focalise (à la loupe déformante) sur son couple d'héroïnes (Valeria joue comme un vrai stradivarius la moi je surmédiquée à qui on aurait envie quand même de coller des gifles, hein, et Marina lui fait bravement face, stoïque dans son registre je t'aime / je te quitte / mais je reste quand même, carrément impeccable). Humour qui vient un peu tempérer la violence, de plus en plus invasive (envahissante), exponentielle, jusqu'à un point critique, quasiment apocalyptique (on se croirait quasiment dans Assaut de John Carpenter). Trop, too much, et autres qualificatifs de l'excessivitude, mais on pardonne, on pardonne, on pardonne tout!
C'est un film qui a la force d'être à la fois très réaliste et très irréaliste. (Un film culotté ? inconscient ?) Et c'est sans doute ça qui fait son charme. En même temps les bourgettes et le prolo. En même temps la crise des Gilets Jaunes et les chamailleries d'un couple de meufs. En même temps tout le malheur du monde et les saillies (les mots d'esprits, les traits décochés) qui font éclater de rire. Le glucose de la romance touillé avec l'amertume du constat social. Comme si on avait vissé ensemble, de force Mais ne te promène donc pas toute nue de Feydaux (je schématise) et La Grève d'Eisenstein (je schématise encore). Et l'assemblage tient, et l'empilement des scènes de crise (inside et outside) continue -miraculeusement ?- de grimper, sans que jamais la pile ne s'écroule
Oui ça tient probablement du miracle. Dans d'autres circonstances on aurait ricané sur ce bref plan de Marina Foïs en Mère Thérésa qui, n'écoutant que la voix de Dieu son devoir, aide les infirmières qui n'en peuvent mais en mettant des gouttes dans les yeux d'une patiente, voire sur l'angélisme de cette scène entre Pio Marmaï déguisé en médecin en train d'essayer de se barrer, et un jeune CRS surpris en train d'uriner contre le mur et qui fait alors la preuve que si tous pour un, alors forcément pas tous pourris... Mais là, justement, on l'adore cette scène...
Et c'est comme ça jusqu'à la fin (je vous promets, on n'a pas le temps de reprendre son souffle tellement on affronte les catastrophes comme s'il en pleuvait...), qui, bien vu (la fin), se paye le luxe d'aligner les happy ends (comme les 7 sur les machines à sous) et hop! banco! toutes les pièces qui dégringolent. Même pour celui qu'on avait un peu perdu de vue depuis sa rencontre, justement, avec le CRS séraphin, et qu'on retrouve in fine (on peut dire que pour lui quand même c'est quasiment un happy end, non ?)
(C'est drôle, je repense à la scène de "la leçon de dézinguage", par Vincent Lacoste, dans Les Illusions perdues, la façon dont on peut traiter des mêmes éléments de façon très positive ou bien très négative, selon l'humeur, et je me dis qu'à un autre moment j'aurais peut-être pu le déglinguer ce film, ou le voir autrement  (j'ai beaucoup ri en lisant les critiques très méchantes*, celles à 0* dans all*ciné) alors que là non non, comme je l'ai dit plus haut je lui pardonne tout...).

* dont j'extrais cette perle brute :
"La mauvaise foie du film desserre totalement leur propos et leur combat."
Somptueux, non ?

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(bon, je reconnais quand même que l'affiche est très très moche, hein...)

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