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CONTROL
d'Anton Corbijn
Fin des années 70 je n'écoutais pas Joy Division, soyons franc. Je connaissais juste un peu de loin la légende morbide de Ian Curtis, et qu'après sa mort le groupe était devenu New Order (que je connaissais un tout petit peu mieux, ne serait-ce qu'à travers True Faith et, plus tard, Confusion)
Un film qui terrasse. Une histoire de groupe, d'Angleterre, d'années 70/80, de la vie d'un parmi d'autres, d'une vie avec ses pile et face, le micro les concerts les groupies les roadies d'un côté, et les langes qui sèchent et le thé qui refroidit et l'épouse éplorée qui attend de l'autre... Un écart qui devient de plus en plus grand, béance intolérable, jusqu'à la déchirure.
Un très beau noir et blanc, des images amoureusement composées, un écran comme plein à ras bord, pour un mec noir et blanc aussi, et la musique idem, et la vie donc pareil. Mais ici ni complaisance malsaine ni voyeurisme faux-derche. Une certaine,oui, esthétique de la désolation. Rien de misérable, non, juste des faits, des effets (personnels), juste un morceau de vie. Comme une chanson qu'on connaîtrait un peu, vaguement, de loin, mais qui vous tire des larmes dès qu'on l'écoute un peu en détail. Mais pas exactement 2'35 de bonheur.
Un film qui vous éclabousse, vous submerge, vous engloutit, mais façon baquet d'eau glacée plutôt que bains turcs.
Et l'incarnation stupéfiante de Sam Riley.
Love, love will tear us apart again...