encore
XYZ
ou comment parvenir à ses fins
de Georges Appaix
Comme l'a résumé Manue à la fin, le dernier spectacle "en salle" (avant le conconf') était le magnifique concert des Tindersticks à la Rodia, le 11 mars ou quelque chose comme ça, et là c'était le premier, après le déconconf, (sept mois tout de même), et ça faisait du bien redémarrer avec autant de panache (sur scène) et d'enthousiasme (dans la salle), avec un niveau égal de bonheur de spectateur, dans un k comme dans l'autre...
Je tenais particulièrement à voir celui-ci, parce que c'était le dernier (dans tous les sens) proposé par Georges Appaix et sa compagnie La Liseuse, parce que c'était une façon de clore une aventure au long cours, et parce que Georges Appaix, tout simplement.
J'adore ce bonhomme (lapsus : j'avais tapé bonheur), sa bonhomie, sa rondeur, sa légèreté, sa désinvolture (c'est Emma qui la première -en 1985!- avait utilisé les termes de danse désinvolte), dont on est allé voir chaque nouvelle chorégraphie chaque fois qu'on en avait l'occasion, toujours avec le même plaisir.
ET là, XYZ c'était -visiblement- la fin, un spectacle doublé d'une jolie publication (comme l'indique le nom de la compagnie - La Liseuse- il est question de corps et de mots, de danse et d'écriture) et vraiment j'étais enchanté d'être là, assis entre Manue (à ma gauche) et Emma et Dominique (à ma droite, au beau milieu d'une assistance essentiellement féminine -c'est bien connu hihi les mecs, c'est plutôt la chasse et le foot-) au milieu d'un public à peine moins nombreux que d'hab' (distanciation sociale ? mouais) mais tout le monde rigoureusement et scrupuleusement masqué.
Plateau nu ou presque, en cour un gros entassement / enchevêtrement des lettres de l'alphabet (comme on a deviné, elles y passeront toutes), au fond un portant avec des bandes de papiers parallèles qui permettent d'ntrer et sortir (et, accessoirement, de projeter des images dessus) de l'autre côté des machins en fer qui permettent de fixer les lettres dessus et de les déplacer, en jardin un écran suspendu (pour y projeter aussi des trucs) et un moniteur vidéo, et c'est parti!
A : Ah! fait le maître de cérémonie lorsque dégringole des cintres, juste à côté de lui, un gros A vert en mousse, chaque lettre étant rattachée à un mot, ou plusieurs, et sujet/prétexte à des évolutions chorégraphiques, à un(e), à deux, à tout le monde, du mouvement mais des mots aussi, utilisant le double langage (celui des paroles et celui des mouvements) et c'est vraiment un extrême plaisir qu'on y prend (autant que les danseurs sur la scène). Ils sont sept, quatre danseuses et trois danseurs. Ca galope, ça se chamaille, ça s'interpelle, ça se poursuit, ça se rejoint, ça plaisante, ça surprend, pendant une heure on essaie de ne pas en predre une miette, car parfois ça se passe un peu partout.
La force de la charge émotionnelle est pour moi incontestable (j'en aurai les larmes aux yeux plusieurs fois pendant le spectacle), et le bonheur donc, l'est tout autant (incontestable).
Jeux de mots, jeux de corps, jeux d'espace... J comme jubilation, voilà.
(le cas du Q, comme chantait Nougaro...)