SOMEWHERE
de Sofia Coppola
(Je tiens quand même à préciser que j'ai payé 9,10€ pour le voir!)
Je voulais me "rendre compte par moi-même" (j'aime plutôt bien bien la demoiselle Coppola, et le film en question avait me semble-t-il reçu des critiques plutôt... diverses. il fallait donc.)
Je dois dire que ça commence plutôt mal : en 10 minutes on droit à deux "ballets" de demoiselles jumelles avec des toutes petites robes et des tout aussi petites culottes qui font de la danse synchro autour de barres métalliques comme dans les clubs pour hommes-les-vrais, plus un troisième, mais cette fois-ci par une fillette sur des patins à glace, et tout ça au bénéfice du même homme, le héros du film. C'est un acteur en pleine gloire (avec un patronyme sonnant américano-rital), mais qui, après s'être foulé le poignet, doit prendre un peu de repos (dans un hôtel de luxe de chez luxe) et -faisant le point- soudain perçoit comme un flottement dans sa "divine" existence, et se laisse aller (pour la petite histoire, il porte le même t-shirt pendant pratiquement tout le film, les ligues puritaines et hygiénistes américaines (pléonasme) ont de quoi s'indigner...) à un certain... laisser-aller, justement, mais heureusement Cléo, sa fille de 11 ans, va (peut-être) l'aider à "réagir".
Je pensais à cette vieille rengaine de Claude François (! pfouh, les références!) "Pauvre petite fille riche"... C'est exactement ça. Un père séparé (on ne saura jamais vraiment de qui) passe quelques temps avec sa fille, sauf qu'ici c'est déplacements en Ferrari, en avion, ou en hélico, hébergement dans des suites princières avec piscine privée, invitation à des soirées de gala, bref rien que de très normal pour "ces gens-là"... Et un peu énervant pour nous autres spectateurs lambda et pauvres cloportes du tout-venant des classes dites moyennes (ou "petites moyennes"). mais que, finalement, ces lieux successifs sont pour les personnages juste un "somewhere", justement, rien qu'un quelque part, parce qu'il faut bien vivre là et comme on a l'habitude de vivre.
DONC un film insupportable au début (si je n'avais pas payé cette somme astronomique pour le billet, peut-être serais-je sorti ?) et qui, au fur et à mesure qu'il ralentit, (qu'il prend son temps, fait moins de bruit en passant les vitesses, épure sa syntaxe), devient de plus en plus simple, "banal", et (donc ?) attachant. Car, voilà, tout ça est raconté (un peu à la première personne) et filmé par Sofia Coppola, et (je sais, je ne suis pas objectif, mais je pourrais lui pardonner presque tout), on ne peut que se rendre à l'évidence : qu'est-ce que c'est bien fait!
Ce mec à qui on a envie de donner des gifles dès les premiers images (re)construit petit à petit (magistralement) son rôle (son personnage) au long du film. Plus ça avance (dans l'histoire) et mieux ça va (pour le spectateur), qui a craint un instant un numéro spécial de la vie des animaux sur "les pauvres riches" mais non pas du tout. Un père et sa fille. Du quotidien -ou c'est tout comme-. Des petites choses, minuscules souvent, presque invisibles parfois. Petits bonheurs partagés, des fois simplement juste le temps qui passe, et qu'on passe ensemble.
Il y a une indéniable élégance, que ce soit à propos de la façon de voir, de la construction du film, et, bien évidemment, de ce qui est montré. Même si on a pu -un peu hâtivement à mon sens- faire un parallèle avec Lost in translation, le film navigue un peu ailleurs, dans d'autres eaux. Et plus on approche de la fin et plus ça touche, plus ça émeut. avec de moins en moins d'effets. Les deux dernières scènes , aux petits oignons. Une avec un hélicoptère et quelque chose qui aura du mal être entendu, et la dernière, tellement (in)attendue qu'on n'osait pas l'espérer, qu'on est content que ça finisse comme ça tout en n'étant pas très sûr de comprendre pourquoi...
Et qui donc a parlé d'un "film sur l'ennui" ? (mais bon j'ai peut-être dû mal comprendre...). C'est drôle, plus j'y pense, et plus j'ai envie de retourner le voir.