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lieux communs (et autres fadaises)
14 mai 2011

into the wild (wild wild)

ESSENTIAL KILLING
de Jerzy Skolimowski

J'aime beaucoup Vincent Gallo. Comme Joaquim Phoenix, il a "quelque chose", comme une lumière qui brûle à l'intérieur. Et là, en plus, comme ça, avec la barbe et les cheveux, il m'a curieusement fait penser, tout au long du film, au jeune homme en t-shirt, et j'en ai conçu... une certaine émotion. J'avais comme deux films pour le prix d'un (pour 5€, vraiment pas de quoi se plaindre!), et quel(s) film(s)!
Essential killing commence comme un film de guerre basique (minimaliste ?) : trois soldats américains, un hélicoptère, un taliban (ça fait drôle au début, parce que le taliban, c'est Vincent Gallo, qui a une aura assez forte pour qu'on sache que c'est Vincent Gallo, mais bon on s'y fait assez vite et on joue le jeu...). Comme une version "sérieuse" de Four lions ? (j'exagère, oui, oui, je sais...)
On continue à Guantanamo, (ou équivalent) où notre barbu est détenu, puis on va ailleurs (de toute façon rien n'est jamais nommé précisément) quand un bienvenu accident de camion permet à notre Taliban Gallo de se faire la malle, pieds-nus et dans la neige, et s'enfuit, ce qu'il va faire jusqu'à la fin du film.
Il y avait un film qui s'appelait La course du lièvre à travers les champs, c'est tout à fait ça. Un homme (on se saura son prénom qu'au générique de fin) fuit, et les autres essaient de le rattraper, par tous les moyens (et ils en ont, des moyens! Au début la partie semble déséquilibrée, et jouée d'avance, mais notre fugitif est visiblement expérimenté, et il a comme qui dirait de la ressource...)
Il avance, il avance, il zigzague, il se cache, il surgit. (il survit). Il mange des oeufs de fourmi, du lichen, des baies toxiques, un poisson cru, et finit même pas téter directement une grosse dame saoule. Plutôt que de killing, il est question de survival. L'instinct vital. Comme un jeu absurde et cruel, où, pour progresser, notre héros barbu et chevelu (et mutique) doit éliminer des gens pour récupérer des points de vie ou de confort supplémentaires...
Tout ça est filmé de manière très graphique, dans un quasiment noir et blanc (et rouge) splendide (la neige est toujours extrêmement photogénique), sans qu'une seule parole soit prononcée par le fuyard (ni d'ailleurs par la femme qui va lui venir en aide, qui est jouée par Emmanuelle Seigner.)
Skolimowski m'avait  déjà ravi la dernière fois dans son très beau Quatre nuits avec Anna, il m'a ici, à nouveau, fortement impressionné. Sur un canevas minimaliste,  il met en place une oeuvre forte, âpre, viscérale, dense. Quasiment théorique, presqu'à la limite de l'abstraction, mais pourtant terriblement physique, humaine.
Intense et splendide.

19700535

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ah oui ah oui ah oui (+1)
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