poulailler 88
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le plaisir de recevoir une carte postale des Soria (de la série "Les Alpes pittoresques")
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3 fois Bruno Ganz dans L'Ami Américain
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j'apprends aujourd'hui (un peu tard donc) l'existence du Festival AFLAM
festival du film arabe en ligne du 26 mars au 04 avril
là
(films gratuits)
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une vieille une des Inrocks (1998) exhumée sur twitter
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"Vous savez quoi ? L’autre nuit, on a fait le rêve le plus fou depuis un bail : pensez donc, on prenait l’apéro sur le zinc. Sans masque, ni gel hydroalcoolique. Et là, on ne vous parle pas d’un gorgeon levrette entre les courses du marché et le Lavomatic.
Chardonnay
Non, on vous cause d’un vrai apéro avec autant de brèves de comptoir que de biberons ; un marathon de la causette ; un biathlon où tu glisses sur le chardonnay et que tu tires sur la pompe à bière. Un truc où tu bois avec des copains, quoi, où tu planques la lutte des classes derrière la licence IV quand le milord côtoie le cave, l’apache, la bourgeoise, le ronchon, le philanthrope. Mais si, mais si, ça existe encore. Suffit de flairer les bons abreuvoirs. Bon d’accord, on ne vous parle pas ici des lounges pièges à gogos où la musique d’ambiance est aussi fade que les cocktails à remplir les tiroirs-caisses.
Loufiat
Non, là, on vous jacte des rades où le percolateur ronfle de bonne heure à l’embauche quand les voix sont râpeuses comme du papier de verre ; quand le loufiat pas réveillé est aussi accueillant qu’une mine Claymore. A cette heure-là, les fauves ont la queue basse comme l’horizon. Ils n’aspirent qu’à une chose : s’en revenir le soir pour se rincer l’humeur de l’ennui de la journée.
Schopenhauer et Beyoncé
L’apéro, c’est la douche qui vous décrasse des emmerdes avec le gant de crin du pastis, du demi et du ballon de pif. Il suffit d’un tour de chauffe sur le comptoir pour faire monter le deux temps à bavasser. Tout y passe : les gars, les filles, le chien, le chat, le canari, la réforme des retraites, la dernière paire de Nike tombée du camion, Schopenhauer et Beyoncé. Pas besoin d’attestation de sortie de route pour lâcher des conneries, y a prescription jusqu’à la dernière gorgée.
Petits mâchons
Alors, forcément, quand un fâcheux regarde sa toquante pour s’excuser qu’il a soufflé au fromage ce soir, on le noie à l’aligoté comme une portée de chatons. C’est qu’on est là pour "manger liquide" comme on dit chez les moblos (gendarmes mobiles) après les grandes manœuvres. Enfin, "manger liquide", presque. Car le taulier veille au grain. Pour faire durer la verticale de muscadet, faut des munitions solides sinon on risque l’accident industriel sur le carrelage et dans les commodités. Tout gargotier qui se respecte a toujours quelques provisions de bouche pour éponger les trop-pleins. On ne vous parle pas ici des affreuses cacahouètes et autres saloperies salées, pièges à cons pour vous faire picoler davantage. Non, ici, il est question de vrais petits mâchons où le radis fait chonchon avec le saucisson, la rillette, le pain grillé et la tapenade et pourquoi pas la harissa pour les gones qui savent se tenir.
Cubi esseulé
Parmi le beau linge, on appelle ça apéro dînatoire. Mais pour nous, les traîne-savates du bitume, c’est plutôt le casse-croûte des zonards du mektoub. Et vingt dieux qu’ils nous manquent ces apéros de bistrots car, sans eux, la vie est triste comme un cubi esseulé dans une cuisine Ikea depuis cette satanée pandémie. Alors on l’attend comme le petit Jésus dans la crèche, ce jour béni où l’on retrouvera le comptoir. Et promis Madame la ministre Marlène Schiappa, il n’y aura ni "chaos" ni "décompensation éthylique" comme vous le redoutez. Juste du bonheur."
(l'irremplaçable Jacky Durand / Libé)
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Et quelle meilleure date, quand on y pense, pour annoncer un re-re-re-concon que le premier avril, hein ?
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