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lieux communs (et autres fadaises)
1 décembre 2010

je fais ce que je peux pour survivre

BIUTIFUL
D'Alejandro Gonzales Iñarittu

En Javieroscope et en Bardemvision, c'est dire si on ne voit que lui ou presque. Et qu'il le vaut bien. En tout cas, un des opus les plus convaincants du Monsieur (le réalisateur). Toujours aussi black, mais moins tape-à-l'oeil, moins convulsif, moins "remarque un peu mon montage comment qu'il est virtuose" que les précédents.
Le film s'ouvre une très belle scène chuchotée, suivie d'une autre, tout aussi belle,  dialoguée au milieu d'arbres enneigés, séquences qu'on reverra d'ailleurs, à la fin, replacées dans leur contexte. Et crac alors arrive le titre du film. Qu'on comprendra plus tard aussi. Et on ressent tout de suite ce sentiment de léger déséquilibre, dans le rythme, la façon dont les plans sont montés.
Le film est construit comme un agencement (plutôt qu'une succession) de plaques (tectoniques ?) instables, vacillantes, incertaines, peu sûres, des scènes donc, avec chacune son identité propre (composition des plans, rythme, musique) qui parfois se prolongent, permettant de passer facilement de l'une à l'autre,  et parfois s'éloignent (comme on sauterait d'un toit à l'autre) ou se heurtent, s'entrechoquent, créant des lignes de fracture, des mini-séismes autour d'un épicentre terrassant de beauté parfois mais de mal à l'aise aussi ou de dégoût ou de colère ça dépend.
Soit Uxbal, un mec pas très sympathique ni engageant à première vue. Sa vie, de petits trafics en magouilles diverses. Ses deux enfants et sa femme bipolaire, qui le trompe, comme on l'apprend assez vite, avec son frère (à lui, pas à elle),qui d'ailleurs ne suce pas de la glace (ni ne siffe que de la farine). Uxbal qui "fournit un emploi" à des blacks  (clandestins) qui revendent à la sauvette des cochonneries contrefaçonnées fabriquées par des chinois (clandestins),employés par d'autres chinois  (accessoirement un peu mafieux mais aussi très gays) dans des ateliers (clandestins). Uxbal (Javierchounet) est la cheville ouvrière de ces différents trafics (il ya aussi une histoire de chantier, que je n'ai pas trop bien comprise, avec un entrepreneur utilisant au black les mêmes chinois clandestins...) et fait transiter des biffetons d'un main à l'autre (mais n'oublie pas la sienne.)
Sans oublier des flics ripoux mais pas si odieux que ça, des morts accidentelles,  quelques enterrements, des fantômes aussi.  Et des papillons de nuit au plafond...

Sauf que , -sinon tout serait un peu trop facile- Uxbal apprend qu'il a un cancer, et n'a plus que "quelques mois" à vivre. Et va donc s'employer à, en quelque sorte, organiser sa succession. Le film est long (presque 2h et demie) mis on ne ressent jamais vraiment cette durée comme pénible au ennuyeuse. Au contraire. Iñarittu a sorti tout son (gros) arsenal, et nous enflamme une véritable pyrotechnie cinématographique. Du grand art. Très très noir, mais indéniablement efficace.
On pourra objecter -et regretter- cette prédilection pour le sordide, le destroy, le cracra, cette fascination quasi-masochiste (et complaisante ?) pour le misérabilisme mélodramatique. Et on pourra aussi rétorquer que tout ça, ça existe, partout, pas si loin de nous, parfois, et( que le cinéma ça n'est pas uniquement Mary Poppins meets the Bisounours. Iñarittu se complait peut-être dans la représentation de la fange, mais il s'est donné les moyens de le faire, et, la fange en question, elle clapote, et de plus en plus fort, et de plus en plus près de nous, et le niveau n'arrête pas de monter d'ailleurs.
Le petit plus qui permet de respirer un peu, de sortir la tête de l'eau noire et puante du quotidien d'Uxbal, c'est, -paradoxalement ?-, la pincée de fantastique dont le réalisateur saupoudre son histoire : les rapports ambigus qu'entretient Uxbal avec la mort, avec les morts plutôt ("I see dead people..."), s'extrayant ainsi juste ce qu'il faut du constat social hyper-réaliste, et nous permettant ainsi à nous spectateurs de prendre ce minimum de distance nécessaire pour ne pas se noyer ou s'asphyxier.
Et le "recentrement" des intrigues autour d'un unique personnage  s'avère tout aussi -justement- efficace. Le film a été fait, Iñarittu l'a dit, surtout pour Bardem. Javier est grand et Iñarittu est son prophète (non, il me semble que c'est plutôt le contraire, non ?).

19478388

(Je dédie ce post à manu, marie et catherine, qui auraient dû venir avec moi à cette ultime séance, juste avant la neige...)

Commentaires
M
increible ca continue cest cool pas de goudron depuis 1 semaine mais pas de filmmmmmmmmmmmmmmen español beso
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M
j'ai eu ton message que ce matin!!!!Merci pour le clin d'oeil...
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