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lieux communs (et autres fadaises)
16 septembre 2011

fragments d'un discours amoureux

LES AMOURS IMAGINAIRES
de Xavier Dolan

Ce film-là, je l'avais manqué à sa sortie, plus ou moins (in)volontairement, je n'arrive toujours pas à savoir. Il aura fallu l'insistance de Loulou (elle a fini par me prêter le dvd) et un mail où elle me demandait si je l'avais regardé pour que je me prenne par la main et que je m'installe ce soir sur le canapé pour le visionner.
Peut-être aussi le fait que j'ai rêvé cette nuit de Thomas (le jeune homme en t-shirt, dont je suis désormais sans nouvelles depuis un an et demi) et que ce rêve -non seulement ça n'allait pas trop mal mais je me disais presque qu'il y avait une possibilité d'ouverture, est-il con mon inconscient, n'est-il pas ?- a suffisamment stimulé ma production d'endorphine que j'aie été d'excellente humeur toute la journée.

Dolan ? J'avais moyennement aimé son premier film, que je trouvais  narcissique et complaisant, pour ne pas aborder celui-ci sans un minimum de prudence. Je me méfie des sons de cloches unanimes sur les jeunes prodiges. Et je dois confesser que j'ai un léger problème avec le joual, le langage québécois et ses expressions bigarrées et fleuries, à le comprendre, je veux dire. Surtout qu'ils parlent vite et qu'on n'arrive pas toujours à tout saisir. Nos tourtereaux, je veux dire. Car le film est construit sur deux niveaux : l'histoire d'un triangle amoureux (deux mecs et une nana : un gay, une hétéro et un on ne sait pas trop quoi) d'abord, et, régulièrement intercalés, des témoignages d'anonymes (tous sexes et désirs confondus) qui parlent à la caméra de leur histoire d'amour. En québécois.
Double niveau, double traitement : si les témoignages sont gentiment sous-titrés (et incontestablement, ça aide...) le triangle amoureux ne l'est pas (et il y a certaines fois où on rame, à la fois auditivement et compréhensivement).
Au départ, l'intérêt est un peu déséquilibré : autant j'étais attentif et touché par ces témoignages d'anonymes (tous plutôt très touchants), autant, au début, l'histoire de Marie, de Francis et de Nicolas me laissait plutôt de glace. C'est très très joliment fait mais on reste -au début donc- plutôt en dehors. Un garçon et une fille -amis- qui flashent sur le même blondinet frisé, c'est l'éternelle histoire juste un peu remise au goût du jour.
Mais, insensiblement, on se prend au jeu, au rythme des hauts et des bas de cette histoire amoureuse qui passe par toutes les figures imposées, et déjà recensées -il y a belle lurette, rendez-vous compte, j'étais jeune!- par Roro Barthes, dans le bouquin qui donne son titre à ce post (qui aurait pu aussi s'appeler Sérénade à trois, un coucou à Lubitsch).
Le film ne nous dit rien d'autre que, quand on aime, on est en définitive assez seul. Essentiellement seul, même, par définition. Seul avec ses rêves, ses envies, ses projections, ses attentes, ses regrets. "L'autre" serait quasiment accessoire. Juste le catalyseur qui embraye, qui initie la réaction chimique (comme dirait Lagarce " car chimie et rien d'autre") L'objet de mon affection ? Quelle rigolade!
Il est, bien entendu, plutôt question de déceptions, de souffrances, de douleurs. Plus ou moins grandes, plus ou moins aiguës. Mais le film ne pleurniche pas, et reste tonique. Acidulé a écrit, me semble-t-il, Le Monde. (je viens de vérifier, pas du tout, on y parle juste de "bijou pop", ce qui est somme toute dans l'esprit)
C'est incontestablement réussi. Un peu m'as-tu-vu / je me regarde filmer parfois, mais bon on ne va pas chipoter sur l'élégance ou la virtuosité, n'est-ce pas ?
Au départ, c'est vrai, je regardais ça d'un peu loin, en me disant "ouais, quand même tout ça c'est bien des trucs de djeunz, hein, who do you love ?,  écorchés vifs, je suis le plus malheureux du monde, etc., mais me suis souvenu ensuite de l'état dans lequel ce genre de chose pouvait en effet te vous plonger. Et réalisé, avec regret que depuis longtemps ça ne m'était pas arrivé... Ces jeux tordus et immémoriaux de la séduction ("car séduction et rien d'autre" ?) Oui bien longtemps ( sans arriver à savoir, en définitive, si , en ce qui me concerne, cet état était plus délicieux que douloureux, ou le contraire... et puis je suis vieux, dorénavant, hihihi.)
Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils s'aiment ou pas, ils sont malheureux plus ou moins, la bande-son est absolument superbe -mais hélas pas trouvable dans le commerce- et en plus à la fin on voit Louis Garrel faire un clin d'oeil (et impulser semblerait-il le beginning d'une nouvelle chanson d'amour... Bref, tout ça ne serait tout de même pas très éloigné de l'univers de Christophe Honoré, non ?

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