y a-t-il un pilote dans le film ?
FLIGHT PLAN
de Robert Schwentke
Oui oui, je l'avoue, il m'arrive de temps en temps (nobody's perfect) d'aller voir des grosses merdouilles des films "grand public un peu bourrinou popcorn and co" , et c'était le cas hier soir : comme les films que je voulais voir (Alice et A vot'bon coeur) n'étaient pas projetés dans le bôôô cinéma et que j'avais quand même très envie d'y aller, j'ai choisi FLIGHT PLAN (avec Jodie Foster), dont la bande-annonce (et la présence d'icelle) m'avaient suffisamment titillé pour que je me décide.
Ca démarre fort, générique chiadé avec effets graphiques et gros effets dolby à donf (moi, dans ma ford intérieure, comme aime à dire mon ami Philou, je me dis illico "S'il a pris le temps de travailler ainsi le générique, c'est peut-être parce qu'il a daubé grave le reste..."), qui préviennent le spectateur lambda genre "attention man t'es pas ici pour rigoler ..."
Première scène, une femme assise, de dos, sur un quai vide de métro allemand, devant un métro vide, portes ouvertes. Son mari arrive, ils partent tous les deux. Il neige. Et puis elle arrive à la morgue, voilà que son mari est mort. Mais elle remarche après avec lui dans la neige, en rentrant à la maison pour retrouver sa fille (qui ne dormait pas en l'attendant). Puis elle est re-toute seule à marcher dans la neige. Bigre! Le réalisateur, dans cette scène, plutôt graphiquement réussie d'ailleurs, joue à sursignifier les détails "inquiétants" (cercueil, envol de corbeaux, inconnus immobiles à la fenêtre d'en face, gamine mutique...) par une caméra subjective mobile et des angles tordus de prise de vues. Bon, le papa est mort et maman Jodie et sa petite fille vont prendre l'avion pour le ramener (le cercueil) aux States. Elles s'installent dans l'avion les premières, puis les autres passagers (famille nombreuse et bruyante, célibataire grincheux...) , et hop, on s'envole! Mère et fille s'endorment. Fin de la première partie.
Quand Jodiechounette se réveille...sa fille n'est plus à côté d'elle. Arghh. Inquiétude légère, puis plus intense au fur et à mesure que les recherches s'avèrent vaines. Au bout d'un moment l'évidence s'impose : la gamine a disparu. Pfuit! Volatilisée! Jodie remue ciel et terre, embête les passagers, engueule le commandant de bord pour qu'on fouille partout (détail scénaristique qui a son importance : elle connaît très bien l'avion dans ses moindres recoins, pasqu'elle est ingénieur et qu'elle l'a un peu conçu...) On fouille partout, toujours rien. Jodie est aidée par le responsable de la sécurité à bord, que rien qu'à le voir je trouverais qu'il est trop poupin -et bizarrement inexpressif- pour être honnête (c'est le célibataire grincheux de tout à l'heure) mais bon, rien de rien, nulle part. L'incrédulité monte (d'autant plus que -ô mystère- non seulement la gamine n'a été vue par personne, mais en plus elle ne figure pas sur la liste d'embarquement), et l'énervement de tout le monde (personnel et passagers) aussi. Hitchcock l'avait fait dans un train (Une femme disparaît), Schwentke nous refait le coup dans un avion, ok, ça fonctionne... Qui est fou? Qui est menteur ? On est stressé sur son siège, autant que les gens dans l'avion.
Surtout que, broudouboum, premier coup de théâtre, le commandant reçoit un fax de la morgue en Allemagne pour dire que la fillette ne peut pas être dans l'avion, vu qu'elle est morte avec le papa, là-bas. Donc Jodie est folle (ne vous inquiétez pas, on n'en est qu'au premier tiers du film, et je me garderai bien de tout vous raconter...) A partir de là, le film s'embarque sur le chemin malaisé des retournements successifs de plus en plus tirés par les cheveux (dans le genre, aviez-vous vu Sex Crimes de John Mac Naughton ?) ce qui finit par faire mal, s'élevant à chaque fois un peu plus glorieusement dans l'azur du n'importe quoi, puis du n'importe quoi de chez n'importe quoi, un peu comme si le scénariste, après avoir grillé tous ses neurones dans la mise à feu, s'était mis ensuite en pilotage automatique , en utilisant son logiciel rebondissements-incroyables-de-la-mort pour tout le reste du vol, et ce jusqu'au crash final inclus.
Et ça y va, croyez-moi!
Bon, vous en aurez peut-être pour vos sous, je ne dis pas le contraire, à voir comme ça plusieurs films pour le prix d'un (film d'angoisse + thriller + suspense psychologique + polar tordu + film-catastrophe +...) donnant à Mam'zelle Foster la possiblité de montrer toutes les nuances de la palette de son jeu, mais trop c'est trop, on n'y croit plus du tout, et on se dit "Bon qu'est-ce qu'il va encore nous inventer ? c'est King Kong qui a fait le coup ? ou les 7 nains ? ou Monsieur Spock ? " et c'est quand même un peu dommage... Comme on dit chez nous, parti comme un boulet et arrivé comme un bouset". (mais qu'est-ce que je l'aime Jodiechounette avec ses petits cheveux dans la figure... vraiment, elle vieillit divinement je trouve!)