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lieux communs (et autres fadaises)
1 juin 2016

modérateur ?

COMME DES LIONS
de Françoise Davisse

Une autre soirée "d'échange" dans le bôôô cinéma. Quekques semaines après Merci patron! de François Ruffin, l'ambiance était à nouveau à Debout les damnés de la terre et Prolétaires de tous les pays unissez-vous. Il était à nouveau question du patronat et des ouvriers, de l'exploitation de l'homme par l'homme, du cynisme des nantis et de l'étroite marge de manoeuvres dont disposent, finalement, les petits.
Ruffin avait fait ça assez joyeusement, avec sa famille d'ouvriers licenciés qui réussissaient à faire à Bernard Arnauld un pied-de nez de quelques dizaines de milliers d'euros (une bagatelle pour lui, une manne providentielle pour eux). Ici aussi c'est assez joyeux, et il sera aussi question de David prolo contre Goliath patrono (et aussi, in fine de pépettes et d'indemnisations -ou pas-) mais cette fois-ci on est dans l'usine (PSA Aulnay), les mains dans le cambouis, et on va suivre, de l'intérieur, les plusieurs mois de grève vécus (tenus) par tout un groupe d'ouvriers de l'usine.
Une grève "minoritaire" mais sacrément énergique (énergisante), montrée chronologiquement (les différents moments en ont été filmés par Françoise Davisse) avec, régulièrement, des inserts de textes transmettant les directives de "la direction", ses décisions, ses déclarations, ses mensonges, sa mauvaise foi, son mépris, son aveuglement... mais pas uniquement ceux "de la direction", également ceux des politiques (du plus petit au plus grand, -on a droit à une visite de François Nollande, juste avant le premier tour des présidentielles, qui donne rendez-vous aux grévistes "après son élection"... no comment-) mais aussi ceux des médias (journaux télé surtout).
Et ils en veulent, nos Petits Poucets grévistes de la CGT, infatigables, intarissables, et ils poursuivent leur action, ils persistent, mordicus, en revendicant toujours la "non-violence" (et face aux CRS c'est dur de résister). On verra défiler quelques têtes connues du PS (que je ne me donnerai même pas la peine de nommer tellement ils font triste figure dans leurs déclaration factices et languedeboisesques. Piteux.) tandis qu'ils attendent la nomination d'un médiateur longtemps promise et tout aussi longtemps différée.
Le film (presque deux heures tout de même) se regarde avec grand plaisir (j'avoue qu'au départ j'avais un peu peur de m'emmerder m'ennuyer poliment mais ici pas du tout du tout), tellement tout ça est plaisamment fait (la bonne humeur récurrente des grévistes -des syndicalistes- leur énergie, leur gnaque, semblent avoir gagné le montage (et le message) du film.)
Ce qui est drôle, c'est que c'est filmé de tellement près qu'on pourrait croire un instant que c'est l'usine entière qui était en grève. Et lorsque le couperet tombe, sèchement, impassiblement (le bilan des licenciements, des indemnisés, et des reclassés) on a droit à un joyeux épilogue (je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Ce vieux rêve qui bouge, d'Alain Guiraudie, même si ça a très peu de choses à voir).
Un excellent moment de cinéma politique, syndical plutôt. (je suis toujours sensible à cette belle utopie des discours syndicalistes, aux lendemains qui chantent, à tous les gars du monde qui veulent se donner la main). qui m'a d'autant plus enthousiasmé qu'était présent ensuite dans la salle pour ce fameux moment d'échange qui caractérise justement les soirées-rencontres, Salah Keltoumi, un des bouillonnants grévistes présents dans le film, qui se révéla aussi passionnant "en vrai" qu'à l'écran. (la preuve c'est que, exceptionnellement, je suis resté jusqu'au bout de la discussion!)

059918

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