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lieux communs (et autres fadaises)
26 septembre 2006

sauterelles

CITIZEN DOG
de  Wisit Sasanatieng

Vu le lendemain de Flandres dont c'est l'antithèse (l'antipode ? ) parfaite. Film thaï (de guêpe ? ), barjo, frappé, secoué, zinzin, drelin drelin et compagnie...

Ca pourrait être un  pop-hop, un de ces livres animés de mon enfance, où, quand on ouvrait les pages, hop! surgissait et se dépliait entre elles un élément, comme jailli en relief. Sauf que là, le texte de l'album (qui bénéficie même d'un narrateur en voix off ) serait écrit en thaï (langue écrite assez jolie à regarder, avec des bitonios qui se tortillent au-dessus des lettres) que chaque image a l'air d'avoir été coloriée à la main tellement ça paraît somptueusement chromatique et merveilleusement artificiel, et que l'histoire est suffisamment... inhabituelle pour avoir des airs de conte des mille et une nuits sous acide.

Ca pourrait être une sorte d'abécédaire déjanté : D comme doigt dans une boîte de sardines,  G comme grand-mère réincarnée en gecko, M comme montagne de bouteilles en plastique, N comme nounours qui clope, P comme pluie de casques de moto, Q comme queue (celle qui vous pousse au derrière si vous allez dans la capitale...), S comme sauterelles sautées (à la poêle),T comme taxi-moto serviable (mais un peu zombie)... A chaque lettre sa surprise, et hop on tourne la page et ça continue, que va-t-on découvrir ?

Ca pourrait raconter l'histoire de Pott le jeune héros, qui quitte sa province natale pour "monter" à Bangkok, malgré la menace de sa grand-mère s'il réalise son projet (voir à la lettre Q)... Il y perdra un doigt dans une conserverie de sardines, en retrouvera un autre aussi sec, mais surtout rencontrera l'amouuuuur en la personne de Jin, une demoiselle rencontrée dans l'ascenseur, toujours plongée dans la "lecture" d'un livre blanc qu'elle ne comprend pas (et pour cause, il est écrit en italien!)...

Ca pourrait être aussi un genre de catalogue, de fourre-tout cinématographique, de bazar à la Méliès, où l'on expérimente/inventorie les différents  effets, techniques, de style, de caméra, de narration, de lumière, en les illustrant à chaque fois , mais sans volonté didactique lourde, juste comme ça, pour voir, pour  le plaisir...

Ca pourrait donc être un petit film charmant, naïf, plein de trouvailles, de n'importe quoi(s) ravissants, drôles, attendrissants. Avec juste une petite réserve : la musique (car c'est aussi parfois une comédie musicale!) un peu  trop proliférante à mon goût avec les choeurs chabadadada mais bon dans toute chanson, aussi thaï et fine qu'elle soit, il faut bien aussi des bémols de temps en temps... Hard candide ?

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25 septembre 2006

animal on est mal

FLANDRES
de Bruno Dumont

Autant dire que j'y allais un peu à reculons... Parce que je n'avais pas aimé L'Humanité (je me souviens d'avoir passé le film à me tortiller sur mon siège en me demandant si j'allais sortir de la salle ou rester là) et parce que les amis qui l'ont vu me parlaient de "film dur", "très dur", "très très dur", "à voir un jour où t'es en pleine forme..."

DONC, dimanche, seize heures, il pleut à seaux, et hop, tiens, si j'allais voir Flandres ?
Effectivement c'est dur. Mais pas tant que ça ; comme diraient les "jeunes" de Claude W. " Ca finit quasiment bien, à la fin, y a comme une lueur d'espoir, non ? ". Oui, je l'ai un peu reçu comme ça. (Et aussi -ouch!- comme on reçoit un direct.)  Pourtant, tandis que le générique de fin se déroule, dans un silence complet, chacun des spectateurs surprend (suspend) sa propre respiration, s'y réhabitue. Revient à la réalité.

Le film pourrait être sous-titré Du désespoir comme carburant, en temps de paix comme en temps de guerre. Trois parties : la première est verte et humide, paysages glacés, le ciel est livide, la terre, glèbe glaise, labours, colle aux bottes avec des bruits mouillés. C'est le monde de Demester, un jeune paysan. Demester au travail dans sa ferme, Demester au bistrot avec ses copains, Demester et Barbe. Barbe qu'il aime, (peut-être, à la façon dont il la caresse du regard) mais avec qui les échanges sont réduits au minimum vital. Barbe qui joue et batifole (!) entre Demester et Blondel, un autre. Des plans longs, lents, pour un monde bas, plat, étroit, où le quotidien est aussi rugueux que les mots y sont rares. Puis Demester, apprend,  en même temps que ses copains, qu'il doit partir à la guerre. La guerre ? Une guerre, n'importe quelle guerre, et le film change de couleur.

La seconde partie est beige et sèche. On y suit le quotidien des recrues, Demester et les autres qu'on a vu grimper avec lui au petit matin dans ce camion militaire, quotidien entre empoignades et embuscades, opérations de commando et représailles, viol et assassinat, dans un pays à mi-chemin entre l'Algérie et L'Irak (oui, n'importe quelle guerre...). Une idée de guerre, une épure de guerre. Pas de volonté de réalisme, juste l'illustration d'un état. Demester a laissé le bonnet de laine noire qui lui descendait bas sur le front pour le crane rasé des militaires. La poussière, l'air sec, l'ont transformé aussi, physiquement. Endurci, blindé. De boeuf placide en temps de paix le voilà transfiguré en animal, terrible, tellurique, et filmé en tant que tel par le réalisateur. Et dans le même temps parfois si faible, si pitoyable. Taureau lourd, brutal, aux pulsions primales. La saillie, le sang,  la peur, la fuite...

La troisième partie alterne le vert et le beige, le mouillé et le sec, va et vient entre les séquences ici/là-bas, (c'est l'hiver en Flandres, Barbe est enceinte, mais de Blondel, ne sait pas si elle va garder l'enfant, a des problèmes...), à la neige répond le sable, à la violence des exécutions répond celle de la dépression, de la folie peut-être. Puis nous laisse  enfin voir Démester de retour. Seul. Le paysage  qu'il avait quitté en automne, il le retrouve en été. Barbe aussi. Barbe qui réussira in extremis à extirper de lui un double aveu, celui de sa lâcheté d'abord, puis, l'ultime, et plus difficile encore... In extremis

Une évidence : Flandres est un grand film. Le choix d'acteurs non professionnels (avec évidemment une mention toute particulière pour Samuel Boidin et Adélaïde Leroux) le parti-pris de quasi-mutisme, l'ampleur des plans, l'absence de musique, la sècheresse de l'argument, autant d'éléments qui  concourent à en faire  tout sauf un film facile (comme on parlerait d'une fille facile.) On peut -légitimement- ne pas accepter les choix du réalisateur, au risque d'en faire une lecture faussée voire un contresens. Bruno Dumont cherche, visiblement, à ne pas être aimable, délibérément. La pose (la posture) auteuriste peut paraître incommode, voire insupportable, mais elle est tout sauf complaisante. Pas de concessions, et ce souci l'honore.

Et c'est dommage que, malgré un nombre de salles plutôt conséquent, le film n'ait réussi à toucher que si peu de monde. Ah, c'est sûr, on n'est ni dans les Bronzés 3 ni même dans Je vous trouve très beau. Peut-être que le miroir ainsi tendu a fait fuir l'assistance...

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24 septembre 2006

mitigeur

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(attention, ça raconte les fins!)

L'IMMEUBLE YACOUBIAN
de Marwan Hamed

Film-fleuve égyptien (Nil, donc ?), adaptation d'un roman idem (Nil 2, le retour ?), qui raconte sur presque trois heures tout un tas de destins entrecroisés (vivant justement dans -ou sur- ce fameux immeuble cairote), avec la volonté de dresser une sorte d'état des lieux de la société égyptienne contemporaine. Ma copine Dominique qui d'habitude "s'ennuie toujours un peu" m'avait dit ne pas y avoir vu le temps passer. Moi si, un peu quand même. Bilan des courses : l'homosexuel cultivé et raffiné (quoi? un cliché ?) qui draguait des militaires finit assassiné, le jeune-qui-n'a pas-pu-devenir-policier-parce-qu'il-est-pauvre-et-est-donc-devenu-intégriste est abattu dans une opération qui tourne mal, l'ex cireur de chaussures devenu politicien corrompu trouve encore plus politicien et corrompu que lui, et la vierge pure finit dans les bras du vieux beau.
Oriental, alangui, véhément. Mélo (pour le plaisir)

TAXIDERMIA
de György Pálfi

Mon ami Hervé m'avait appâté en me le présentant comme un FAQV (film à quéquette visible). Ce qui n'est pas du tout faux dans la première partie, mais bon. Trois parties donc, et trois générations. Ca commence très bien avec le grand-père officier - comme dans le cochon, rien à jeter là-dedans- (comme si le cinéaste y avait vraiment mis tout son coeur) ça se gâte avec le père ( sportif en concours de bouffe et donc de gerbe) et ça se ratatine avec le fils (qui finit par s'empailler lui-même lors d'une looooongue scène finale qui flirte avec la complaisance la plus vomitive. Ce que j'ai failli faire en sortant de la salle. (A ma connaissance, premier film avec une teub qui crache des flammes sur l'affiche.)
Hongrois, viril, furieux. Provoc' (pour le plaisir)

LES BERKMAN SE SEPARENT
de Noah Baumbach

Niklas m'avait fait regretter de l'avoir raté cet été. Petit film (par la durée : 1h20) narrant la séparation d'un couple (le titre original La pieuvre et la Baleine était plus judicieux, vous comprendrez pourquoi à la toute dernière image) et les effets produits sur leurs deux enfants (et, accessoirement, sur leur chat). Bien fait, bien écrit, joué très juste, traitant, comme a dit mon ami Michèle en sortant "tous les aspects du problème". Les hauts et les bas, les colères, les reproches, les souvenirs (et les regrets aussi), les jours de garde alternée, les gamins qui morflent. Et Jeff Daniels très craquant en intello avec sa belle barbe. Pourtant... je suis resté "à distance" pendant toute la projection. Comme quand on se sépare : sans vraiment trouver de reproches à lui faire.
Américain indépendant, mélancolique (pour le plaisir).

22 septembre 2006

bus jaune

LITTLE MISS SUNSHINE
de Jonathan Dayton et Valerie Faris

version courte :
C'est vraiment vraiment vraiment bien, allez-y!

version longue :
Dans la famille "Bus jaune" je voudrais... toute la famille! La fille, Olive, gamine un peu boulotte mais fondante, qui s'exerce devant la télé à reproduire la gestuelle de Miss America, le fils, ado à mèche noire et oeil torve qui pratique la muscu et le voeu de silence à cause de Nietzche, la maman, qui fume en conduisant (et en téléphonant!) et prétend que non non elle n'est pas en train de fumer, le père, gentil looser persuadé d'avoir trouvé la formule imparable pour ne plus looser, et, pour faire bon poids, je rajoute le grand-père, renvoyé de l'hospice pour cause de caractère de chien, et qui se cache dans les toilettes pour se sniffer une petite ligne d'héroïne rapidos, sans oublier  le tonton gay droopyesque, spécialiste numéro un de Proust sur le continent américain,  qui vient pourtant de rater son suicide...

Ce petit film est délicieux, ce petit film est miraculeux. Il devrait devrait être remboursé par la sécu, tellement il est énergisant, euphorisant ( voire anabolisant ?) . Allez le voir un jour où vous vous sentez un peu gris gris ramolli rabougri, vous verrez, ça devrait vous faire de l'effet, genre cigarettes qui font rire, mais en  mieux encore ! Pourtant, c'est filmé à la va comme je te pousse (ou poussé à la va comme je te filme ?), enfin je veux dire rien de particulièrement chiadé au niveau filmage, juste du simple, du basique (comme ce fut le cas, pour Transamerica, il y a quelques temps, autre petit film indie de la même catégorie les buddy road movie-), mais combien plus efficace et touchant que bien des grosses machines prédigérées sans états d'âme mais les deux mains dans le tiroir-caisse comme le cinoche ricain sait nous en pondre -et je suis poli- à la chaîne.

Olive, donc -par un heureux coup de pouce du hasard- peut participer à l'élection de Little Miss Sunshine, et après un conseil de famille aussi dinatoire qu'agité, il est décidé que tous - chacun avec ses raisons (plus ou moins) propres- prendront le (vieux) van familial jaune (et un peu pourri), direction la Californie. Bien entendu, ils n'ont pas beaucoup de temps, et ce périple va devenir de plus en plus une course contre la montre, au fur et à mesure que s'accumulent les pépins et les imprévus (mécaniques, humains, familiaux) inhérents à ce genre de road movie (le film ouvrirait-il la voie à un nouveau genre, le family road movie ?) Enfin, ils vont finir par y arriver, à ce fameux concours, et c'est là que tout va commencer vraiment à péter les plombs sérieux...

Pour moi qui suis un vieil orphelin, en voyant ça j'ai vraiment une envie forte, une soudaine nostalgie de famille. Surtout de celle-là. On s'engueule, on se réconcilie, on se prend le chou, on se met en colère, on se serre les coudes, on s'explique, on se console, on rassure. Bien sûr, ça a quelque chose d'idéal, c'est une famille de cinéma, mais qu'est-ce que c'est bien ! La structure est simple, le film est une succession de chapitres (la présentation / le repas / le conseil de famille/ le départ/ la panne / etc...) les situations sont prévisibles peut-être mais drôlement bien amenées, les personnages existent, énergiquement (aucun ne restera  pétrifié dans le carcan de ses gimmicks), les interactions (orageuses parfois) sont  plutôt bien (d)écrites (question dialogues, ça dépote !) Bref, on voudrait que ça dure, encore et encore! Et le  scénario -malin- alterne astucieusement les émotions, de la tendresse à la tristesse, de l'éclat de rire au coup de blues... Jaune le bus, mais un vrai arc-en-ciel, ce film! Comédie habile, finalement plus acide (au sens de chlorhydrique) qu'acidulée, avec gags qui -comme dirait téléramioche- font mouche (je me suis surpris à maintes reprises à rigoler comme une baleine).
Bref, très chaudement recommandé!

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17 septembre 2006

conjonctivite

QUELQUES JOURS EN SEPTEMBRE
de Santiago Amigorena

A priori, un cas d'école : un film à la distribution hétéroclite (Binoche Turturro Forestier Demy Nolte...) pour une critique  disons... hétérogène (sur allociné, seule la critique du MMonde donne ****, les autres sont beaucoup plus bas - ** pour Libéchounet, * pour Téléramuche, et rien du tout pour les Cahiais ou Les Zinrocks...- diantre! Peut-être valait-ce la peine que je passasse dans mon placard secret pour y revêtir mon costume de RDBDFMA (Robin des Bois des films mal-aimés) ? De toute façon, j'avais envie d'aller au ciné, et j'avais pas envie de voir Meurtrières (l'autre film envisageable à 18h) donc, allonzygo!

Et alors ? ET ALORS ? (comme dans la chanson... ) héhé ben pour une fois, disons que je resterais bien entre les deux, ni grimpage au plafond Mondesque, ni zérotage pointé Zinrockois. Mitigé, quoi. Ni tout blanc ni tout noir, dans le flou... Et, question flou, le réalisateur en connait un rayon ! Visiblement il a un grand faible pour les focales très courtes (voire extrêmement courtes), ce qui fait qu'en général dans la plupart des plans la zone de netteté est très réduite (voire réduite à néant) Bon, c'est joli, parfois ça se "justifie" par le fait que Binoche porte des lunettes (qu'elle enlève régulièrement), ça correspond peu ou prou au flou artistique de l'histoire mais, avouons-le des fois c'est un peu énervant parce que systématique -il y a quasiment toujours quelque chose de flou dans le champ, quand ça ne contamine pas jusqu'à l'image toute entière!- et moi aussi du coup régulièrement j'enlevais mes lunettes pour les essuyer, des fois que ça serait viendu de moi.

L'histoire est simple et compliquée : un espion (agent double ? triple ?) américain, après un premier rendez-vous manqué à Paris, redonne rendez-vous à Venise à ses deux enfants qui jusque là ignoraient chacun l'existence de l'autre (sa fille française qu'il a jadis abandonnée et son fils américain - enfin, le fils de sa seconde femme- ) avec une ancienne collègue pour chaperon, tandis qu'il est pris en chasse par un tueur fêlé mais poète (avec il fut autrefois associé)  qui veut absolument le dézinguer, avec en plus une paire de banquiers louches qui ont absolument besoin de le voir parce qu'ils sont inquiets pour leurs pépètes... et tout ça dans la première quinzaine de septembre 2001... (ça vous dit quelque chose, non ? allez un indice, le film se termine le 11 -bon anniversaire Elisabeth, private joke-)

Ca démarre plutôt pas mal, dans le décalé : Juliette Binoche (pour une fois dans un rôle sans pathos, quel bonheur de la voir rire et faire des sous-entendus salaces... ) émerge d'un plan flou de chez flou artistique et vient chercher Sara Forestier (qui est en train de nourrir ses oies, si si!), et nous voilà embarqués avec elles dans cette aventure improbable. C'est... comment dire pas désagréable du tout, la première moitié fonctionne, à mi-chemin entre John le Carré et ... Raul Ruiz (?) On n'y croit pas vraiment, comme on a l'impression que les acteurs eux non plus n'y croient pas vraiment (Juliette qui parle couramment arabe, Sara qui astique son flingue, Turturro qui poétise en téléphonant à son psy en français, Mathieu Demy en banquier interlope (désolé j'ai oublié le nom du jeune américain sain qui lui, joue visiblement et simplement un rôle de jeune américain sain...) ils jouent à jouer, dirait-on. Alors, joueur, on est prêt à jouer avec eux.

Mais voilà qu'on arrive à Venise et que tout ça commence un peu à se ramollir, à se distendre, à patiner. Les agents secrets, les millions, les gros flingues, les complots mystérieux, les héros sans visage, on en a un peu assez. Et on commencerait presque un peu à s'ennuyer (témoins en sont mes quatre djeunz voisins tout au bout du rang -j'avais supputé qu'ils s'étaient trompés de salle mais non- qui s'étaient relativement bien tenus jusque là et ont commencé à chuchoter, à allumer leur portable, à faire tressauter le popcorn au fond de sa boîte, à se lever pour aller rechercher du soda gazéifié à la caféine, à passer ou recevoir de mystérieux appels jusqu'à ce qu'ils finissent, suite à un ultime coup de fil, par se lever comme un seul homme et déguerpir, à dix minutes de la fin...) et c'est un peu dommage quand le spectateur commence à regarder sa montre , et surtout, (bien que moins attentif) à deviner à peu près tout ce qui va se passer avant les personnages, en baillant un peu d'ailleurs. (En plus mon copain Hervé aurait été TRES déçu, Venise est filmée un peu tristounettement - genre Conflans Ste Honorine- enfin bon moi je ne connais pas Venise, ni Conflans d'ailleurs-)

La fin est attendue, grosse comme une maison, on n'y coupe pas, mais la toute toute fin (on a d'abord l'impression que le réalisateur va finir comme il a ouvert, sur un plan d'ensemble follement flou, mais non, ça dure, ça dure, ça zoome et on revient progressivement à la  réalité la plus crue, mais par le biais d'un petit écran qu'on ne distingue pas très bien d'ailleurs -on en entend juste les commentaires de la spicrina ) n'est pas dénuée d'une certaine élégance. Oui, je trouve qu'Amigorena se sort plutôt sobrement du chausse-trappe où il aurait pu s'abîmer bien plus grave.
Alors, plaisir pervers de cérébral tordu peut-être, mais bon je  mettrais entre deux et trois étoiles, comme quoi j'ai pas détesté du tout du tout. Improbable, oui c'est bien le mot...

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9 septembre 2006

majeur

BLED NUMBER ONE
de Rabah Ameur-Zaimeche

On l'avait découvert en noir et blanc, dans le lucide et prometteur WESH WESH QU'EST-CE QUI SE PASSE ?, on le retrouve ici, en couleurs, de l'autre côté de l'océan, mais toujours aussi lucide. Rabah Ameur-Zaimeche filme comme il parle : simplement, doucement (en apparence). Mais les échos du film continuent de résonner longtemps, à la façon de l'écho de la guitare de Rodolphe Burger, qui a composé la musique du film, mais y intervient aussi en personne, lors de deux scènes superbes (la première m'a ému, jusqu'aux larmes, et la deuxième aussi d'ailleurs, tiens)

Karim,arrivé de France (dont on finira par savoir qu'il sort de prison) débarque en Algérie. C'est l'homme au bob orange, celui qui ne parle pas beaucoup, qui se promène, qui observe,  et semble être immédiatement en porte-à-faux avec les traditions (il ne prie pas, il boit de l'alcool, il va parler avec les femmes)  toujours très vivaces dans le bled en question. Il va alors croiser Louisa, jeune femme en colère, partie de chez elle avec son fils, chassée par son mari, et revenue provisoirement dans sa famille "dont elle fait la honte".

La pudeur extrême du récit de cette rencontre (qui ne constitue d'ailleurs qu'une des lignes de force du film) force le respect. La narration privilégie le non-dit (et le non-montré), forçant le spectateur à combler les vides, à reconstituer ce qui est resté derrière la trame, tous ces fils de couleurs entrelacés dans une broderie  dont on ne saisirait pas toujours le dess(e)in. Le réalisateur procède par petites touches, comme sur la réserve, à l'image de son héros (son alter ego) qu'on pourrait  croire quasiment absent, tellement il est traité en mineur, d'un peu loin. Le film avance par bonds et par zigzags, parfois un peu rudes (certains changements de plan sont surprenants -je n'ai pas dit maladroits, hein, je ne suis pas assez calé pour juger, je dis juste surprenants-), tant dans la diversité des thèmes abordés (le retour au pays, la religion, la condition féminine, l'intégrisme, la famille, les rapports hommes / femmes) que dans le traitement des scènes (entre le réalisme ethnographique et la fulgurance poétique, s'est enraciné un travail indéniable sur la couleur, le cadrage, la composition, avec des effets de contraste plutôt saisissants)

Je reviendrai, pour conclure, sur les deux admirables scènes que j'ai déjà évoquées, avec Rodolphe Burger  (à la guitare) et Rabah Ameur-Zaimeche (à la présence muette),au mileu et à la fin du film, la première comme une respiration, la seconde comme un soupir. L'intervention physique du musicien de la bande-son au sein de la fiction est d'autant plus forte qu'elle est à chaque fois filmée très sobrement. La première m'a pris par surprise, et vraiment subjugué. Faisait longtemps que je n'avais pas ressenti comme ça la beauté convulsive (comme dit le poaite), en pleine face, au détour d'un écran. C'est peut-être ça, le plus étonnant cette (comment pourrais-je dire ?) démultiplication entre la sobriété -l'économie ?- des moyens mis en oeuvre (plan fixe, une guitare saturée et reverbérée, un homme qui joue, un autre homme accroupi, herbe pelée, eau immobile, et basta) et l'intensité tangible de l'émotion provoquée (tout du moins en ce qui me concerne,hein..) J'étais pantelant.

Un homme à suivre donc, (et doublement), même lorsqu'il sort du film, comme ici, en biais et à contrejour. Sans pathos. Furtif. Ce p'tit gars là, avec son bob orange, il ira loin...
Welcome to my top 10!

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3 septembre 2006

ma tasse de thé

TOURNAGE DANS UN JARDIN ANGLAIS
de Michael Winterbottom

Méfiez-vous de cet homme, il est capable de tout, du meilleur comme du pire. C'est, dirons-nous, un auteur inégal. Et là, dans le cas présent, ça donne quoi ? Un truc very british : quelque part entre nonsense, monty python, peter greenaway (à part peut-être madame thatcher) avec un rien de truffaut (celui de la nuit américaine et, plus emblématiquement, du film dans le film) Yes, un genre de Yorkshire pudding, peut-être moins lourd mais en tout cas à la recette aussi compliquée (difficile de se souvenir de tous les ingrédients et de leur utilité) mais, comme disait l'autre, c'est fin c'est très fin ça se mange sans faim, même s'il ya sans doute une deuxième couche à l'intérieur.


Un acteur anglais, Steve Coogan, (qui joue ici le rôle de Steve Coogan) tourne dans la version ciné de Vie et Opinions de Tristram Shandy (célèbre roman anglais -que je confesse n'avoir jamais lu- réputé pour son inadaptabilité à l'écran) en compagnie de Rob Brydon, un autre acteur anglais (qui joue ici le rôle de Rob Brydon jouant dans la susdite adaptation). Ils sont potes mais se bouffent aussi un peu le nez. Histoire(s), donc, d'acteurs, de rivalités, de susceptibilités mal placées, de petites mesquineries... Ego trip, quoi.

Winterbottom nous y plonge tout de go (on débute par une scène entre les deux acteurs au maquillage -où il sera question de couleur de dents et de tête de premier rôle-) puis on reste (même si la narration est un peu malmenée, délicieusement -pour nous spectateurs- cahotante par instants) dans le film (enfin, dans la fiction filmée) en compagnie de Steve  Coogan donc (qui joue à la fois Shandy et son père, normal puisqu'il n'est pas encore né) pendant un certain temps, avant qu'il (le réalisateur, le vrai, pas celui du film dans le film, vous suivez ?) n'élargisse soudain le cadre pour nous faire entrer dans la fiction filmante.On fera ensuite des va-et-vient entre les deux : pour que ça soit plus facile de se rappeler à quel niveau on est, il y a deux musiciens : Michael Nyman (ce qui accentue le fait qu'on ne peut pas ne pas penser à Peter Greenaway) pour les scènes en costume, et Nino Rota (enfin, un thème de) pour les scènes de maintenant  (tout le reste, c'est à dire).

Bref, il tente d'adapter à l'écran (comme on ferait avec un chausse-pied?) un bouquin inadaptable dans un film où tout le monde nous répète et tente de nous prouver que ce n'est pas possible de le faire, mais pourtant le fait (si ça c'est pas  du nonsense, est-ce ?), mais rassurez-vous, ça n'est jamais pesant ni ardu, c'est très drôle (un humour à froid, -so british donc- parfois cruel, irrévérencieux, des allusions, des jeux de mots -on joue pas mal avec les sous-entendus, des clins d'oeil...) avec ce contrepoids de folie douce qui permet de (dé)stabiliser un peu le navire dans les moments où la narration tangue un peu (ou pas assez).

On a donc deux films pour le prix d'un : (la vie et) les opinions de Tristram Shandy, mais aussi (et surtout ?) celles de Steve Coogan (enfin, celles que lui prête Michael Winterbottom), comme on a le film (l'accouchement, les forceps, la bataille de Namur, la veuve Machin...) et son making of (le maquillage, l'utérus, la script, les talonnettes, les vodka-tonic, le visionnement des rushes, Gillian Anderson...) On pense déjà à ce que pourraient être les suppléments du dvd, genre making of du making of du making of...

Une histoire sans queue ni tête ? Plutôt comme c'est dit en v.o dans le film  a cock and bull story, (ce qui joue encore plus sur le double sens ...) Pour le prix du billet, ici, on a les deux, rassurez-vous (enfin, finalement, tout de même, beaucoup plus de tête que de queue, non ?)

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29 août 2006

désorienté

TAKESHIS'
de Takeshi Kitano

Euh c'était quoi ? hein, ça racontait quoi ? Dans ce dernier film, on a l'impression que Kitano a pété les plombs. Grave. Drôlement. (Drôlement grave ou gravement drôle ?) On sort de là un peu ahuri, mais -en ce qui me concerne- RA-VI! , devant l'objet en question.
Kitano l'acteur, c'est ce personnage de tueur glacial  et impassible (le premier vu, Hana-Bi, en 97,  en compagnie de plusieurs japonais qui se marraient comme des baleines nippones pendant tout le film, ce qui m'avait déjà fait me poser quelques questions sur le sérieux de l'entreprise) à lunettes noires et gros flingue qu'il a utilisé dans plusieurs films, avec quelques variations.
Kitano le réalisateur, lui, a su nous entraîner, doucement, progressivement,vers un ailleurs plus improbable (parti de l'hybridation entre la violence la plus brutale avec l'humour le plus saugrenu, il a su bifurquer vers la tendresse lacrymale ou l'esthétisme bluffant) à travers des films aussi différents que A scène at the sea (très zen), L'été de Kikujiro (très drôle), ou Dolls (très beau, très triste).
Zatoïchi, l'avant-dernier que j'ai vu, faisait déjà l'effet d'un sacré drôle de machin, entre l'ultra-violence tellement ultra-violente qu'elle en devenait drôle, (ah, ces bras tranchés au sabre avec les arabesques du sang qui gicle...) et la scène finale, où répparaissaient tous les personnages du film pour une apothéose aussi chorégraphique que bordélique. Déjà là on aurait du un peu se douter...

Spatialement (pour simplifier -?- les choses) Takeshis' est comme un oignon percé de clous de girofle : on peut  en faire le tour de l'extérieur, et, dedans,il y a toute une série de pelures concentriques, de plus en plus serrées, qu'on peut traverser indifféremment dans un sens ou dans l'autre, pour passer d'un plan de réalité à un autre, au moyen d'objets ou de personnages qui sont autant de clés ouvrant des portes potentielles (on ne sait jamais ce qu'on va trouver derrière) : un flingue, un bouquet de fleurs, une chenille, un cuisinier acariâtre, une groupie énamourée, un clown triste, deux sumotori, des joueurs de mah-jong... Poussant jusqu'au bout sa logique schizoïde, Kitano y interprète deux rôles : le sien "en vrai" (qui est déjà double : l'acteur Beat Takeshi et le réalisateur Takeshi Kitano) et celui de son sosie, acteur raté, qui enchaîne les auditions ratées, travaille peut-être dans une supérette, porte un joli blouson croquignolet rose et vert, et visiblement passe son temps à se faire son cinéma... Les deux alter ego vont se croiser plusieurs fois, mais au bout d'un moment on ne saura plus vraiment qui est qui et qui fait quoi (et vice-versa)
Un genre de version nippone de La science des rêves ? Ben, on n'en est pas très loin... vous savez, comme ces rêves où on rêve qu'on rêve, et qu'on se réveille, et qu'on raconte son rêve dans le rêve. Sauf que là, pas de bricolage (aïe, je ne vais pas me faire encore que des amis!), que du cinéma, et des artifices de cinéma ! Et que ce(s) rêves(s) éveillé(s) n'a (n'ont) pas tant pour objet l'amour (et la jolie voisine) mais plutôt le film et la place qu'on y tient. (D'ailleurs Kitano avoue avoir utilisé deux vrais rêves lui appartenant pour les inclure dans le film)
Donc ça flingue à tout va (quand est-ce que c'est vrai/vrai et quand est-ce vrai/faux ?) ça auditionne, ça joue au mah-jong, ça mange de la soupe (ou des spaghettis bolognaise ?) ça met des yakusas à la poubelle, ça fait le clown, mais surtout, ça ne se prend pas au sérieux (ou -nuance- ça fait semblant de)

Bref, ça m'a séduit, conquis, emballé, par ce côté  extrêmement léché, élaboré, mais, en même temps, très coq-à-l'âne (certains diront confus), bordélique, do it yourself.

Vous connaissiez déjà l'auberge espagnole, venez visiter l'auberge japonaise!

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(ps : ce post a été écrit complètement à jeun, je le précise)

26 août 2006

failles, faillites

SELON CHARLIE
de Nicole Garcia

Finalement, ça n'est pas si souvent qu'un film me fait cet effet-là. L'effet-bulle. Le générique est terminé, on a quitté la salle, on est rentré à la maison, pourtant on est toujours dedans. Sans savoir à quoi ça tient. On est un peu ballant, vacant... Peut-être parce qu'il s'agit d'un film dit "choral", qu'il dresse une sorte d'état des lieux de l'identité masculine (enfin, soyons précis, de l'identité mâle hétérosexuée) et que, forcément, il confronte in fine chaque spectateur à soi-même, à ses choix, à ses faiblesses, à ses erreurs, bref, à sa propre vie, quoi. On se dit  oui, j'aurais pu être dedans...

Oui, c'est un film que j'ai envie de défendre, alors que visiblement, la majorité des critiques, probablement de sexe mâle, semblerait plutôt avoir envie de le descendre... Pourquoi ? Ne serait-ce pas parce qu'il est réalisé par une femme ? Non mais de quoi elle ose se mêler celle-ci semblent dire tous ces hommes, poussant des cris d'orfraie, blessés dans leur viril orgueil. Des fois, je me sens comme le Robin des Bois des films : le défenseur des faibles et des opprimés...

Ils sont sept, donc : un maire (Jean-Pierre Bacri), un chercheur (Patrick Pineau), un prof de SVT (Benoît Magimel), un ex-taulard (Benoît Poelvoorde), un jeune champion de tennis (Arnaud Valois), un mari adultère (Vincent Lindon), et son fils (Ferdinand Martin), le Charlie du titre. Certains se connaissent, la plupart pas, mais à l'issue des presque deux heures du film (il semblerait que 20 minutes aient été hélas coupées depuis la sortie Cannoise) ils se seront tous croisés, effleurés, touchés, voire frappés. Sept d'un coup, donc, (comme le Vaillant Petit Tailleur), ça en fait donc, des histoires, que le spectateur (c'est bon pour les neurones) doit reconstituer (j'aime bien faire ça : relier a avec b, comprendre que la femme de machin est la maîtresse de truc, essayer de deviner ce qu'il y a en réalité entre x et x', additionner 2 et 2 sans que ça fasse forcément 4, enfin, vous voyez bien le genre, hein...) Tout ça après une séquence d'ouverture polaire qu'on ne comprendra qu'à postériori.

Le chercheur a organisé un colloque dans la ville du maire, il semble déjà connaître le prof de sciences, qui a dans sa classe Charlie, dont le papa adultère doit aller chercher du ciment au supermarché devant lequel l'ex-taulard fait des repérages en vue d'un casse -foireux- à venir. Voilà pour la mise en route, grosso modo. (Et le champion de tennis me direz-vous ? ah très bien j'en vois qui suivent... ben il fait sa petite cuisine dans son coin (c'est d'ailleurs l'histoire la plus légèrement traitée (peut-être a-t-elle pâti des 20 minutes de coupe ?) J'allais presque dire qu'on aurait pu s'en passer car elle est vraiment trop coupée des autres, trop en retrait, pour qu'on puisse s'attacher au personnage, et, qui plus est, le comprendre!)

Pas la peine de vous gâcher le plaisir en en racontant davantage. Sachez juste que tous ces mecs sont montrés sans artifice, avec leur quota de sourires, d'inquiétudes, de lâchetés. Comme des vrais. Des mecs qui mentent, des mecs qui trompent leur femme, des mecs qui hésitent, des mecs qui flippent, des mecs qui regrettent... Le film se déroule sur un espace-temps plutôt restreint (l'espace d'un week-end), et Nicole Garcia a l'élégance de ne pas tout nous mâcher, de ne pas nous avoir  bricolé une mécanique d'orfèvre pour que pile-poil à la dernière minute, la dernière pièce s'emboîte et whizzzz! on a tout compris. -et tout va bien- Non non, pas du tout. Et si elle se plie à la règle de la "conclusion happy-end" propre au film choral (vous savez, juste avant le générique, on vous montre chacun des personnages, avant de le quitter...), les images qu'elle y montre ne sont pas si complètement happy que ça. Ou plutôt faussement happy. Que voulez-vous, life goes on... et y a pas de raison que tout soit devenu rose d'un coup d'un seul.

Bien sûr il y a des facilités, bien sûr il y a des invraisemblances, bien sûr il y a des maladresses, mais l'important ce sont les personnages -je veux dire les acteurs- qui livrent ici dans leur ensemble (Bacri en sourires, Magimel en doutes, Poelvoorde en demi-teinte, Lindon en profil bas...) une partition à la hauteur des ambitions de la réalisatrice. C'est ce que j'appelle un film "de gens", où les décors n'ont pas tant d'importance que ça, ce qui compte, ce sont les visages, les corps, les peaux. Et les histoires.

Et ne serait-ce que pour voir notre Jean-Pierre B. affublé d'un petit chapeau pointu, où en train de faire la chenille dans une maison de vieux, ça vaut le déplacement! Car le terme de comédie dramatique est ici mérité. Si la tonalité d'ensemble est plutôt sombre, quelques éclats, quelques sourires, viennent deci-delà avec bonheur en aérer le propos. Comme la gent féminine, qui vient se poser ici en contrepoint de cet aréopage masculin somme toute un  peu lugubre, un peu compassé et jouer sa petite musique -ironique ?- pour accompagner la marche des machos.

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22 août 2006

bluffant

MIAMI VICE
de Michael Mann

Moi qui n'avais plus regardé de feuilletons télévisés depuis Mannix ou Les compagnons de Jéhu, j'avoue que je m'emmêle un peu les crayons pour les séries américaines suivantes. Par exemple, pour le film qui nous intéresse, j'ai tout d'abord cru qu'il s'agissait d'un remake de Starsky & Hutch (et je me demandais pourquoi ils avaient changé les noms des héros.) Non, je plaisante (juste un peu) mais bon...

Je n'y allais donc pas pour la nostalgie TV, juste j'aimais bien le réalisateur, Michael Mann (qui m'avait déjà fourni quelques plaisirs cinéphiliques : Le solitaire (81), Le sixième sens (86), et, dans une moindre mesure Le dernier des Mohicans (91) -mais là j'avais surtout craqué pour Madeleine Stowe!- ; et non non désolé je n'ai pas vu Collateral, à cause de Tom Cruise. Oui, je suis Cruisophobe, c'est ainsi...) et puis il y avait Colin Farrell au générique (oui oui, est-ce une faiblesse ? mais j'ai -c'est le cas de le (re) dire- un faible pour cet homme-là, surtout là, comme ça, avec la moustache, le pas-rasé, les épaules d'armoire normande, les gros sourcils, la petite queue (oui, oui, quand il réunit ses cheveux longs avec un élastique...tsss qu'alliez-vous penser là !)


Des précédents films de Michael Mann, j'avais surtout retenu le goût des ambiances nocturnes, la "polarisation" autour d'un acteur central (James Caan dans un cas, William Petersen dans l'autre), un goût certain de la musique décalée, et une non moins certaine virtuosité filmique. Eh bien là, tout pareil, tout bon! Ville, malfrats, bleu nuit, violence, zik, belle image...

Ca commence comme j'aime : pas de générique, pas de présentations, pas de préliminaires, on se trouve d'emblée précipité(s) dans une boîte de nuit, (techno, danseurs, videurs, barmen, mafiosi, putes...), où se trouvent nos deux héros (Colinou et Jamiechounet), au boulot,  en train de faire on se sait pas trop quoi, de surveiller on ne sait pas trop qui, ça a l'air très compliqué et d'ailleurs on s'en fout un peu, puisqu'on va très vite passer à autre chose. Très vite y a des gens qui meurent, des hélicoptères qui survolent, des portables qui sonnent, des grosses bagnoles qui carburent, des gros pétards qui tirent... bref, la panoplie de base, le minimum requis pour ce genre de "polar urbain contemporain", mais avec -indéniablement, et ça se sent dès le démarrage- un je ne sais quoi de plus intelligent, de plus brillant, de plus baroque, bref, de mieux fait. C'est pas du prêt-à-porter, c'est vraiment de la haute-couture. Le client en a pour ses sous.

J'aime vraiment la façon de filmer de Michael Mann. Il est très fort. Dans  la composition des plans (il ose plein de choses pas formatées les très gros plans, les compositions obliques, les changements de focale, les premiers plans flous, les cassures de rythme...), dans le rapport image/musique (parfois utilisée de façon paradoxale), dans le montage, la précision du rythme, et ce jusque dans les scènes -attendues ?- de fusillades qui ne dépareraient pas, par leur rythme, leur intensité, et leur violence furieuse, chez certain adepte du polar hong-kongais...

L'histoire ? je l'ai déjà dit, on s'en tape un peu : les truands, les agents, le FBI, la CIA, les indics, les traîtres, que sais-je encore, les agents doubles, la frontière entre flic et voyou... rien de très original là-dedans (Soyons franc ; je n'ai jamais vu (oui oui, smiley avec les joues rouges de honte) un épisode de la série et je ne peux donc pas me prononcer sur la fidélité ou non à l'esprit de ladite. encore une fois, quelle importance ? Mann s'est vraiment approprié tout ça... On ne fait que brasser les cartes d'un jeu déjà bien connu : l'amour, la mort, la dope, les keufs. Et pourtant voilà deux heures quinze béton, au terme desquelles, quand les lumières se rallument, on a le sentiment de ne pas avoir été pris pour un con (ce qui, dans ce genre de productions, se produit de plus en plus souvent)

En plus (mais ceci est très personnel) c'est un film assez hirsute, plein de poils et de cheveux -à priori donc plutôt viril-bourrin- (les coupes des deux héros, déjà, (boulaz' d'un côté et longueurs et pointes de l'autre), les divers effets de barbe en gros plan, les cheveux gramouillés du méchant-sous-chef, la barbasse du méchant-chef-chef, avec heureusement la touche hyper féminine et Gong Liesque qui vient nous la jouer sublimissiment "coz I worth it!" avec ses cheveux jolis jolis et plus ou moins apprêtés/défaits selon la torridité des scènes. (d' executive woman à woman in love) et c'est vrai qu'elle forme un couple assez chaud avec notre ami Colin F.(capillairement parlant....) Ca tombe pileux/poil, quoi!

Et le film nous lâche comme ça, après le morceau de bravoure où pan pan pan quasi tout le monde est mort, avec cette réjouissante note double d'amoralité : le flic déguisé en malfrat qui laisse échapper la jolie scélérate parce qu'il l'aimeuh, et surtout (c'est ça qui m'a chiffonné) le fait que tous les méchants sont morts (bien fait pour eux, z'avaient qu'à pas) sauf le méchant très méchant chef chef. Y a pas d'justice, mon pov'monsieur...

Prêt pour le numéro 2 ?

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