le sabre et les bottes
048
ALI ET AVA
de Clio Barnard
La charge émotive (affective) d'un film.
Celui-ci c'est Zabetta qui nous en a parlé pour la première fois, Zabetta qui nous l'avait recommandé très énergiquement (et très en amont, elle a de l'entregent). Je voulais donc le voir le plus tôt possible. Coïncidence, elle y était aussi... On a dit qu'on s'en reparlerait donc à la sortie.
Il y a des films, comme ça, dès la première image, on sait qu'on va les aimer trop.
Et ce fut le cas. Dès la première image.
Ava est irlandaise, maman de plusieurs enfants de plusieurs papas, Ali est pakistanais, il est marié, mais sa femme, après la mort de leur bébé, commence à s'éloigner de lui (ce que la famille ne doit surtout pas l'apprendre).
Ces deux-là vont se croiser, se rapprocher, millimètre par millimètre, partager leurs différences, via leurs goûts musicaux (au départ diamétralement opposés : elle plutôt country et folk, lui plutôt punk rock et electro), apprendre à se connaître (ça c'est le plus facile) mais surtout à gérer les réactions de leurs familles respectives (ça l'est beaucoup moins...).
Un cocktail puissant (50% chronique sociale, brittonissime, (avec tout le râpeux et l'art de la mouise qu'on connaît, entre Ken Loach, Andrea Arnold, le Stephen Frears du début, Mike Leigh, Shane Meadows, sans oublier le grandissime Bill Douglas) et 50% -ce qui est un peu plus étonnant vu le contexte, justement - comédie romantique (une dame, un monsieur, chabadabada, roulez jeunesse, sauf qu'ici on est à des années-lumières des roucouladeries de, disons, Julia Roberts et Hugh Grant -pour rester sur le sol britannique- et qu'il va s'agir d'un vrai parcours du combattant avant que les deux tourtereaux ne finissent -attention spoiler- par se retrouver).
Il fallait pleurer, et, bon public, j'ai bien sûr pleuré (et à plusieurs reprises).
Clio Barnard conserve l'âpreté et le réalisme social de son Géant égoïste (2013, critique "goût double", là) qui m'avait fait émettre quelques réserves à son encontre, mais l'amour, ici, heureusement, vient un peu enchanter (et, finalement, chabadabader) tout ça (et qu'est-ce que ça fait du bien!).