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lieux communs (et autres fadaises)
21 février 2011

décalage horaire

ET LA-BAS, QUELLE HEURE EST-IL ?
de Tsai Ming-Liang

Un film que j'avais raté quand il était passé au Bôô Festival (je me souviens juste d'une discussion post-proj' entre Hervé et Mireille, qui m'avait donné envie de le voir.) Invisible ensuite, difficile à acheter (en tout cas à un prix décent),  Et je suis donc resté (depuis 2001) assez longtemps sur ma faim, mais j'ai enfin réussi à le télécharger malhonnêtement récupérer en tout bien tout honneur, et en  VO.ST anglais (mais vu le peu de dialogues qu'il y a, la VO seule eut été quasiment envisageable...)
Chronologiquement (...) il vient dans la filmo de Tsai Ming Liang, juste avant Goodbye Dragon Inn, qui est -justement- pour moi son film que je préfère.
J'aime les films qui n'ont pas d'enjeu (visible, tout du moins) et donc j'aime énormément Et là-bas quelle heure est-il ?
Formellement, le film est proche de la perfection (chaque cadrage est virtuose dans sa simplicité, sans pour autant le crier sur les toits), le rythme typique des films de Tsai Ming Liang est incontestablement présent (les  fameux "plans-séquences" qui s'étirent, parfois voluptueusement, et parfois douloureusement) et réussit, dans le même temps à nous fasciner (perception de la durée) et à nous surprendre (par cette façon abrupte de couper la scène et de passer à autre chose, au moment où, justement, nous spectateurs, on aurait pensé que ça allait continuer).
Et les thèmes de prédilection du réalisateur : solitude, incommunicabilité, mais aussi cinéma, nourriture et... "traditions"  (rituels ?) sont tous là, fidèles au rendez-vous. Avec une imperceptible -mais indispensable- touche d'humour, une infinitésimale distance, qui rend l'ensemble d'autant plus fascinant.
La trame narrative est mincissime : le "héros" (Lee Kang-Shen, acteur récurrent de tous les films du réalisateur, alter ego comme le fut Jean-Pierre Léaud pour François Truffaut, ça tombe bien on les verra tous les deux passer dans le film), qui vient de perdre son père, vend des montres à la sauvette, et passe son temps à remettre à l'heure toutes les pendules, montres horloges et réveils qu'il croisera dans le film, à l'heure de Paris, ou est partie une jeune fille tristounette qui a tenu auparavant absolument à lui acheter sa montre (qui est double time). Il vient de perdre son père, et voilà que sa mère, avec qui il habite, a du mal à gérer l'évènement en question, et pète un peu les plombs, persuadée que son défunt mari va lui rendre visite post mortem et reincarnationem incessamment sous peu, et s'y préparant donc (sauf s'il s'est réincarné en bestiole et que son fils l'a écrabouillé par inadvertance).
Trois personnages, la mère, le fils, la jeune fille,  trois histoires singulières qui cohabitent dans le récit sans vraiment s'y mélanger. Ultramoderne solitude, légers troubles (dérèglements) physiques, moraux et sociaux, événements minuscules, comme trempés du bout des baguettes dans l'amertume contemplative, sous le glaçage léger de la perfection graphique.
Fascinant, hypnotique dis-je. Un film idéal pour cette fin d'hiver, et une lacune enfin comblée. Merci Tsaïchounet!

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