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lieux communs (et autres fadaises)
22 octobre 2010

fouines

LES PETITS MOUCHOIRS
de Guillaume Canet

Celui-là, je voulais le voir tout de suite, dès la première séance, parce que j'avais peur, après, de ne plus en avoir envie. Comment appeler ça, un pressentiment ? J'ai toujours eu un faible les films de potes, tout en sachant que c'est un sujet qui peut être casse-gueule, j'avais beaucoup aimé le précédent film de Guillaume Canet (même si j'avais plutôt des réserves sur la lourdeur et la maladresse de la fin) avec déjà, François Cluzet (que j'aime beaucoup, et Gilles Lellouche (que j'ai déjà évoqué ici, pour qui j'ai un -gros- faible, mais pour des raisons absolument pas cinématographiques.)
Résultat des courses ? Lellouche confirme tout le bien que je pense de lui (mais, je le répète une fois de plus,  je ne suis pas objectif), dans le registre de l'hétéro bourrin mal rasé grande gueule qui sous son aspect bourru cache devinez quoi, Canet confirme qu'il a du mal à finir ses films (mais pas que), Cluzet déçoit beaucoup (je crois que je l'ai rarement vu aussi pas bon : il joue pendant les trois-quarts du film en calquant quasiment l'évolution de son personnage sur celui que jouait Jack Nicholson dans Shining, -j'exagère à peine.-), et le film, dans son ensemble, peut être qualifié d'hétérogène (sans mauvais jeu de mots), tant il est instable dans les sentiments qu'il procure au spectateur : des petits moments agréables, justes, touchants, sont immédiatement gâchés par des grosses scènes lourdes en gros sabots, avec la grosse musique qui souligne, et les gros effets passés au surligneur fluo des fois qu'on ait pas tout bien compris (la dernière scène est, à cet égard, parfaitement insupportable, et je pourrais même aller jusqu'à injustifiable...)

Un groupe d'amis part en vacances, comme tous les ans, dans la propriété de l'un d'eux, malgré qu'un des leurs ne puisse pas venir, cloué en soins intensifs à Paris qu'il est, après s'être explosé -pas complètement à jeun- en scooter contre un poids lourd au petit matin.
Donc, le groupe de copains, des couples et des célibataires, qui vont vivre quinze jours de vacances au bord de la mer, avec les petites histoires de chacun, couples qui battent de l'aile, en devenir, en souvenir, en promesse, en creux, "normal", on a à peu près tous les cas de figures... Et ceux qui étaient célibataires au début ne le seront pas forcément encore à le fin, et vice-et-versa, mais quoique pas forcément. Scènes de repas, de virées en bateau, de levers et de couchers, sont plutôt sympathiques et réussies, les fou-rires et les coup de sang,histoires de vacances, quoi...
Sauf que. Le ver est dans la pomme. Voilà-t-y pas que, dès le début du film (après que Jean Dujardin  -c'est lui l'ami qui manque- ne parte à l'hosto) un des personnages masculins (Magimel) vient d'annoncer à un autre (Cluzet) qu'il aime ses mains, euh, quoi, qu'il est amoureux de lui mais hé heu attention qu'il est pas pédé, non mais oh hé, et l'autre aussi sec de crisper les sourcils et de rouler des yeux et de commencer à en faire des tonnes, comme Jack N.  Et c'est ce machin qui va servir de fil blanc (et conducteur) tout au long du gâchage de vacances, à grands coups de mâchoires crispées, de regards lourds et de sous-entendus qui ne le sont pas moins. Et, aïe, je crois que c'est ce qui m'a mis le plus mal à l'aise dans cette histoire, la façon dont ce segment est traité : ça me fait mal de le dire, mais je pense que Les petits mouchoirs est un film homophobe, ou, pour le moins, très hétéronormé. Les grosses plaisanteries grasses avec sourires entendus autour du mot enculé, les maillots perdus, tout ça est calibré pour caresser dans le sens du poil le bon public hétéro-bourrin.
On sent bien ce que Guillaume Canet a voulu gentiment faire, une gentille histoire pleine de gentils sourires et d'émotions gentilles, de sourires et de larmes,  genre ouais vous avez vu ils sont trop chouettes mes poteaux hein, mais le décor qu'il nous a planté, avec d'un côté mecs pleins de poils et de verve, et, de l'autre, dames pleines de grands yeux et de sentiment, finit par nous prendre à la gorge tant il est simpliste et -simplement- désolant. Comme qui dirait les quéquettes d'un côté et les cœurs de l'autre, pour faire simple. Mouais. Avec une ligne et demie de scénario pour chacun. Mecs en sur-régime et femmes en sous. Et les personnages "extérieurs" (le coureur hyprazen et l'ostréiculteur hypralucide), censés apporter un autre éclairage, sont du même bois, du même tonneau, et ne sont introduits là , raplaplas, que comme sujet de moquerie  (récurrent et lourdingue) ou comme diseur de quatre vérités (lourdingue et maladroit). Ohlala.
Questions références ciné, on évitera Les copains d'abord, et même Vincent François Paul et les autres, on serait, hélas, peut-être plus près de Camping 2, mais bon, le pire dans tout ça c'est que le film risque de plaire "au plus grand nombre", qui ne pourra que se reconnaître dans ce miroir complaisamment tendu.

Bon, c'est comme ça, c'est planté.Tant pis. Ca aurait pu... mais ça n'a pas été. Quand viendra la fin de l'été...

19505586

Commentaires
Z
"Les grosses plaisanteries grasses avec sourires entendus autour du mot enculé, les maillots perdus, tout ça est calibré pour caresser dans le sens du poil le bon public hétéro-bourrin."<br /> <br /> on ne saurait mieux dire :)
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