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lieux communs (et autres fadaises)
cinema
19 juin 2010

liste de films dans lesquels on tourne un film

AU TRAVERS DES OLIVIERS (Kiarostami)
L'ETAT DES CHOSES (Wenders)
LE MEPRIS (Godard)
LA NUIT AMERICAINE (Truffaut)
CA TOURNE A MANHATTAN (Di Cillo)
FREDDY SORT DE LA NUIT (Craven)
INLAND EMPIRE (Lynch)
IRMA VEP (Assayas)
LA PATINOIRE (Toussaint)
LA MONTAGNE SACREE (Jodorowski)
LE MEPRIS (Godard)

... pff et je m'aperçois que le boulot a déjà été fait dans Wikipédia,

18 juin 2010

lapin méchant

L'ILLUSIONNISTE
de Sylvain Chomet

J'avoue, j'y suis allé parce qu'il n'y avait rien d'autre à se mettre sous l'oeil (je ne voulais pas aller voir Année bissextile). j'étais donc dans mon cinéma chéri, où évoluent désormais mes barbichus préférés (qui intervertissaient aujourd'hui leurs rôles respectifs de caissier et de projectionniste), et j'ai pris mon billet pour ça.
(J'avoue que je suis passé à côté de l'engouement pour Les triplettes de Belleville, et que ça fait relativement peu de temps que -oh lala  je vais encore m'en prendre une- j'aime les films de Tati). Comme dans le grand bain, j'entrais donc avec circonspection. Le temps de s'habituer au changement de température. Et bien figurez-vous que ce fut très facile. Au début, on fait le malin, on se dit qu'on a tout compris, Monsieur Hulot, la nostalgie, le music-hall, on se dit qu'on va renâcler, que à quoi bon..., et plouf tout à coup on réalise qu'on est bien dedans, en plein dedans, et que ce n'est pas du tout la bluette rigolote qu'on aurait pu penser.
Pas du tout.
Mis à part l'extrémiste Tombeau des lucioles, cet Illusionniste  figurerait sans problème dans le peloton de tête   des films d'animation les plus mélancoliques, poignants, tristes, bouleversants (rayez les mentions inutiles.)qui se puissent voir.
Un magicien itinérant rencontre une nunuchette dans un bar au fin fond de l'Ecosse, ils partent tous les  deux pour aller faire un tour en ville. Et, comme la vie, ce ne sera pas forcément un jardin de roses. Le"magicien" a la tête de monsieur Hulot (ou de Jacques Tati, c'est selon), la demoiselle pourrait être sa fille, et c'est d'ailleurs à elle que le film est dédié...Duo un peu dépareillé, parfois émouvant, parfois drôle, un coup par ci, un coup par là, où la figue et le raisin feraient chambre à part et se promèneraient main dans la main...
Le scénario original de Jacques Tati était tout à la fois très simple et pas très guilleret. Sylvain Chomet se l'est approprié pour nous livrer une œuvre, mélancolique je l'ai déjà dit, mais aussi brillante, virtuose, poétique. Et personnelle. La qualité des graphismes, de l'animation, la virtuosité des plans, des mouvements de caméra, la quasi-absence de dialogues, autant d'éléments qui font qu'on reste là, bouche-bée, tout le long du film...
Un sacré beau boulot.

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17 juin 2010

brioche vapeur

GOODBYE DRAGON INN
de Tsai Ming Liang

C'est vrai qu'il n'y avait pas assez de cinéma dans ce blog, voici donc une nouvelle sous-catégorie, les "flashbacks". Ou "oui, des films sont sortis avant la naissance de ce blog, il y a des donc des lacunes à combler"... Voici donc le premier de la série (à tout seigneur... ? non, alors, j'aurais dû commencer par Cria Cuervos ou Barocco ou L'ami américain...)
C'est le premier film de Tsai Ming Liang que j'ai vu, un peu par accident je dois avouer... Et ce fut un  sacré choc, (esthétique) pour plusieurs raisons.
D'abord, c'est un film qui appartient à la catégorie, pas si courante, des "films qui se passent dans un cinéma", et déjà, ça j'adore! (Tiens, idée de liste!) Qui plus est dans un vieux cinéma. dont c'est la dernière séance. Où l'on projette le film qui donne son titre au film (un film des années 60 et des brouettes, me semble-t-il.), un genre de nanar chef-d'œuvre du kung-fu. Et, ô coïncidence, les acteurs du film y assistent assis dans la salle, en tant que spectateurs (bien sûr ils sont bieeeen plus vieux!)
Dans ce cinéma travaillent aussi un joli projectionniste en marcel blanc (c'est Lee-Kang Shen, "l'acteur-fétiche" (traduire "son amant" ? non non je ne me permettrais pas mais bon...) et une ouvreuse boiteuse, qui est (peut-être) amoureuse du projectionniste et veut partager avec lui sa (dernière) brioche-vapeur, et va donc le chercher pendant tout le film, mais comme il bouge aussi pas mal et qu'elle est boiteuse, et va donc moins vite, ils vont se courir après pendant tout le film et n'arriveront, me semble-t-il, même pas à se rencontrer.
Ensuite il y a la salle de cinéma elle-même, et ses alentours immédiats, (les couloirs, les escaliers, les toilettes... ceux qui comme moi ont été friands par le passé de cinémas interlopes sauront de quoi je parle) où passent et repassent des ombres fugitives nouant et dénouant mille historiettes plus ou moins silencieuses,  autour de et dans la salle (je me souviens du petit bruit que font les fruits secs que mange une spectatrice...)
Et il y a aussi, last but not least, le travail sur le temps et sa représentation :  le passé / présent avec les film projeté et les spectateurs qui sont aussi les acteurs, ok fastoche, mais également sur la notion de durée : je me souviens d'un plan-séquence jusqu'auboutiste  qui m'avait proprement estomaqué, ou la caméra embrasse la salle  vide, toutes lumières  rallumées. L'ouvreuse arrive (en  claudiquant), en bas à droite, grimpe (lentement) les marches de la travée de droite, arrivée en haut, traverse l'espace qui sépare le "balcon" des "premières", et redescend , toujours en claudiquant, par la travée de gauche, et disparait de l'écran du côté opposé où elle y était entrée. Un plan qui dure exactement "trop longtemps"... immobile et muet, hypnotique, du grand art.Et qui dit temps qui passe dit (au moins en ce qui me concerne) mélancolie, et quand on est à la mélancolie, on n'est jamais très loin de la tristesse, et Goodbye Dragon Inn est comme un genre de merveilleux catalogue de toutes les situations où, justement, le cinéma peut rendre triste, des plus singulières (assister à un vieux film dans lequel on a joué) ,aux plus prosaïques (le temps qui passe, l'heure de la fermeture, la dernière séance, la salle vide,  la pluie incessante, la recherche d'un(e) partenaire, ne pas pouvoir dire au revoir à son collègue, la mort d'un cinéma de quartier, la fin du film...
En plus dans ce cinéma, comme le dit au début un des personnages, il y a peut-être, aussi des fantômes... Et on sort du film, nimbé de cette mélancolie cotonneuse, pendant que le spectateur japonais, rentré là au début du film,a eu le temps de se sécher, on réalise qu'on est toujours un peu humide, du côté du coeur, du côté des yeux,presque  imperceptiblement...
Fascinant, absolument.

Goodbye_Dragon_Inn

16 juin 2010

tomates-cerises

FEMMES DU CAIRE
de Yousry Nasrallah

Le générique est aux petits oignons (aux petites tomates, plutôt, et aussi à la rondelle -de citron-), une suite de (très) gros plans culinaires superbes des légumes susdits, sur fond de musique mélancolique (images dont on se demandera par la suite quel rapport elles peuvent bien avoir avec tout ce qui suit...) Le film, lui, suit les promesses de son titre, et c'est bien de femmes dont il va être question, en plusieurs portraits / histoires / interviews, dans l'émission-télé animée par l'une d'entre elles ( l'héroïne,dont l'histoire constituera le fil blanc du film.)
Comme a dit mon ami Hervé, "C'est un film courageux, pour une sortie en Egypte..." Le réalisateur, venu du documentaire, ne craint pas d'aborder frontalement des problèmes "qui peuvent fâcher" tels que le port du voile, la corruption politique, l'avortement,le divorce, la veulerie des mâles (d'une façon générale), et l'exploitation des femmes (sur tous les plans).
Un film courageux, donc, un film riche (à la fois par son contenu narratif et par les moyens financiers dont visiblement il dispose, un film beau (il y a là-dedans un sens certain de la narration, et incontestablement des vrais moments de cinéma (la scène dans le bus est superbe, et justifierait à elle-seule la vision du film...). Que des qualités, et pourtant.
(Et pourtant... je culpabiliserais presque d'attaquer un film qu'on pourrait juger inattaquable. Sur le fond, c'est certain. Et pourtant. j'aurais davantage de réserves sur la forme. Pour raconter ses trois plus une histoires (le titre original du film évoque Shéhérazade...) le réalisateur (et son scénariste, celui de L'immeuble Yacoubian) ont adopté la forme même (pour mieux la subvertir ? ) du cinéma grand-public égyptien (enfin, ce qu'on en connaît) : le mélo-loukoum (avec bellâtre huileux, beauté voilée -ou pas-,vierge intacte, mère possessive, mari ombrageux,  honneur de la famille, etc.).
J'avoue que j'ai pensé plusieurs fois au dernier film de Chahine que j'ai vu (et dont je me souviens juste que je ne l'avais pas trop aimé... peut-être que le mélo-loukoum, ce n'est pas ma tasse de thé -à la menthe- ?) Oui, j'ai trouvé ça un poil trop long, et un poil indigeste aussi. Pas complètement réussi. Trop de sucreries et de coquetteries stylistiques, peut-être. Avec une vingtaine de minutes en moins, la pâtisserie orientale eut mieux passé je crois. C'est peut-être aussi l'hétérogénéité des éléments qui n'en assure pas au mieux la digestibilité / lisibilité. Il y a des choses extrêmement belles et réussies, je l'ai dit, et il y a aussi d'incroyables (incompréhensibles ?) lourdeurs et/ou maladresses (surtout au niveau de la structure du film, et du jeu des acteurs -qui ne sont pas tous au même niveau, et où, il faut le reconnaître, ce sont les femmes qui tirent haut la main leur épingle du jeu...)
J'étais d'accord avec Dominique, même si on avait du mal à expliquer clairement notre insatisfaction .: "peut-être trop de ceci, ou pas assez de cela... En tout cas y a un truc qui va pas..." Peut-être que si tous mes amie(s) qui l'avaient vu avant moi n'avaient pas claironné combien ils avaient trouvé ça excellent. Peut-être juste la déception ? Moi qui ne lisais déjà plus les critiques, avant, dorénavant je n'écouterai pas les ami(e)s non plus...

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14 juin 2010

spirit

NORD
de Rune Denstad Langlo

Un film norvégien, pas si courant, par les temps qui courent (justement). Avec un plan  d'ouverture suffisamment intriguant  et bien composé pour vous harponner dès les premières secondes. (Avis aux spectateurs du FICA -ils se reconnaîtront- amateurs avérés de paysages mêêêrveilleux, il leur est fortement recommandé de  venir ici se rincer l'oeil...)
Un nounours neurasthénique (dépression, thérapie, cachetons, alcool) ancien champion olympique, plaque tout (enfin, juste sa baraque où il a mis le feu accidentellement) pour enfourcher sa motoneige direction plein nord, là-bas où il vient d'apprendre qu'il a un fils de 4 ans...
Road-movie donc (plutôt no-road-movie, ou, encore mieux, just-snow-movie) puisque l'on va suivre Jomar (le barraqué barbituriqué) sur sa route blanche, au fil des gens qu'il rencontre (buddy-movie, donc, aussi). Succession -plus ou moins rapide, certains n'ont droit pratiquement qu'à une porte ouverte ou un coup de fusil- de gens du cru (une fillette qui s'ennuie avec sa grand-mère, un ado tourmenté, des bidasses cool, un vieillard en apparence serein...) avec qui il va partager des moments...
Les Norvégiens ne sont pas des gens extrêmement expansifs, ils disent ce qu'ils ont à dire (s'ils y arrivent), et basta.  Un ou deux verres de gnôle par-ci, un petit pétard par-là... On se sent comme pris d'une ivresse légère (...) On les écoute, et on passe ainsi l'essentiel du film avec le sourire aux lèvres, et les yeux brillants devant ces paysages enneigés plus grands que nature.
Ca fonctionne, juste à la bonne vitesse (la musique qui accompagne tout ça est très bien aussi), bref on aurait envie d'y être  aussi (le nounours poupon barbu y est sans doute pour quelque chose), les décors sont impressionnants, les personnages attachants, et, y a pas à dire, une maison en flammes sur fond de nuit polaire, c'est sacrément cinégénique!
Que demander de plus ?

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13 juin 2010

souriceaux

LES MAINS EN L'AIR
de Romain Goupil

Un joli film.
Romain Goupil, c'est de notoriété publique qu'il n'aime pas notre actuel président. ("C'était en 2009, je ne me souviens plus qui était président de la république...") Rien que pour ça, c'est normal que je l'aime, gros comme ça. Je me souviens d'avoir déjà beaucoup aimé son "Une pure coïncidence", en 2002 (une histoire de potes, me semble-t-il déjà), il était donc normal que je courusse voir celui-là (dont on ne sait pas bien combien de temps il va durer... Par curiosité, je suis allé voir sur allociné point freu les commentaires des spectateurs, et j'ai été -mais je m'y attendais un peu- absolument effaré par le torrent de haine(s) et de bavasseries qui s'y déverse... Comme si l'U*M*P avait ouvert là une tribune libre...)
Il est question de la France d'aujourd'hui (pas la peine de vous faire un dessin) vue par les adultes de demain (qui sont donc-effectivement- les enfants d'aujourd'hui, vous suivez attentivement je vois bien...), enfants dont nous est présentée une petite bande (qui se souvient de ce-joli aussi, me semble-t-il- film de Deville ?) : deux frère et soeur "proprets et blonds" et leurs copains joyeusement bigarrés. La maman des blondinets est -coïncidence ?- interprétée par la belle-soeur en personne de notre actuel président, tandis que le papounet est joué par Romain Goupil lui-même, qui ne s'est pas attribué là le plus joli-joli des rôles...
Il va être question de famille(s) et d'enfants "reconduits à la frontière" manu militari (et encore plus militari que manu, si possible -on sent bien que le réalisateur n'aime pas trop non plus les forces dites "de l'ordre"-...), dans l'école d'abord, où vont tous ces enfants (le film peut ainsi rattacher à son récit des événements survenus réellement), provoquant vives discussions des adultes (tandis que -au début tout du moins- les gamins s'en tapent, et ont bien d'autres choses à penser...
La maman Bruni-Tedeschi va prendre sur elle (et contre l'avis de son Goupil de mari) d'héberger provisoirement chez elle  Mallena, une jeune tchéchène en "situation irrégulière" et dont (mais elle en le sait pas) son fiston est de plus amoureux. Vacances en Bretagne pour tout le monde, bonheur de la fillette, vert paradis des amours enfantines, etc. jusqu'à ce que l'annonce de rafles imminentes conduise quatre des gamins à organiser une disparition / fugue dans une cave d'eux seuls connue, jusqu'à l'inévitable dénouement, "les mains en l'air", justement.
C'est frais, c'est charmant, c'est un poil idéaliste (oui oui, je sais, mais c'est tellement bien parfois, l'idéalisme, face aux chaussures à clous) et des fois un poil longuet mais c'est fichtrement bien fait, d'arriver à ajuster ainsi les histoires de mômes, celles de leurs parents, les saloperies politicardes et les nunucheries prépubères...
Me connaissant, je ne pouvais que défendre ce film, bien évidemment. Et j'ai même réussi à enchaîner coup sur coup un sourire (quand la voix off à la fin annonce que, "suite à cette histoire, elle (le personnage joué par Valéria Bruni-T) s'est brouillée avec toute sa famille...") et une larmichette (de voir à la fin le gamin devenu adulte qui nous dit qu'il ne l'a jamais revu(e)...)

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Et j'aime beaucoup aussi cette réplique de maman Valeria à un(e?) journaliste : "Si vous me posez cette question, c'est que vous ne pouvez pas comprendre la réponse..."

10 juin 2010

maïeutique

POLICIER, ADJECTIF
de Corneliu Porumboiu

Ce post (il faudra un jour que j'écrive un post sur le choix des titres des posts ciné) a d'abord failli s'appeler "TENNIS-FOOT", parce que ce sport viril -on joue à quatre comme en double au tennis, sauf que là ça se joue au pied et avec un ballon de foot- ne pouvait être que furieusement roumain, puis "QUE SERAIT LE DENTIFRICE SANS BROSSE A DENTS ? ", à cause d'une chanson -furieusement roumaine elle aussi- dans le film longuement évoquée et disséquée, et finalement le dernier choisi avait l'avantage d'étre précis (bien que, feignassement, j'aie omis d'en vérifier le sens exact dans le dico), court à taper, et évoquait -furieusement ? non non, très calmement-  la dernière (et étonnante ?) partie du film.
Je suis devant les films des roumains comme je suis devant les joues des iraniens : admiratif (et peut-être vaguement jaloux). Policier, adjectif (qui s'est longtemps appelé Police, adjectif, ce qui était une absurdité grammaticale) ne fait pas exception à la règle. Il est -roumainement parlant- aux enquêtes policières ce que La mort de Dante Lazarescu était aux soins hospitaliers... Un genre d'état des lieux, a priori lucidement objectif (et donc plutôt désespéré), mais dont l'apparent hyper-réalisme,  devenu pur objet esthétique par la distance imperceptiblement ironique qu'induit le regard du cinéaste, ne serait finalement qu'un élément de fascination (de sidération ?) intense  pour le spectateur.
J'avais laissé Porumboiu sur la clarinette sautillante et espiègle du générique de fin de 12h08 à l'est de Bucarest. Ici, on abandonne les aigus et on démarre dans le grave. Filatures. Un jeune policier suit un ado qui fume des pétards -et risque pour ce 7 ans de prison (ça rigole pas en Roumanie)- et en conçoit des états d'âme. Sa hiérarchie s'en agace.
Un film hivernal. un film atone, éteint, comme engourdi. Un policier méthodique, méticuleux (procédurier ?), à l'image du film. On passe de longs moments avec lui, qui fait les cent pas dans le froid aux basques de l'ado, et on les revit ensuite, précisément, sur le papier, par le rapport sur les filatures que le fliquet a consciencieusement (et à la main! ) rédigé.
Quotidien du boulot (grisâtre), quotidien du bureau (flippant), quotidien des soirées en famille (pas joyeux joyeux...) , rien qui justifie on le voit le tapage de cuisses. C'est un film où l'on attend beaucoup. Et pourtant on suit sans rechigner cette enquête banale et banalisée (ce pourrait être le L627 de la police roumaine...) Minimalisme et ironie glacée. Une enquête dérisoire, d'autant plus que l'attention qu'on lui accorde est inversement proportionnelle aux dimensions de la chose, qu'on en vient à faire un Himalaya d'une modeste et ridicule taupinière. Dura lex sed lex. Question de principe(s).
On avance à pas lent, on est attentif, parfois fatigué, comme le flic dans le film, on ressasse, on piétine, on se sent comme si on surveillait un trou. Jusqu'à une dernière partie dont le dispositif évoque celui du débat télévisé de 12h08 à l'est de Bucarest ), dans le bureau du chef-chef, qui se met à jouer sur les mots. Contrairement au tennis-foot, ça se joue à trois (dont un qui ne fait pas grand-chose), avec un dictionnaire mais sans filet,  et voilà qu'on bascule dans une quatrième dimension grammaticalo-philosophique, mais toujours très pince-sans-rire. Le supérieur, le subalterne, et le témoin.
Et j'avoue que là, juste après, me fait défaut -personnellement- une petite scène, pour faire le joint (!) avec la toute-dernière. On passe, toujours à mon (humble) sens, trop rapidement et facilement des mots aux actes. C'est comme s'il manquait un élément,  un hiatus, une fracture (celle de la prise de conscience justement) dans l'enchaînement.
Mais peut-être que non finalement.
Indécision, nom féminin etc.

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(et j'aime bien l'affiche, que je trouve aussi ironique que le film)

Ce film, qui sortait ce mercredi à Besac, ne se voit offrir qu'une unique projection quotidienne à 18h lors de cette unique semaine... Oui, comme ça, donnons leur chance aux films roumains, en leur offrant un maximum de visibilité !

9 juin 2010

hurt people hurt people

GREENBERG
de Noah Baumbach

L'anglais,  étant une langue plus économique que la notre, permet ce genre de plaisant raccourci homophonique. Étant donné qu'il est même cité deux fois dans le film, je me devais d'en faire le chapeau sur la tête de ce post.
Comme a dit Marie en sortant, "C'est comme dans la vraie vie...". Une chronique (je en suis pas sûr qu'il s'agisse vraiment d'une "comédie") douce-amère qui se construit et s'élabore, s'échafaude et s'enracine sous les yeux du spectateur avec une incontestable finesse et un sens consommé de la progression. Un film qui se fait aimer peu à peu (l'immersion n'y est pas évidente), sur les traces d'un ex musicien reconverti menuisier, venu passer quelques jours à ne rien faire dans la maison de son frère parti au Vietnam. Notre héros est dépressif, a fait un séjour en HP, et rencontre chez le frère absent l'assistante dudit frère, une blondinette sympathique, qui s'occupe entre autres du chien (car il y a un gros chien, gentil comme tout, qui s'appelle Malher). entre le menuisier et l'assistante vont se passer des choses, se créer des liens, se mettre en place une liaison cahotante et malaisée (elle "sort d'une  longue histoire" et lui n'arrête pas de penser à son ex, Beth (jouée par l'excellente Jennifer Jason Leigh, qui a également co-écrit le scénario et produit le film, c'est dire si tout cela devait lui tenir à coeur...)
Au fait, lui, c'est Ben Stiller, qu'on a pu voir dans quelques grosses machines ricaines drôlasses et toutpubliqueuses (que je n'ai pas vues). Il a des airs de Keith Richards (ou bien il s'est fait des airs de ?). elle c'est Greta Gerwig, elle est inconnue au bataillon et n'en est que plus adorable. Il y a aussi, le "meilleur ami" du menuisier, un acteur au nom compliqué qu'il me semble avoir vu chez Mike Leigh mais je peux me tromper (s'pas, Hervé ?)...
Boy mets girl... Une suite d'hésitations, de faux-départs, d'initiatives plus ou moins catastrophique, de rencontres qui tournent en eau de boudin, de mauvaise bonne volonté, d'indécision, d'engueulades injustifiées, de colères rentrées ou pas, bref, toute la panoplie de "comme la vraie vie". Et le spectateur se prend au jeu (s'identifie ? pourtant ce personnage au début n'est guère attirant...) alors que tout semblait réglé comme du papier à musique (romantique la musique, bien évidemment) et, plus le film progresse et plus ça devient intéressant.
Ce mec qui n'est pas capable d'aimer, (ou plutôt qui fait tout son possible pour ne pas de donner les moyens d'aimer (et de l'être), a des comptes à régler, avec son ex, avec son pote, avec sa "copine", (même avec le chien de son frère!) et va tenter de les régler. La deuxième partie du film, (grosso modo à partir du moment où le blondinette l'envoie bouler) devient véritablement passionnante, et construite comme un escalier fictionnel, jusqu'à une fin semi-ouverte qu'on n'attendait pas forcément (l'usage de la "comédie romantique" eut voulu que les choses plus clairement soient dites, alors que là on reste plutôt sur un "entre-deux". Comme dans la vraie vie, Marie, oui oui...) Pendant un grand moment, on s'est dit et répété "quel sale con, mais quel sale con!", et là, voilà qu'un peu on modère...

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8 juin 2010

le bébé est une marchandise comme les autres

TÉHÉRAN
de Nader T. Homayoun

D'après ce que j'ai cru comprendre, le titre original pourrait quasiment se traduire par "Téhéranchounet", un petit diminutif affectueux pour parler de "sa" ville. et le film nous en donne, effectivement (de la ville) une vision qu'on n'a pas forcément l'habitude d'avoir... Les femmes sont toujours aussi voilées et les hommes aussi délicieusement mal rasés (je rêve d'un film, entre Kiarostami et Warhol, où on les verrait juste en train de dormir,pendant des plombes,oui, ça me ravirait...), mais bon il y a aussi des prostituées, des macs (ici ils s'appellent les "éducateurs"), du trafic d'enfants, des mafieux, la vraie petite routine internationale, quoi...
Madjid (oh qu'il est mimi...) est "monté" à Téhéran pour y faire fortune, et le voilà à faire la manche, après avoir loué un bébé (ça rapporte plus) au salopard de loueur de bébés local. Et voilà qu'on lui vole le bébé. Et voilà qu'il doit rembourser. et que sa femme enceinte débarque lui rendre visite à la capitale, histoire de voir comment il s'en est sorti. alors que justement, il est en plein dedans, les emmerdes, les embrouilles, les magouilles. Heureusement qu'il a ses deux potes et colocataires (le puceau mimi mais inexpérimenté et le moche à lunettes mais tellement attachant...) pour l'aider à sortir de là. Ou tenter de.
L'intérêt supplémentaire du film est que toutes les scènes d'extérieur ont été tournées sous le manteau dans les rues de Téhéran, sans autorisation bien sûr, ce qui donne un petit parfum supplémentaire d'urgence et d'authenticité...
L'accroche de l'affiche parle d'un polar, avec raison pour une fois (oui oui souvent les affiches mentent). Un polar sans flics, sans flingue ou presque, un polar maniant l'ellipse (des scènes importantes sont ainsi escamotées)... Un polar sans doute mais pas que. Le réalisateur utilise ses talents de documentariste pour insérer ses personnages dans une réalité géographique (la ville) et sociale (la multiplicité des trafics et des salopards) et politique bien sûr (l'Iran d'aujourd'hui) et dire ce qu'il a a dire.
On est ici à des années-lumières d'un folklorisme bucolique / angélique, et, comme Ajami avait pu le faire il y a quelques temps, on se prend  dans la figure la violence et l'énergie du constat. Avec, heureusement, en contrepoint de tout ce noir, des scènes attachantes -et bienvenues-, à propos de nos trois Pieds-nickelés iraniens... Jusqu'au superbe plan-séquence final qui remet en quelque sorte les pendules à l'heure. Impressionnant.

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7 juin 2010

alone is alone

LIFE DURING WARTIME
de Todd Solondz

Bon j'avoue que j'adore ce cinéma-là. Solondz est un des réalisateurs les plus sympathiquement "méchant" (s?) d'Amérique. Il y a plus de 10 ans, il m'avait déjà bien secoué avec Happiness (je me rappelle que j'en avais parlé à Pépin comme d"un des films les plus tristes du monde", mais je ne suis plus sur maintenant que triste soit le terme exact.)
Et voilà qu'il récidive, et persiste et signe, puisque Life during wartime n'est rien d'autre qu'un Happiness 2, le retour (ils reviennent et ils ne sont pas contents), puisque le réalisateur reprend les mêmes personnages, mais dix ans après, en les faisant jouer par d'autres acteurs.
J'aime ce cinéma-là parce que cette douceur apparente (musique, lumière, même la police de caractères du titre) n'est qu'un leurre. Un glaçage  joliet recouvrant une pâtisserie pas très jolie jolie. Si  Life during wartime était une sucrerie,ça serait un bonbon à l'eau de javel. Si c'était un animal, ça pourrait être un genre de pitbull déguisé en caniche. Un truc assez méchant, assez tordu, mais aimablement ripoliné. Bien peigné propre sur lui. En surface.
On hésite entre les mots acidité, amertume, cynisme... Le réalisateur reprend peu ou prou les éléments de Happiness (le père est toujours pédophile mais il sort de prison, les soeurs sont aussi névrosées mais elles ont progressé chacune à son rythme) mais a -oui ça peut sembler paradoxal- quelque peu modifié son regard, adouci sa vision, mis du petit-lait dans son vitriol.Enfin, un peu..
Il y a là-dedans un certain humour, décalé certes, mais humour toujours (surtout le personnage de Trish et ses conversations avec ses enfants), il y a là-dedans une certaine mélancolie (une des sœurs a tout de même deux amants-fantômes à ses trousses), décalée elle-aussi, et je dirais même -si si- une certaine compassion (le personnage du père est singulièrement traité.) Sans oublier une prestation assez glaçante de Charlotte Rampling...
Oui j'aime ce cinéma-là, courageux dans son inconfort. Du poil à gratter dans le cou de la bonne conscience puritano-américaine. Rien que pour ça, il faut y aller. (mais bon, quand vous lirez ça, ça ne passera déjà plus!)

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