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lieux communs (et autres fadaises)
13 mars 2023

deux films avec zaza

(les hasards de la programmation font que sortent cette semaine deux films avec Isabelle Huppert, dans des rôles très différents (d'un côté à l'autre de l'arc-en-ciel de l'interprétariat) : rousse frisée dans l'un et blonde diaphane à mèches dans l'autre.)

058
MON CRIME
de François Ozon

Ficââââ remballé, hop! Retour à la vie normale (et le plaisir de retrouver des salles vides ou presque). Celui-là je l'avais raté en avant-première du Festival Téléramuche (j'avais théâtre) et donc allons-y et ce dès la première séance.
Ozon tourne pas mal, et ça ne matche pas forcément à tous les coups (mais je viens de regarder sa filmo et je dois reconnaître que si, souvent quand même dans l'ensemble). Après un Peter Von Kant fassbinderien, nous voici dans un Paris des années 30 et une vieille pièce de théâtre (le réalisateur nous indique ses sources -et ses intentions- dès le début avec un rideau rouge très Au théâtre ce soir...) pour une comédie en costumes et à froufrous : deux demoiselles (Rebecca Marder et Nadia Trezkiewicz, qui étaient toutes deux en lice pour le Cesar du meilleur espoir féminin) partagent un -pauvre- appartement, l'une aspirante actrice, l'autre avocate débutante, et c'est à l'occasion du procès de la première (qui s'est accusée d'un crime qu'elle n'a pas tout à fait commis), défendue par la seconde, que leur vie à toutes deux va changer.
C'est assez plaisant, ça virevolte, les bons mots fusent, d'autant plus qu'on reconnaît, en face d'elles, un certain nombre de seconds rôles "à couilles" (Fabrice Luchini, Olivier Broche, Daniel Prévost, Michel Fau, Jean-Christophe Bouvet, André Dussolier, sans oublier un très plaisant Dany Boon -avec l'accent marseillais-), jusqu'à ce que se manifeste, enfin, la grande Zaza (si vous êtes très attentif, vous pouvez la voir, très fugacement, au début du film, quand Madeleine sort de la maison du méchant producteur libidineux) qui vient réclamer son dû, et ses 300 000 francs (allez voir le film et vous saurez pourquoi...)
Ozon s'amuse, ses comédiennes aussi (ses comédiens idem, d'ailleurs) et le spectateur se laisse mener par le bout du nez (ou tirer par le bout de l'oreille, ce qui revient au même) Du théâtre revendiqué donc, et ce, jusqu'au bout, avec en plus à l'intérieur, bonne pioche,  une deuxième couche de cinéma (le réalisateur d'est amusé à insérer de délicieux films en noir et blanc pour illustrer les propos de ses personnages...
Huppert joue une vieille gloire du muet (on est dans les années trente) qui cherche à remonter sur scène (Sunset Bvd n'est pas loin, mais en plus joyeux...), et, théâtre oblige, tout est bien qui finira bien (pas forcément pour tout le monde) et la série finale de unes des journaux est parfaitement irrésistible...

Capture d’écran (73)

 

059
LA SYNDICALISTE
de Jean-Paul Salomé

Le lendemain, à 13h30, j'ai retrouvé Emma pour le second film. Alors là ça rigole beaucoup moins. Avec pourtant un point commun, pour deux films pourtant extrêmement différents : à nouveau un crime qui "pose problème", et duquel va découler un procès où une femme sera jugée... (je n'en dirai pas plus)
Madame Huppert est Maureen Kearney, la syndicaliste du titre, qui s'occupe des intérêts des travailleurs, et notamment ceux d'AREVA, dirigée à ce moment-là (on est sous le quinquennat de Sarko) par Anne Lauvergeon (les gens portent leurs vrais noms, même s'ils sont incarnés par des acteurs) interprétée par une impressionnante Marina Foïs. Côté distribution, on a ici aussi du beau linge : le toujours juste Grégory Gadebois incarne (confortablement) le mari de Zaza (Gadebois / Huppert c'est vraiment une belle idée de couple!), Yvan Attal le méchant  (et colérique) successeur de Mariana Foïs à la direction d'Areva, Pierre Deladonchamps le flic chargé de l'enquête, François-Xavier Demaison le pote syndicaliste... bref plein de jolis fils dorés dans la chatoyante étoffe de cette narration, un peu vampirisée, il faut le reconnaître (mais impérialement) par Isabelle H. (On repense un peu à son rôle de "vraie personne" (juge)  -et ses gants rouges- dans L'IVRESSE DU POUVOIR de Claude Chabrol). Elle est magnifique, difficile de le dire autrement : cheveux blonds, chignon hitchcockien, rouge à lèvres, boucles d'oreilles, lunettes, elle nous fait le show, le grand show, et on ne peut pas s'empêcher d'être bluffé. Cette façon grandiose de nous la jouer toute simple. Je dois avouer que, au début du quinquennat Hollande, j'avais eu vaguement vent de cette affaire (je connaissais les noms d'Areva, de Lauvergeon, d'EDF, de Montebourg) mais vraiment vaguement. 
Jean-Paul Salomé (dont le dernier film, LA DARONNE, était déjà construit autour de la même actrice, même si pas tout à fait sur le même ton) nous en fait un thriller, deux heures sous tension, avec une construction qu'on ne peut que qualifier d'habile. Là aussi, on passe un bon moment de spectateur (moi, pas de problème : il faut être tendu, je suis tendu à donf), avec, à la sortie, encore des questions plein la tête...
Efficace et réussi, donc.

la-syndicaliste-photo-isabelle-huppert-1468995-large

Commentaires
C
La Syndicaliste : j'aime à le fois la façon dont le film est construit, et, comme tu le dis, la sobriété du jeu de Isabelle H. (paradoxalement, même si elle est en sous-régime, elle est quasiment de tous les plans...)
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C
Mon crime : c'est justement le côté "exagéré", tut tut pouèt pouèt, qui m'enchante. il ose pousser à donf les curseurs théâtraux, et j'avoue que j'ai aimé ça (même si pendant le film, je trouvais que Huppert etait un peu "too much")
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M
J'aime beaucoup la syndicaliste. Un film à tiroirs et à questions porté par une Isabelle Huppert et son jeu sobre.
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M
Je n'ai pas aimé le film de François Ozon que je trouve "boursoufflé" : cela frise la pantalonnade. C'est à l'opposé de ce que j'aime chez lui "Sous le sable" etc. des films plus épurés et pas grand-guignolesques...
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