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lieux communs (et autres fadaises)
14 janvier 2009

frozen

Etant un chouïa animiste (on est enfant ou on ne l'est pas), il me plait à penser que même la nature a décidé d'exprimer son mécontentement par rapport au débarquement, demain, en notre bonne ville, de Talonnette Premier, venu rendre visite à son ami notre maire (et parler de progrès...) : alors que, partout ailleurs (je parle de la chaîne météo), il était aujourd'hui question de redoux d'anticyclone, d'alizés (et quasiment, oh j'exagère à peine de palmiers et de vahinés), voilà-t-y pas que chez nous, ce ne furent, depuis ce matin, que chutes de neige et gelées matinales, brouillards givrants, et sur le coup de midi, pluie verglaçante (qui fait un joli bruit en tombant) et autres joyeusetés rigoureusement de saison et tristement habituelles en nos contrées au continental climat.
Oui, les éléments naturels manifestent, et ils ont bien raison.
Et je me prends à rêver...  Si seulement ça pouvait durer, empirer, atteindre même un paroxysme. Le verglas, c'est dangereux, on peut déraper, tomber, se casser une jambe, ou peut-être les deux, et les dents, et la r*lex, et les r*yban, et puis, et puis...
Ah... (grand soupir)

Voilà un peu à quoi ça ressemblait ce matin :

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(c'est très joli, le verglas, hein ? mais c'est vraiment très casse-gueule aussi...)

13 janvier 2009

micro56

Il fait vraiment très froid : quand j'ai sorti mon zizi pour faire pipi, j'ai eu soudain le sentiment d'avoir à nouveau douze ans.

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Un homme, croisé maintes fois, qui passe visiblement ses journées à faire le même trajet en stop, dans un sens puis dans l'autre, inlassablement.

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"Mehmet loves Baris*

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photographier des objets célibataires et gelés

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"refus d'obtempérer"

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Aires de pique-nique sous la neige

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Des murs en papier à cigarettes et des fenêtres en cellophane (mon appart)

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Commencé agréablement l'année en réalisant un fantasme : mon premier routier turc.

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Ici, qui dit redoux dit pluies verglaçantes (si c'est pas malheureux)

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un kleenex froissé dans la poche, comme si c'était un genre de lettre d'amour

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Remplacé une addiction par une autre

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12 janvier 2009

notre pain quotidien

Faire la queue au super-marché (à la caisse dite "rapide" mais pas tant que ça finalement vu qu'une mamie a décidé de tout payer en petites pièces orange), derrière un jeune homme en tenue de travail qui achète beaucoup de baguettes (quasiment une dizaine), et, histoire de passer le temps, faire mentalement, le temps d'un lent travelling oculaire (...), la liste de tous les détails qu'on photographierait si on en avait la possibilité : la barbe de trois jours, les petits cheveux dans la nuque, le blouson plâtré, le trou au genou dans le jean  qui laisse apercevoir le blanc d'un caleçon long, les grosses baskets grises uniformément bruinées  de plâtre.
Sortir finalement mon téléphone et photographier effrontément son cul, mine de rien. (avoir un chouïa la main qui tremble tout de même ; si jamais il se retournait et m'en collait une, hein ?) Avoir l'impression que le voisin de derrière (qui achète aussi du pain) a repéré mon manège. N'être néanmoins pas sûr que ça a marché, et le prendre à nouveau en photo (il s'avèrera, par la suite, au visionnage, qu'on l'a en réalité filmé.)
Payer mon pain rapidement, et le suivre tandis qu'il sort du magasin, être attendri en le voyant mettre la capuche de son sweat plâtré (il fait très froid), tandis qu'il monte dans sa bagnole, immatriculée 93, et avoir une pensée pour ses copains, à qui il va apporter toutes ces baguettes...

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(voilà la  photo en question, qui n'a, bien évidemment, pas le moindre intérêt...)

11 janvier 2009

un grand angle mort

MOSCOW, BELGIUM
de Chris Van Rompaey

Une "comédie sociale flamande", hmmm... voilà  un intitulé a priori pas très... titillant, et pourtant, et pourtant! C'est la première fois je crois que je voyais un film en cette langue-là  et je dois dire que j'ai été plutôt séduit.
Un film qui commence au piano (j'ai toujours eu un faible pour ces musiquettes au piano solo mélancolique, aussitôt je sentirais presque la larmichette poindre) se poursuit à l'accordéon (re-je ne sais pas pourquoi, mais c'est un instrument qui m'émeut) pour se terminer en fanfare. Une dame fait les courses, cheveux défaits et l'air morose, avec deux de ses enfants, dans un supermarché (avec le piano qui musiquette mélancoliquement, donc) lorsque, sur le parking dudit supermarché, en faisant marche arrière, elle va heurter le parce-choc d'un gros camion jaune. Aïe! La dame dans la voiture, c'est Matty, la quarantaine, deux enfants, attendant un mari parti avec une petite jeune depuis bientôt six mois et ne sachant pas bien s'il va réintégrer ou non le domicile conjugal, et le monsieur dans le camion c'est Johnny, un hurluberlu barbu rouquin, dix ans de moins, dont la femme (il a son prénom tatoué sur le torse dans un coeur forever) s'est barrée avec son avocat et qui en a conçu une certaine amertume. Entre les deux, ça commence donc plutôt forte, sur les chapeaux de roue : vociférations, insultes, constat pas du tout à l'amiable et autres gracieusetés.
Et puis voilà que...
Il la rappelle, elle raccroche. Il vient chez elle pour lui réparer son coffre gratos (mais à mon avis pas que pour). Elle refuse d'abord, puis finit par l'inviter à manger (ce jour-là, c'est du boudin. On aura ainsi dans le film plusieurs scènes de repas, chacues plus ou moins bouffonnes, autour d'un plat typique -car Matty est une bonne cuisinière- boudin, carbonade, waterzooi... car le film est construit comme un calendrier, où les dimanches -et donc les repas dits dominicaux-  donnent le rythme) et, de fil en aiguille, ils iront prendre un verre, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elle rentre à la maison avec son t-shirt à l'envers, sous l'oeil désapprobateur de son aînée (une ado rebelle, avec des faux airs de Cate Blanchett) qui ne voit pas cette histoire d'un  -justement- très bon oeil (mais qu'elle a plutôt joli, d'ailleurs.)
Matty est perplexe : elle attend / elle espère le retour de son mari, elle cède à Johnny en se disant que c'est une aventure sans lendemain, un coup d'un soir, mais hésite à le croire lorsqu'il lui dit qu'il l'aime, bref elle ne sait plus quoi faire. La situation se complique encore lorsque son mari -un bellâtre bien intentionné- lui fait part des antécédents juridiques de Johnny et de ses différents conjugaux (soutenu par l'adolescente) et tout devient soudain très compliqué. Souvent femme varie...  Elle va semettre à osciler, entre les deux mon coeur balance, entre folie et raison, entre popote et aventure, sans réussir à prendre une décision. Rajoutez à tout ça une paire de chaussures italiennes un peu trop petites, un fût de bière dans un pare-brise, deux assiettes de waterzooi renversées, un karaoké un peu embarrassant, et vogue la galère...
(Comme on est dans une comédie sociale, on sait -on espère- que l'amour le vrai finira par triompher, hein, on ne se refait pas, midinet on est né, midinet on reste...et, euh, on ne sera pas déçu ?) Le film a, dans tous les sens du terme, une bien jolie musique. Les dialogues sont affûtés (on rit au moins autant que l'on est attendri.) Et les deux interprètes principaux sont extrêmement attachants (j'y rajoute aussi l'ado rebelle qui réussira à surprendre tout son monde lors de la scène dite "du waterzooi"). Et puis, personnellement, j'ai toujours une certaine tendresse pour les cabines de bahut, vues de l'intérieur -surtout si le routier est assis à poil au volant, je n'invente rien même si c'est très fugace- mais ceci n'est pas vraiment un argument critique objectif, n'est-il pas ?)
Un film au diapason des plats qu'il évoque : une cuisine rustique, solide, des recettes ayant fait leurs preuves, (ne tablant donc pas sur l'originalité), aguerries, mais élaborées par un chef avec son coup de patte personnel, utilisant des ingrédients suffisamment goûteux, et les épiçant assez subtilement pour réjouir le palais le plus aguerri. Avec, en prime des conseils judicieux sur l'utilisation de la moutarde.

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10 janvier 2009

trève hivernale ?

Récupéré ça chez mon ami brésilien de Soccer and soccer :

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Je ne sais pas de quelle équipe il s'agit (et je n'ai aucune envie de le savoir) mais, une chose est sûre : il n'y a que dans ces moments-là que j'aime le foot (ah si, et dans les vestiaires aussi...)

10 janvier 2009

vichy

Hmmm, encore une chouette bonne idée de notre chouette bon gouvernement qui pense à nous, le petit peuple, pour qu'on puisse s'amuser pendant les longues nuits d'hiver, qu'on puisse occuper nos petits doigts gourds dans nos appartements de pauvres mal isolés, pourqu'ils ne gèlent point (les doigts) pour cause d'inactivité... c'est . (je suis désolé, pour l'occasion j'aurais du changer la couleur du lien et le mettre en bleu blanc rouge. ou peut-être plutôt juste une étoile jaune ?) Ca me répugne (encore une fois). Voilà qui va sans doute faire plaisir à certains (à beaucoup ?), que ça va leur rappeler un certain bon vieux temps, celui de la délation, de la calomnie, de l'accusion, de la dénonciation... Ah, le plaisir ineffable de la lettre anonyme enfin officialisé. Décidément, ils pensent à nous, hein, chaque jour une bonne idée.
J'attends avec impatience la suivante... Un ministère de la délation ?

8 janvier 2009

l'homme à la caméra

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7 janvier 2009

tanguer le bateau-eau

STELLA
de Sylvie Verheyde

Un film... attendrissant. Un joli film, sur une vie pas si jolie jolie. L'histoire d'une gamine, dans les années 70. Une gamine "pauvre" qui entre en 6ème dans un lycée de bourges (huhu moi aussi la même chose m'est arrivée, c'est p't'être pour ça que). Une gamine dont les parents tiennent un troquet (la maman, cafetière légère, ressemble à Sheila, et le papa, toujours un verre à la main, ressemble tellement à Benjamin Biolay que c'est lui-même!) plein de vie et de bruit, d'agitation et de poivrots, une gamine, donc, qui doit "gérer" sa vie toute seule. Se démerder, quoi. Une gamine avec une bouille enfantine où pointerait déjà une beauté botticellienne. Une gamine qui nous parle avec un discours intérieur (comme les affectionne mon ami Sylvain) étonnamment mature et qui semble parfois très - trop ?- écrit mais qu'on soupçonne, à juste raison je viens de le vérifier, d'être fortement autobiographique, une gamine qui grandit sous nos yeux, avec des problèmes de gamine (les copines, les profs, le bulletin de notes catastrophique, le premier amour, les vacances chez la grand-mère) immergée dans un monde d'adultes (le microcosme du troquet) qu'elle ne comprend pas forcément (et qui le lui rend bien, d'ailleurs.) Le portrait d'une femme en devenir, qui se construit  en réaction au personnage de sa mère (ou plutôt à la vie de sa mère) et, d'une certaine façon, grâce à son entrée au lycée. Une gamine qui découvre, grâce à sa copine Gladys, le pouvoir des livres, qui tremble d'émotion en découvrant Duras ("elle écrit pour moi, elle parle pour moi...) et commence ainsi à s'émanciper intellectuellement.
Le film est une sorte de voyage dans le temps (faire rejouer à des acteurs, en 2008, un univers furieusement seventies -quoique la reconstitution ne soit jamais trop appuyée- où, d'une certaine façon, je me retrouve, puisque j'étais grosso modo en 6ème dans ces années-là, et que, si on suit le raisonnement, Stella doit être à présent une bobonne, la cinquantaine permanentée (je suis moi-même un bobon, même si pas peroxydé) et -je fus fan de s-f- qui dit voyage temporel dit paradoxe temporel, dont le moindre n'est pas que, par exemple, le prof de français, cinquantain grassouillet et tâtillon, est le même Christophe Bourseiller qui jouait l'étudiant en duffle-coat amoureux de Danièle Delorme dans Un éléphant ça trompe énormément, d'Yves Robert, en 1976. Il devrait donc avoir 18 ans dans Stella, et pas le triple!
Un film qui sonne juste. Un film au rythme un peu indolent (et donc parfois un (tout petit) peu longuet, il y a c'est indéniable une distension, un creux dans la narration vers la fin, cf syndrome des fins successives) mais un film indéniablement attachant. Par la qualité de l'interprétation aussi (j'ai déjà évoqué Benjamin Biolay, qui livre une composition saisissante de père alcoolo et un peu largué, qui rivalise ici de cheveux gras pendouillants avec l'excellent Guillaume Depardieu (qu'on retrouve posthumement avec un plaisir mêlé d'émotion, tout à fait au diapason du film, en prince charmant zonard.) Un chouette film pour commencer 2009, donc.

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4 janvier 2009

micro55

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Ces deux jeunes barbus assis devant moi, dont j'avais envie de caresser les petits cheveux dans la nuque.

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Le premier janvier, je vais me recoucher, c'est dire avec quel enthousiasme j'aborde cette nouvelle année.

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"Mais, maman, j'ai pas envie de m'asseoir!"

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Dans les virages, les camions laissent tomber des paquets de neige qui s'écrasent au sol.

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Les résolutions, c'est comme les voeux : si on les dit, elles ne se réalisent pas.

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Dans une conversation, parler des autres m'évite de parler de moi et c'est tant mieux.

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Gagné toute la soirée, jusqu'à deux parties de la fin

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En anglais, on utilise le même mot pour dire "dinde" et "Turquie"

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Pourquoi donc cette année les chocolats de noël ne sont-ils pas soldés ?

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Cette devinette qui m'a fait beaucoup rire
"Quelle est la différence entre un Turc hétéro et un Turc gay ?"

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le plaisir de pouvoir de nouveau accéder à ses rêves

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(genuine urban poetry)

1 janvier 2009

poulain sous l'eau

HUNGER
de Steve Mc Queen

Un grand choc. Quand les lumières se sont allumées dans la salle (j'étais pourtant dans l'épouvantable salle 6 du Mk2 Beaubourg, grande à peine comme mon salon) je suis resté assis, comme sidéré. Silencieux. Il m'a fallu un petit moment pour reprendre mes esprits. J'étais pourtant prévenu, la copine avec qui j'étais aussi, que ça risquait d'être dur. Une seule certitude, en sortant,celle d'avoir vu un grand film. Où tout est pensé, maîtrisé, où tout fait sens.
J'avoue (à ma grande honte) que je n'avais jusque là jamais entendu parler du réalisateur (je me souvenais juste qu'il avait obtenu la Caméra d'or, parce que je suis un midinet et que je rate jamais la cérémonie de clôture du festival). Dès les premières images, on sait que ce gars-là est un cinéaste, un créateur, un vrai. Cadrages, composition et organisation des plans, mouvements de caméra, rien n'a été laissé au hasard.
Le film se découpe en trois parties, indissociables, et, dans mon esprit, je lui donnais la forme d'une pyramide (ou, mieux, d'un toit). Le premier pan, ascendant, est la "grève de l'hygiène et des couvertures" des prisonniers irlandais, et la riposte des (gardiens) anglais. Elle grimpe, impitoyablement, jusqu'à la pointe, sur laquelle on se tient en équilibre, pour la deuxième partie, un long plan fixe (le temps exactement de fumer trois cigarettes), entre Bobby Sands et le prêtre, l'instant où on bascule de l'autre côté, pour redescendre ensuite, tout aussi inexorablement, vers le point final, la mort de Bobby Sands.
Chacune des trois parties a son rythme et sa façon de filmer propres. Au début, il est question de violence, du corps dans ses manifestations les plus  terre à terre, les plus physiques : la crasse, la merde, la pisse des prisonniers, auxquelles viendront s'ajouter le sang les blessures et les coups provoqués par les gardiens  d'abord, par les flics ensuite. C'est très dur, à la façon d'un coup de poing dans le ventre, plusieurs fois j'ai cessé de regarder, mais je me raccrochais mentalement à "ce n'est que du cinéma, ce n'est pas vrai...". La caméra est comme affolée, elle va vient virevolte, tressaute. La violence est physique, visible, à travers la multiplicité des corps, tandis que très peu de mots sont échangés.
Après le meurtre du gardien (je n'ai pas pu m'empêche de penser à l'original d'Elephant)  on change de registre. La caméra s'immobilise quasiment, pour le long échange entre deux hommes assis, face à face, l'un torse-nu et l'autre en habit sacerdotal, de part et d'autre d'un cendrier qui va se remplir progressivement. La conversation n'est pas violente dans les faits, elle l'est juste par ce qui est annoncé, la détermination avec laquelle est exposée la décision de Bobby.
Quant à la troisième partie, la plus forte, la plus extrémiste, elle montre cette grève de la faim qui va mener Bobby à la mort. D'autant plus insupportable qu'elle est traitée avec une certaine "douceur" (je mets des guillemets à dessein, je ne sais pas si le terme convient vraiment). Où ce corps va progressivement s'affaiblir, s'amenuiser, s'anéantir (au sens strict) sans que cette fois, plus aucun mot ou presque ne soit prononcé. On a rarement vu une telle attention portée (au cinéma) au processus qui mène à la disparition d'un corps. La mort est décrite ici comme un processus clinique (à travers ses effets visibles), dans la lumière bleue froide et crue de cette chambre d'hôpital. Et dans une extrême solitude. L'extérieur devient abstrait, le corps s'efface, seule la mémoire reste vivante, jusqu'au dernier moment. Avec la rage en dedans.

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