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lieux communs (et autres fadaises)
15 septembre 2011

fumée blanche

HABEMUS PAPAM
de Nanni Moretti

Nanni Moretti, en général, j'aime plutôt bien. Un revendicateur, un gueulard, un rouge, un anti-Berlusconi... Que  demander de plus ? il fait des films brillants, cinématographiquement parlant, politiques aussi, par essence, et par là même pas forcément aimables. L'homme d'ailleurs (Moretti) ne l'est pas forcément non plus, agréable ni souriant, mais qu'importe.
Je lui dois quelques bonheurs filmiques (Journal intime, par exemple...) durables. habemus papam fait certes partie de ces bonheurs, mais je ne suis pas sûr qu'il fera partie des durablement incontestables (ou incontestblement durables, règle dite "de l'adverbe adjectivé" -ou de l'adjectif adverbé, comme on préfèrera). il rentre dans la même catégorie que Palombella rossa, La messe est finie, ou La chambre du fils.

Le pape est mort, un nouveau pape est appelé à régner doit être élu. Le (concile? conclave? synclave? symphise?) se réunit pour l'occasion. décorum, grandes pompes, froufroutis de robes rouges et frémissement de tiares, journalistes en grappes effervescentes et fidèles massés sur la place St pierre... Pour ce qui est de la figuration, Moretti n'a pas lésiné...
On fait plusieurs tours de vote, on dépouille, chacun prie pour ne pas être l'heureux élu, et plaf! le sort désigne le Cardinal Melville (Michel Piccoli) qui, hop, illico va péter les plombs (et se mettre à crier comme le pape du même nom dans le tableau de Francis Bacon).
Il ne pense pas être fait pour cette tâche, cette charge, ce fardeau, et bref, ses hésitations et tergiversations vont gripper la machine du cérémonial protocolaire bien établi, et les choses vont s'immobilisées et rester suspendues, comme dans un arrêt sur image, une situation jamais de jamais vue au Vatican.
Piccoli, bien vieilli,  est excellent dans un rôle de presque pape, certes, mais qui fait penser aussi à son personnage dans le Je rentre à la maison, de Manoel de Oliveira.

Moretti filme "de l'intérieur" toute cette histoire, depuis les fastes officiels jusqu'aux flottements très officieux (publiquement, rien ne doit transparaître) et se met lui-même en scène dans le rôle d'un psy venu pour aider le papounet dans le secret le plus absolu (confiscation du portable incluse), et qui, au chômage à cause de l'évanescence temporaire dudit pape va organiser... un tournoi de volley-ball entre les évêques (un moment délicieux du film, même si d'aucuns le trouvèrent "trop long").

Le film ainsi navigue entre le franchement drôle, le souriant, et le grinçant, voire l'amer, mais sans jamais en rajouter... Aussi attentif (attentionné)quand il s'attache à un homme seul (Piccoli, impressionnant) qu'envers une communauté entière (les évêques à l'intérieur, les journalistes dans la télé -une scène qui m'a fait hurler de rire- et les fidèles sur le parvis). Miraculeux, pourrait-on dire ?  A voir, en tout cas, ma foi...

19706160

 

 

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