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lieux communs (et autres fadaises)
17 avril 2016

whisky japonais

MARIE ET LES NAUFRAGÉS
de Sébastien Betbeder

Vu juste après Les Ardennes (choc frontal qui nous laissa le souffle coupé) avec l'espoir de se changer les idées. Pari réussi (smiley avec un large sourire). Betbeder avait déjà réussi son coup avec le magnifique Deux automnes, trois hivers (sorti, si je me souviens bien, le 25 décembre 2013) et son joli trio Vincent Macaigne / Bastien Bouillon / Maud Wyler, et on n'est donc pas trop étonné de le revoir mettre en scène un autre trio : Pierre Rochefort, Vimala Pons et... Eric Cantona (qui vieillit -se mature- de plus en plus bonifieusement...)
Il reprend aussi le procédé de fabrication du précédent film : adresse au spectateur de la part de chacun des sommets du triangle, qui nous raconte à chaque fois un peu sa vie (et je continue d'aimer beaucoup ça). Mais du coup on ne peut pas s'empêcher de comparer, et c'est un peu au détriment de celui-ci. Pierre Rochefort est lunaire à souhait (et n'est-ce pas qu'il est très mimi, Mimi ?), Vimala Pons est très mimi aussi, et Cantona ombrageux et embroussaillé à merveille (et même le coloc de Pierre R. est délicieusement somnambule). Les personnages sont tous très attachants (ce n'est qu'au générique de fin que j'ai identifié la jeune rappeuse qui joue la serveuse), c'est assurément un film de gens (plutôt que de genre), c'est fantaisiste, gentiment, improbable, sympathiquement, attachant, fragilement.
Sébastien Betbeder fait sans conteste partie des réalisateurs que j'aime, autant par la forme que par le fond (l'âme de fond ? hihi). De Paris jusqu'à Groix, comme une chanson de marins. Amour, jeunesse, rencontres, bières qu'on partage (une scène de bar, délicieuse, au début, un improbable karaoké en duo avec Pierre Rochefort et le belgissime - Quand la mer monte, Je suis mort mais j'ai des amis- Wim Willaert, qui faisait juste le joint avec le film vu juste avant - Les Ardennes- en parlant d'Anvers), création, (littéraire et musicale), somnambulisme (Paranormal activity numéro n) pour un film paradoxalement d'abord intemporel mais soudain -par à-coups- très contemporain (tournage de clip, fond vert, action de googler, nombre de vues sur y*utube).
Un peu hétérogène aussi lorsque vient s'y greffer, un peu à la façon dont un bernard-l'hermite (avec ou sans h me dit justement  g**gle) -ici en l'occurence plutôt un andré-l'ermite-, vient squatter -parasiter- un logement qui ne lui appartient pas, une histoire "supplémentaire" dont il pouvait a priori se dispenser, vient s'y greffer donc (je termine cette phrase sinueuse) une autre ramification de l'histoire, qui aurait presque pu constituer un court-métrage parallèle et autonome mais que vient in fine justifier (légitimer) la très charmante scène finale de chorégraphie (qui est d'ailleurs celle qui m'a donné en premier envie de voir le film).
Il ne s'en serait fallu que d'un chouïa de complexification narrative (et d'imbrication des relatives vérités de chacun -mais peut-on débattre de la vérité ? hihihi) pour que le film atteigne le réjouissant et total nonsense de Reality de Dupieux, et ses interférences qui donnent mal à la tête entre le réel et l'onirique, à moins que ce ne soit le contraire (le film porte le titre du livre écrit par Canto, le clip recrée l'histoire de Cosmo, le morceau musical utilise les images enregistrées par la caméra) mais Betbeder reste plus sage, et du coup le film perd un chouïa en folie ce qu'il gagne en "décalage".
Macaigne, Bouillon, Wyler étaient tellement attachants dans leurs 2 autones, 3 hivers que le trio Rochefort, Cantona, Pons (auquel il ne faudrait pas oublier le très réjouissant Damien Chapelle, que je soupçonnerais d'apporter le seul SSTG (sous-sous-texte-gay) du film -mais bon, avoir envie de poser la tête sur l'épaule de Cantona quand on a (hihi) envie de piquer un roupillon, c'est tout à fait excusable, non, les copines ?) même s'il est agréable (grosso modo l'au-delà de Cantona venant compenser l'en-deça de Rochefort, Vimala restant quant à elle un pôle magnétique délicieusement ponsien), reste pourtant toujours un peu en-deça...
Un peu, hein.C'est vraiment un film que j'ai envie de défendre, de câliner, de poupouner.

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16 avril 2016

seize autruches

LES ARDENNES
de Robin Pront

Un film vu "entre copines" (Mimi, Pacoune, Dominique) dans une salle où il y avait très peu d'autres gens (pour une première séance). Mais pas vraiment un film de fillettes. Un premier film, donc, terriblement efficace. Sur une trame archi-classique de film noir, mais archi-bien fichu. Une atmosphère poisseuse, des trognes, de la tension, un engrenage implacable,(le doigt, la main, le bras...), tout est fait pour vous clouer sur votre fauteuil (j'en ai eu un peu mal au bide pendant tout le film). Dès le début on se dit que tout ça va mal finir, et on n'est pas déçu sur ce point.
Dès l'exposition, bluffante, fulgurante, on est happé. Un montage sec, sur une musique électro qui colle parfaitement. Un hold-up qui foire (une très belle image de chute dans une piscine), deux frangins, un qui va en taule, l'autre pas. Et quatre ans plus tard, les mêmes, un qui sort de taule et l'autre venu l'attendre. Et celui qui sort semble très émotionnellement instable. Il voudrait reprendre sa vie juste comme avant, mais le temps a passé, et les choses ont changé. Et il est tellement énervé, tellement à cran, que son petit frère (celui qui est venu le chercher) n'ose pas lui avouer tout de suite que euh eh bien oui il s'est mis en ménage avec sa copine de l'époque, avec laquelle Kenny (l'énervé) souhaiterait justement se remettre en ménage.
Ca va déjà mal, et ça va aller, bien sûr, de plus en plus mal.
D'autant qu'on a les oreilles dressées (comme un lapin, la nuit, pris dans les phares) quand on voit, au début du film, avec qui le frère énervé est placé en cellule : pour les connaisseurs, il est en taule avec Borgman! (enfin avec l'acteur qui jouait Borgman, dans le film malaisé du même nom, mais qui a gardé exactement la même tête... D'où re-malaise. On se dit que aïe ça ne peut pas être juste une coïncidence, et qu'il va fatalement réapparaître. Et on ne se trompe pas, et fatalement est bien le mot...)
Deux frères, une femme entre les deux, autour desquels gravitent des satellites narratifs pittoresques (la mère, le patron du lavomatic à voitures, le garde forestier, les clients du bar) et/ou inquiétants (le fameux Stef, son étrange copain), sans oublier un cadavre dans un coffre, plusieurs flingues, un nécessaire à découper, y a pas, la nuit promet d'être sauvage, avec en prime seize autruches en cavale ...

Oui, c'est archi-bien fichu, et on baisse régulièrement la tête (les yeux) tellement on s'attend au pire. C'est violent mais pas juste ça. Les publicistes de l'affiche évoquent Coen et Tarentino "des débuts" (pour situer la "jeunesse" du réalisateur , que d'aucuns pourraient qualifier de "verdeur". Il y a de ça, sans aucun doute (les publicistes savent appâter) mais il y manquerait alors la touche d'humour (noir), au moins pendant un certain temps, jusqu'à certaine chanson d'Adamo, par exemple. J'aurais, si j'avais été publiciste sur l'affiche, évoqué la parenté avec Alex Van Warmeerdam, mais c'est certain que ça n'aurait pas rameuté grand monde...) C'est archi-bien fichu (je le répète) le réalisateur est doué, il sait parfaitement styliser fragmenter et séquencer son histoire,  il sait filmer de très beaux arbres la nuit, il sait utiliser la musique pour en rajouter une couche et rendre les scènes encore plus fortes, encore plus mordantes, encore plus hargneuses. Et tendre la corde impitoyablement jusqu'au dénouement final (où elle vous reviendrait méchamment dans la figure, mais tadam! pour une fois je dois avouer que je m'étais doué de quelque chose... Vous me direz pour vous quand vous irez le voir, car vous allez aller le voir, bien sûr, et plus vite que ça, même, sinon je vous envoie en vacances chez le tonton Stef dans les Ardennes, hein., alors vous feriez mieux d'y filer doux..)

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l'affiche française

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et l'autre... (ou il a davantage la grosse tête)

14 avril 2016

manger du beurre

(bouts de rêve)

Oui, je dois manger du beurre (j'ai dans la main une demi-plaquette, dans son papier d'emballage, qu'on m'a donné pour que je la mange, afin que mon organisme résiste à l'expérience... Je vais faire un test qui a peut-être rapport avec l'astronautique, ou la pression, je ne le sais pas précisément) et une autre fille mange du beurre aussi (elle va faire la même expérience que moi).

nous sommes dans une pièce immense, avec au centre une table, immense aussi (je n'en vois pas les bouts), beaucoup de choses dessus, et beaucoup de gens assis (un banquet à perte de vue) mais moi je dois manger ma demi-livre de beurre et je m'y applique, par petites bouchées  (et curieusement ce n'est pas vraiment déplaisant, ni au goût ni à la texture)

je répète avec Pépin (je ne sais pas quoi) et je m'ouvre à lui d'un projet qui me tient à coeur, une idée que je viens d'avoir : écrire (et monter) un texte qui ne serait fait que de morceaux de chansons connues, mais dits, et replacés dans un contexte (et une trame) qui fasse sens, il me répond que ça lui semble a priori plutôt difficile, mais je me dis que je peux tenter de le faire

il est question d'essayer des costumes ? j'ai pris un vieux jean d'Adèle avec des pattes d'eph' assez gigantesques (comme celui de Jane Birkin sur la pochette de Melody Nelson) mais il est déchiré (découpé, plutôt, tant la coupure est nette, comme faite aux ciseaux) sur tout le long de la cuisse droite

(plus tard) Adèle m'explique en voix-off qu'elle s'est fait ça (crrrrc! bruit et geste de la déchirure) en voulant porter un grand nombre de tasses en même temps (je pense que je ne vois pas trop le rapport).

12 avril 2016

"peut-on débattre de la vérité ?"

L'AVENIR
de Mia Hansen-Love

J'adore Isabelle Huppert, et là, chouette , elle est hyper-Huppert (ou über-Huppert ?). et elle joue le rôle d'une prof de philo. et crac! mon beau rêve se brise : la philo me rebute (j'allais écrire qu'elle m'emmerdait, peut-être était-ce plus juste et plus vrai, justement) elle aurait été chercheuse en physique nucléaire ou spécialiste de la mécanique quantique que cla ne m'eût pas été plus étranger, mais bon c'est comme ça allons-y : donc elle est prof de philo, et avec son mari (André Marcon, délicieux) prof de philo aussi, elle vit dans un bel appart' rempli de livres de philo (on pourrait dire que la philo est l'essence de ce film, oui, le carburant qui fait pétroler le véhicule de sa fiction) elle a des enfants sympathiques (non philosophes), une mère tyrannique (Edith Scob, grandiose), et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes philosophiques jusqu'à ce qu'une série d'incidents fâcheux ne viennent perturber la trame de sa vie, ce qu'on pourrait, somme toute, résumer grosso modo en suivant le plan d'une dissertation, philosophique, justement :
1) thèse : elle n'est pas libre
2) antithèse : elle est libre
3) synthèse : p-t'être bien qu'elle est libre, p-t'être bien que non

Huppert fait ça avec sincérité, avec énergie, avec justesse. Avec un incontestable brio. Qu'est-ce donc qui a fait que le film ne m'a pas plus enthousiasmé que ça ? Peut-être parce que je ne savais pas vraiment sur quelle étagère le ranger, peut-être parce que ça a quelque chose de monstrueux, cet univers philosophique à 99%, peut-être parce que la présence d'Isabelle H. est si forte qu'on a parfois le sentiment qu'elle serait le seul personnage en couleurs dans un univers en noir et blanc ?

Et, en fouillant sur all*ciné.freu (qui range le film dans la catégorie "drame", ce qui me paraît être un contresens), voilà que je tombe sur une critique, tiens, que je trouve excellente, et... juste, oui, une critique de Libé, où la dame synthétise judicieusement  tout ce que j'essayais péniblement d'écrire ci-dessus, et que je vous mets donc .

(je projetais de continuer mon post en utilisant le maximum d'épithètes philosophiques : platonique -pour l'histoire avec le jeune philosophe-, cynique, -pour les jeunes de la maison d'édition-, dialectique -pour les jeunes aux fromages de chèvre-, stoïque -pour Isabelle H. face à l'adversité- et je ne serais pas allé beaucoup plus loin parce que je n'en connais pas beaucoup plus.)

A la sortie, on en a discuté, les autres avaient l'air très enthousiastes, je me suis ouvert à eux des bémols que provoquaient mon aphilosophisme, et j'ai fait mon malin en le résumant d'un "finalement c'est l'histoire d'une femme qui veut se débarrasser de la chatte de sa mère" - ce qui est exactement le sujet du film, mais qui avait davantage à voir alors avec la psychanalyse qu'avec la philo, mais je ne l'ai réalisé qu'après.-

Bon, allez savoir pourquoi, c'est pourtant un film que je reverrai avec un grand plaisir, ça, j'en suis sûr

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(peut-être juste pour le bruit clac clac clac des talons d'Isabelle, allez savoir...)

11 avril 2016

cabaret tchekhov

LES OGRES
de Léa Fehner

Celui-là j'étais curieux de le voir, puisque deux de mes amies l'avaient, l'une adoré et l'autre détesté, et que j''avais envie de savoir de quel côté j'allais me ranger (bien qu'en ayant déjà une toute petite idée...).
Une nouvelle catégorie de films : le film forain (catégorie où je pourrais ranger, par exemple, Sous le plus grand chapiteau du monde, qui était rediffusé à chaque Noël ou presque, ou Dumbo, qui l'est à présent tout aussi souvent). Sauf qu'ici il ne s'agit pas de cirque mais de théâtre. oui, de théâtre itinérant, sous chapiteau, avec une troupe bigarrée et haute en couleurs qui va de ville en ville -j'aligne les clichés, sauf qu'ils ne sont plus en roulotte mais en caravanes et camping-cars- pour présenter un spectacle tout aussi bigarré et haut en couleurs à partir de textes de Tchékhov.
Léa Fehner (dont on avait beaucoup aimé le Qu'un seul tienne et les autres suivront, avec Réda Katebchounet) s'est inspiré ici d'une tradition familiale (plusieurs acteurs au casting portent le même nom qu'elle) qu'elle a visiblement connue, et nous invite donc à la suivre (à les suivre, plutôt). A la rejoindre. A monter en marche. Qui dit forain dit manège, et, au départ, c'est un peu comme ça qu'on le ressent. on se retrouve embarqué sur ce truc qui virevolte assez joyeusement, mais il faut s'accrocher sur son cheval de bois, qui monte et qui descend, pour bien suivre le rythme. C'est filmé de près, voire de très près, à l'épaule, et ça donne au début un peu le tournis.

Film itinérant, mais film choral, film familial. Il y a au centre de cette famille, le père, (le metteur en scène, le directeur, le boss) autour de qui gravitent femme, filles, maîtresse et les autres mâles de la collectivité dont un (Marc Barbé, rencontré dans le Sombre de Grandrieux, et qui semble avoir été depuis un peu cantonné depuis dans les roles dits "tourmentés") qui n'a pas l'air d'aller très (trop) bien et accumule les conneries et/ou provocations. C'est la vie d'une troupe, la vie d'une famille, avec ses petites et grandes histoires du quotidien d'une troupe (d'une famille aussi) : les problèmes de fric, bien sûr, les problèmes entre les gens (amour, jalousie, affrontements, rivalités, complicité) avec les sentiments qui vont avec (colère, regrets, enthousiasme, inquiétude, tristesse, exaltation) dans un éventail aussi varié et versicolore qu'un nuancier pantone.

Aux côtés de Marc Barbé se tient celle qui porte son enfant, jouée par une Adèle Haenel en très grande forme, et, bientôt, à très gros ventre, qui ne suit pas vraiment d'ailleurs les conseils de Régine Pernoud -ouah c'est une rebelle, une vraie de vraie, une pure et dure- et elle fait bien la paire avec Marc B., et c'est l'histoire de leur couple qui sert de fil conducteur (et de contrepoids à celle(s) du patriarche/metteur en scène de la troupe) au film.

Qui dit film choral dit film à plusieurs voix, et on n'en manquera pas, ici, de voix. Ca chante ça gueule ça rigole ça hurle ça murmure, et ça tonitrue et ça fanfare et ça canonne aussi (dans tous les sens du terme : à plusieurs voix et à plusieurs bouteilles, car si les nuits sont courtes, elles sont intenses et dévastatrices). Qui se clôt d'ailleurs sur une très belle scène polyphonique. C'est vraiment un film qui est du côté de la vie, et qui le revendique. A gorge(s) déployée(s). C'est vrai que, je le reconnais, ce n'est pas forcément un univers et une façon de vivre qui m'attirent ou que je connais très bien, mais ça fait sacrément du bien de s'y plonger et de se laisser porter... Mieux vaut trop d'excès que pas assez de manque, non ?

"Viens voir les comédiens
Voir les musiciens, voir les magiciens,
Qui arrivent, viens.."
(Charles Aznavour, bien sûr, qui n'est pas forcément non plus ma tasse de thé mais qui là colle vraiment au thème, et à la façon dont il est traité)

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ps : je me dis aussi que je n'aurais peut-être pas autant aimé si je n'avais pas su que ma copine Dominique avait autant détesté...

9 avril 2016

la technique

c'est elle qui nous a lâché hier soir...
pourtant le réalisateur était là, venu de Paris pour accompagner son film
mais pour des raisons de "mise à jour des drivers" il n'a pas été possible de voir le film

le film c'était le très fort DE L'OMBRE IL Y A, et le réalisateur Nathan Nicholovitch
Alors on est quand même allé manger dans le restau du bôô cinéma histoire de se consoler
(Bon, je n'avais pas anticipé, et j'avais déjà mangé, mais je les ai accompagnés...)

nathannikolovic

Voilà le monsieur en question -photo pas de moi mais du ouaibe- (oui oui il est aussi beau en vrai, même davantage si c'est possible, j'essayais donc d'avoir un discours intelligible, de ne pas trop baver et d'empêcher ma mâchoire de se décrocher et de tomber misérablement sur mes genoux)

on a parlé de cinéma, beaucoup de cinéma, surtout de cinéma, et mon coeur était encore plus exalté lorsque nous avons parlé de PASSE-MONTAGNE, qui est un film culte du Monsieur (et tiens, justement, de moi aussi) dont le scénario va être publié en septembre, accompagné d'un looong entretien avec J-F Stevenin, qu'il a lui même réalisé...
Je buvais mon Irish Coffee en souriant benoîtement...
(parfois on peut dire merci à la technique qui défaille, d'uatant plus qu'il a promis de revenir quand on prendrait le film à sa sortie officielle...)

 

8 avril 2016

60

(d'une belle soirée...)

samedi 2 avril, mon ami Philou fêtait -entre autres- ses soixante ans, au cours d'une soirée que j'avais beaucoup attendue, et paradoxalement (?) un peu appréhendée aussi : beaucoup de gens sur la liste des invités (que nous n'avons d'ailleurs connue que le soir même), et surtout des "groupes" différents, sans forcément de frontière commune, qui furent plutôt judicieusement dispatchés selon un plan de table (ça c'était rigolo, un peu comme à un mariage) : la famille, les voisins, les collègues, les normaliens, les vieux amis, les "divers", chacun pouvant d'ailleurs appartenir à l'un et/ou l'autre de ces groupes, mais surtout beaucoup de gens connus depuis longtemps, très longtemps, et pas revus tous ensemble à la fois

à l'arrivée, d'ailleurs, dans cette grande salle des fêtes, les entrées étaient progressives (vous savez, comme l'eau e la piscine quand on descend doucement et qu'on hésite à se mouiller le ventre) chacun pouvait un peu séjourner dans l'entrée (le vestiaire) , "le sas", où stabulait un petit groupe mouvant, les tout nouveaux arrivants saluant les juste arrivés, et étant salués à leur tour par les encore plus nouveaux arrivants, comme un tour de chauffe avant de pénétrer dans "la" salle

dès l'arrivée, d'ailleurs, comme je l'avais plus ou moins pressenti, des yeux se sont mouillés, les miens, mais pas seulement), tant cette situation était émotivement intense : quand se reconstitue soudain, comme par magie, le petit groupe d'ami(e)s que vous aviez constitué en 1974, l'émotion est d'autant plus forte que l'on se retrouve, là, en 2016, mais c'est comme on était soudain, justement, propulsé en arrière, et qu'on avait à nouveau dix-huit ans (18 ans, oh lala), et comme si nos silhouettes d'alors soudain en filigrane, peut-être en noir et blanc, ou en surimpression, ectoplasmes, en couleurs pâlies et voix lointaines (au cinéma on ferait ça très bien mais bon là on était dans la vraie vie)

et c'était drôle aussi la façon dont les groupes pré-existants (les voisins, la famille, etc.) restaient constitués (même debout, encore, dans les différents points de la salle : ainsi nous le noyau dur des "normaliens" de 1974, auxquels étaient venus s'agréger plusieurs  éléments des "instits", des "amis", et même des "div", sommes restés assez longtemps presque peureusement serrés dans un petit coin de la salle, à l'entrée, comme un petit troupeau (je faisais en riant "bèèèh bèèèh")

j'avais été ému dès l'arrivée, oui, le maître de cérémonie dans sa veste bleue assurant l'accueil individuel de chacun des arrivants, de voir Richard et Max, les fistons, (qu'on a connus "grands comme ça", puisque depuis leur naissance, et qui sont désormais des hommes), et Fran qui avait tracé le plan de table (sur deux rangées) mais dont la retranscription graphique ne collait pas tout à fait avec la réalité topographique (il fallut tourner la feuille de 90° vers la gauche pour que les représentations coïncident), et les gens qui arrivaient, quelques-uns que je ne connaissais pas, d'autres que j'avais du mal à reconnaître, et d'autres enfin que j'ai  connus depuis toujours

et le moment de l'apéro était comme un tour de chauffe, on avait salué celles/ceux qu'on connaissait, on papillonnait, son verre à la main (avec des cerises comme ci ou des cerises comme ça), mots retrouvailles, apostrophes, private jokes, états des lieux, projets, bilan de santé, perspectives de retraites, souvenirs souvenirs...

et quand on s'est installés à table  (merci encore pour le plan, que je qualifierais de judicieux) c'était le banquet, comme un repas normal et en même temps pas du tout, notre bout de table était joyeux, et celui de nos voisins de derrière l'était tout autant, avec toujours ce sentiment troublant de "aujourd'hui/il y a 40 ans", d'autant plus que Fran avait lancé un "défi" à l'assistance : que chacun vienne donner à son tour au micro un "je me souviens" à propos de Philou...

le degré d'alcoolémie grimpant vaillamment et avec constance comme le Philou sur les pentes du Tourmalet permettait aux cravates métaphoriques de se dénouer, et à l'ambiance de bon-enfanter, il fut question de mains aux fesses, à plusieurs reprises et sur des personnes variées, oui, c'était un peu comme un banquet de mariage (mon dieu mon dieu il y avait tellement longtemps que je n'en avais pas fait), et les "automatismes sociaux" s'étaient remis en place : c'est comme si j'avais aussitôt et instantanément revêtu mun nez rouge et mon chapeau pointu invisibles :  les conneries sortaient de ma bouche sans que j'aie à me forcer (et Pépin était sur ce terrain un excellent stimulateur, comme d'hab') et sans que j'aie à me forcer (je le redis) je faisais le pitre, oui je re-faisais le pitre, je retrouvais un peu du Rob de 1974 (comme s'il avait toujours été là) avec, tout de même, pendant un court instant, le sentiment agaçant que je faisais ça parce que j'étais censé le faire, utiliser mon  prétendu "sens de la répartie" qui fait mouche et déclare l'hilarité, que les gens attendaient ça de moi, et que je devais m'y conforter, et que, quoi que je dise, finalement, ça les ferait toujours autant se tordre (le "tu nous feras toujours rire...") et j'ai donc réussi à dire un petit quelque chose qui me tenait à coeur, et ne prêtait pas à rire, et les gens n'ont pas ri et ça m'a rassuré

Mais revenons-en à Philouchon, dont c'était tout de même "la" soirée. Il s'est prêté de bonne grâce au cérémonial des cadeaux (il y en avait vraiment beaucoup, alors que Fran nous avait juste évoqué une "boîte", pour financer un voyage au Vietnam) des livres, beaucoup, des arbres (à planter) des oeuvres d'art, des calendriers de chaque année en 6, de 2016 à 1956 (ça c'était mon idée et j'en étai assez fier...), et il a fait tout le tour de tous les gens qu'il a remerciés individuellement, et c'en était très impressionnant...

Pépin m'avait proposé, peu de temps auparavant, de faire à deux une lecture d'un texte de Valère Novarina, ce qui fut fait ensuite, jouissif -pour moi- et rondement mené

Le dessert fut parfait (deux gâteaux délicieux, un au chocolat et un aux fraises) puis champagne et j'étais tellement bien (je n'avais pourtant quasiment rien bu auparavant car je voulais "assurer" pour la lecture) et c'était bien les gens qui se levaient et qui changeaient de place pour aller discuter avec un/une autre que leur vis-à-vis de plan de table, les conversations fluctuaient, il y en avaient même là-bas, tout au bout, qui dansaient...

et quand les gens ont commencé à se lever (syndrome dit "de la volée de moineaux"), je pesnais qu'il était tôt, vingt-trois heures peut-être, et non il était deux heures et demie, quelques-un(e)s dansaient et déjà c'était l'heure de se faire la bise et repartir dans la nuit, non sans avoir échangé des rendez-vous et rajouté quelques croix dans les agendas...

Et j'ai réalisé que je n'avais pas pris une photo de la soirée, tellement ça m'avait plus de la savourer, en vrai... ah si, une seule! :

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elle est un peu floue, non ?, mais ça résume somme toute assez bien la situation, la douceur de cette soirée, les signes, les attentions...

 

3 avril 2016

feu de la saint-jean

QUAND ON A 17 ANS
d'André Téchiné

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
(
Arthur Rimbaud / On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans)

Oh l'immense plaisir de retrouver ce Téchiné-là (surtout quand votre cinéphile est née en même temps que sa cinématographie... Que quelqu'un réédite enfin Souvenirs d'en france !!!) Depuis quelques films (L'homme qu'on aimait trop, Impardonnables, la fille du RER), on se disait un peu qu'il (qu'on) vieillissait, qu'on s'éloignait, vieux amants, habitudes, tiédissement... Ou peut-être qu'on ne trouvait plus dans ses films toutes les belles choses qu'on y avait vues fleurir auparavant, et qui vous emportaient, vous transportaient, vous submergeaient...

Et là, soudain, miracle, tout est là, au propre et/ou au figuré : l'adolescence, l'Ariège, la neige, Les roseaux sauvages, J'embrasse pas, l'amour, l'homosexualité, le désir, et Sandrine Kiberlain, (la mère) et Kacey Mottet Klein et Corentin Fila (les jeunes gens) sans oublier la guerre, là-bas, loin, et la mort qui va avec...

Oui, nous nous étions un peu éloignés, avec André. Pas en froid, mais bon... Popote, quoi, l'habitude, le ronron. Et voilà qu'ont eu lieu d'inattendues (inespérées) retrouvailles. Comme aux premiers jours, ou presque. J'ai noté sur mon carnet en sortant de la salle trois adjectifs, pour ne pas les oublier : exalté, passionnel, excessif.

(et voilà qu'en parcourant all*ciné.fr je tombe sur cette abconse  et condescendante notule from Les Cahiaîs : "Si avec les années, la fièvre "à la Téchiné" paraît de plus en plus décrétée et son lyrisme plus contrit, il reste toujours un cinéaste parfois inspiré (…). De quoi regretter que le "romanesque" de papier ait pris à ce point le pas sur ses tropismes paysagers ou picturaux qui auraient pu davantage aimanter la fiction." qui m'agace assez pour que je la reproduise. Et si quelqu'un peut me la traduire je suis preneur.) Mais bon revenons à nos moutons. (Nos agneaux plutôt. )

Peut-être que c'est un truc de vieux (décidément j'y reviens) de vieil adolescent sans doute, que les jeunes critiques Cahiaîsiens ne peuvent même pas envisager, appréhender. Mais c'est exactement ce qui me ravit. De l'amour et du désir comme sujet et objet de lyrisme, c'est ça  qui me plaît, qui me touche, qui me fascine... Dans Les roseaux sauvages, il s'agissait a priori d'un trio (Ah Elodie Bouchez, ah Gaël Morel (ledit film est d'ailleurs, c'est Dominique qui l'a lu dans le générique "librement adapté de New Wave , de Gaël Morel", comme un clin d'oeil amical) et aaah Stéphane Rideau (dont je me souviens avec émotion du "Et si on se branlait ?") même si la demoiselle apparaissait assez vite comme un catalyseur, un élément extérieur.), ici ils sont juste deux, et, d'entrée ça cartonne : un croche-pied et l'un fait tomber l'autre par terre en plein milieu de la salle de cours. Et l'autre lui répond. Et bim. Et bam. Et ainsi de suite. Ces deux-là se détestent trop pour que ça ne cache pas quelque chose, clignote furieusement notre radar à sous-sous-texte gay (pas si sous-sous que ça d'ailleurs, on connaît bien notre oiseau-Téchiné, quand même...) Ca c'est au "premier trimestre" (le film est partagé en trois, avec les saisons qui vont avec, et les sentiments idem. Là c'est la neige (en Ariège, quand il neige, c'est pas de la neige de fillettes, hein ) et c'est magnifiquement cinégénique. Comme l'est la mise en jambes du récit (marcher dans une bonne couche de poudreuse ça n'est pas forcément évident pour aller vite...) Le blond se fait embêter par le brun, mais il rend les coups aussi. Les choses se compliquent quand il s'avère que la mère du blond est médecin (Sandrine Kiberlain est hyper-bien, disons-le, mais les actrices chez Téchinou sont toujours aux petits oignons : remember Catherine, Isabelle, Jeanne, Marie-France, Juliette, Emmanuelle, et j'en passe... il a le don de les sublimer de les transcender, de les incandescer...) et va être amenée à soigner la mère du brun, et que bradaboum tout un enchaînement de circonstances (comme une coulée de neige bruyante) va faire qu'elle va proposer au brun de venir chez eux (sous le même toit que le blond, donc) pour réviser le bac tranquille et que les choses aillent un peu mieux.
Sandrine Kiberlain est magnifique, comme l'est le personnage qu'elle compose. Une femme douce, aimante, attentionnée, attentive aux autres. Précieuse. Les deuxième et troisième trimestres vont apporter c'est sur leur brouettée d'événements (j'arrêterai là de les détailler) pour faire évoluer la relation entre les deux garçons (mais pas que.) et c'est très beau la façon dont elle se construit , dont elle sinue, évolue, bifurque, tournicote...

Alors qu'on sait bien que...

il est intéressant d'apprendre au générique que le scénario a été co-écrit avec Céline Sciamma, qu'on sait par expérience beaucoup plus attentive aux Bandes de filles (mais y a-t-il, en définitive, autant de différences que ça entre les atermoiements testostéronés de nos deux daguets ariégeois et les circonvolutions aquatiques des donzelles de La naissance des Pieuvres ? Non. C'est le désir, et c'est l'amour. Point barre. On serait peut-être, finalement, n'en déplaise à Arthur R. extrêmement sérieux, quand on a 17 ans, lorsque  apparaissent et fleurissent ces premiers "vrais" émois... Oh se chercher se battre  se fuir et oh se retrouver s'étreindre... La chorégraphie amoureuse mise en place par André Téchiné et Céline Sciamma si elle n'est pas neuve (ces rituels se jouent depuis la nuit des temps) nous met, avec à la fois un air sérieux et un demi-sourire complice, dans cet état d'hypersensibilité (émotivité) délicieusement émouvant, stimulant, troublant...

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