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lieux communs (et autres fadaises)
30 avril 2016

entregent (familles et jeunes gens)

(3 dvd reçus en avant-prem')

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LA VISITA
de Mauricio Lopez Fernandez
(Outplay)
sortie le 11 mai 2016

Encore merci à Outplay qui nous envoie ses films régulièrement. Celui-ci j'avais commencé un peu à le regarder, et je m'étais rendu compte que ça risquait d'être une histoire de filles plutôt que de garçons, vu le démarrage (et je suis un vieux sectaire, oui oui, je préfère quand il s'agit d'histoires de garçons...) J'avais vu juste les premières minutes, puis j'étais allé un peu plus loin en avance rapide, et mes craintes s'étaient confirmées. Il était tard j'ai pensé "j'irai demain...". A Hervé qui me demandait le lendemain si je l'avais regardé j'avais répondu que "je préférais les histoires de garçons", et il m'avait dit un "mais justement..." qui m'avait suffisamment intrigué pour que je m'y remette.
Et que je réalise quel imbécile j'avais été au préalable.
Le film est excellent. Et c'est un premier film. Le réalisateur utilise le canevas du "film de funérailles" (le mari d'une domestique est mort, les funérailles ont lieu dans la maison où travaille et vit cette femme, mais avec la famille de ses patrons) en y interpolant une variation de Théorème (la visite du titre est celle d'Elena, annoncée comme la fille de la domestique, mais dont on apprendra assez vite qu'elle se prénomme en réalité Felipe) plus un autre fil narratif - qui serait presque un regard- qui concerne le jeune fils de la maison (un magnifique personnage d'enfant) qui, allez savoir pourquoi, m'a rappelé comme par écho(s) le sublime Cria Cuervos de Carlos Saura.
Un beau film lent et grave, avec un magnifique travail de cadrage, bâti sur des silences, des regards en coin, des effleurements. Des frémissements.

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LE LENDEMAIN
de Magnus Van Horn
(Nour Films)
sortie le 1er juin 2016

Reçu après, mais vu avant le précédent (oui oui c'est une histoire de garçon(s) mais pas l'ombre ici du bout de la queue d'une gaudriole). Un adolescent qui a tué (on n'en saura pas davantage, on ne pourra que supputer) sort de prison et revient vivre avec son père et son jeune frère. il choisit de retourner dans le même établissement pour y poursuivre sa scolarité. mais le retour est difficile, les relations tendues (avec son père, avec le voisinage, avec les autres ados), et les choses ne vont pas aller en s'arrangeant.
Une histoire dont le thème se rapproche aussi bien du Boy A de John Crowley (dont il pourrait être l'opposé) que de la série Rectify (dont il faudra que je dise un jour tout le bien que j'en pense).
Encore un très beau film, aussi glacé que glaçant. Une belle opacité de l'ado personnage principal, une cinématographie rigoureuse (autant que vigoureuse) qui pourrait parfois évoquer un Michael Haneke en (un peu) moins méchant, tout est fait pour nous tenir en haleine (en alerte) dans un certain état de tension, jusqu'à la fin du film. Impressionnant.

 

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BADEN BADEN
de Rachel Lang
(Jour2Fête)
sortie le 4 mai 2016

Celui-ci m'a été transmis par Zabetta. Une chronique  franco-belge douce-amère (mais strasbourgeoise et estivale). Une demoiselle (Salomé Richard) employée sur un tournage à l'étranger oublie de rendre sa Porsche de location à la fin du tournage et revient à Strasbourg, où elle retrouve sa grand-mère (Claude Gensac), son meilleur ami (Swann Arlaud), un peu sa mère aussi (Zabou Breitman)... Du beau monde, hein, et elle fait même la rencontre d'Hamar (Driss Ramdi, le suspect innocenté du beau Je ne suis pas un salaud d'Emmanuel Finkiel). La demoiselle est vraiment mimi, le film est agréable, se modèle un peu à l'image de l'été caniculaire qu'il figure, et qui le pousse à l'indolence. Mais se repose un peu sur ses lauriers, justement, de sympathie. Il manque un petit quelque chose dans la narration pour le rendre un peu plus pêchu, un peu plus passionnant... Sympathique, oui mais. (Un petit mais, hein). Et on y voit des oeuvres de Clément Cogitore.

28 avril 2016

caïpirinha

ADOPTE UN VEUF
de François Desagnat

Vu après Les malheurs de Sophie. Je savais à quoi m'en tenir après la bande-annonce, et je n'ai pas été déçu. Le contrat est rempli. C'est simple, tendre, drôle, émouvant. Tout le monde y est gentil ou presque, et chacun s'enrichit (humainement) au contact des autres. Comme le récent Five il s'agit d'un film de colocation (mais peut-être plus pépère, même si tout aussi attendu). Où un veuf inconsolable (Dussolier, très bien sans forcer) est, par un concours de circonstances scénaristique, amené à prendre une colocataire (la blonde et pétulante Bérengère Krief) -qui va dépoussiérer sa vie et son chagrin-, puis deux, puis trois (Arnaud Ducret et Julia Piaton) qui vont continuer le boulot entrepris.
Un film où il sera beaucoup question d'amour, et de respect, et d'humanité (et un peu de mort aussi). Avec en plus un running gag (plutot un quatre-quatring gag) plutôt plaisant -en ce qui me concerne- (Sam, le copain de Dussolier).
Bref, pas forcément un "grand" film, mais un film agréable, un film qui fait du bien. Et ça ça compte! On peut non seulement y prendre du plaisir, mais sortir de la salle la tête haute! (Et la salle était quasiment pleine... bon, d'accord, il pleuvait fort dehors...)

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27 avril 2016

la crème et le pain chaud

LES MALHEURS DE SOPHIE
de Christophe Honoré

Les malheurs de Sophie, c'est un livre que j'ai adoré lire et relire quand j'étais plus jeune (là, je dois reconnaître que ça faisait un certain temps que ça ne m'était plus arrivé...) Par contre je ne connaissais ni Les petites filles modèles, ni Les Vacances. C'est pourquoi je me demandais qui pouvait bien interpréter Anaïs Demoustier en voyant la bande-annonce. Eh bien elle joue Madame de Fleurville, la mère de Camille et Madeleine, les copines de Sophie (tandis que Golshifteh Farahani joue Madame de Réan, la mère de Sophie).

Christophe Honoré, je l'ai de plus en plus aimé. Alors, après Les chansons d'amour, Les bien-aimés, que j'ai vraiment adorés, Les malheurs de Sophie, pourquoi pas ? Métamorphoses m'avait moins convaincu, peut-être que celui-ci allait m'en redonner le goût ? Le voilà vu, et j'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser. Je connaissais donc la première partie (qui est "vraiment" Les malheurs de Sophie),  je savais par la bande-annonce que la mère de Sophie périssait en mer au cours d'un naufrage (le milieu du film) et j'ai donc découvert ces fameuses Petites filles modèles dans la foulée (la deuxième moitié du film).

Même si je ne suis pas un fan des films de mômes, il faut reconnaître qu'ils sont ici tous excellents (machisme de la grammaire française, puisque excepté le cousin Paul ce sont toutes des filles, qui donc méritent -bien- le qualificatif d'excellentes. Idem (grammaticalement) pour les personnages adultes où on ne verra que des femmes ou presque : chez les maîtres, qu'on devrait donc convertir en maîtresses -du père de Sophie on n'entrapercevra que les jambes et les bottes-, et il n'y a que chez les domestiques que la parité sera enfin un peu plus respectée -et encore, de justesse-).

Les malheurs de Sophie est-il un film "pour les gosses" ? A en croire  les bandes-annonces auxquelles on a eu droit (toutes les prochaines productions Disney Pixar) il semblerait que oui. Pour le public de la salle c'etait fifty-fifty : des familles avec une assez nombreuse progéniture pour l'ensemble, quelques adultes seuls (moi) ou appariés, et, contrastant, deux ados (de sexe différent) qui sont venus s'installer le rang devant moi, juste un peu décalés à droite de l'allée, et qui sont vite apparus être en phase d'expérimentation exploratoire, sans doute manuelle et peut-être même orale, ce qui s'avéra un peu... déconcentrant (même la mamie assise à ma gauche a fini par leur jter des coups d'oeils interrogatifs).

Non, je ne sais pas trop quoi en penser. Je peux juste dire que je me suis ennuyé un peu plus dans la seconde partie, et je ne réalisais pas à quel point le bouquin (que j'aimais tant quand j'étais petiot) était difficile à adapter, de par sa forme -plutôt théâtrale- autant que son discours -tout aussi moraliste- (oh le rêve avec l'ange gardien et les deux chemins...). Le texte se partage entre dialogues et didascalies. Trop de bibliothèque rose et on sombre dans la niaiserie lénifiante, pas assez d'enfance et on risque de basculer dans l'interprétation, au risque de la caricature. Christophe Honoré a déclaré "avoir souhaité réaliser un film en costumes un peu mal peigné", mais il faut reconnaître qu'il porte plutôt beau (le film). Question représentation, (costumes, décors) il assure impeccablement. Pourquoi donc alors prends-je des petites mines et fais ainsi la fine bouche ? Parce qu'il ne m'a pas étonné, empoigné, chatouillé, titiller, fait vibrer (ce que (se) faisaient par contre très bien les ados du rang de devant).

J'ai regretté qu'il ne s'agisse pas de tous Les malheurs de Sophie (on n'en a ici que quelques-uns, à peine la moitié), j'ai regretté que la demoiselle qui joue Sophie me donne parfois (souvent) envie de lui coller des gifles, j'ai regretté que ne se craquelle pas plus le vernis de la reconstitution, j'ai regretté que, finalement, le film soit un peu bancal (et fasse le grand écart) entre le respect de l'importance de l'observation des enfants (son "réalisme", son naturalisme, sa légèreté) et la roublardise souriante dans la façon de dépeindre le monde des adultes (qui consiste plutôt en une typologie de différents portraits féminins,  d'un extrême à l'autre : de celle en creux, l'alanguie (Golshifteh F.) neurasthénique, à celle en bosse, la ridicule (Muriel R.), surchargée, avec juste au milieu, parfaitement en équilibre, le fléau de la balance, ni trop, ni trop peu, la narratrice (Anaïs D.) -qui se met quand même en ménage avec une autre mère célibataire sans tambour ni trompette-.

Peut-être était ce simplement inadaptable en l'état (Gotlib et Alexis l'avaient pourtant réussi, en leur temps, et en BD). Trop petit pour les grands (et trop grand pour les petits). Comme chantait Brigitte Fontaine il ya longtemps "Je suis in, inadaptée...". Et les analyses "politiques" qu'en ont fait(es ?) les critiques (Sophie anarchiste, Sophie féministe, et j'en passe...) me font doucement rigoler . Ce que n'a par contre pas trop fait le film (ou trop peu).

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25 avril 2016

micro157

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"C'est bordélique comme une pile de cintres..."
(Rectify 1)

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nouveauté au bulletin météo :
un front ondulant

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 Hier à midi, C. a goûté le gras-double
(rien que ce nom me fait frémir)

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"Nous sommes ce que nous ne jetons pas."
(Rectify 2)

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Les cartons de betteraves de chez Martinez ont exactement la bonne taille
pour ranger les Libé qu'on souhaite conserver

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Quand je suis rentré, un des oiseaux que j'entendais chez les voisins faisait vraiment cui-cui

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 Je dois souvent me prendre par surprise pour faire la vaisselle

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barbs signifie gigoter en dialecte saoudien

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Manue me fait remarquer, très justement, par sms, que j'ai fait deux chemins de croix successifs,
un à la ville le mercredi, et l'autre à la campagne, le jeudi

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vide-greniers :
petites choses, petits prix, petites gens

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"Procrastiner, c'est ma force "
(Rectify 3)

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Avec Catherine, nous avons trinqué "A Tchekhov"...

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24 avril 2016

les yeux qui s'allument

MIDNIGHT SPECIAL
de Jeff Nichols

Je me suis régalé... Un vrai plaisir de gamin, comme quand j'avais découvert E.T ou Rencontres du troisième type (je ne cite absolument pas ces films au hasard, mais, sur l'échelle pu plaisir cinéphile, ça concorde tout à fait. Malgré une fin, j'ai fini par l'admettre quand on a discuté, à la fin, devant le cinéma, un peu emphatique, et pas vraiment indispensable (mais on peut toujours se dire que ce n'est pas de la faute du réal, que ce sont les vilains producteurs (comme pour Night of the  demon de Jacques Tourneur) qui l'ont forcé à mettre en images ce qu'on aurait tout aussi bien pu juste imaginer.
Le démarrage est par-fait. On est tout de suite dedans (même vanat le début du générique!). Deux hommes en fuite avec un enfant (on en entend parler à la télévision dans une chambre de motel, et on suit les deux hommes et le gamin en question qui quittent cette même chambre de motel en catimini.) Ce qu'on en dit, puis ce qui se passe. On comprend vite que ce gamin (dont les journalistes déplorent n'avoir "aucune photo à montrer") est quelqu'un de très important, puisqu'il est aussi recherché par le gourou d'une secte ("The ranch"), par le FBI, par un scientifique de je ne sais plus quel acronyme ( NSA ?). Bref le pays tout entier est en alerte, à la recherche de l'Alton perdu. On réalise aussi que l'enfant en question est doté de pouvoirs mystérieux (il a les yeux qui s'allument -c'est pour ça qu'il porte en permanence des lunettes de piscine-, il est capable de réciter ce qui passe à la radio même quand elle est éteinte, il peut perturber l'orbite des satellites, bref tout le mond le veut, tout le monde est est sur les dents.)
Il est accompagné par son père (joué par Michael Shannon, acteur fétiche du réalisateur, toujours bien) et un copain à lui (joué par Joel Edgerton, que j'ai trouvé spécialement bon), et ils s'efforcent d'aller retrouver la mère biologique du gamin (joué par chérie-chérie Kirsten Dunst, que je n'ai pourtant pas reconnue lors de sa première scène).
Et le film est formidable, parce que formidablement écrit et formidablement filmé. Comme on début : ce qui se passe et ce qu'on en dit. C'est un film fonctionnel, mais pourtant pas réduit à l'action pure ni aux bourrinades. C'est un film efficace, mais qui bombe le torse (et sait aussi baisser la tête) avec son t-shirt "C'est du vrai cinéma". On a connu Jeff Nichols plus mutique et plus pittoresque ( Louisiane, bayous, etc.) plus "mesuré". mais on s'installe sans rechigner dans le véhicule quasi-hollywoodien dont il nous a ouvert la portière et qui roule à tombeau ouvert la nuit avec les phares coupés (si si!).
Et on prend plaisir à comptabiliser les bornes (cinéphiles) sur l'accôtement, les balises, les clins d'oeil/hommages/références à Spielberg (qui ne peuvent pas tous être des coïncidences): le personnage s'appelle Roy, comme dans Les Rencontres..., il y a un intervenant-clé au nom français, comme celui que jouait François Truffaut dans Rencontres... (tiens j'ai appris qu'initialement c'était Godard qui avait été pressenti pour jouer le rôle, mais vu qu'il demandait beaucoup trop cher, Spielberg s'était alors "rabattu" sur Truffaut), il est question d'un gamin et d'un extra-terrestre, comme dans E.T, et d'un extra-terrestre qui veut "téléphone maison" et repartir chez lui comme dans E.T aussi. Et des militaires qui bouclent la zone où va se passer "quelque chose" en obligeant les civils à évacuer dans un interminable convoi, comme dans Rencontres... et un lieu précis qu'il est vital d'atteindre, oui, comme dans Rencontres...
Les gentils sont en cavale, et doivent se méfier de tout (et de tous), et Jeff Nichols sait parfaitement entretenir la tension, et alterner les moments de poursuite et de parano avec des scènes "familiales" plus calmes, auxquelles succèdent des scènes-choc avec effets sonores et/ou pyrotechniques qui vous font sursauter sur votre fauteuil. (Je me suis fait avoir plusieurs fois).
A la fin j'étais "fin heureux" comme on dit par ici (même s'il ya avait un petit quelque chose qui me dérangeait, et sur lequel les autres ont tout de suite mis le doigt : c'est vrai que la fin "n'en finit pas de finir" (dixit H.), que la longue scène de "matérialisation" n'était pas forcément si (longuement) nécessaire, ou peut--être si justement, pour pouvoir finir en beauté sur ce plan  magnifique sur un champ vide (les Inrocks ont adoré, et moi aussi...). mais même avec ce bémol, Midnight Special reste quand même un film jubilatoire, oui, oui!

(Et ce qui est drôle, c'est qu'à la fin, sur le parvis, chacun(e) faisait "son" classement des trois films de Nichols nous avons projetés, et personne n'avait le même... A priori, le mien serait
1) Midnight Special
2) Take Shelter
3) Mud
mais ceci reste à revoir dans quelques temps...)

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de dos...

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... et de face (beaucoup plus flippant, non ?)

23 avril 2016

ni rassasié ni repenti

J'avais un spectacle à Besançon au CDN samedi 23, j'avais noté sur le calendrier dans ma cuisine. J'ai pris mon billet que j'ai mis dans mon sac et suis donc parti pour Besac sous un temps d'apocalypse, me disant que je pourrais en profiter pour voir deux films avant (dont les posts sur lesquels suivront).
Je me suis garé à Battant, j'ai attendu 10' avant de pouvoir sortir de la voiture tellement il pleuvait grave, j'ai pris mon courage à deux mains en même temps que mon parapluie dans le coffre, et je suis descendu jusqu'au cinéma. Mon programme était pas mal construit : un film à 13h40 (fin à 15h40) le suivant à 15h55 (fin avant 18h, ce qui me laissait une heure avant d'aller grignoter au CDN à 19h (puisque la pièce était à 20h).

lorsque je sors  du deuxième film, il est 18h ou presque, il ne pleut plus et je décide donc de remonter à Battant, pour poser mon parapluie dans la voiture, récupérer la voiture, et la changer de parking (pour un autre bien plus près du CDN). Je salivais déjà en pensant à la tartine gratinée que j'allais m'offrir au CDN. Et je me disais que je ne savais pas trop ce que j'allais faire entre 18 et 19. Bah, on allait aviser, soliloquais-je intérieurement en remontant la rue, ralentissant devant le magasin de bon chocolat, puis reprenant victorieusement ma marche, parapluie à la main. (Il pleuvinouillait presqu'imperceptiblement). Et voilà que me venait soudainement l'idée que, peut-être, hein, ce spectacle, je n'étais pas somme toute obligé d'y aller, hein , et que l'idée faisait son chemin (tant pis pour la tartine gratinée, si je n'y allais pas, je pourrais rentrer directement...

j'en étais à peser le pour et le contre lorsque je suis passé devant un marchand de journaux dans la vitrine duquel était scotchée une affiche pour le spectacle en question ("Nous sommes repus mais pas repentis") dont j'admire la calligraphie et les qualités plastiques, quand un détail me fait tiquer "du 27 au 29 avril" tiens me dis-je, ils ont dû se tromper dans les dates, c'est tout de même curieux, et je repars, léger, mais avec tout de même une imperceptible incertitude, qui grossit de plus en plus, qu'à cela ne tienne me réponds-je, il suffit de vérifier sur le billet

et je mets la main dans le sac, et je sors le billet. Sur le billet c'est bien écrit mercredi 27 avril. Alors que je pourrais jurer qu'il y était écrit samedi 23 avril, quand je l'ai recopié sur le calendrier qui est dans ma cuisine.

du coup je suis reparti plus tôt (et je n'ai pas mangé de tartine gratinée, mais je me rattraperai mercredi prochain (sauf si, la prochaine fois que je regarde le billet, la date écrite dessus a à nouveau changé... les objets nous abusent, vous dis-je)

22 avril 2016

dans mon téléphone 8

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21 avril 2016

division q

LA MEUTE
de John King

Je viens de le terminer, et j'en reste baba. Il faisait partie de ces livres achetés déjà il y a un certain temps (probablement à la Foire aux livres) mais pas lus immédiatement et donc rangés sur une étagère en attendant. Et là, le temps était venu. Je l'ai pris et je l'ai lu. Trois cent et quelques pages très denses, découpées en chapitres indépendants, chacun muni d'un titre, à la façon d'une nouvelle.
Quasiment un manuel de zoologie. De bourrinologie, pour être précis. L'auteur s'intéresse à un groupe de potes, à Londres, de nos jours, ou presque (un peu juste avant, 90/2000 pour être précis). Des potes nommés (sur-) Balti, Mango, Carter, Will, Harry, unis par des passions communes : le foot, la bière, la baise (et la musique, aussi, allez). oui, des bons bourrins, qui se retrouvent régulièrement au pub pour s'y bourrer la gueule (s'envoyer huit pintes de Guinness ne peut pas s'appeler autrement), refaire le match, faire le point et surtout en surveiller le décompte (des points) dans leur propre championnat, celui de la ligue imaginaire qu'ils sont créée, la division Q. Ils comptabilisent, au fil des semaines, des points chaque fois qu'ils baisent (on peut dans la plupart des cas difficilement parler de faire l'amour), plus ou moins celon ce qu'ils ont réussi à faire (la pipe vaut un point, le rapport vaginal deux, et ainsi de suite...).
Je vois déjà vos mines déconfites...
S'il ne s'agissait que de ça le bouquin serait effectivement aussi cynique que sinistre. Mais l'auteur effectue une véritable immersion dans le quotidien de ces mecs, un genre de radiographie microscopée, une vue en coupe de la vie de ces prolos anglais (londoniens, plus exactement, et encore plus précisément d'un certain quartier de Londres) vue au plus près. C'est attentif, précis, documenté, "haut en couleurs" on pourrait dire (c'est à dire brutal, cru, obscène, violent... oui oui on peut penser à Selby dont le Last exit to brooklyn m'avait un peu produit le même effet), et on n'est pas étonné d'apprendre, quand l'auteur est interviewé, qu'il n'a pas eu à inventer grand chose, qu'il sait de quoi il parle, qu'il a été (et qu'il est sans doute encore) taillé du même bois que ses héros, -plutôt celui dont on fait les battes que celui dont on fait les flûtes-.
C'est un bouquin viril, et c'est peut-être pour ça qu'il me fascine autant, comme me fascinent et m'impressionnent les "vrais" bourrins dans la "vraie" vie.
Ceux de La meute ont (presque) des excuses : ils se sont pris en pleine gueule la mère Thatcher, la crise, le chômage, le climat britton, et John King a l'intelligence de nous présenter un panorama (presque exhaustif) de trajectoires personnelles "en situation de crise" (avec les pensées, les rêves, les délires, qui les accompagnent), on repense bien sûr à Ken Loach, et ses prolos rugueux dans la mouise, ou au Stephen Frears des débuts, ces peintures  d'univers brittons auxquels le cinéma nous a habitués, pubs, fish and chips, cup of tea, hooligans, et même les bouilles de ces mecs, on les imagine, et leurs fringues, et leurs vans pourris, (sauf celui qui a réussi et qui roule en jaguar, mais la jag on se la figure tout aussi bien...) So british, isn't'it ? et John King nous balade de l'un à l'autre de ces (de ses) bourrins magnifiques, et le bouquin est tellement dense (et je l'ai aussi tellement fractionné) qu'il faut un certain temps au début pour se familiariser avec cet aréopage à cheveux ras et à gros bras (et à sang chaud).
Et, plus on avance dans le bouquin et plus on se rapproche d'eux, mieux on s'y sent, mieux on les renifle... Le dernier chapitre ("Biture") est admirable de ce point de vue-là. On revient en détail sur Balti, sans doute mon préféré dans le lot (celui qui a cassé la gueule à son chef de chantier, s'est retrouvé au chômage, s'est re-fait casser la gueule par ledit chef de chantier, s'est re-vengé, a fini par retrouver un job -et l'assurance biffetonnière que cela confère, au pub, avec les potes notamment- et ne va pas hésiter à utiliser in extremis un stratagème pas très reluisant pour bouleverser le classement de la division Qoù il était pourtant plutôt mal barré)  que l'auteur accompagne dans des dernières pages presque lyriques, jusqu'aux trois dernières lignes qui font quasiment sursauter le lecteur.
Un grand bouquin (dont j'apprends qu'il fait partie d'une trilogie, parue à L'Olivier dont le premier s'appelle Football factory et est aisément procurable, tandis que le troisième  Aux couleurs de l'Angleterre n'a visiblement pas été réédité et est donc vendu à des prix prohibitifs (voir )  (et aussi!) par des margoulins sans scrupules... qui mériteraient bien un bon coup de boule, ou un coup de genou dans les couilles, non ?)

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20 avril 2016

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Elle avait co-réalisé, avec son frère, trois films superbes, qu'on a programmés (et aimés) ici, dans le bôô cinéma...
Elle y jouait, comme elle a joué dans d'autres films aussi beaucoup aimés. Je l'avais découverte dans MARIAGE TARDIf , de Dover Kosashvili, puis revue, toujours avec le même bonheur,  dans LES MAINS LIBRES de Brigitte Sy, LA VISITE DE LA FANFARE, d'Eran Kolirin, MON TRESOR de Keren Yedaya...
J'ai appris hier qu'elle venait de mourir.
Ca m'a peiné.

 

19 avril 2016

"un fromage d'été, le bleu du maine..."

UNE AUSSI LONGUE ABSENCE
d'Henri Colpi

Loué soit le Festival Play it again, auquel on s'est associés dans le bôô cinéma, pour 3 films et 5€ l'entrée (le cahier des charges a presqu'été respecté dans son intégralité!). Celui-ci était le deuxième projeté (après Le Conformiste, vu la veille, que je ne chroniquerai probablement pas pour cause de sommeil récurrent et de ronchonnage sur les temps de veille).
Il s'agissait d'un film dont je ne savais rien, par un réalisateur dont je ne savais pas beaucoup plus (excepté qu'il était rattaché dans ma mémoire au prénom de Codine) et dont j'ai appris, en préparant les textes pour la plaquette de programmation que le scénario et les dialogues étaient signés Marguerite Duras, et que le film, bien que bardé de distinctions prestigieuses (Palme d'or à Cannes, prix Louis Delluc, Prix d'interprétation pour Georges Wilson) avait été un échec cuisant à cause des aboiements -et détestations proclamées- des réalisateurs dits "de la nouvelle vague".

Et c'est comment, alors ?
Magnifique, juste magnifique.
(J'aurais pu écrire "sublime, forcément sublime" mais c'était déjà pris...)
Une petite ville de province, un quatorze juillet, les vacances qui vont commencer pour la patronne (et les clients) du Café de la Vieille Eglise. Et passe un vagabond (on ne disait plus cheminot, mais pas encore sdf, en 1961) devant le café, chantonnant de l'opéra. Et le jour suivant, et les autres jours. Et voilà que la patronne (jouée par Alida Valli) s'émeut (et davantage) quand le spectateur comprend progressivement qu'elle croit reconnaître son "défunt" mari, arrêté et envoyé en déportation il y a longtemps.
Elle va se rapprocher de lui, essayer d'en savoir plus. Mais il est amnésique, et dit avoir tout oublié de son ancienne vie. Elle va tout faire pour tenter de lui rafraîchir la mémoire... Incontestablement, notre Guiguitte prenait déjà ses marques. dans la conduite du récit, dans la ciselure des dialogues (pendant une grande partie du film, l'homme ne fait que répéter les derniers mots de ce que vient de lui dire son interlocutrice), dans le minimalisme  (la stylisation presque théâtrale) pourtant alliée à un réalisme "bon enfant", populaire et joyeux (apéro, Tour de France, etc.).
Et si le personnage du vagabond est magnifique, celui qui l'incarne mérite tout autant les éloges et les récompenses. il s'agit de Georges Wilson (que j'avais l'impression de n'avoir connu que vieux, mais qui est là en pleine "force de l'âge"). Après les différents "travaux d'approche" de la jolie patronne, le film va culminer dans un huis-clos, troublant : il a fini par accepter l'invitation à dîner, il est venu, elle a fermé les volets, et nous allons partager avec eux non seulement l'intimité de ce repas et de cette soirée, mais l'intensité de ce qui s'y joue : elle qui voudrait tant qu'il se souvienne (des jours heureux où nous étions amis...), et lui qui ne se rappelle de rien, soirée qui va culminer dans une simple danse  devant le juke-box, sur Trois petites notes de musique, chantée par Cora Vaucaire, où l'on ne peut pas ne pas pleurer (bon, sauf si on est un homme un vrai, n'est-ce pas H. ?).
Mais on n'est pas au bout de ses peines, puisque la scène qui va suivre, en extérieur nuit, saura encore faire monter d'un cran l'intensité de l'émotion générée, où va se rejouer en filigrane une autre scène de nuit et de peur, avec pour seul dialogue un prénom et un nom répétés, et pour seul mouvement un homme qui s'immobilise en levant les bras.
"Il faut attendre l'hiver...", oui, et les lumières se rallument dans la salle sur le mot fin et on a les yeux rouges...

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l'affiche d'origine

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et la nouvelle...

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