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lieux communs (et autres fadaises)
16 août 2014

une année de papier

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Une excellente surprise, trouvée (9€, tout de même!) chez le bouquiniste de la rue d'Anvers, en fouillant dans son rayon de NRF que je pensais pourtant bien connaître... Le titre m'a plu, et le sous-titre, la dernière de couv' aussi, et je l'ai feuilleté... tiens, des notes, tiens des dates, tiens ça commence le 1er janvier, tiens ça finit le 31 décembre, tiens, il a écrit quelque chose chaque jour, et j'ai réalisé que mine de rien, je commençais à le lire...
Je l'ai reposé, à quoi bon etc. J'avais déjà un volume de théâtre de Grumberg en poche et donc. Et très vite je me suis ressaisi, je l'ai repris : ce livre, il était fait exactement pour moi (j'adore les fragments, j'adore les notes, j'adore les journaux). Et je l'ai donc acheté, et le Grumberg aussi, et le gentil bouquiniste m'a fait un rabais sur l'ensemble, puisque je prenais les deux.
Je ne connaissais pas du tout Hédi Kaddour. (Je me suis renseigné depuis). C'est un universitaire, un prof, un romancier, un poète, un "théatreux", un observateur, un critique... Et toutes ces facettes sont représentées dans ces Pierres qui montent (quelle belle image pour un titre!)
A chaque jour donc, son écrit, parfois juste quelques lignes, parfois plusieurs pages, et on avance ainsi dans l'année... Jour après jour, journalier, journaliste... Je pense (je suis sûr) que mon ami Philippe devrait adorer ça : croquis sur le vif de gens vus dans le métro, dans la rue, ou ailleurs, notes sur des écrivains ou des ouvrages pour la préparation des cours (Colette, Céline, etc.), notes de lecture(s) sur des écrivains que j'aime (Perec, Renard, Junger, Handke, beaucoup de ceux qui ont tenu un journal, ah j'oubliais, je pense qu'il est aussi traducteur), scènes de la vie professionnelle ou sociale, corrections (et variations sur les corrections), idées, il est beaucoup question de mots, d'écriture, de grammaire, de rythme et de structure, (de "prosodie"), sous forme de flashes (d'épiphanies ?) ou bien d'observations plus construites et structurées, très érudites (j'avoue que j'ai des fois zappé  dans des pleines pages sur Beckett, par exemple) mais aussi de gens, d'universitaires, d'amis, de collègues, de "rivaux", de gens connus ou inconnus (j'adore quand il a la dent dure et sans pitié contre Amélie Nothomb, ou Marc Lévy, ou...), mais aussi simplement d'instants, de fragments, de descriptions d'une photo ou d'une scène de film (ou d'une pièce de théâtre).
C'est très agréable à lire (j'avais écrit "vraiment" et je l'ai retiré,- cet homme est aussi un observateur impitoyable de l'écriture des autres (mais aussi de la sienne) et de l'écriture en général, notamment sur l'utilisation des adverbes en ment -) , et la forme "calendrier" rajoute encore du plaisir à l'exercice, en  l'ordonnant, et contrebalançant ainsi par cette stricte suite de dates (en ce moment précisément où je suis plus encore que d'habitude attentif au temps qui passe, à la succession des jours, à ce que représente un an, à tempus fugit, à trois mille six cent fois par heure la seconde chuchote souviens-toi* et autres considérations sexagésimales) l'aspect peut-être un peu brouillon, épars,"désinvolte" qu'un survol de ces pages pourrait accréditer. A tort.Le calendrier comme une rambarde en quelque sorte, un garde-fou.
Et ce bonheur de lecture donne envie de lire d'autres choses de lui.

* Baudelaire, cité par Mylène Farmer, hihihi

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