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lieux communs (et autres fadaises)
7 juin 2008

I don't speak hebrew

DESENGAGEMENT
d'Amos Gitaï

Comme je disais avec ma copine Françoise juste avant que le film commence, des fois, Gitaï, c'est chiant. Oui oui, j'assume. Et des fois c'est très bien. mais, c'est sûr, ce mec-là est vraiment un cinéaste. Avec des choses à dire qui lui tiennent à coeur. Des fois ça passe, des fois ça lasse...
Par exemple, cette scène d'ouverture qui (pour moi) confine au sublime : un plan fixe (cinq minutes au moins) sur Nathalie Portman en train de pleurer dans une voiture, au début d'un film dont j'ai d'ailleurs oublié tout le reste, même le titre. Ca c'était du cinéma. Parfois c'est trop compliqué (c'est souvent le cas dans le cinéma israélien, mais arrivera-t-on un jour à véritablement intégrer cette situation ?) parfois trop théorique, ou trop intello.
La scène d'ouverture, encore une fois, est très belle : dans un train italien, un israélien, une palestinienne (ou le contraire, désolé, je ne suis plus sûr) se croisent, il lui demande une cigarette, ils discutent, un douanier tâtillon les titille, et ils finissent par s'embrasser en assurant au dit douanier qu'ils ne font ensemble "rien de politique..."
Le jeune homme, Uli,  vient en France, à Avignon, à l'occasion de la mort de son père, et y retrouve sa soeur Anna (Juliette Binoche), avec laquelle il va passer cette première partie du film. Et avec qui il va repartir en Israel, puisqu'elle a été sommée testamentairement d'aller retrouver là-bas sa fille Dana (abandonnée par elle à sa naissance) pour lui remettre en main propre sa part d'héritage, selon les volontés de son père. Car Uli est aussi militaire et veut rentrer pour participer à l'opération d'"évacuation" des colons juifs de la bande de Gaza. Ce sera donc la seconde partie du film, sous la double marque des retrouvailles  (familiales) et des séparations. Dès leur arrivée, le frère et la soeur sont séparés, puisqu'il est catégoriquement (par un collègue énervé braillard et règlement/règlement) refusé à Anna de monter dans la jeep où son frère s'embarque. Elle sera finalement conduite jusqu'à sa fille par un ami de son frère, joué par Gitaï lui-même, après une mémorable scène de franchissement de check-point (encore une scène forte gitaïesque, peut-être celle qui me restera de ce film, d'ailleurs). Elles tomberont dans les bras l'une de l'autre, jusqu'à ce que, destin cruel...
Le film procède ainsi, dans ce double mouvement d'assemblage / séparation, jusque dans sa forme même. C'est vrai que, tels quels, on a un peu l'impression d'avoir deux demi-films juxtaposés (Frère & soeur à Avignon et Mère & fille à Gaza), dont chacun aurait mérité un traitement particulier, et qui sont appariés juste par la présence des deux personnages principaux, le frère et la soeur, justement. Histoire de famille, donc, de racines et des liens qu'elles génèrent, de déracinement peut-être aussi), c'est idéalement la métaphore pour évoquer la situtation, là-bas, et le dialogue de sourds. Mais cette dichotomie  n'est pas si gênante, finalement, tellement on suit l'histoire avec intérêt et émotion, dans les deux cas.
Oui, je sais que je suis plutôt bon public et que j'ai plutôt -surtout à chaud- la critique louangeuse, mais il me semble que c'est mon Gitaï préféré depuis... un bon bout de temps. Bien entendu, inutile de préciser que la distrib' est nickel : tiens Jeanne Moreau, tiens Barbara Hendricks, tiens Hiam Abbas... Amos n'a visiblement pas mégoté sur la distribution, même pour les petits rôles. Et puis des barbes et des joues mal rasées et des treillis et des kippas... Et s'ils s'arrêtaient un peu de se gueuler dessus et commençaient à se faire des câlins, plutôt que de se foutre sur la gueule, sans arrêt comme ça, hein ? (c'est le message de Boutros Boutros Chori)

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