imam à moto
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LE POIRIER SAUVAGE
de Nuri Bilge Ceylan
Somptueux.
Je m'étais promis de revenir le voir dans le bôô cinéma, et j'ai bien fait. Certains film sont des chambres de bonne, d'autres des hôtels à petit budget, ou des bicoques de guinguois, celui-ci est une cathédrale. Carrément. Ne nous y trompons pas, le réalisateur en a tout a fait conscience (d'avoir bâti ce genre d'édifice), et ne se prive pas de nous le faire savoir (et, même, il le revendique.)
Je voulais le revoir dans le bôô cinéma parce que j'avais un peu dormi, la première fois, au Victor Hugo, et que j'avais envie de le voir en entier, je voulais qu'il ne m'en manque rien, et c'est chose faite, puisque, si j'ai un peu (re)dormi cette fois-ci, ce n'était pas aux mêmes endroits, et donc tout va bien.
J'ai donc retrouvé avec grand plaisir le jeune Sinan, qui revient chez lui avec l'espoir de faire publier son premier livre, Le poirier sauvage, et affronte son père, à qui il estime avoir pas mal de reproches à faire, dans un récit fait d'amples plans-séquences correspondant chacun à une rencontre et/ou un échange spécifique, jusque'à une scène finale qui m'a bouleversé tout autant que la première fois...
J'avais dormi au début, je ne comprenais pourquoi Sinan avait soudain un bleu sur la figure (j'ai vu la scène de la bagarre de coquelets, et j'ai compris pourquoi). Et Catherine m'avait missionné pour être attentif, et voir si la proposition de réponse qu'elle avait à la question "Avec quel argent a-t-il financé l'impression de son bouquin ?" était vérifiée, et c'est incontestable : quand on le sait et qu'on retourne voir le film, le montage nous indique que oui oui c'est bien ça (mais je ne veux pas spoiler pour ceux qui ne l'auraient pas vu)...
Et pour revenir à la fameuse scène dite "des imams" qui m'avait un peu ennuyé à la première vision (et la quasi unanimité des spectateurs avec qui j'ai discuté m'ont dit qu'eux-aussi l'avaient trouvée longue) j'y ai été, cette fois, spécialement attentif. C'est peut-être une des scènes les plus longues du film, mais, ce qui m'a frappé, c'est le statut particulier qu'elle a, de par le découpage et le montage. C'est la scène la plus découpée du film, celle où le réalisateur multiplie les changements de plan, de focale, d'angle de prise de vue, comme pour mieux l'"aérer", la faire passer...
Et confirmer combien j'ai adoré, encore une fois, la scène finale (qui a provoqué, aussi, la même interrogation chez tous les spectateurs avec qui j'en ai parlé : Ce qu'on voit dans le puits, c'est vrai, ou pas ? Et c'est une vision de qui, du père ou du fils ?)
Bref, encore un grand bonheur de cinéma, et un grand merci à NBC.