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lieux communs (et autres fadaises)
26 mai 2021

cologne

L'ETREINTE
de Ludovic Bergery

Ca fait vraiment très plaisir de retrouver Emmanuelle Béart. Depuis Les Témoins (Téchiné, 2007) je n'avais pas eu l'occasion de la voir à l'écran (sauf dans le film de Jeanne Balibar Merveilles à Montfermeil qui est une blessure encore mal cicatrisée de mon petit coeur de cinéphile - d'autant plus douloureuse que pourtant dieu sait si je l'adore, Jeanne B.-, où je l'avais trouvée un peu trop en force).
Ici elle joue Margaut, une veuve de fraîche date, qui vient de se réincrire en fac (d'allemand) et dont on comprend qu'elle aimerait redémarrer quelque chose dans sa vie. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai pensé à Zweig, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, même s'il sera plutôt question de quelques semaines, voire de quelques mois. Le film est vraiment centré sur le personnage de Margaux (et le réalisateur sur son actrice principale) qu'on ne quittera qu'à très peu d'occasions. Il est question dun nouveau départ (ce à quoi aspire Margaux), d'ailleurs le film s'ouvre sur une arrivée et se terminera, justement, par un départ. j'ai pensé aussi à Renoir, et à son Elena et les hommes, dont le film de Ludovic Bergery pourrait être une version plus hivernale et mélancolique.
Oui, Margaux et les hommes. Car c'est bien des hommes dont il est question ici. D'abord un groupe de jeunes étudiants, au milieu desquels on reconnaîtra l'autre tête d'affiche, Vincent Dedienne, qui joue, avec beaucoup de finesse,  Aurélien, plus Dedienne que nature, un jeune gay attachant à l'humour à la fois vache et tendre, qui va l'accompagner dans ses "errances" affectives et sentimentales. (En ce qui me concerne, je me suis senti Margaux pour un autre étudiant, le jeune Karl, de la bande d'Aurélien, joué par le joliment barbu Nelson Delapalme, dont allocinoche n'a hélas pas été fichu de fournir une photo convenable, sur les photos du film on ne voit QUE Emmanuelle et Vincent, mais bon fermons la parenthèse.)
L'aventure de Margaux est un véritable parcours de la combattante, et Emmanuelle Béart l'incarne magnifiquement, avec une finesse de jeu (de je aussi) remarquable. C'est juste un peu dommage que, finalement, le film se résume à une succession de cas de figures (un catalogue de types d'hommes) et en quelque sorte d'obstacles à franchir pour progresser. Il y a, d'un côté, tout au bord, l'amour courtois, adolescent, carte du Tendre, rêves de jeunes filles, soupirs, émois (le coeur), et, tout à l'autre bout, le rapport physique dans toute sa crudité son urgence, sa violence (le cul). Entre les deux ? la drague, le désir, la séduction, la rencontre. Ou comment faire pour passer d'un état à l'autre (les deux en même temps semblent a priori inconciliables.) Margaux est une femme mûre, et pourtant c'est comme si elle reprenait tout au début.
Dans les discussions avec les jeunes gens paraissent les mêmes dichotomies, et ces fragments d'un discours amoureux hivernaux et intergénérationnels sont bien vus. Même si, comme sur les photos d'allocinoche le focus est souvent fait sur Margaux au détriment parfois des partenaires (On aurait bien repris un peu plus de Dedienne...)
Mais je dois avouer que je me suis quand même pas mal reconnu (identifié) dans cet état des lieux affectif / organique, dans cette façon de procéder. Et Emmanuelle Béart aura été pour cela un objet transitionnel parfait. Parfaitement émouvante.
"Un joli film" ai-je dit à Catherine (après avoir râléune fois de plus parce que les lumières de la salle se rallumaient alors que le film n'était pas encore -techniquement- fini : le début du générique, surtout quand on voit encore des images, c'est encore le film, là-aussi les mauvaises habitudes auront été vite reprises...).

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