Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
17 octobre 2007

le noir et le rouge

MON FRERE EST FILS UNIQUE
de Daniele Luchetti

Une excellente surprise. Grâce au  narrateur, Accio, dit "La teigne". Vont défiler quelques dizaines d'années de l'histoire italienne, vues à travers celles d'une famille italienne, et plus exactement de deux frères "ennemis" : une chemise noire (Accio) et une chemise rouge (l'autre, Manrico, avec des yeux... mamma mia!) et des entrecroisements de leurs destins (et de leurs choix politiques) respectifs.
C'est drôle, c'est acide, c'est touchant, c'est plein  d'étreintes et de bisous, de torgnoles et de baffes diverses, de fiat 500 plus rital tu meurs, de manifestations, de poings plus ou moins levés, de rêves de révolution, de poursuites, de barbes, de stronzo, de larmes et de colères, de disputes et de retrouvailles...
C'est filmé simplement, sans génie particulier mais ça se regarde avec drôlement de plaisir. Accio est une crevure, comme on dit chez nous, mais une crevure sympathique, une crevure adorable...  Pas une brute épaisse, juste un curieux, un expérimentateur, allant jusqu'au bout de chacun de ses choix successifs (le séminaire, le fascisme, le communisme...) avec la même curiosité, la même énergie.
Portrait d'un jeune homme en colère, mais finalement le plus sensé des deux fratelli n'est pas celui qu'on pourrait croire.
(Hervé, il faudra que tu m'expliques l'histoire des logements...)

18774998_w434_h_q80

15 octobre 2007

book addict

(attention, Malou et Dominique, vous êtes priées de ne pas lire cet article jusqu'au bout, sous peine de dévoilement prématuré de cadeau que je vous destine...)

Arghhh! Je n'ai pas pu me retenir! Il aura suffi que Dominique glisse badinement dans la conversation "tu sais que la Foire aux livres est commencée..." pour qu'aussitôt je bave commence à me demander quand est-ce que je pouvais y aller le plus rapidement tôt vite immédiatement. J'ai quand même tenu deux jours! J'y ai passé mon dimanche après-midi (il faisait pourtant très soleil), et même si j'ai au début qu'il y avait beaucoup moins de choses (en fait c'était juste beaucoup moins bien rangé) j'ai quand mêmeramené quelques trucs :
- JE ME SOUVIENS ENCORE MIEUX DE JE ME SOUVIENS de Roland Brasseur (ça c'est pour la collection de "livres qui commencent par je"...)
- MA VIE de Glen Baxter (ah zut je l'avais déjà, pourtant je pensais que c'était l'édition en anglais... tant pis!)
- QUAND NOUS ETIONS LOUPS de Jon Billman (des nouvelles viriles, par un pote, ou tout du moins un apparenté à Brady Udall et Elwood Reid)
- LES MERVEILLES DU MONDE Volume 1 1953-1954 (ça c'est pour la collection d'albums d'images de chocolat)
sans oublier
(attention, Dominique et Malou, si vous dépassez cette limite, c'est à vos risques et périls, je vous aurai prévenues...)

- 400 RECETTES POUR 100 CONVIVES de Ginette Mathiot (Je l'avais déjà vu l'année dernière, puis reposé, puis regretté, et je n'avais plus jamais plus réussi à remettre la main dessus)
- MANGEZ BAROQUE ET RESTEZ MINCE de Philippe Beaussant (ah la Crème Catalane de Jordi Savall...)

Raisonnable,
non ?

14 octobre 2007

automnation

Si on a la possibilité d'hiberner, celle d'automner doit bien exister aussi...
Est-ce, me demandé-je, le mouvement qui s'annonce sur quelques-uns des blogs que je lis assidûment, ( et par exemple, mais aussi), les premières pousses d'un bourgeonnement (ou rabougrissement, c'est selon) prochain, les prémisses, les signes avant-coureurs ? (drôle de sentiment : j'ai l'impression de réécrire mot pour mot quelque chose que j'aurais déjà écrit auparavant) bref, pas ô temps suspend ton vol, plutôt ô blog suspend tes mots, suffisamment (pourquoi aime-je donc tant ces adjectifs de plus de douze lettres qui font les justifications difficiles - puisque ici on coupe pas les mots... -) présent par ici même (oui depuis quelques temps je m'interroge aussi) pour que la question se pose. Parler, ne pas parler, parler moins, arrêter de parler ?
Mais comme disait aussi un des comm de Swâmi P. "Il vaut mieux parler pour ne rien dire que ne rien dire pour parler..."
Autant l'hibernation a quelque chose d'extrême, de définitif, (les ours dorment, les escargots s'operculent, les poissons... que font les poissons, au fait, dans l'eau gelée ?) - il s'agit avant tout pour chacun de mettre en oeuvre un procédé perso pour survivre à la désolation qu'est devenu l'extérieur en hiver, donc un genre d'autogestion du rien - autant donc l'automnation serait autre chose. Plutôt un temps de transition.
Jusque là je parlais du syndrome de l'écureuil, c'est pour moi le rapport que j'entretiens avec, par exemple, les librairies, mais pas seulement à cette époque de l"année : je stocke et j'entasse et je continue d'acheter alors que la pile des pas encore lus est déjà plus que haute (et suffirait carrément pour boucher l'ouverture de la caverne d'un grizzly moyen, justement se préparant à hiberner), oui, le fait d'entasser des provisions a aussi un rapport : il s'agit de rationner (pour passer l'automne.)
Non non point ici de feuilles qui jonchent, ni de pèlerines qui claquent ni de marrons qui choient, (je sais, je sais j'ai l'automne comme une gravure de vocabulaire des années 50 et les clichés tenaces) plutôt jours qui raccourcissent, temps de toussaint, envie de rester chez soi... On sait qu'on va s'assoupir bientôt, et on agit en conséquence.
Un ralentissement, un affaiblissemnt, une raréfaction. Où le goutte-à-goutte serait plus adapté que les flots impétueux. Economie serait le mot, peut-être, dont pourtant j'ai horreur, qu'il ait trait à la phynance ou aux fonctions vitales de la personne même...
Réduire le débit, donc (syndrome du qui veut voyager loin ?), parler à bon escient. Peser ses mots ? Déjà, pourtant, ici, j'ai fait des progrès : je ne me sens plus obligé de pondre un truc chaque jour coûte que coûte. Mais de là à savoir me taire, il y a encore à faire. Souvenez-vous que ce blog a, dès le début été placé sous le signe du babillage, du frivole, du presque rien, du mono neurone (si une pintade ou un dindon tenaient un blog, il ressemblerait sûrement à celui-ci...) du "je ne détiens aucune vérité, je ne délivre aucun message" alors ainsi il continuera sa route, futile, insouciant, tel le gai ruisselet au fil des saisons (oui, toujours comme dans les images de vocabulaire des années 50) tantôt dévalant, débordant, et tantôt presque tari, qu'importe, sans jamais prêter à conséquence...

13 octobre 2007

c'est la lutte (finale)

L'HISTOIRE DE RICHARD O.
de Damien Odoul

Pas complètement réussi (et c'est rien de le dire) mais pas complètement  raté non plus. Un machin bizarre, bizarrement (mal) fichu mais en cela attachant, à l'image du grand échalas squelettique qui a pour ami le Richard du titre (Mathieu A. pour ne pas le nommer, qui, comme on dit, n'hésite pas ici à mouiller le maillot  -et même le reste- ni à payer de sa personne.)
Le film a du mal à remplir sa petite heure quinze (on trouve parfois le temps long, on a parfois l'impression que certains plans sont juste là pour), un collage qui voudrait tordre le coup à la narration, qui progresse de traviole entre érotisme cru et réalisme poétique (ou poésie burlesque ?) Porte-à-faux, bric à brac, laisser-aller, association d'idées... la forme est lâche. Ca commence bizarrement tordu et glauque dans un rade, puis on a le sentiment d'être dans une sorte de suite adultérine mais plus explicite du bon vieux Sexe mensonges et vidéo (mais les scènes de cul ne sont pas forcément ce qu'il y a de plus intéressant dans le film). Là où le vidéaste ne filmait les confessions des femmes que pour son plaisir masturbatoire, le Richard du film va, lui, s'y colleter, pour réaliser leur(s) fantasme(s). Ou peut-être pas. Puis ça semble s'alléger, ça rebondit de façon inopinée, et ça fait semblant, d'être en colère, d'être perdu, ou bien ça rit sous cape, on ne sait plus trop. Extrême liberté ou jem'enfoutisme?
Quelques scènes plutôt drôles (tout ce qui a trait à la lutte, y comprise la vietnamienne hystérique au cinéma), des trajets à vélo dans Paris (une crypto pub pour les Vélib?), la zigounette de Mathieu A. dans tous ses états -et tous ses ébats - (tiens il se branle de la main gauche), une courte scène que j'aime plutôt dans une fontaine ("je suis un animal!"), quelques jolis plans de ciel bleu avec nuages... ça n'est déjà pas si mal, non ?

18801877_w434_h_q80

(je trouve l'affiche très laide)

12 octobre 2007

la grande lessive

C'était le 27 septembre dernier, il pleuvait, et "quand la pluie est passée, par terre ça faisait comme quand on se regarde dans une glace" (dixit la jeune A.)

DSC05677bis

DSC05687

DSC05690

c'était juste pour un jour, c'était un beau jour...
(merci encore à Marie et à Catherine...)

11 octobre 2007

soir

Un soir passé à réécouter des nunucheries après avoir réussi à réinstaller shareaza quasiment comme avant, alors que l'après-midi même on était quasiment prèt à jeter l'ordi par la f'nêtre tellement on n'y comprenait plus rien, oui un soir donc relativement doux où on n'a même pas eu le courage de sortir pour aller au ciné voir un film qu'on n'avait finalement pas si envie de voir que ça, un soir donc où on se dit qu'on pourrait quand même en profiter par exemple pour répondre au mail du jeune homme en t-shirt qui nous avait tout de même fait si plaisir l'autre matin, un soir où on se sentirait, assez  inexplicablement, en paix, pourtant, rien de plus que d'hab' (ah si la satisfaction d'avoir réussi à s'en sortir tout seul) pourtant hein, un soir où les infos parlent de stage punitif à 450€ pour les 'ilains fumeur de shit ouh les cornes (arghh mais je ne me sens pas du tout concerné, je ne conduis JAMAIS dans cet état-là!) mieux vaut s'acheter des stoque opcheunze, un soir où on est habitué aux police menottes prison de plus en plus banalisés sur leschaînes publiques, un soir où on se sait fichtre pas ce qu'on a donc pu faire du courrier reçu ce matin, un soir ni trop froid ni trop chaud, juste comme il faut, et  pourtant un soir avec toujours la vaisselle sale dans l'évier et les journaux en pile, un soir d'octobre, bref, où on va justement se rouler un tit stick avant dodo, un soir où on apprend ouf qu'une entrevue prévue pour le lendemain (qu'on appréhendait un peu) est justement ajournée, et remise à un jour où on ne pourra, de surcroit, hélas y assister, un soir où on ne manquerait de rien, où on n'aurait rien à se reprocher, tout seul peut-être mais peinard, un soir de copines au téléphone pour des messages ou des conversations plus ou moins loufoques, un soir anodin, un soir bénin, bref un soir délicieux...

DSC05737

(non, non, rien d'autre à raconter...)

9 octobre 2007

rouge sur blanc, tout fout le camp

Cette histoire de Cy Twombly et de la demoiselle qui apposa un baiser au rouge à lèvres très rouge (comme celui dit "de la grosse V.") largement répercutée par les médias. L'artiste (que, par ailleurs, j'aime plutôt énormément) se serait dit "horrifié" par ce geste que la demoiselle pensait être "d'amour" mais ne réclamait qu'un euro symbolique de dédommagement. Soit. Il s'agissait au départ, dans la presse et les média,  d'un "monochrome blanc", faisant partie d'un tryptique (estimé à quelques millions d'euros), et à ce titre, le Musée réclamait hmmm beaucoup d'euros de dommages et intérêts. Ok. sauf que, aux dernières nouvelles, il ne s'agirait pas, selon l'avocat de la défense, d'un monochrome blanc, mais bien d'une toile vierge. Plus exactement, une toile apprêtée, donc prête à peindre, commes celles qu'on trouve dans le commerce. Donc sans aucune intervention de la part de l'artiste. Et, comme dit toujours l'avocat, "il suffit alors de racheter le même dans le commerce pour la remplacer et basta."
Deux millions d'euros, ça fait cher pour rien, non ?
(Euh, tu peux te rendormir, Averell...)

twombly

ps : blanc sur rouge, rien de bouge...

8 octobre 2007

pilule amère

Image1

(J'aime les vieux livres de lecture, surtout quand ils parlent de moi :
"Parlez moi d'moi, y a qu'ça qui m'intéresse,etc.")

7 octobre 2007

franchir la ligne

UN SECRET
de Claude Miller

Drôle (!) de film.
Qui commence plutôt bien (très bien, même, les histoires de gosse malheureux, j'ai un faible, Caliméro oblige), tout le premier tiers disons, jusqu'à gling gling! la découverte de l'existence du secret, puis qui ralentit un peu, met ses warnings, et fait du sur-place narratif (le deuxième tiers) avant de finir plutôt mal en fonçant dans le décor, à force d'entasser soudain comme avec frénésie les bévues, les excès, les bourdes et les maladresses, bref badaboum.
C'est du grand public, du sur-mesure, du cousu main, du prêt à pleurer, du casting béton bankable. Qui tendrait à prouver que
1) Bruel a encore de beaux restes, mais de là à lui faire traverser trente ans quasi sans prendre une ride  faut pas exagérer. Pour faire passer la pilule, Miller nous joue in extremis la carte regardez comme je l'ai bien fait vieillir de 50 ans tout d'un coup, mais là non plus hélas ça ne prend pas. Son personnage, Mxime est qualifié par les Inrockchounets d'intéressant. Certes, mais en le voyant on a le sentiment un peu que c'est le personnage de Bruel qui a contaminé le personnage qu'il interprète. Ou c'est moi qui interprète ?
2) Ludivine Sagnier devient un peu agaçante a toujours ainsi gémir etêtre malheureuse, et, osons le mot, calimérer. Non à la victimisation! (Observez tout de même la transformation du cadeau qu'on lui apporte à son anniversaire : hop! il est petit! hop! il est grand! hop il est moyen! Ou c'est moi qui hallucine ?)
3) Cécile de France devient un peu agaçante aussi à, au contraire, jouer les super femmes super belles fortes super moi je. Non à la championnisation! (Ou c'est moi qui me fatigue ?)
4) Julie Depardieu confirme, une fois de plus, avec un joli rôle d'amie de la famille (discrètement lesbienne si je ne m'abuse), sa nature tchékhovienne, et combien elle est une actrice fine et subtile (et hélas trop sous-employée)
5) Nathalie Boutefeu confirme, elle aussi, tout le bien qu'on pensait d'elle depuis les films de Jérôme Bonnel, et que ça fait sacrément plaisir de la voir arriver enfin dans la "cour des grands". Elle est parfaite dans le rôle de la soeur.
6) Claude Miller prouve encore qu'il est doué pour recruter et faire jouer des enfants (on en a ici deux pour le prix d'un : le premier en tout mais sauf en gym, (2,2kg à la naissance) et au contraire le premier en gym mais on ne sait pas trop pour le reste (3,6kg). (A propos d'enfant, son fils, Nathan, qui jouait le petit rouquin à lunettes qui se prenait un ballon en pleine poire dans La meilleure façon de marcher est à présent monteur dans le film de son papa, mais bon, ça n'a rien à voir avec l'histoire qui nous intéresse...)

Histoire de famille donc, racontée par un fils (Amalric) à papa (Bruel) et maman (de France), fils mal-aimé à cause d'un secret (justement celui qui sous-tend le film et qu'on ne peut pas le raconter parce que sinon il n'y a plus de mystère)  mais déconstruite en plusieurs strates, un vrai mille-feuilles narratif. L'histoire d'une famille juive entre 36 et aujourd'hui, où une tragédie mondiale (39/45, ça c'est pour l'Histoire) se double d'une tragédie familiale (le fameux secret, ça c'est pour l'histoire). Et pour qu'on ne se perde pas, Miller nous met des post-it : les années aujourd'hui, c'est en noir et blanc, les autres années c'est en couleur, mais avec un traitement particulier pour les années 50/60 (un super-huitage de l'image, avec des couleurs un peu acidifiées, plutôt très réussi dans le genre gravure de vocabulaire : au bord de la piscine dans les années 60). Au début, la guerre est loin (on est bien après), puis on est avant (36, le Front populaire) et finalement on est pendant.

Au début, on a incontestablement affaire à un cinéaste : dans le choix des images des cadrages, le rythme,  la finesse dans les transitions entre les plans et les strates de temps, voire la gestion des effets spéciaux... Dans la problématique, aussi, avec ce gamin maigrichon pâlichon qui s'invente un frère super balèze, qui fantasme l'histoire de ses parents (entre Amélie Poulain et Toto le héros). Jusqu'à l'ouverture gling gling again! de cette valise au grenier. Et la découverte d'une autre version que la sienne de l'histoire fmailiale. Dommage qu'alors (le ventre mou du film) il laisse un peu tout ça en plan (en planplan, plutôt...) et que, surtout, après (la fin), on se retrouve en plein naufrage narratif, où le raconteur tenterait de nous expliquer qu'il a assez de mal à rassembler tous les fils de son histoire et à retomber sur ses pattes pour abandonner toute vélléité créative.

A la précision de la reconstitution (de la fiction, donc, même si estampillée du label "d'après des faits réels") le réalisateur a hélas cru bon d'ajouter des images d'archives (de la réalité, donc, abominable, insoutenable) dont on finit par ne plus savoir si elles tirent plus vers la maladresse ou l'obscénité. Et était-ce vraiment judicieux d'enfoncer le clou en faisant ce parallèle lourdingue entre un cimetière d'animaux et la liste des victimes de l'Holocauste ? (Les voix d'enfants, tout à la fin, n'étaient pas véritablement indispensables, non ?) Comme cette histoire de chien, qui me semble assez malvenue, mais peut-être suis-je trop sensible et/ou respectueux ?

18805598_w434_h_q80

6 octobre 2007

profonditude

LES AMOURS D'ASTREE ET DE CELADON
d'Eric Rohmer

Autant j'ai beaucoup aimé certains Rohmer "ordinaires" (avec des gens habillés comme vous et moi, et qui parlent comme vous et moi un juste un peu plus que vous et moi) - je range très haut, par exemple, Les nuits de la pleine lune, pour moi peut-être "le" film emblématique des années 80 -, autant j'ai eu du mal avec les Rohmer "en costume" : (j'avais évité en leur temps La marquise d'O et Perceval le gallois),Triple agent, par exemple où j'ai dormi d'un bout à l'autre, ou l'Archiduc et la Vicomtesse (je sais, je sais, je n'arrive jamais à me souvenir du titre exact) où je m'affalai idem et illico dans les bras de Morphée... J'abordais donc celui-ci avec la plus extrême circonspection, d'autant plus que mon ami Hervé me l'avait décrit comme très très particulier.
Et alors ???
(le choeur des bergers et des bergères)
Eh bien, en entrant dans la salle, mon inquiétude se trouva confirmée : nous y étions quatre (4!), notre moyenne d'âge devait être de 114 ans..., à part moi ne devaient être assis là que des intellectuels chenus ayant, fort jadis, écrit des thèses sur Honoré D'Urfé... Le noir s'est fait, puis une ritournelle joliette, et hop ce fut parti! (les films dits "art et essai" n'ont ici droit  ni à la pub ni aux bandes-annonces. L'heure c'est l'heure!)
La mise en route est... surprenante, quelque part entre Eugène Green et le Lancelot de Bresson. Oups!  Mais relativement ce à quoi je m'attendais (pas dit "ce que je craignais"!)Bergers, bergères, flutiaux, fêtes champêtres et babillage amoureux hiératiquement articulé. Mais plutôt dans une volonté de suggestion que de reconstitution. Je m'accroche, je regarde, j'écoute, avec attention et au bout d'un moment, je l'avoue, m'assoupis. Pas longtemps. Je fais un effort, je prends sur moi, et rouvre un oeil, puis deux, change de position... Tiens mais c'est une photo dans le médaillon, tiens un druide habillé comme un  pope, tiens une panière, tiens une cabane de berger, tiens une histoire de travesti...
Et le troublant Andy Gillet, (qui, dans la dernière partie, m'évoqua par instant l'image de ma très chère Hélène Fillières) et la mignonnissime demoiselle Crayencour. Qui batifolent, et mignardent et jeudel'amour et duhasardent. L'amour, les serments, les parjures, la mort, la fidélité, tout ça... Pas tout neuf comme thématique, mais ascétique au niveau du traitement. Tout cela est  joli, gracieux, sensuel,  peut-être, mais plutôt épuré aussi. Le médiéval light, l'amour courtois en version ligne claire... Picturalement, on hésite entre Fragonard et Boucher...
Je ne me suis pas rendormi, je n'ai pas regardé ma montre, et ai vu tout cela avec un certain plaisir. (pervers ?) L'histoire ? On  s'en fiche un peu, on sait qu'à la fin l'amour triomphe et qu'ils vont se retrouver. Avis à la population (et surtout mon ami Pépin : c'est un film pour adultes avertis - enfin, par rapport aux autres films de Rohmer - : ici, on affiche avec complaisance et plusieurs fois même la charmante poitrine d'une bergère légère...)

Moralité : Les filles de druides sont lesbiennes ? (Euh... tu peux te rendormir, Averell)

18780570

<< < 1 2 3 > >>
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 762