cru
Franck Venaille débutait un de ses textes (La guerre d'Algérie, je crois) par cette phrase : Donc il l'encule. Une formulation courte, sèche, minimale. D'autant plus violente. Choisie à dessein pour choquer, pour mettre en état de choc plutôt. Un coup de semonce.
Eh bien j'ai eu un peu le même genre de choc l'autre matin, en trouvant au réveil sur l'écran de l'ordi dans une fenêtre msn de chat ouverte, un dialogue (un monologue plutôt, puisque je n'étais pas là pour répondre) qui commençait peu ou prou par les mêmes mots : "tla encule ?" (je reprends texto l"écriture et la ponctuation) mais qui visiblement ne m'étaient pas destinés, (sur msn ce qui est dit est dit, tant pis pour toi...) puisque les lignes suivantes disaient successivement "PARDON", "TROMPE DE FENETRE!!!" et, pour conclure "putain la honte".
Ce à quoi j'ai juste répondu sybillinement "ça arrive" avec un smiley qui rigole, sans préciser si ça se rattachait à la question initiale ou bien à l'erreur de fenêtre, ou même à la honte... Et oui, ça arrive à tout l'monde, et même au jeune homme en t-shirt (puisque c'est de lui qu'il s'agit.)
Ca m'a d'abord un peu étonné, puis plutôt amusé, et finalement rassuré! Oui oui, rassuré, c'est un mec comme les autres, sans piédestal, un mec qui utilise aussi ce mot-là, où la trivialité le dispute au tristement banal, non ce n'est pas un parangon angélique, éthéré, mais juste un petit humain normal, comme vous, comme moi.
Et j'avoue que j'aurais bien aimé savoir ce qui venait avant et après cette première ligne. Mais lorsque je lui ai évoqué (légèrement) le fait, dans un mail ultérieur, il a fait comme si, il a esquivé, et n'a rien répondu...