whisky japonais
MARIE ET LES NAUFRAGÉS
de Sébastien Betbeder
Vu juste après Les Ardennes (choc frontal qui nous laissa le souffle coupé) avec l'espoir de se changer les idées. Pari réussi (smiley avec un large sourire). Betbeder avait déjà réussi son coup avec le magnifique Deux automnes, trois hivers (sorti, si je me souviens bien, le 25 décembre 2013) et son joli trio Vincent Macaigne / Bastien Bouillon / Maud Wyler, et on n'est donc pas trop étonné de le revoir mettre en scène un autre trio : Pierre Rochefort, Vimala Pons et... Eric Cantona (qui vieillit -se mature- de plus en plus bonifieusement...)
Il reprend aussi le procédé de fabrication du précédent film : adresse au spectateur de la part de chacun des sommets du triangle, qui nous raconte à chaque fois un peu sa vie (et je continue d'aimer beaucoup ça). Mais du coup on ne peut pas s'empêcher de comparer, et c'est un peu au détriment de celui-ci. Pierre Rochefort est lunaire à souhait (et n'est-ce pas qu'il est très mimi, Mimi ?), Vimala Pons est très mimi aussi, et Cantona ombrageux et embroussaillé à merveille (et même le coloc de Pierre R. est délicieusement somnambule). Les personnages sont tous très attachants (ce n'est qu'au générique de fin que j'ai identifié la jeune rappeuse qui joue la serveuse), c'est assurément un film de gens (plutôt que de genre), c'est fantaisiste, gentiment, improbable, sympathiquement, attachant, fragilement.
Sébastien Betbeder fait sans conteste partie des réalisateurs que j'aime, autant par la forme que par le fond (l'âme de fond ? hihi). De Paris jusqu'à Groix, comme une chanson de marins. Amour, jeunesse, rencontres, bières qu'on partage (une scène de bar, délicieuse, au début, un improbable karaoké en duo avec Pierre Rochefort et le belgissime - Quand la mer monte, Je suis mort mais j'ai des amis- Wim Willaert, qui faisait juste le joint avec le film vu juste avant - Les Ardennes- en parlant d'Anvers), création, (littéraire et musicale), somnambulisme (Paranormal activity numéro n) pour un film paradoxalement d'abord intemporel mais soudain -par à-coups- très contemporain (tournage de clip, fond vert, action de googler, nombre de vues sur y*utube).
Un peu hétérogène aussi lorsque vient s'y greffer, un peu à la façon dont un bernard-l'hermite (avec ou sans h me dit justement g**gle) -ici en l'occurence plutôt un andré-l'ermite-, vient squatter -parasiter- un logement qui ne lui appartient pas, une histoire "supplémentaire" dont il pouvait a priori se dispenser, vient s'y greffer donc (je termine cette phrase sinueuse) une autre ramification de l'histoire, qui aurait presque pu constituer un court-métrage parallèle et autonome mais que vient in fine justifier (légitimer) la très charmante scène finale de chorégraphie (qui est d'ailleurs celle qui m'a donné en premier envie de voir le film).
Il ne s'en serait fallu que d'un chouïa de complexification narrative (et d'imbrication des relatives vérités de chacun -mais peut-on débattre de la vérité ? hihihi) pour que le film atteigne le réjouissant et total nonsense de Reality de Dupieux, et ses interférences qui donnent mal à la tête entre le réel et l'onirique, à moins que ce ne soit le contraire (le film porte le titre du livre écrit par Canto, le clip recrée l'histoire de Cosmo, le morceau musical utilise les images enregistrées par la caméra) mais Betbeder reste plus sage, et du coup le film perd un chouïa en folie ce qu'il gagne en "décalage".
Macaigne, Bouillon, Wyler étaient tellement attachants dans leurs 2 autones, 3 hivers que le trio Rochefort, Cantona, Pons (auquel il ne faudrait pas oublier le très réjouissant Damien Chapelle, que je soupçonnerais d'apporter le seul SSTG (sous-sous-texte-gay) du film -mais bon, avoir envie de poser la tête sur l'épaule de Cantona quand on a (hihi) envie de piquer un roupillon, c'est tout à fait excusable, non, les copines ?) même s'il est agréable (grosso modo l'au-delà de Cantona venant compenser l'en-deça de Rochefort, Vimala restant quant à elle un pôle magnétique délicieusement ponsien), reste pourtant toujours un peu en-deça...
Un peu, hein.C'est vraiment un film que j'ai envie de défendre, de câliner, de poupouner.