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lieux communs (et autres fadaises)
31 mars 2022

semaine latino 10

055
SOY CUBA
de Mikhail Kalatozov

On s'est posé la question, puis on s'est dit pourquoi ne pas oser le patrimoine, dans cette Semaine Latino 10 ? La re-sortie en copie neuve restaurée de ce légendaire Soy Cuba nous a permis d'assouvir -et de légitimer- notre fringale cinéphilique, et on s'est lancé(s). Beaucoup de curiosité d'abord face à cet objet assez singulier : la première collaboration (1964) entre l'URSS et Cuba, pour ce qui devait être un film de propagande, en noir et blanc, de deux heures vingt, en quatre histoires indépendantes (mais Hervé a repéré un lien entre la première -la copine du marchand d'oranges- et la dernière -les guerilleros dans la montagne-
Dans la plaquette de présentation, j'avais copié/collé ça, qui me semblait très juste :

"La tâche semble à priori insurmontable : convaincre le public d’aujourd’hui de se coltiner un long film en noir et blanc de propagande russe sur le Cuba pré-Castriste, et ce sur près de deux heures et demi... Même à une époque où Wim Wenders convie des centaines de milliers de spectateurs dans son Buena Vista Social Club et où les concerts d’Eliades Ochoa font salle comble dans le monde entier, la perspective d’un film signé d’un certain Mikhail Kalatozov consacré à la vie de petites gens dans le Cuba des années 50 a effectivement de quoi faire fuir jusqu’à certains cinéphiles reconnus. Tant pis pour eux. Ils passeront tout simplement à côté d’un des films majeurs de l’histoire du cinéma, rien de moins." (dvdclassik.com)

Effectivement le film est somptueux, grandiose, et le travail du chef-opérateur véritablement sensationnel (vu le poids du matériel à l'époque, certains plans-séquences semblent -encore aujourd'hui- pratiquement irréalisables et pourtant il les a faits! Le monsieur en question s'appelle Sergei Urusevsky -et il a bossé aussi sur les autres films de Kalatozov : Quand passent les cigognes et La lettre inachevée- que, du coup, j'ai très envie de voir).
Quatre segments, donc (la prostitution, l'agriculture, la révolte, puis la révolution) reliés par une voix-off féminine incarnant Cuba, disant un poème où reviennent à chaque fois les mots Soy Cuba.
J'ai eu un peu de mal dans la scène du début (boîte de nuit très très jazzy, cigarettes alcool et p'tites pépées -comme chantait ce cher Eddy Constantine- groupe d'américains puants se comportant en propriétaires, avec, surprise! Jean Bouise en french lover...) mais tout s'arrange ensuite (pour moi) dès que la musique baisse un peu... Et on se laisse aller à crapahuter (gambader ne serait pas vraiment le terme juste) à la suite du réalisateur et de son chef-op'. Et on ne peut s'empêcher d'admirer les qualités originelles du film, encore mieux mises en valeur par une restauration de haute volée. Du "film de propagande" Soy Cuba a gardé quelques candeurs et/ou maladresses accidentelles du propos (la scène de la colombe), qui pourraient prêter à sourire, mais que l'élan et le souffle (et l'ampleur) du film parviennent sans peine à transcender et à faire oublier.
Du grand cinéma.(Merci à Scorsese et à Coppola qui ont oeuvré à sa restauration et à sa resortie!)

affiche

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057
LA LÉGENDE DU ROI CRABE
de Alessio Rigo de Righi & Matteo Zoppis

Oh oh oh que voilà un film très très (très) barré : deux réalisateurs pour un premier film qu'on pourrait dire au goût double : une heure en italien (et en Italie), suivies de quarante minutes en español (en Argentine), avec le même personnage central : Luciano, un ivrogne barbu. Un héros de légende(s). La partie italienne est en fait une vieille histoire que se racontent en picolant  des vieux mecs avec des tronches rubicondes pas possibles (c'est sûr ils ne sucent pas de la glace), une histoire de prince et de paysans, de porte close, d'amour impossible, de soudards, de révolte des gueux, (tout ça en italien, avec des chansons qui viennent couper le récit à intervalles réguliers). Jusqu'à ce que pfffft! comme un coup de baguette magique (ou de machette, plutôt, c'est plus contondant), revoilà notre Luciano mais costumé en prêtre, au milieu d'une troupe dépenaillée de pirates et de chercheurs d'or, à la recherche d'un trésor...
La première partie était une reconstitution agreste a minima, à la fois ritalissime et universelle, dans la mouvance de ce cinema povera, bucolique et mystérieux (et barré),  dont nos amis transalpins nous envoient régulièrement des spécimens (Le Quattro Volte, 2010, mais tout autant La Pivellina (2010 aussi), sans oublier le très singulierTotò qui vécut deux fois -1998-) des films à la marge, de la marge. Un cinéma de corps, de tronches, de récits et de chansons.
Tout cela hop! escamoté dans la deuxième partie du film. On a toujours un festival de tronches mais au service d'une légende hallucinée, celle du crabe, et de la quête qui va avec, un trésor au fond d'un lac de montagne mystérieux, dont le plan d'accés était décrit dans un petit carnet obtenu auprès d'un prêtre mourant, dont le héros a d'ailleurs repris l'identité et la soutane, carnet que ledit héros transporte pieusement avec lui, non sans en avoir, au préalable mangé les deux pages qui contenaient les ultimes précisions géographiques. Comme il le résume à ses coreligionnaires (une bande de soudards hirsutes et avinés) "Je suis la carte, et le crabe est notre boussole...", lors d'une épopée cahotique et flingueuse, quelque part entre El Topo de Jodoroswki (un western "baroque" et très sanglant, où j'étais d'ailleurs sorti avant la fin) et les délires amazoniens style Aguirre d'Herzog (et de Kinski), dans une narration qui s'épure d'elle-même au fur et à mesure que ses personnages s'entretuent, pour atteindre à une sorte de sublime lyrique (avec retour à l'italien et à la prima donna du début, pour que la boucle soit bouclée, et que la conclusion vous laisse, pantelant et hagard sur votre siège tandis que les lumières se sont rallumées et que se déroule le générique de fin...)

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l'affiche française (qui dessert plutôt le film je trouve)

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celle-ci était plus juste

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et celle-là aussi...

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MEDUSA
de Anita Rocha da Silveira

Un film qui m'a laissé de glace. Je m'y suis copieusement ennuyé. Je l'avais un peu vu venir puisque le distributeur, qui a un peu fait le forcing pour qu'on le lui prenne, nous avait même -gentiment- fourni un lien de visionnement, qui m'avait permis de regarder le début du film, qui ne m'avait pas captivé plus que ça (une "dystopie pop", ok...), mais je m'étais dit que c'était juste parce que c'était sur petit écran, et que ça serait sûrement plus claquant sur le grand.
J'avais donc coché la séance de 13h30, et dans la salle on était deux (2!). Si le bouche à oreille a fonctionné, il ne l'a sûrement pas fait dans le bon sens, (mais bon il reste encore une dernière séance à 18h demain). J'ai pensé (je vais encore me faire taxer d'affreux macho réac et tout et tout...) "film de filles", film féministe (ce qui n'apparaîtra que progressivement) sur la condition féminine dans un Brésil affreusement actuel) utilisant certains codes des films de genre (éclairages baroques à la Dario Argento, musique électro à la John Carpenter), mais, oserais-je dire, pour rien. Pour presque rien. All*cinoche le classe en "fantastique / épouvante / horreur", eh faudrait voir pas pousser, quand même hein! Moi je classerais plutôt ça en teen movie (teene, plutôt, puisqu'il s'agit de filles). Bande de filles, mais de filles cathos, pieuses, évangélisées, qui sortent en bande la nuit, masquées, pour bastonner les "pêcheresses", qu'elles obligent à se confesser et à regretter publiquement, sur les réseaux sociaux... Il y a, autour de l'héroïne (et de sa copine, elles chantent dans un groupe intitulé Michelle & les Précieuses) tout un gloubi-boulga de fils d'intrigues, d'enquêtes, de soupçons, de révélations, d'émois sensuels, de baisers fougueux, de crêpages de chignons, de concours de t-shirts mouillés, non j'exagère, mais il y a même des tutos de maquillage pour dissimuler les bleus (ça peut toujours servir, hein, les copines...) bref toute une accumulation, une succession, un entassement, de scènes qui pourraient commencer à être effectivement inquiétantes, et qui sont systématiquement désamorcées, souvent par des nunucheries. Comme si la réalisatrice (et avec elle la personne qui a fait le montage) n'arrivaient pas à se décider de sur quel pied cinématographique danser. Bon, malgré des qualités techniques évidentes (une scène extraordinaire, celle où toutes les femmes se mettent à crier), un film qui ne m'a pas du tout fait vibrer (sans doute parce que je manque de, je vous l'ai déjà dit et répété, second degré. Et j'en suis le premier marri, croyez-le bien).

Mais mais mais pendant tout le temps il y avait un truc qui me chiffonnait, ça m'évoquait  un autre film, je n'arrivais pas précisément à mettre le doigt dessus... J'ai fouilli sur le ouaibe (et dans mes archives), et j'ai fini par trouver :  nous avions déjà programmé le film précédent de la réalisatrice (MATE ME POR FAVOR, critique ) qui m'avait déjà mis dans le même état...

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pourtant ça jette au niveau de l'image...

Donc je conclus : Anita Rocha da Silveira, ça n'est définitivement pas du cinéma pour moi...

060
JE TREMBLE, Ô MATADOR
(ex TENGO MIEDO TORERO)
de Rodrigo Sepulveda

Il faut remercier le distributeur, Outplay, qui l'a mis aimablement à notre disposition très en avant-première (le film ne sortira que le 15 juin!). J'avais déjà eu le plaisir de le voir en ligne, lors du festival Cinélatino de Toulouse, en 2020 (finalement c'était bien le confinement, quand je pouvais assister à tous les Festivals devant mon ordi...) où il avait gagné les prix de la Critique et du Public.
Le film est centré sur la performance d'Alfredo Castro en vieux travelo (sans nom et sans âge) qui tombe amoureux d'un jeune et barbu révolutionnaire mexicain, ce au nom de quoi (cette formulation est-elle grammaticalement correcte ?) il va se prêter à toutes les folies (selon le fameux "quand on aime on ne compte pas"). Au Chili, sous la dictature de Pinochet, ça ne rigole pas... Et pourtant le film réussit à nous embarquer follement, derrière les talons-aiguilles dorés de La Loca (c'est comme ça qu'il se fait appeler). Et sur grand écran c'est, forcément, encore plus fort, et j'ai eu, à plusieurs reprises les larmes qui me sont montées, tellement le sujet me touche et me concerne (le pédé amoureux de l'hétéro, au départ, mais qui évolue doucement, tendrement vers l'étude d'une situation plus générale : que peut être, comment peut se vivre, une relation entre deux mecs ?) et tellement il est traité avec simplicité, tact et dignité. Alfredo Castro y est -véritablement- prodigieux, dans son jeu d'une extrême finesse, mais le personnage du révolutionnaire (et l'acteur qui l'incarne, Leonardo Ortizgris) est tout aussi formidablement -et symétriquement- campé : au départ un hétéro à poil dur (qui ne supporte pas qu'un autre mec le touche) qui va délicieusement se nuancer (se "déboutonner") au fil du film (jusqu'à cette ultime scène, sur la plage, qui pourrait tirer des larmes à un caillou, et ça tombait très bien de finir là-dessus cette Semaine Latino 10...
Le film, en plus, était idéal pour y figurer comme icône : une coproduction entre le Chili et l'Argentine, avec un héros (le révolutionnaire) qui vient du Mexique, et qui, à la fin du film, (re)part pour Cuba (et la boucle est bouclée...)
Et je me dis que le film est tellement formidable qu'on pourrait le reprendre pour la semaine LGBT dans le bôô cinéma bientôt, non ?

 

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30 mars 2022

castro x 2

et voilà elle est finie la semaine latino 10...

Ca c'était l'affiche officielle

latino10

et ça c'était l'officieuse
(juste un seul exemplaire, pour me faire plaisir...)

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(toutes les deux viennent du même film, TENGO MIEDO TORERO
et voulaient rendre hommage au même acteur, Alfredo Castro)

30 mars 2022

deux fois merci à mubi

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L'AUTRE CÔTÉ DE L'ESPOIR
d'Aki Kaurismaki
Grand merci à Mubi (je pourrais vraiment y passer mes journées) où j'ai revu ce film que je trouve quasiment parfait (et qui est à ce jour -et peut-être définitivement- le dernier de son réalisateur.) tout le bien que j'en ai pensé quand je l'ai vu à sa sortie. Une belle histoire d'amitié entre  Wikhström et Khaled. Un finlandais et un syrien. L'un qui vient de quitter sa femme, et l'autre qui cherche à retrouver sa soeur... Tout ça est magnifique, tout simplement. J'aimerais bien vivre dans un film de Kaurismaki...

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THE LONG DAY CLOSES
de Terence Davies

Et re-grand merci à Mubi (encore une fois) qui m'a permis de redécouvrir ce film, que j'avais vu à sa sortie (1992) à l'Eldo à Dijon (avec Michèle T. ?), que j'avais beaucoup aimé, qui figure dans ma liste de films chéris mais que je n'avais pas eu l'occasion de revoir (je trouve que Terence Davies est un réalisateur scandaleusement sous-estimé...), dont je n'avais gardé que très peu de souvenirs ("un film où ça chante tout le temps") et voilà que Mubi m'avertit que ce film quittera l'affiche dans 4 jours, et donc vite je le regarde, un matin, tranquillou... Effectivement ça chante beaucoup, souvent, tout le temps presque (avec deux types de sous-titres : plus petits quand ce sont les personnages du film, et un peu plus gros quand il s'agit de chansons ou de dialogues de films -mais comment donc les Britanniques, eux, faisaient-ils alors la différence ?-). Une histoire de famille et, encore, une histoire d'enfance, celle du jeune Buddy, dans les années 50; de sa mère aimante, (et aussi de ses frère, soeur, beau-frère, belle-soeur), de son goût pour le cinéma (et, me semble-t-il aussi, de la fascination pour les corps masculins), du coup j'aimerais bien revoir Distant voices, le précédent film de Terence Davies, basé sur le même principe (une famille où ça chante beaucoup, sauf que là il y avait le personnage du père qui était vraiment un salopard.)

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29 mars 2022

CMFUBJ12 (printemps)

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 (candeur) des fois, on aimerait que la vie soit comme ça :
juste mimi

*

" (...)
V'là l' printemps et ça se voit
Ça dégouline de feuilles
Et ça vient sans qu'on le veuille
Mais l' printemps ça sert à quoi?

V'là l' printemps gnangnan
V'là l' printemps, Denise
V'là l' printemps, Fernand
V'là l' printemps, qu'on se le dise!

V'là l' printemps pour un tas d'gens
Faut voir comme ça les énerve
V'là l' printemps, y faut qu' ça serve
Mais l' printemps c'est dégoûtant!

V'là l' printemps, monsieur l'abbé
V'là l' printemps, sœur Marie-Ange
C'est-y qu' vous, ça vous dérange?
C'est-y qu' ça vous fait rêver?

V'là l' printemps gnangnan
V'là l' printemps, Huguette
V'là l' printemps, Florent
V'là l' printemps, faisons la fête!

V'là l' printemps, monsieur l' préfet
V'là l' printemps, mâ'me la comtesse
V'là l' printemps pour toutes les fesses
Et pour tous les porte-monnaie

V'là l' printemps pour les matons
V'là l' printemps pour les bidasses
Et pour les marchands d' godasses
Et pour les marchands d' canons

V'là l' printemps gnangnan
V'là l' printemps, Simone
V'là l' printemps, Gontrand
Et l' printemps, moi, ça m'étonne
(...)
(Anne Sylvestre)
*

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d'un spectacle, mais je ne sais plus lequel (une pensée pour Manue)

*

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*

"Doit dédommager son patient à hauteur de 187 963 € l’hôpital qui, après avoir diagnostiqué un cancer inexistant, lui fait subir trois chimiothérapies puis le retrait de sa prostate et de sa vessie."
Cour administrative d’appel de Nantes, février 2022

*

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*

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*

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*

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Wilfried qui casse un oeuf

*

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ce cher Bouli...

*

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photo de famille

*

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Pier Paolo Pasolini

*

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*

Je crois que j'aimerais bien vivre dans un film de Kaurismaki

*

 

 

28 mars 2022

encore une liste de films que j'aime...

(2016) revisité / 200 et quelques films qui me tiennent à coeur

- ... A LA CAMPAGNE (1994) de Manuel Poirier
- 2 AUTOMNES, 3 HIVERS (2013) de Sébastien Betbeder
- 12H08 A L'EST DE BUCAREST (2006) de Corneliu Porumboiu
- 35 RHUMS (2008) de Claire Denis
- ADIEU GARY (2009) de Nasim Amaouche
- AFERIM! (2015) de Radu Jude
- AFTER LIFE (1998) d'Hirokazu Kore-eda
- AJAMI (2010) de Scandar Copti et Yaron Shani
- ALEXANDRE LE GRAND (1980) (Angelopoulos)
- ALIEN (1979) de Ridley Scott
- ALOIS NEBEL (2011) de Tomás Lunák
- A TOUCH OF SIN (2013) de Jia Zhang-Ke
- A TRAVERS LA POUSSIERE (2009) de Shawkat Amin Korki
- AU FIL DU TEMPS (1976) de Wim Wenders
- AURORA (2010) de Cristi Puiu
- BABE (1996) de Georges Miller
- BACURAU (2019) de Kleber Mendonça Filho
- BAROCCO (1976) d'André Téchiné
- BATALLA EN EL CIELO (2005) de Carlos Reygadas
- BEAUFORT (2008) de Joseh Cedar
- BE WITH ME (2005) d'Eric Khoo
- BEAU TEMPS MAIS ORAGEUX EN FIN DE JOURNÉE (1986) de Gérard Frot-Coutaz
- BESTIAIRE (2013) de Denis Côté
- BLED NUMBER ONE (2006) de Rabah Ameur Zaïmèche
- BIRD PEOPLE (2014) de Pascale Ferran
- BLACK COAL (2014) de Diao Yinan
- BLISSFULLY YOURS (2002) d'Apichatpong Weerasethakul
- BOYHOOD (2014) de Richard Linklater
- BOY MEETS GIRL (1983) de Léos Carax
- CABARET (1972) de Bob Fosse
- CADEAU DU CIEL (2005) de Dover Koshashvili
- CÉLINE ET JULIE VONT EN BATEAU (1974) de Jacques Rivette
- CEMETERY OF SPLENDOUR (2015) d'Apichatpong Weerasethakul
- CERTAINS L'AIMENT CHAUD (1959) de Billy Wilder
- CESAR DOIT MOURIR (2012) des Frères Taviani
- CE VIEUX RÊVE QUI BOUGE (2000) d'Alain Guiraudie
- CHANTONS SOUS LA PLUIE (1952) de Stanley Donen
- CHATRAK (2013) de Vimukhti Jayasundara

- CHUNGKING EXPRESS (1994) de Wong Kar-Wai
- CINEMA ASPIRINE ET VAUTOURS (2007) de Marcello Gomes
- CRIA CUERVOS (1976) de Carlos Saura
- DEAD MAN (1995) de Jim Jarmusch
- DANS LA BRUME (2013) de Serguei Loznitsa
- DANS LA COUR (2014) de Pierre Salvadori
- DERNIER MAQUIS (2008) de Rabah Ameur-Zaimeche
- DISTANT VOICES (1987) de Terence Davies
- DJANGO UNCHAINED (2013) de Quentin Tarantino
- DOUCHES FROIDES (2005) d'Anthony Cordier
- DRIVE MY CAR (2021) de Ryusuke Hamaguchi
- ELDORADO (2008) de Bouli Lanners
- ET LA-BAS, QUELLE HEURE EST-IL ? (2001) de Tsai Ming Liang
- FLANDRES (2006) de Bruno Dumont
- ERASERHEAD (1977) de David Lynch
- FANTASTIC MISTER FOX (2009) de Wes Anderson
- FARGO (1996) de Joel & Ethan Coen
- FAST FOOD, FAST WOMEN (2000) d'Amos Kollek
- FAUT QUE CA DANSE! (2007) de Noémie Lvovsky
- FAUST (2011) d'Alexandre Sokourov
- FIRST COW (2020) de Kelly Reichardt
- FIVE (2003) d'Abbas Kiarostami
- FOXTROT (2018) de Samuel Maoz
- GERRY (2002) de Gus Van Sant
- GHOSTDOG, LA VOIE DU SAMOURAÏ (1999) de Jim Jarmusch
- GOMORRA (2008) de Matteo Garrone
- GOODBYE DRAGON INN (2003) de Tsai Ming-Liang
- HAMACA PARAGUAYA (2006) de Paz Encina
- HAPPINESS (1997) de Todd Solondz
- HAWAI (2014) de Marco Berger
- HAUT, BAS, FRAGILE (1995) de Jacques Rivette
- HEIMAT (2013) d'Edgar Reitz
- IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE (2011) de Nuri Bilge Ceylan
- INLAND (2009) de Tariq Teguia
- INLAND EMPIRE (2007) de David Lynch
- IRMA VEP (1996) d'Olivier Assayas
- IT FOLLOWS (2014) de David Robert Mitchell
- IT MUST BE HEAVEN (2019) d'Elia Suleyman
- J'AI TOUJOURS RÊVÉ D'ETRE UN GANGSTER (2007) de Samuel Benchetrit
- J'ATTENDS QUELQU'UN (2007) de Jérôme Bonnell
- JACKY AU ROYAUME DES FILLES (2014) de Riad Sattouf
- JAURES (2012) de Vincent Dieutre
- JOURNAL DE FRANCE (2012) de Claudine Nougaret et Raymond Depardon
- KEN PARK (2002) de Larry Clark
- KOKTEBEL (2005) de Boris Khlebnikov & Aleksei Popogrebsky
- KHROUSTALIOV, MA VOITURE! (1998) d'Alexei Guerman
- L'AMI AMÉRICAIN (1977) de Wim Wenders
- L'AMOUR A LA MER (1962) de Guy Gilles
- L'AUTRE RIVE (2010) de Georges Ovashvili
- L'ÉCHELLE DE JACOB (1990) d'Adrian Lyne
- L'ÉTAT DES CHOSES (1981) de Wim Wenders
- L'ETRANGE AFFAIRE ANGELICA (2011) de Manoel de Oliveira
- L'ÎLE AUX CHIENS (2018) de Wes Anderson
- L'INCONNU DU LAC (2012) d'Alain Guiraudie
- LA BELLE ENDORMIE (2012) de Marco Bellochio
- LA DERNIERE PISTE (2010) de Kelly Reichardt
- LA FEMME SANS TÊTE (2007) de Lucrecia Martel
- LA FIEVRE DE PETROV (2022) de Kiril Serebrennikov
- LA FILLE AUX ALLUMETTES (1990) d'Aki Kaurismaki
- LA FLOR (2019) de Mariano Linas
- LA GUERRE D'UN SEUL HOMME (1981) d'Edgardo Cozarinski
- LA LEON (2007) de Santiago Otheguy
- LA LETTRE (1999) de Manoel de Oliveira

- LA MAMAN ET LA PUTAIN (1973) de Jean Eustache
- LA MONTAGNE SACRÉE (1973) d'Alexandro Jodorowski
- LA MORT DE DANTE LAZARESCU (2005) de Cristi Puiu
- LA NUIT AMÉRICAINE (1973) de François Truffaut
- LA PATINOIRE (1999) de Jean-Philippe Toussaint
- LA TERRE ABANDONNÉE (2005) de Vimukthi Jayasundara

- LADY CHATTERLEY (2006) de Pascale Ferran
- LAKE TAHOE (2008) de Fernando Eimbcke
- LE BOIS DONT LES RÊVES SONT FAITS (2015) de Claire Simon
- LE CHEVAL DE TURIN (2011) de Béla Tarr
- LE CIRQUE (1928) de Charlie Chaplin
- LE DESTIN FABULEUX D'AMÉLIE POULAIN (2001) de Jean-Pierre Jeunet
- LE GOÛT DE LA CERISE (1997) d'Abbas Kiarostami
- LE GRAND TOUR (2012) de Jérôme Le Maire
- LE MÉPRIS (1963) de Jean-Luc Godard
- LE MONDE EST A TOI (2017) de Romain Gavras
- LE SONGE DE LA LUMIERE (1992) de Victor Erice
- LE VENT NOUS EMPORTERA (1999) d'Abbas Kiarostami
- LES BIEN-AIMÉS (2011) de Christophe Honoré
- LES BRUITS DE RECIFE (2012) de Kleber Mendonça Filho
- LES BUREAUX DE DIEU (2008) de Claire Simon
- LES CLIMATS (2006) de Nuri Bilge Ceylan
- LES CONFINS DU MONDE (2017) de Guillaume Nicloux
- LES FRERES SISTERS (2018) de Jacques Audiard
- LES HABITANTS (1992) d'Alex Van Warmerdam
- LES MILLE ET UNE NUITS (1974) de Pier Paolo Pasolini
- LES MISÉRABLES (2019) de Ladj Ly
- LES NUITS DE LA PLEINE LUNE (1984) d'Eric Rohmer
- LES PREMIERS, LES DERNIERS (2016) de Bouli Lanners
- LES RÊVES DANSANTS (2010) de Anne Linsel
- LES ROSEAUX SAUVAGES (1994) d'André Téchiné
- LES SECRETS DES AUTRES (2014) de Patrick Wang
- LETO (2018) de Kiril Serebrennikov
- LÉVIATHAN (le documentaire) (2013) de Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor
- LIBERA ME (1993) d'Alain Cavalier
- MARDI APRES NOËL (2010) de Radu Muntean

- MARIAGE TARDIF (2001) de Dover Koshashvili
- MAUVAIS SANG (1986) de Leos Carax
- METABOLISME (2014) de Corneliu Porumboiu
- MEURTRE DANS UN JARDIN ANGLAIS (1982) de Peter Greenaway
- MON VOISIN TOTORO (1988) d'Hayao Miyazaki
- MONSIEUR KLEIN (1976) de Joseh Losey
- MOUTON (2014) de Gilles Deroo & Marianne Pistonne
- MULHOLLAND DRIVE (2001) de David Lynch
- MUNDANE HISTORY (2013) de Anoche Suwichakompong
- NE CHANGE RIEN (2009) de Pedro Costa
- NE CROYEZ SURTOUT PAS QUE JE HURLE (2019) de Franck Beauvois
- NEVER LET ME GO (2011) de Mark Romanek
- NIGHT OF THE DEMON (1958) de Jacques Tourneur
- NORTE (2013) de Lav Diaz
- NOCTURAMA (2016) de Bertrand Bonello
- OSLO 31 AOÛT (2011) de Joachim trier
- PARADISE NOW (2005) de Hany Abu-Hassad
- PATER (2011)  d'Alain Cavalier
- PERDRIX (2019) d'Erwan Le Duc
- PERSONNE NE M'AIME (1997) de Marion Vernoux
- PLAN B (2010) de Marco Berger
- POLICIER, ADJECTIF (2009) de Corneliu Porumboiu
- POLISSE (2011) de Maïwenn
- POURQUOI PAS! (1977) de Coline Serreau
- PRINCE OF TEXAS (2013) de David Gordon Green
- PROSPERO'S BOOKS (1991) de Peter Greenaway
- QUATRE NUITS AVEC ANNA (2008) de Jerzy Skolimowski
- QUEEN OF MONTREUIL (2011) de Solveig Anspach
- QUI TROP EMBRASSE (1986) de Jacques Davila
- REFROIDIS (2014) de Hans Peter Molland

- REGARDE LES HOMMES TOMBER (1993) de Jacques Audiard
- ROME PLUTÔT QUE VOUS (2006) de Tariq Teguia
- ROSEMARY'S BABY (1968) de Roman Polanski
- SERBIS (2006) de Brillante Mendoza
- SHARQIYA (2012) de Ami Livne
- SHORTBUS (2005) de John Cameron Mitchell
- SHORTCUTS (1993) de Robert Altman
- SIERANEVADA (2016) de Christi Puiu
- SILS MARIA (2014) d'Olivier Assayas
- SITA SINGS THE BLUES (2009) de Nina Paley
- SOUVENIRS D'EN FRANCE (1975) d'André Téchiné
- STILL LIFE (2007) de Jia Zhangké
- STILL WALKING (2009) de Hirokazu Kore-Eda

- SYNDROMES AND A CENTURY (2006) d'Apichatpong Weerasethakul
- TAXI ZUM KLO (1981) de Franck Ripploh
- TELEPOLIS (2007) de Estaban Sapir
- TENGO MIEDO, TORERO (2022) de Rodrigo Sepulveda
- TESNOTA (2007) de Kantemir Balagov
- THE GRAND BUDAPEST HOTEL (2013) de Wes Anderson
- THE LONG DAY CLOSES (1991) de Terence Davies
- THE RIDER (2018) de Chloe Zhao
- THE TASTE OF TEA (2005) de Katsuhito Ishi
- THE TRIBE (2014) de Miroslav Slabohspitskyi
- THE VISITOR (2008) de Tom Mc Carthy
- THE WE AND THE I (2012) de Michel Gondry
- TROIS FEMMES (1977) de Robert Altman
- TROIS VISAGES (2018) de Jafar Panahi
- TU MARCHERAS SUR L'EAU (2004) d'Eytan Fox
- UNDER THE SILVER LAKE (2018) de David Robert Mitchell
- UNDER THE SKIN (2013) de Jonathan Glazer
- UN LONG VOYAGE VERS LA NUIT (2018) de Bi Gan
- UN MARIAGE (1978) de Robert Altman
- UN MONDE PRESQUE PAISIBLE (2002) de Michel Deville
- UNCLE BOONMEE (2010) d'Apichatpong Weerasethakul
- UNE JOURNÉE PARTICULIERE (1977) d'Ettore Scola
- VALSE AVEC BACHIR (2008) d'Ari Folman
- VENDREDI SOIR (2002) de Claire Denis
- VICES PRIVÉS, VERTUS PUBLIQUES (1977) de Miklos Jancso
- VICTOR VICTORIA (1982) de Blake Edwards
- VIF-ARGENT (2019) de Stéhane Batut
- VOYAGES (1999) d'Emmanuel Finkiel
- WELCOME IN VIENNA (1982 / 85 / 86) d'Axel Corti
- WILD SIDE (2004) de Sébastien Lifshitz
- WORKERS (2013) de Jose Luis Valle
- YI YI (2000) d'Edward Yang
- YUMURTA (2008) de Semih Kapanoglu
- ZIM AND CO (2004) de Pierre Jolivet

 

27 mars 2022

double séance écosse/algérie

053
L'OMBRE D'UN MENSONGE
de Bouli Lanners

(sur le coup) Je dois reconnaître que j'ai pas mal trépigné (intérieurement) au début du film. Bouli L., les gens qui viennent par ici le savent, est vraiment quelqu'un que j'adore (comme acteur mais aussi bien sûr comme réalisateur : Ultranova (2004), Eldorado (2008), Les géants (2011), Les premiers, les derniers (2016) m'ont successivement tous enthousiasmé) et donc j'ai voulu y aller voir dès la première séance (avec, tout de même je l'avoue aussi une légère appréhension, au vu du titre (Nobody has to know), du genre -"drame, romance" annonce allocinoche-, du lieu -une île écossaise tiens donc-, du pitch (quand il est question d'amnésie dans un résumé, c'est comme quand il est question de jumeaux, je crians toujours qu'il n'y ait de grosses ficelles dans le scénar), de l'affiche aussi, bref un peu de tout...).
On retrouve dès les premières images le goût de Bouli pour le scope et les grands espaces (qu'il filme toujours aussi classieusement). On le retrouve tel qu'on le connaît et qu'on l'aime (la barbe, les cheveux, les tatouages la stature) on l'entend parler un anglais tout à fait vraisemblable, on découvre les autres personnages qui vivent sur la même Ile Lewis (c'est par Dominique que je l'ai su), et, là, je commence à piaffer. Et à me tortiller sur mon siège. Les paysages sont magnifiques mais l'histoire qui s'y déroule me semble toute riquiquite. J'ai trouvé ça beau mais mou mou mou... Comme si elle n'était pas vraiment à la hauteur des lieux. Quand les lumières de la salle se rallument, je ronchonne, alors qu'Emma et dominique ont ma foi l'air plutôt contentes.

(après coup) C'est sans doute ça qu'on appelle laisser décanter. J'étais en train de relire des critiques sur ce film pour notre prochaine programmation (spoiler), d'une part elles sont toutes grave élogieuses, et d'autre part je réalise que j'ai réagi comme un idiot, à chaud, simplement parce que le film ne m'avait pas embarqué exactement là où je pensais qu'il allait le faire. J'étais désarçonné, alors j'ai renâclé. Peut-être aussi parce que pour la première fois (dans un film de Bouli Lanners, une femme est entête d'affiche, et fait irruption -brillamment- dans ce que je considérais jusqu'alors comme des films d'hommes (et comme si du coup je m'en trouvais un peu dépossédé) et j'ai eu tort. C'est un film qui infuse lentement, et c'est seulement au bout d'un certain temps que j'en perçois toutes les saveurs. Et l'intérêt. Et donc je sais que je retournerai le voir, à partir du 20 avril (oui je sais, c'est loin...) dans le bôô cinéma.

054
DE NOS FRÈRES BLESSÉS
d'Hélier Cisterne

Avec Emma on a continué (juste cinq minutes entre les deux films histoire de prendre un peu l'air) et on est passé de l'Ecosse romantique de Bouli Lanners à l'Algérie historique d'Hélier Cisterne (jeune réalisateur qu'on avait reçu en 2013 dans le bôô cinéma pour son beau Vandal, en avant-première). Je ne savais rien du film, la bande-annonce m'en avait appris un peu plus (Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Guerre d'Algérie, exécution), mais j'ignorais qu'il s'agissait d'une histoire vraie, celle de Fernand Iveton, "guillotiné pour l'exemple" le 11 février 1959

"Exécuté pour l'exemple, Fernand Iveton était accusé d'avoir tenté, selon l'expression du ministre résident en Algérie, le socialiste Robert Lacoste, d'avoir voulu "faire sauter Alger". Or, s'il a, certes, déposé une bombe dans les vestiaires de l'usine de gaz d'Alger, elle ne devait exploser qu'une fois les employés partis. Selon Jacqueline Guerroudj, qui lui a remis la bombe, Iveton avait exigé qu'elle ne fasse aucune victime civile. Il voulait des "explosions témoignages" pour faire avancer la cause de l'indépendance sans faire de victimes civiles. De ce fait, la bombe, de faible puissance, avait été réglée pour exploser le 14 novembre 1956 à 19 h 30. À cette heure, il n'y avait plus personne sur les lieux de travail, rapporte l'enquête. D'ailleurs, les artificiers l'avaient désamorcé vers 18 heures.
Arrêté sur dénonciation, le 14 novembre 1956, Iveton est présenté devant le tribunal permanent des forces armées d'Alger dix jours après, le 24 novembre, rasé, sans moustache, le visage marqué par les coups. Le procès se déroule dans une atmosphère de haine. La presse coloniale titre "Iveton le dynamiteur". Quand il fait son entrée dans le tribunal, des insultes fusent à son endroit, le public exige sa mort et ses avocats sont menacés. Le procès est expéditif : il est condamné à mort le jour même pour terrorisme. En vérité, son sort avait été réglé en France. Sur proposition du garde des Sceaux, François Mitterrand, le gouvernement socialiste de Guy Mollet avait décidé que l'examen des recours des militants du FLN serait accéléré et que ceux dont la grâce était refusée par le chef de l'État seraient exécutés au plus vite. Le 10 février 1957, son recours en grâce est rejeté par le président René Coty." (L'Humanité)

Le film d'Hélier Cisterne suit Fernand (Vincent Lacoste, impressionnant -un prochain César ?-) et sa femme Hélène (Vicky Krieps, tout aussi excellente) depuis leur rencontre jusqu'à l'éxécution de Fernand, après un simulacre de procès (où tous les gens de la Cour sont en kaki et disent "Rompez!" au lieu de bonjour). Un film fort,investi, documenté, inattaquable. Il est juste un peu dommage que le réalisateur (avec sa coscénariste Katell Quillévéré) ait (aie ?) décidé de complexifier -inutilement- le récit en emberlificotant la narration (on passe sans arrêt d'une époque à l'autre, sans aucun repère temporel).

"En 1956, en pleine guerre d’Algérie, un ouvrier français communiste, Fernand Iveton, est condamné à mort pour terrorisme. Il sera le seul Européen guillotiné (mais 221 Algériens seront ainsi exécutés). L’histoire, inspirée par le livre (2016) de Joseph Andras, est d’une puissance explosive : la machine coloniale, la pression politique, la mise en place de lois d’exception, et la décision du ministre de la Justice (François Mitterrand), tout contribue à une issue tragique. Le film, passionnant, est porté par une conviction d’airain, un acteur formidable (Vincent Lacoste) et un désir total de s’élever contre l’indignité de l’Etat. On sort de là brûlé par la mort d’Iveton et la honte d’une justice asservie." (nouvelobs.com)

(Ils ont dit très bien tout le bien que j'en pense...)

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26 mars 2022

printemps du cinéma

(sur le principe du marabout -bout de ficelle...)

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BELFAST
de Kenneth Brannagh

Le film vu avant était Petite Nature de Samuel Theis, et le point commun en est évidemment le personnage central, un gamin blondinet, vivant avec sa mère et son frère (et ponctuellement son père, qui travaille en Angleterre et ne rentre qu'un week-end sur deux) en Irlande du nord, dans les années 70, un gamin qui fait de son mieux à l'école (pour avoir de bonnes notes et pouvoir se rapprocher de la blondinette qui finit toujours première, dont il est amoureux et à qui il n'ose pas parler) et découvre l'effroyable violence imbécile des hommes (en l'occurrence la guerre des protestants contre les catholiques mon dieu quelle connerie). Un blondinet touchant, au sein d'une famille aimante devant faire face à beaucoup d'éléments déstabilisants, et que le réalisateur filme autobiographiquement, semble-t-il, dans un noir et blanc soigné, agrémenté de coquetteries stylistiques autour de la couleur, et avec l'affirmation d'un amour du cinéma -et du spectacle- (tout ce qui est vu dans une scène ou un écran est reproduit en couleurs, avec des effets à la Spielberg -La liste de Schindler- ou à la Coppola -Rumble Fish- assez sophistiqués -trop ?-, comme dans la scène au théâtre, en noir et blanc, où la scène -en couleur- se reflète, en couleur aussi, juste dans les lunettes de la grand-mère, beaucoup de chichis pour pas grand-chose). Grand-mère qui s'avère être un personnage important de l'histoire, au même titre que son mari, un grand-père jovial, attachant et roublard. Tous ces gens-là s'aiment (une belle histoire familiale) et tentent de vivre (ensemble) le mieux possible, en évitant (le mieux possible) les obstacles, dans une reconstitution soignée, précise, stylisée (millimétrée) plutôt plaisante. Le monde vu par les yeux d'un enfant, au cinéma, pour moi, ça le fait toujours... (On a les histoires de famille qu'on peut, hein...)

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UN PEUPLE
d'Emmanuel Gras

Le point commun avec ce film-ci, vu immédiatement après, c'est la violence des scènes d'affrontements (pas entre protestants et catholiques, mais entre manifestants et forces de l'ordre -gilets jaunes vs crs-). Le réalisateur a suivi leur mouvement (enfin, celui d'une section locale) depuis son surgissement sur un rond-point à Chartres en 2018, jusqu'à son extinction dix-huit mois plus tard (l'impressionnant -et signifiant- plan final, vu d'en haut, du même rond-point, désormais vide de toute présence humaine, (plus que quelques traces) autour duquel ça tourne tourne tourne bien... (tant qu'il y aura du carburant, hein...)
Le réalisateur filme, de l'intérieur, de tout près, la naissance (ou quasi) d'un mouvement social spontané et joyeusement citoyen, révolté, au départ, par les hausses du prix des carburants (pour mémoire à l'époque un litre de gas-oil coûtait 1,50€!). Et voilà que des gens se retrouvent sur les ronds-points, le mouvement fait tâche d'huile, s'étend, s'étoffe, prend de l'ampleur, tente de se structurer, mais, dès le départ, la multiplicité des identités, la singularité de chacun.e, montre que d'ores et déjà ce mouvement (cet élan) tangue, pris en quelque sorte à son propre piège de tous les pouvoirs au peuple, et va sembler de plus en plus dépassé par la gestion de sa propre ampleur.
Emmanuel Gras filme les gens, qui se retrouvent, qui parlent, qui se parlent, les rassemblement informels autour des feux sur les ronds-points et les tables rondes avec les représentant.es des différents comités régionaux. Lors des actions les plus représentatives (gratuité des péages d'autoroutes). Puis lors de ces fameux "week-ends", à Paris, où on voit grandir de la même façon le nombre des participants, l'inquiétude des "organisateurs" par rapport à la difficulté de canaliser, (et au risque de se faire dépasser par des éléments extérieurs de plus en plus perturbateurs) et la violence de la répression (j'ai repensé au film Un pays qui se tient sage). Jusqu'à cette ultime scène d'affrontement, avec une montée inexorable des brutalités policières (et de la musique -que j'adore- de Glenn Branca -la Symphonie n°1- à base de guitares préparées) jusqu'à finir, ironiquement -et littéralement- en fumée, cette fumée noire qui monte au ciel. Et s'y dissout.

, un bel entretien avec Emmanuel Gras, le réalisateur

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(revenir sur les conditions -indignes- de l'organisation des soirées avec intervenants, dans le bôô cinéma, puisqu'au bout d'un certain temps d'échanges, des gens ont commencé à entrer dans la salle, ceux de la séance suivante, les micros ont été coupés et la musique d'ambiance relancée, et Hervé a dû sortir et batailler pour qu'on obtienne vingt minutes de discussion supplémentaires...)

24 mars 2022

crûment

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PETITE NATURE
de Samuel Theis

Sous les augures doublement positives de Dominique puis d'Emma, j'y suis donc allé (pris le bus spécialement pour ça, arrivée 14h45, séance à 15h15, et re-départ 17h10). Samuel Theis on l'avait découvert en 2014 en tant que co-réalisateur de Party Girl (Caméra d'Or à Cannes) qui ne m'avait que moyennement enthousiasmé -le film, voir ici- , mais dont le réalisateur m'avait par contre sidéré...
Nous voici donc (on ne se refait pas...) sur le même terreau familial, malcommode, autobio, dans lequel a grandi le jeune Johnny, dix ans, visage d'ange, longs cheveux blonds -la première fois que j'ai vu la bande-annonce, j'ai cru qu'il s'agissait d'une fille- mais pas sa langue dans sa poche, comme on dit, qu'on saisit, au début du film lors d'un nième déménagement (sa mère semble coutumière du fait), en compagnie de son grand-frère Dylan et de sa petite soeur, tous les bras chargés de sacs, cartons, et baluchons, vers un nouvel appart' hlm (et un nouveau mec pour maman)...
Johnny a dix ans mais doit, par la force des choses, parfois se comporter en adulte (il s'occupe beaucoup de sa soeurette, pour cause de mère défaillante et/ou bourrée), et on le découvre dans sa nouvelle classe, où vient d'arriver un nouvel instit', Monsieur Adamski (joué par l'intense Antoine Reinartz) avec lequel va se nouer une relation particulière.
Je venais de voir Ali et Ava, que j'avais vraiment beaucoup aimé, et voilà que je retrouve, toutes proportions marquées, pas mal de ressemblances, notamment -surtout- dans la structure duelle du film : une chronique sociale (familiale) "réaliste" doublée d'une histoire d'amour (de désir, plutôt).

"C’est tout ce que Petite Nature refuse: il décrit l’effraction du désir, ses conditions précises d’apparition, les sensations et les impasses qu’elle provoque, esquisse le cinéma qui pourrait l’incarner (penchant plutôt De Palma que Dardenne ou Dolan) et s’arrête, laissant la vie continuer quelque part sans chercher à la résoudre. Film "fragile", comme dit le jargon de la profession, qui porte cette belle fragilité, dès son titre, en étendard, et prend très bien lui-même sa propre défense, avant de prendre la tangente." (Libération)

Un film fort, dérangeant (un thème rarement abordé au cinéma, le désir d'un enfant pour un adulte, aimant (pour chacun de ses personnages et des acteurs.trices qui les interprètent). Adamski est pour le jeune Johnny le levier (inconscient ou pas) qui va lui permettre d'envisager de changer de vie (ce qui est déjà énorme, incommensurable). J'ai pensé à La merditude des choses, et aussi à Eddy Bellegueule, films qui se disputent le même contexte de familles "atypiques" au sein desquelles un enfant grandit plus ou moins "différemment".

Un film très impressionnant, grâce à (j'allais écrire "surtout", mais c'est vrai qu'il étincelle tout au long) Aliocha Reinert que j'ai vraiment trouvé extraordinaire dans la justesse perpétuelle de son jeu (les critiques ont tous vanté ses mérites et ils ont bien raison...). Petite nature, peut-être, mais incroyable force d'un jeune homme qui mériterait incontestablement qu'on le revoie très vite...

, une belle interview de Samuel Theis, à propos du film. (Et , encore une autre)

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23 mars 2022

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le chauffeur du bus a klaxonné parce qu'il y avait un chat couché immobile au milieu de l'esplanade la la gare

*

" Le Covid-19, une pathologie cérébrale ? La question peut paraître incongrue. En deux ans, le virus SARS-CoV-2, qui a touché 452 millions de personnes et déjà fait officiellement 6 millions de morts, a clairement affiché la couleur : c’est par le nez et par la gorge qu’il nous infecte ; par les poumons qu’il nous tue. En deux mots, une maladie respiratoire. Pourtant, plus le temps passe, plus les médecins et les chercheurs découvrent que le pathogène touche d’autres organes. Des atteintes des reins, du système digestif ou encore du cœur ont été mises en évidence. Mais c’est désormais et surtout les conséquences du Covid-19 sur le cerveau qui sont au centre de l’attention de plusieurs équipes à travers le monde.

En janvier, Serena Spudich et Avindra Nath, respectivement chercheurs à l’université de Yale et aux Instituts américains de la santé, ont ainsi souligné, dans la revue Science, la "myriade de complications neurologiques manifestées au cours des phases sévères de la maladie". Accident vasculaire cérébral, délire, inflammation cérébrale, encéphalopathie ou encore confusion et désordres neuromusculaires… La liste des pathologies observées qu’ils dressent est impressionnante. D’autant, insistent-ils, que "beaucoup des personnes qui subissent ces symptômes neurologiques ont moins de 50 ans et semblaient en bonne santé avant leur infection".
(Le Monde -la suite est réservée aux zabonnés-)

*

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retrouvé cette une qui m'avait beaucoup marqué...

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"Una insalata piccola e un mezzo di Valpolicella, prego..."
(souvenir du trentanuovesimo Festival di Locarno)

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sans doute la prochaine carte des ADC (22/23)

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deux routiers (un gros un maigre) que je suppose des Pays de l'Est font une série d'étirements, comme s'ils s'échauffaient avant un match de boxe.

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Pépin a une scie à onglets, mais dans une boîte.
(le genre de phrase que je ne peux pas comprendre si je n'ai pas vu la photo)

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couché à deux heures trente je me suis endormi immédiatement et j'ai dormi jusqu'à dix heures quarante (en trois fois, tout de même)

*

 

22 mars 2022

le sabre et les bottes

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ALI ET AVA
de Clio Barnard

La charge émotive (affective) d'un film.
Celui-ci c'est Zabetta qui nous en a parlé pour la première fois, Zabetta qui nous l'avait recommandé très énergiquement (et très en amont, elle a de l'entregent). Je voulais donc le voir le plus tôt possible. Coïncidence, elle y était aussi... On a dit qu'on s'en reparlerait donc à la sortie.
Il y a des films, comme ça, dès la première image, on sait qu'on va les aimer trop.
Et ce fut le cas. Dès la première image.
Ava est irlandaise, maman de plusieurs enfants de plusieurs papas, Ali est pakistanais, il est marié, mais sa femme, après la mort de leur bébé, commence à s'éloigner de lui (ce que la famille ne doit surtout pas l'apprendre).
Ces deux-là vont se croiser, se rapprocher, millimètre par millimètre, partager leurs différences, via leurs goûts musicaux (au départ diamétralement opposés : elle plutôt country et folk, lui plutôt punk rock et electro), apprendre à se connaître (ça c'est le plus facile) mais surtout à gérer les réactions de leurs familles respectives (ça l'est beaucoup moins...).
Un cocktail puissant (50% chronique sociale, brittonissime, (avec tout le râpeux et l'art de la mouise qu'on connaît, entre Ken Loach, Andrea Arnold, le Stephen Frears du début, Mike Leigh, Shane Meadows, sans oublier le grandissime  Bill Douglas) et 50% -ce qui est un peu plus étonnant vu le contexte, justement - comédie romantique (une dame, un monsieur, chabadabada, roulez jeunesse, sauf qu'ici on est à des années-lumières des roucouladeries de, disons, Julia Roberts et Hugh Grant -pour rester sur le sol britannique- et qu'il va s'agir d'un vrai parcours du combattant avant que les deux tourtereaux ne finissent -attention spoiler- par se retrouver).
Il fallait pleurer, et, bon public, j'ai bien sûr pleuré (et à plusieurs reprises).
Clio Barnard conserve l'âpreté et le réalisme social de son Géant égoïste (2013, critique "goût double", ) qui m'avait fait émettre quelques réserves à son encontre, mais l'amour, ici, heureusement, vient un peu enchanter (et, finalement, chabadabader) tout ça (et qu'est-ce que ça fait du bien!).

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