identification d'une femme
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DALVA
de Emmanuelle Nicot
Je croyais que c'était une adaptation du DALVA de Jim Harrison. Pas du tout. Il s'agit d'un scénario original, et d'un premier film. D'une jeune réalisatrice, Emmanuelle Nicot. Un film puissant. Un truc qui cogne. Ici on aime le cinéma belge, on lui consacre même une Semaine dès que ça nous est possible. Le cinéma belge, en général, ça ne prend pas de gants, ça ne s'embarrasse pas de salamalecs ni de ronds-de-jambe, c'est franco, c'est cash, que ce soit dans la trashitude de l'humour noir, oiu dans la noirceur du constat (social, en général).
Ici on est dans le registre "social" : on va suivre une gamine (12 ans) attifée et maquillée comme une femme, qu'on enlève à son père (qui part en prison pour inceste) et qu'on place en foyer. De la difficulté de s'adapter et d'échapper progressivement à l'emprise de son géniteur (Jean-Louis Coulloc'h, très impressionnant, en juste deux scènes), grâce à l'aide d'un éducateur attentif qui mouille le maillot (Alexis Manenti, excellent) et va aider la gamine (incarnée par la nouvelle venue Zelda Samson, qui est totalement sidérante). Grâce aussi à sa voisine de chambre, une grande black pas commode (mais, en fin de compte, pas si pas commode que ça...) l'ambiance générale (la vie au foyer) fait refleurir le souvenir du délicat (et mémorable) MA VIE DE COURGETTE.
Comment redevenir une "simple jeune fille", repasser du statut de Barbie (d'objet de fantasmes) à celui de vraie personne.C'est quoi l'amour ? Sur un sujet casse-gueule (et aussi dérangeant que brutal) la réalisatrice réalise (réussit) un film plus qu'attachant. Impeccable. Et tout le monde participe au succès de l'entreprise.