Le sociologue Bernard Lahire poursuit son enquête sur nos vies ensommeillées et montre que les songes, certes spécifiques à chacun, sont aussi liés à la trajectoire sociale du rêveur. Travail, place dans la société, compétition... autant de problèmes qui, une fois les yeux fermés, nous hantent.
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"Derrière leur apparence farfelue, les rêves ont donc une cohérence ?
On raconte souvent les songes qu’on a soi-même produits comme des réalités étrangères à soi. Ils nous paraissent absurdes, incongrus. Ils sont au contraire aussi logiques qu’une équation mathématique. Sur les raisons de la bizarrerie apparente du rêve, je suis en total désaccord avec Freud. Selon lui, si un rêve est confus, incompréhensible à la première lecture, c’est parce qu’il contourne la censure : le rêveur chercherait en permanence à brouiller le message. Pour le comprendre, il faudrait donc "craquer" le code mis en place pour échapper à la censure. Je pense au contraire qu’il n’y a pas plus "libre" de toute censure que le rêve. Il est sans doute l’espace d’expression le plus franc, le plus direct, le plus cash. Sauf que son langage est très implicite, fait d’évocations, de symboles ; il ne nous donne à voir que quelques pièces d’un grand puzzle. Pour voir l’image complète, il faut trouver les pièces manquantes qui renvoient à des moments précis de la trajectoire sociale du rêveur - pas seulement à ses pulsions sexuelles. Au sein de notre patrimoine d’expériences incorporées, certaines d’entre elles ont été plus marquantes que d’autres et déterminent notre perception du monde, notre rapport à la réalité et aux autres, et, logiquement, nos rêves. (…) Notre passé incorporé nous hante, il colonise notre vie nocturne sous des images très diverses.
Comment s’élabore ce langage intérieur, cette «communication de soi à soi» ?
A travers le rêve, nous ne nous adressons qu’à nous-mêmes. L’implicite est total. Pas besoin de faire l’effort de remettre dans le contexte et d’expliquer quoi que ce soit à un autre que soi. C’est cet implicite qui rend le rêve si compliqué à appréhender, même pour le rêveur une fois réveillé. Le récit onirique fonctionne beaucoup par analogie, comme l’a compris Freud.
Il est aussi avant tout visuel : on y sent peu d’odeurs, on voit les gens parler plus qu’on ne les entend. Le cerveau va donc créer des métaphores visuelles liées à la langue qui est la nôtre. "Je suis au fond du trou" ? Les songes sont remplis de personnes littéralement tombées dans un trou. On a "rompu tout lien" avec son ex-compagne ? Les rêves mettent en scène un pont qui s’effondre, une corde qui lâche. Le rêveur prend les images à la lettre.
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Quel intérêt la vie inconsciente peut-elle avoir pour le sociologue ?
Il faut paradoxalement passer par le rêve, si étrange et irrationnel en apparence, pour mieux révéler les mécanismes qui dictent la vie éveillée. Le rêve n’est pas le moment de l’exception. On croit encore trop souvent au mythe de notre supériorité consciente, rationnelle et intentionnelle. On croit toujours être maître de tout ce qu’on fait. Mais pas du tout : le rêve nous force à voir la part de mécanismes inconscients de nos vies éveillées.
Chaque fois que nous rencontrons quelqu’un, en réalité, nous ne rencontrons pas seulement cette personne. Nous lui superposons toutes les personnes que nous avons connues dans le passé et qui lui ressemblent ou évoquent de manière inconsciente nos préoccupations existentielles. Exactement comme lorsque le rêve met au même endroit des personnages qui n’ont, a priori, rien à y faire ou quand il condense des individus différents. Sauf que dans la vie éveillée, vous ne vous en doutez pas. Et puis, d’une certaine façon, nous sommes plus lucides dans nos rêves.
La vie onirique, parce qu’elle ne s’embarrasse pas de censures, donne accès à une forme de vérité sur ce qui nous "travaille". Chaque nuit, les rêveurs voient des choses qu’ils n’osent pas se dire, des choses qui les embarrassent dans leur vie quotidienne. Ce savoir ne leur est plus accessible lorsqu’ils se réveillent. Mais cette lucidité peut se reconquérir par l’interprétation des rêves."
(Libération)
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(from Chez Pol/Libé)
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(j'ai oublié de le mettre hier)
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(poules et teuf)
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un mot de Pépin au dos de son envoi qui me fait venir une larmichette :
"En attendant les scrabbles et les tarots,
les bières et les cafés partagés
les sorties ciné et les pots au théâtre
Vivement demain"
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qu'est ce que j'ai fait de beau aujourd'hui (de pas comme d'habitude ?)
avec Catherine on est allé marcher un peu dans la neige (enfin, ce qu'il en restait) sur les hauts de Noidans, j'ai eu un peu de mal au début (ça montait, j'avais le masque, je souffais comme un boeuf et tout...) mais après c'était très agréable, on a même croisé la police au milieu de nulle part, partie pour contrôler on se demandait bien quoi... et vu aussi un mec au volant de son 4x4 qui faisait courir ses trois chiens à côté de sa bagnole
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"Continuer à dire notre monde
La vie est un accident bien plus précieux que tout ça
Continuer à espérer
Continuer à croire
Être vivant, c’est se réinventer
Alors mourir et renaître
Respecter l’avenir
Relever ceux qui tombent, les étreindre
Savoir parler dans la lumière
Continuer à parler dans l’obscurité
Tout est parole
Tout est rencontre
Tout ne s’invente que par la parole
Même le silence s’invente par la parole
Renoncer et reconstruire
Quelle chance de voir devant
Quelle chance d’avoir à se réinventer.
Alors inventons notre avenir,
nos amours, nos amitiés
Étreignez ceux qui vous dégoûtent,
de leur haine faites de l’amour continuez à croire aux rencontres et aux fêtes
Nous sommes vivants et pas encore vaincus
Combattez avec joie
Et souriez à l’avenir même si tout fait peur
La peur, c’est le début des ténèbres c’est le début des angoisses
Et surtout c’est le début de l’autorité
N’ayez pas peur !
Bonne année / quoi / "
VINCENT MACAIGNE
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