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lieux communs (et autres fadaises)
30 novembre 2021

première vache

FIRST COW
de Kelly Reichardt

j'y suis retourné, en début d'après-midi, avec Catherinechounette que j'étais trop content de retrouver (on venait juste de manger ensemble au fjt, ce qu'on n'avait pu faire depuis un certain temps, et j'avais même, du coup, fait un écart glycémique conséquent :  un tiramisu -parfaitement irrésistible-, et, la douceur dudit tiramisu, comme un câlin doudou sucré, avait appelé, en quelque sorte, à ce que je la prolonge -logiquement- avec son équivalent cinématographique, ce film FIRST COW que Catherine avait décidé d'aller voir, et je l'y ai donc accompagné, à la fois pour prolonger le plaisir -et pour vérifier que c'était vraiment mon film de l'année...-).

(un blanc...)

Oui, oui, oui ça l'est!

(ouf!)

même si, comme à chaque fois que je l'ai vu, je trouve qu'il demande juste un (tout petit) peu de temps pour s'y acclimater (comme ce bateau, dès la toute première séquence, qui traverse l'écran, de jardin à cour, en temps réel, tranquillou, en prenant, justement, tout son temps de bateau, comme pour nous dire "slow down, ralentissez, respirez, prenez votre temps, habituez-vous, c'est à ce rythme-là qu'on va progresser...".

une autre indication visuelle importante est donnée, juste après la scène dite "de la tombe", quand on découvre notre héros (Cookie Figowitz, je vais me faire broder ça sur un techouirt), via un très gros plan de sa main qui cueille -délicatement, on a le bruit,chrrr chrrr- des champignons (des chanterelles), avant qu'on ne le découvre en entier (le script original le décrit ainsi "He's bearded, tentative and dirty." (Il est barbu, hésitant et sale).) Et j'aime déjà beaucoup ce mélange de délicatesse et de vague inquiétude, que la suite du film ne fera qu'approfondir et confirmer...

je crois que c'est justement ce que je j'aime tant dans le film, non seulement ce personnage de Cookie Figowitz (que je trouve inimaginablement réussi, comme l'avait été en son temps Marge Gunderson dans Fargo), mais surtout la douceur qui le caractérise dans son rapport au monde. Au monde qui l'entoure (la forêt  -qui restera omniprésente jusqu'au bout- pour ce qui est du végétal, la vache pour ce qui est de l'animal (il faut voir avec quelle tendresse il lui parle en la trayant),  et, pour ce qui relève de l'humain, une cohorte de brutes crasseuses et gueulardes -et brutales-).

cookie

Cookie qui, au milieu de la forêt, va soudain trouver un pote (ça aussi, ça me plait...). Le dénommé King Lu, un partenaire lui aussi singulier, qui rêve de faire fortune au milieu de la gadoue de ce "nouveau monde", et d'ouvir avec son associé un hôtel à San Francisco, (pas un hôtel de luxe, non, un hôtel pour simples voyageurs). Et comment vont-ils faire ? Avec des beignets, qu'ils vont vendre au marché. Des beignets arrosés d'un peu de miel et d'un soupçon de cannelle râpée ("parce que c'est encore meilleur comme ça..."). Douceurs que vont s'arracher tous les cow-boys et trappeurs du coin... Qui vont venir chaque matin faire la queue pour faire l'emplette de leur petit bonheur sucré (dans la limite des stocks disponibles...).

Capture d’écran (3410)

Faire de la pâtisserie un ressort dramatique pour un "western" nous conforte encore dans le bonheur douillet de cet "adoucissement"  du monde entrepris par Cookie. Après les beignets, il sera question d'un clafoutis (dont on suivra longuement la préparation, alors que, bizarrement, on n'assistera pas à sa consommation...) commandé par (et livré à la demeure de) Factor Chief, (pour le tea-time). Factor Chief est le (petit) notable du coin, propriétaire de l'unique vache (aux beaux yeux mélancoliques), dont le lait est trait en douce (!) chaque nuit par Cookie...

A ce fameux tea-time assistent aussi un capitaine (en l'honneur de qui ce clafoutis a été préparé) ainsi qu'un chef Indien, Totillicum, qui devrait être cher au coeur des cinéphiles attentifs : il est joué par Gary Farmer, qu'on vit jadis incarner le sublime Nobody dans le non moins sublime Dead man, de l'ami Jarmusch.)

5051601

la dernière partie du film sera la plus mouvementée : une branche qui casse, King Lu qui tombe et se fait mal, l'alerte nocturne donnée dans la maison du petit chef par son domestique indien, et la fuite nocturne de nos deux héros, poursuivis par une petite troupe furibarde cornaquée par un Chief Factor tout aussi furibard et désireux de se venger dans les grandes largeurs...

Chacun des deux fuyards recevra de l'aide (un indien pour King-Lu, dans une scène de marchandage -en indien non sous-titré-, et un couple de vieillards fantômatiques - dont un papy amateur de taï-chi- pour Cookie), avant que la boucle ne soit bouclée. Avec -paradoxalement- , encore une fois, la plus grande douceur...

Capture d’écran (3411)

"We’ll go soon. I’ve got you."
Noir.
Générique.
(et la violence restera -doucement- hors-champ).

(Et je viens d'apprendre que le prochain film de Kelly Reichardt Showing up, se fera, entre autres,  avec Michelle Williams (Wendy & Lucy, La dernière Piste, Certaines femmes) et John Magaro (qui interprète ici Cookie) , et c'est vraiment  une excellente nouvelle...)

* Et ce matin, sur tw*tter, le top ten des Cahiaîs :

FFIXuhsWUAMwCb-

qui me met du baume au coeur... (waouh on a 5 films en commun)

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