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lieux communs (et autres fadaises)
cinema
3 novembre 2010

rosario, safet, et les autres...

LES RÊVES DANSANTS
de Anne Linsel et Rainer Hoffmann

Vous me connaissez un peu : c'est assez rare que j'ajoute ma (petite) voix à un concert de louanges critiques : soit j'ai refusé  dès le départ d'aller voir le film en question, soit je l'ai vu dès sa sortie (ou, si possible, avant) pour pouvoir être -si c'est le cas- louangeux individuellement. Comme disait Georges "je suis celui qui passe à côté des fanfares et qui chante en sourdine un petit air fondeur..." Enfin, j'aimerais.
Le film en question, on avait voulu le passer en sortie nationale dans le bôô cinéma pour le mois du documentaire (on était alors très en amont, et on n'en avait encore guère que le titre et le résumé succinct), mais comme il y avait peu de copies, on n'a eu qu'à se brosser, et on a donc passé autre chose (tout en gardant celui-ci sous le coude, espérons, pour -on verrait bien les critiques- un avenir proche.)

Voici deux semaines qu'il passe à Besac, je n'ai pas pu le voir dès que je l'aurais voulu (je n'en avais qu'un écho très élogieux de mon amie Dominique, mais je m'en méfiais un peu vu qu'il y a quelques années elle m'avait envoyé voir Buena Vista Social Club et que je m'y étais copieusement ennuyé, si si...), et il semble bien qu'ici, comme ailleurs, le bouche-à-oreille fonctionne du feu de dieu (après le Beauvois, voici un doc en train de grimper au firmament, ce que personne ne semblait avoir prévu...) Je l'ai donc vu cet après-midi, avec mon amie Emma (qui présente des aptitudes lacrymales à peu près équivalentes aux miennes, ce qui fait que c'était bien et on a donc pu se lâcher...)

C'est magnifique. Absolument magnifique.

Des adolescents re-montent une pièce de Pina Bausch (Kontakhtof, créée en 1978), mis en scène par deux ex-danseuses de Pina Bausch, et supervisés par Pina B. herself. On les suit de A jusqu'à Z (le casting, les premières répétitions, l'évolution, les costumes, les filages, la générale, et la première, in fine, au Wuppertal Tanztheater.
Alternant, très simplement, les scènes de travail avec les interviews des jeunes danseurs, qui nous parlent de leur vie d'ado, de leur famille, de leurs origines, de la vie en général et de ce que cette expérience a pu leur apporter.
C'est d'autant plus fort que le dispositif est simple.
Car tout ça génère -vraiment- une émotion extraordinaire. (j'ai entendu aussi d'autres voisines qui se mouchaient, et, à la sortie, il y en avait, des yeux qui brillaient) Parce que Pina Bausch, d'accord (j'ai le grand regret de ne jamais avoir vu aucun de ses spectacles "en vrai", sur scène). Parce que Kontakhtof, en soi (une pièce sur la recherche de l'autre, du contact, de l'amour). Parce que les musiques utilisées (dont la plupart me font venir les larmes aux yeux). Parce que la gestuelle et les mouvement d'ensemble. Parce que les ados, justement, dont aucun n'a dansé auparavant, et qui se donnent, avec la fraîcheur, la maladresse, la spontanéité, l'authenticité, inhérentes à ce bel âge.

Entiers.

Ils sont bouleversants. Tous. (Je n'ai pas pu m'empêcher de rapprocher ça de l'expérience vécue quelques temps auparavant, de la présentation des Règles du savoir-vivre dans la société moderne, de Jean-Luc Lagarce, mis en scène par Jean-Luc Clairet, avec une troupe d'enfants du cru, et de la différence d'éclairage que ça pouvait apporter à la pièce.)

Et parce que, aussi, (je termine mon énumération commencée quelques paragraphes plus haut...) de revoir ainsi le cycle de vie d'un spectacle vivant, des premiers balbutiements jusqu'à l'avant-dernier moment, ce sentiment mêlé d'enthousiasme et de trouille qui vous étreint, juste avant d'entrer en scène pour la première, et même le tout dernier (Pina  qui distribue une rose à chacun),  ça ne pouvait que (me) rappeler des choses, -oui, très émouvantes, je suis comme ça qu'y puis-je ?- comme je sais qu'immanquablement ça le fera à d'autres (n'est-ce pas, les rouges et ignorants ???) ...

Top 10

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31 octobre 2010

d'la douceur, d'la douceur...

HOMME AU BAIN
De Christophe Honoré

C'est incontestable, François Sagat a un cul magnifique. Sublime. Et on comprend que Christophe Honoré ait pu ressentir, face à lui, la même fascination que, disons, Abbas Kiarostami face à Juliette Binoche pendant le tournage de Copie Conforme (je ne dis pas ça au hasard, tant, dans les deux cas, ça nous aura donné des films inhabituels, en marge, de la part de leur réalisateur, même si la comparaison s'arrête là. Encore que. (-a film destructuré , post destructuré ?-))
Je m'y rendais plutôt circonspect (les échos et les critiques diverses en avaient été diversement... enthousiastes), il ne passait que 3 fois dans le bôô cinéma (3 séances à 18h en plus!) et nous étions ce soir 6 dans la salle (mais plus que 4 à la fin) -et j'étais le seul mec-.
D'ores et déjà, sans une hésitation, ce film mérite la médaille d'or du FAQV de l'année. Ça fait longtemps que, hormis sur les écrans "spécialisés" , on n'a pas eu droit à un tel... festival. Bon, celle de François, les (a)mateurs la connaissent déjà, sauf que là, elle est "nature", telle que, pas toujours au zénith comme les canons du porno l'édictent (et, en ce qui me concerne, rien n'est plus émouvant qu'une quéquette assoupie...) mais on a aussi celle(s) de quelques autres protagonistes...
Car, pendant qu'Omar (son amant) est parti à New-York présenter un film (avec Chiara Mastroianni quand même , hein) en lui enjoignant d'avoir quitté son appartement avant son retour, Emmanuel (François Sagat, donc)  resté dans la téci, essaie de se consoler, tout seul dans l'appartement (d'Omar). Le film alterne donc les scènes parisiennes et new-yorkaises (celles-ci au caméscope, et pour cause, ayant été filmées par Honoré lors de la présentation de son précédent film avec Chiara M. justement) Omar rencontre un jeune québecois qui ressemble à Al Pacino, et le filme sous toutes les coutures, pendant qu'ici le pôvre Emmanuel se rassasie de tout ce qui lui tombe sous la main (enfin, quand je dis la main...) Vrai-faux reportage, fausse-vraie histoire...
Il y a là-dedans un peu tout et n'importe quoi mais j'ai trouvé ça pas désagréable du tout. Je me suis même plutôt régalé par moments. Esthétique pure : le cul de François (je l'ai déjà dit) mais aussi tous ces corps d'hommes nus filmés amoureusement, spécialement d'hommes en train de dormir. ("Homme en somme" eût été plus judicieux comme titre, "Homme au lit" aurait prêté à confusion...) et oui qu'est-ce que c'est beau un homme qui dort (encore plus s'il est à poil).
Pose auteuriste, parfois, et que je te filme en biais, et que je coupe le son tout d'un coup, et que je remette deux fois le même début de chanson, et que je filme le grillage et tiens ma main pendant que j'allume un clope, et que je te bout-à-boute des morceaux qui n'ont parfois aucun intérêt, et que je te philosophe fumeusement...
Touchant aussi, à d'autres moments, où, alors qu'on ne s'y attendait vraiment pas, un petit quelque chose de très juste, presque de volé, vient furtivement vous ravir, vous émouvoir (le regard d'Emmanuel allongé à côté du couple en train de faire l'amour), comme un instant précieux.
Agaçant aussi à d'autres moments, ou flirtant quasiment avec le grotesque (François Sagat en petit short vert nous gratifie d'une séance de ménage aussi inspirée que celles de Susan dans la saison  7 de Desperate, les aficionados suivront mon regard) mais toujours retombant sur ses pattes, et rebondissant pour repartir ailleurs.
Qu'est-ce qui se dit, exactement ? Qu'il n'y a pas d'amour heureux et qu'on s'en tape ? Peut-être, oui.
Et, c'est vrai, je ne suis pas objectif non plus quand je parle de Chiara Mastroianni. Elle me plaît énormément aussi. Ne ferait-elle rien, comme ici, rien d'autre qu'être soi-même, que je l'aurais encore regardée pendant des plombes sans me lasser.
Voilà, sans conteste un drôle de film, mal fichu, trop court/trop long comme écrivait Zvezdo mais que j'ai envie de défendre. Quand j'aime, je ne compte pas.
Et en plus, ça m'a donné une de ces envie de manger des spaghettis, je vous raconte pas...

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27 octobre 2010

"j'entends déjà les quolibets..."

POTICHE
de François Ozon

Nous l'avons passé ce soir, très en avant-première (15 jours) dans le bôô cinéma. Les avis étaient extrêmement variés à la sortie : personne n'a détesté, l"une d'entre nous a adoré, les autres étaient contents, à des degrés variables. C'est pas le meilleur Ozon, c'est pas le pire non plus...
C'est, comment dire, un film tellement lisse qu'il pourrait en être botoxé. Un film joliment artificiel, gentiment satirique. Aimablement insignifiant, quoi. On peut juste se demander qu'est-ce qui peut pousser, "de nos jours", un réalisateur à adapter pour le cinéma un succès du théâtre dit "de boulevard", où triompha, en son temps, Jacqueline Maillan (que j'aime d'ailleurs énormément). En faire une œuvre quasiment expérimentale, en fixant sur la pellicule du théâtre filmé comme du cinéma qui revendiquerait son essence théâtrale ? Du soixante-dix-septième degré, quoi.
La reconstitution des années 70, justement, en est plus que consciencieuse, et on frôlerait là alors quasiment l'hyper-réalisme. Attention, toutefois, on n'est pas tout à fait dans Oscar, le rythme est moins hystérique, les portes claquent moins et les coups de théâtre -justement- sont moins claironnés, mais les acteurs assurent assez impeccablement dans le léger surjouage d'un texte très écrit avec juste ce qu'il faut de retenue et de distance à la fois pour qu'on les remarque en train de le faire.
Deneuve est très bien, Depardieu est énorme (et on a du mal à accepter son personnage de maire communiste quand on vient d'entendre ses dernières décalrations tonitruantes -dans la vraie vie- à propos des "trous-du-cul qui manifestent pour leur retraite"), ils sont tous très bien (et j'avoue un léger faible pour Judith Godrèche), dans la partition que, pour une fois, l'affiche du film (avec son "jeu des étiquettes") définit dès le départ assez justement.
J'ai regardé tout ça sans m'ennuyer mais sans en concevoir un enthousiasme excessif non plus.

Me restera cet échange, entre mère et fille :
"- mais... tu as pensé à tes enfants ?
- non, j'ai pensé à moi..."

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25 octobre 2010

chez-soi

AWAY WE GO
de Sam Mendes

Un rattrapage en dvd. On a passé le film dans le bôô cinéma, mais, je ne sais plus pourquoi je n'ai pas pu le voir. Vacances, sans doute ? Alors j'ai profité d'autres vacances pour le regarder.
Quel bonheur ! Un "petit film" selon son réalisateur, parce que sans stars contrairement à ses précédents, mais la différence n'apparaît pas à l'écran, justement. Un film doux, incontestablement,  un film tendre et attachant.
Que d'aucuns pourront trouver naïf ou idéaliste, mais, c'est parfois tellement agréable de se laisser porter...
Une jeune fille enceinte et son copain sont, par la force des choses, obligés de partir un peu sur les routes pour trouver l'endroit idéal où ils pourraient se poser, s'installer. Ils vont donc, dans des endroits très différents, visiter des membres de leurs familles ou des amis. Ce qui leur donne l'occasion, à chaque fois, d'expérimenter de visu une problématique familiale ou affective nouvelle...
Oui, le film est conçu comme une succession de scènes indépendantes, dont le fil conducteur est nos deux tourtereaux à chaque fois on the road again.
Et la musique d'Alexi Murdoch n'est pas étrangère à la sensation de douceur, de tendresse, qu'on éprouve à la vision du film.
Une petite douceur automnale.

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22 octobre 2010

fouines

LES PETITS MOUCHOIRS
de Guillaume Canet

Celui-là, je voulais le voir tout de suite, dès la première séance, parce que j'avais peur, après, de ne plus en avoir envie. Comment appeler ça, un pressentiment ? J'ai toujours eu un faible les films de potes, tout en sachant que c'est un sujet qui peut être casse-gueule, j'avais beaucoup aimé le précédent film de Guillaume Canet (même si j'avais plutôt des réserves sur la lourdeur et la maladresse de la fin) avec déjà, François Cluzet (que j'aime beaucoup, et Gilles Lellouche (que j'ai déjà évoqué ici, pour qui j'ai un -gros- faible, mais pour des raisons absolument pas cinématographiques.)
Résultat des courses ? Lellouche confirme tout le bien que je pense de lui (mais, je le répète une fois de plus,  je ne suis pas objectif), dans le registre de l'hétéro bourrin mal rasé grande gueule qui sous son aspect bourru cache devinez quoi, Canet confirme qu'il a du mal à finir ses films (mais pas que), Cluzet déçoit beaucoup (je crois que je l'ai rarement vu aussi pas bon : il joue pendant les trois-quarts du film en calquant quasiment l'évolution de son personnage sur celui que jouait Jack Nicholson dans Shining, -j'exagère à peine.-), et le film, dans son ensemble, peut être qualifié d'hétérogène (sans mauvais jeu de mots), tant il est instable dans les sentiments qu'il procure au spectateur : des petits moments agréables, justes, touchants, sont immédiatement gâchés par des grosses scènes lourdes en gros sabots, avec la grosse musique qui souligne, et les gros effets passés au surligneur fluo des fois qu'on ait pas tout bien compris (la dernière scène est, à cet égard, parfaitement insupportable, et je pourrais même aller jusqu'à injustifiable...)

Un groupe d'amis part en vacances, comme tous les ans, dans la propriété de l'un d'eux, malgré qu'un des leurs ne puisse pas venir, cloué en soins intensifs à Paris qu'il est, après s'être explosé -pas complètement à jeun- en scooter contre un poids lourd au petit matin.
Donc, le groupe de copains, des couples et des célibataires, qui vont vivre quinze jours de vacances au bord de la mer, avec les petites histoires de chacun, couples qui battent de l'aile, en devenir, en souvenir, en promesse, en creux, "normal", on a à peu près tous les cas de figures... Et ceux qui étaient célibataires au début ne le seront pas forcément encore à le fin, et vice-et-versa, mais quoique pas forcément. Scènes de repas, de virées en bateau, de levers et de couchers, sont plutôt sympathiques et réussies, les fou-rires et les coup de sang,histoires de vacances, quoi...
Sauf que. Le ver est dans la pomme. Voilà-t-y pas que, dès le début du film (après que Jean Dujardin  -c'est lui l'ami qui manque- ne parte à l'hosto) un des personnages masculins (Magimel) vient d'annoncer à un autre (Cluzet) qu'il aime ses mains, euh, quoi, qu'il est amoureux de lui mais hé heu attention qu'il est pas pédé, non mais oh hé, et l'autre aussi sec de crisper les sourcils et de rouler des yeux et de commencer à en faire des tonnes, comme Jack N.  Et c'est ce machin qui va servir de fil blanc (et conducteur) tout au long du gâchage de vacances, à grands coups de mâchoires crispées, de regards lourds et de sous-entendus qui ne le sont pas moins. Et, aïe, je crois que c'est ce qui m'a mis le plus mal à l'aise dans cette histoire, la façon dont ce segment est traité : ça me fait mal de le dire, mais je pense que Les petits mouchoirs est un film homophobe, ou, pour le moins, très hétéronormé. Les grosses plaisanteries grasses avec sourires entendus autour du mot enculé, les maillots perdus, tout ça est calibré pour caresser dans le sens du poil le bon public hétéro-bourrin.
On sent bien ce que Guillaume Canet a voulu gentiment faire, une gentille histoire pleine de gentils sourires et d'émotions gentilles, de sourires et de larmes,  genre ouais vous avez vu ils sont trop chouettes mes poteaux hein, mais le décor qu'il nous a planté, avec d'un côté mecs pleins de poils et de verve, et, de l'autre, dames pleines de grands yeux et de sentiment, finit par nous prendre à la gorge tant il est simpliste et -simplement- désolant. Comme qui dirait les quéquettes d'un côté et les cœurs de l'autre, pour faire simple. Mouais. Avec une ligne et demie de scénario pour chacun. Mecs en sur-régime et femmes en sous. Et les personnages "extérieurs" (le coureur hyprazen et l'ostréiculteur hypralucide), censés apporter un autre éclairage, sont du même bois, du même tonneau, et ne sont introduits là , raplaplas, que comme sujet de moquerie  (récurrent et lourdingue) ou comme diseur de quatre vérités (lourdingue et maladroit). Ohlala.
Questions références ciné, on évitera Les copains d'abord, et même Vincent François Paul et les autres, on serait, hélas, peut-être plus près de Camping 2, mais bon, le pire dans tout ça c'est que le film risque de plaire "au plus grand nombre", qui ne pourra que se reconnaître dans ce miroir complaisamment tendu.

Bon, c'est comme ça, c'est planté.Tant pis. Ca aurait pu... mais ça n'a pas été. Quand viendra la fin de l'été...

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12 octobre 2010

parti en sifflotant

CHANTRAPAS
de Otar Iosseliani

En sortant j'étais plutôt ravi, alors qu'en entrant j'avais peur de m'ennuyer un peu. J'ai vraiment beaucoup beaucoup aimé tout le début, même si la suite s'effiloche un peu, se désagrège, enfin surtout s'étire un peu trop (j'ai ressenti le redoutable symptôme dit "des fins successives" : tiens ça pourrait s'arrêter là, ça serait bien (et puis non) ou alors là , ça serait bien aussi, (et re-non), ou encore là...  Tel quel , le film est certes un tout petit peu longuet (n'aurions nous pas, d'ailleurs, deux films pour le prix d'un  ?), mais c'est aussi, pourtant, en l'état, un de mes préférés de l'auteur!
C'est un cinéma que j'ai du mal à définir : "autre", "différent", "décalé", "en marge", "à côté", aucun ne lui convient exactement. Un cinéma de sourire en coin et d'espoirs silencieux, un cinéma d'exigence et de poésie, un cinéma de réalisme et d'ironie, un cinéma de clopes et de gnôle (oui, il semble que les Géorgiens brûlent la vie par tous les bouts : non seulement ils fument tous comme des pompiers, mais ils boivent comme des trous. Ils boivent de tout, du fort de préférence, partout, tout le temps. -Il faudrait compter les plans "sans bouteille" du film! -  Serait-ce donc ce qui caractérise la fameuse "âme slave" ?)
En plus, raison supplémentaire pour ceux qui me connaissent (et ce qui n'a pas échappé à Dominique) c'est en plus un film avec "un film dans le film" (Et quel film ! et quel film (écho) on ne sait plus trop duquel on parle...). Un réalisateur géorgien (qui a un copain et une copine depuis avec qui il partage tout qu'ils sont tout petits, genre Jules et Jimshivili...) essaie de réaliser un film, d'abord sur place (en Géorgie, donc), et ensuite à Paris où il est parti  / on l'a expédié parce que ça arrangeait un peu tout le monde.
Et c'est tout ? Oui c'est à peu près tout, mais c'est vraiment délicieux. C'est, comment dire, du vrai cinéma cinématographique (et à double titre!) Du qui vous fait sourire, qui vous attendrit, qui vous remet d'aplomb dans vos baskets, sans qu'on puisse vraiment expliquer comment la magie opère.
Il y a du Tati (c'est explicite et revendiqué), il y a du Pierre Etaix aussi (qui joue dedans, un monteur démonté, mon dieu je ne savais pas qu'il était encore vivant...) oui, on est dans un registre doux-amer, un peu en sourdine.  Drôle mais pas que. Attendrissant. Entre vraie roublardise et fausse maladresse...

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10 octobre 2010

c'est quoi la vie

bBEAUTIFUL PEOPLE
de Jasmin Dizdar

C'est Marie qui m'a prêté le dvd . Qu'elle avait acheté chez Noz. (je l'y avais reposé, me semble-t-il, le jour où j'étais tombé sur un arrivage de MK2 et qu'il avait fallu faire des choix. Je n'ai semble-t-il pas fait le bon,à cet instant.)
Un film de 99, qui m'avait complètement échappé, et que je viens de regarder. Un film à 3 B : british, bordélique, et bisounours (on pourrait aussi rajouter le B de Bosnie, mais ce serait fâcher les serbes et les croates).
British indeed, rien n'y manque, le thé, le foot, les pubs, l'humour, la petite pointe délicieuse de mauvaise foi, le zeste de mauvais goût, le flegme, l'excès...
Bordélique parce que c'est compliqué, tout du moins au début, de suivre et de démêler les destins plus ou moins entrecroisés de tous ces personnages.
Bisounours parce que le réalisateur réussit le tour de force (bon, c'était peut-être parce que j'étais très près de l'écran) de me faire venir les larmes aux yeux à plusieurs reprises, et surtout à terminer toutes ces histoires de façon assez youp-la-boum et totalement irréaliste (happy end général, les méchants deviennent gentils, les tourtereaux s'épousent, les bébés sont aimés, les ennemis se réconcilient, il y a de l'alcool et de la musique genre fanfare bosniaque (ou serbe ? ou croate ? enfin, ex-yougoslave) et c'est tellement bien que ça finisse comme ça... oui  vraiment j'adore.
Surtout quand tout ou presque dans le film renvoie au conflit en ex-Yougoslavie, et que ce n'est pas forcément facile  a priori d'en rire, ou tout simplement d'avoir un avis sur la question...

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8 octobre 2010

tiédasse

VOUS ALLEZ RENCONTRER...
de Woody Allen

Je ne peux même pas dire que j'ai été déçu, puisque je m'y attendais : le film est bien tel que l'annonce -justement!- sa bande-annonce : vieillot, ramollo, poussif, avec, en plus une lumière atroce. Au cas où je ne l'aurais pas vue (la bande-annonce), le  simple fait de mettre en accroche sur l'affiche un compliment venu du Fig*ro aurait pu un indice suffisant.
Mais bon, j'en avais envie, j'y suis allé. Et le résultat est bien à la hauteur de mes (des)espérances... Quel gâchis! Première constatation : c'est moche, indiscutablement. Mollement filmé, mal éclairé, flanqué d'une voix off sans réelle utilité. Ensuite, ce qui est plus grave, ce comme ce qui est annoncé comme une "délicieuse comédie",  n'est même pas vraiment drôle : on sourit quelques fois, on ricane quelques autres, mais juste sur une phrase qui fait mouche, de ci de là.
Au niveau du script, c'est encore plus la cata : Allen mélange plusieurs historiettes (à propos de mariages, de divorces, et d'histoires d'amours dans leurs différents états (naissance, vie et mort)...) autour d'une mamie (abandonnée par son vieux beau de mari au profit d'une plus jeune, plus blonde et -beaucoup- plus vénale) et de sa famille proche (sa fille, le mari de celle-ci, le patron de la fille, la voisine d'en face...), historiettes qui ont l'air de finir toutes plutôt pas très bien, sauf que, alors qu'un critique écrit "la manière fort élégante qu'il a de ne refermer aucune des tragédies potentielles dans lesquelles se sont engouffrés tête baissée les autres personnage", j'aurais plutôt envie de parler de "jem'enfoutisme avec lequel il laisse à la fin tout en plan  (et notamment le spectateur) pour poser là un vague happy-end pastoral,  comme s'il se désintéressait soudain tout à fait du reste."
il y a là-dedans une accumulations de thèmes qui auraient gagnés à être développés et sont juste esquissés (la voisine d'en face, la voyante, le livre volé, la défunte épouse...) mais dont la rapidité d'exécution rend -paradoxalement- l'ensemble plutôt poussif (j'ai eu l'impression que le film durait cinq heures...)
Bon, ce qui est sûr, c'est que ça ressemble assez à la vie, la vraie vie, où on n'aime jamais la bonne personne au bon moment (et réciproquement), mais je préfère Anton Tchekhov, dans le genre.
Non mais.

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(et  je trouve l'affiche très moche)

5 octobre 2010

pas le bon jour

POETRY
de Lee Chang-Dong

Comme Zabetta l'autre jour avec Happy Few.
Suis arrivé fatigué dans la salle, dimanche 20h pas ma séance habituelle du tout ça, en plus. Dès que ça a commencé, j'ai assez rapidement commencé par papillonner, puis piquer du nez, mais de la façon la plus horripilante : quelques secondes par ci, quelques secondes par là, saucissonnant ainsi le film de désagréable façon. En suivant "dans les grandes lignes" mais un peu de loin.
Impossible de lutter.
Un suicide du haut d'un pont ouvre le récit (comme pour le très beau et très triste Peppermint Candy, tu te souviens Zabetta combien nous avions les yeux rouges à la sortie de notre vieux Club 5?), celui d'une adolescente victime d'une série prolongée de viols par un groupe d'adolescents. Un de ceux-ci, spécialement ronchon et tête à claques, vit avec sa grand-mère, qui apprend toute l'histoire lorsqu'elle est contactée par les pères des cinq autres ados, afin de trouver une solution pour étouffer l'affaire.
Il s'agit pour la mamie à la fois de réunir une grosse somme (pour acheter le silence de la mère de la jeune suicidée) et de comprendre ce qui s'est passé.
Parallèlement à ça, elle continue de s'occuper hebdomadairement d'un vieillard riche et handicapé, s'inscrit à un cours de poésie, et apprend qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Beaucoup de pain sur la planche, donc.
Mais on la suit et on s'y attache, elle est vraiment adorable, cette mamie qui lutte contre l'adversité avec ses tenues fleuries ses gilets pastel et ses chapeaux crochetés.
Voilà, c'est incompréhensible, j'aurais normalement du adorer ça, et pourtant, fatigue oblige, je ne suis pas "rentré dedans" comme on dit. c'est dommage, mais ça ne m'a pas du tout touché. Pourtant, il y avait largement de quoi.

Sur la scène finale j'aurais normalement du être très en larmes (c'est très beau, quand j'y repense), pourtant je suis resté là, tout sec. Dommage, oui, dommage dommage.

Me reste une scène de raquettes, exemplaire (la mamie, le flic, l'ado), comme idée du plaisir que tout ça aurait du me procurer.

(C'est la faute à F*llon... )

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1 octobre 2010

oukha

AMORE
de Luca Guadagnino

Je ne savais pas trop, en y  allant... Le peu que j'en avais lu me donnait (un peu) envie mais... Comme le film passait pile poil à la bonne heure, on y est allé. Et j'étais drôlement (ce n'est peut-être pas le mot juste) content de l'avoir vu, en sortant de la salle, deux heures plus tard.
Soit une famille italienne (très) friquée, réunie autour du patriarche, le jour de son anniversaire. (Après un très beau générique enneigé, noir et blanc ou presque, on n'est pas sûr mais c'est très agréable, avec les aussi joliettes circonvolutions musicales de John Adams (que j'ai d'ailleurs pris pour Phil Glass). Le vieux barbu passe la main et confie la direction de ses affaires à son fils et un de ses petits-fils. Repas de (grande) famille en grandes pompes, argenterie, petits plats dans les grands voire très grands, loufiats, robes de soirée, nappe amidonnée, rien n'y manque...
Ding dong. Arrive à la porte un beau ténébreux porteur d'un gâteau pour le fils en question, qu'il vient de battre à la course (on ne parle que de ça, à table.) Il s'appelle Antonio, il est cuisinier, il est brun et barbu, ritalissimo, et va mettre un sacré bazar dans les histoires de la famille...
Et notamment celles d'Emma, femme et  mère des deux hommes qui  viennent d'être choisis par le patriarche pour sa succession, et accessoirement d'une fille, dont elle ne va d'ailleurs pas tarder à apprendre qu'elle aime une autre femme, et non le bellâtre que son père souhaiterait la voir épouser...
Non, ne racontons pas tout, laissons au spectatore (on dit comme ça en italien ?) le plaisir de la découverte des "trois actes" successifs de cette histoire somme toute banale (Emma maîtresse de maison / Emma maîtresse d'Antonio / Emma -plus du tout-  maîtresse de la situation) mais filmée avec ampleur, panache et démesure.
Pour rester dans le champ lexical, nous parlerons de maestria.
Le film est très brillant, épicurien, sensuel, sensoriel, et la façon de filmer du réalisateur à l'avenant. Qu'il s'agisse de déguster un plat d'écrevisses ou de faire l'amour dans la campagne estivale, par les images, la musique, le montage, la construction des plans, tout concourt à en mettre plein la vue du spectateur. Une virtuosité indéniable du filmage, qui pourrait presque faire courir le risque de parfois virer un poil à l'excessif. (Certains diront qu'ici tout est trop.) Et de sombrer dans le ridicule ? Disons qu'on serait toujours sur le fil. Et que la musique de John Adams (que j'ai, personnellement, plutôt beaucoup aimé) n'aide pas vraiment le film à rester raisonnable.
Il s'agit donc d'excès, mais comme dit le proverbe, ça n'est pas forcément nuisible ni déplaisant. Au contraire. Le ton et le traitement m'ont fait penser au film de Bellochio sorti l'an dernier (et dont j'ai malheureusement oublié le titre.) Ou, peut-être, forcément que les histoires des malheurs des riches ont besoin d'être encore magnifiées par cette emphase, cette démesure. En tout cas, moi, je me suis laissé avoir, et ce d'un bout à l'autre (les deux heures du film passent comme un TGV, à toute allure et avec grand fracas, et comme on est tout au bord du quai, ça décoiffe.) Puisqu'on est dans les analogies, la situation de départ présente aussi quelques amusantes similitudes avec Le premier qui l'a dit, de Ferzan Oztepek  (la grande famille, le textile au lieu de la pasta, la passation de pouvoir, le fils chéri...) avec peut-être, justement -je prêche pour ma paroisse- une ébauche de piste de sous-texte gay, non ? (quand vous aurez vu le film, on en reparle...)
Bon, évidemment, je ne peux pas ne pas parler de Tilda Swinton, et joindre ma modeste voix au concert de louanges. Oui oui je le confirme, elle est vraiment excellente; étrange et excellente, comme d'hab'  (mais bon euh c'est vrai je l'avoue -rose aux joues- euh j'avais le regard pas mal fixé sur le jeune cuistot barbu, et ne pouvais que me féliciter des choix d'Emma (le personnage joué par Tilda), tout en l'incitant à y aller franco (ça met quand même du temps à se décanter, toute cette histoire!) pour conclure...)
La fin est survoltée, mais vaut elle aussi le déplacement (dans chacune des parties le ton et la manière de filmer auront varié) En même temps prévisible et pourtant fascinante (même la musique passe à la vitesse supérieure). Le réalisateur paraphe avec brio cette histoire que d'aucuns trouveront simple, et le dernier regard échangé entre mère et fille justifierait à lui seul le torrent d'émotions qui ne manquera pas alors de submerger le spectateur.
Et tout ça pour une soupe de poisson. Au bouillon transparent certes, mais tout de même...

19482703

 

 

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