Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

lieux communs (et autres fadaises)

29 mai 2017

cannes17

(je ne manque jamais la cérémonie de cloture du festival de cannes -otons les majuscules ça va plus vite- et hier soir donc j'étais sur mon canapé, en tenue légère, à l'heure dite...)

Laetitia Casta oups pardon Monica Bellucci ouvre la cérémonie, en finissant son allocution sur la condition féminine dans le cinéma.
Caméra d'or : Sandrine Kiberlain a une tenue très fermée à l'avant, évoque "son" jury et "son" gouvernement
La réalisatrice de Jeune Femme est très émue et monte sur scène avec Laetitia Dosch à qui elle fait quasiment une déclaration d'amour
Palme d'or du court-métrage :
Christian Mungiu est tout petit  à côté d'Uma Thurman
Le grand réalisateur finlandais croit que c'est lui qui a gagné, se lève, remercie, mais n'a qu'une mention spéciale, il se rassoie
Le jeune réalisateur chinois à cheveux longs, primé pour Une nuit douce, dit juste "fucking amazing" avant d'aller se faire photographier
Benjamin Biolay vient chanter, avec piano et bandonéon (et plans de coupes sur plusieurs membres du jury qui ont l'air de se faire poliment chier)
Prix du scénario : deux ex-aequo
Lynne Ramsay pour You Were Never Really Here (qui sera assez brève), avec plan de coupe sur Joaquin Phoenix, impassible
Yorgos Lanthimos pour  Mise à mort du cerf sacré (qui sera très bref) avec plan de coupe sur Ariane Labed, rayonnante
Prix du Jury : Faute d'amour
Guillaume Galienne fait de la lèche à Almodovar
Zviaguintziev remercie le jury, et en particulier Will Smith ("qui existe vraiment..")
Prix d'interprétation féminine : Diane Kruger
Irène Jacob parle des actrices et cite Michel Berger (la groupie du pianiste)
Fatih Akin fait "yessss!" avec ses poings dans la salle.
Diane Kruger remercie "Fatih, son frère", qui acquiesce depuis la salle
Prix d'interprétation masculine : Joaquin Phoenix
Jessica Chastain n'a pas dit quelque chose qu'aAlomdovarchounet attendait qu'elle dise, il le lui fait remarquer
Joaquin Phoenix met du temps à réaliser que c'est lui
Il s'excuse de ne pas parler français et de n'avoir pas prévu ça du tout , la preuve : il montre qu'il est en baskets, et pas en chaussures vernies
Prix de la mise en scène : Sofia Coppola
(qui n'est pas là, mais Maren Hade lit un petit texte de sa part, où elle finit en remerciant son pôpa)
Grand prix du Jury : 120bpm
Costa-Gavras prend toute la place et évince quasiment Agnès Jaoui du micro
il finit son laïus par "on sait se cabrer"
Standing ovation pour Robin Campillo qui fait un speech très émouvant (on se demande comment va être l'ovation pour la Palme!)
Prix spécial du 70 ème anniversaire : Nicole Kidman
(qui n'est pas là, mais minaudera ensuite en vidéo depuis Nashville)
Will Smith (d'une couleur étrange) viendra cabotiner en son nom, l'imitera, puis proposera qu'on le prenne quand même, lui,  en photo
Palme d'or : The Square
Juliette Binoche ne laisse pas Pedro parler, "elle a un truc à dire avant" :
elle prononce le mot lumière dans plein de langues différentes
Le réalisateur (suédois) est très joyeux, esquisse un entrechat sur scène, remercie son producteur qui est le seul producteur à avoir dit que "le film aurait pu être plus long", et fait pousser à la salle entière un cri de joie, selon la tradition suédoise

J'aurai attendu en vain, pendant toute cette cérémonie , que soit prononcé le nom de Hong Sang-Soo...

27 mai 2017

l'élan blanc

N'ESSUIE JAMAIS DE LARMES SANS GANTS
de Jonas Gardell

Ce livre, je l'avais acheté dès sa sortie, conjonction d'un reliquat de chèque-cadeau et du fait que j'avais lu tous les romans précédents de Jonas Gardell -dont j'avais même adoré Et un jour de plus-, mais je ne l'avais pas commencé tout de suite. parce qu'il m'impressionnait un peu, par sa taille (600 pages, grand format, écrites plutôt petit) et par son sujet : les premières victimes du Sida à Stockholm, au début des années 80. Etait-il possible, pensais-je, crétinement, d'écrire autant de pages sur un tel sujet ? (oui je vous l'ai déjà dit je peux parfois être, décidément, très con).
Et, finalement, un beu matin, hop!, je me suis lancé.
C'était il y a quelques temps, déjà, mais je viens juste de le terminer. Et les dernières pages sont hallucinantes de force et de beauté. A l'image du reste, d'ailleurs. Je l'ai dit et répété aux gens qui me connaissent, depuis que ma lecture en a commencé, j'ai rarement versé autant de larmes en lisant un roman. Elles surgissent à intervalles réguliers, sans que l'écriture de jonas Gardell soit mélodramatique ou racoleuse ou que sais je encore d'autre. Ce monsieur écrit formidablement bien, et je trouve scandaleux que ce grand -très grand- bouquin soit honteusement passé ainsi à travers les mailles des critiques littéraires et autres décerneurs de prix (mais ils sont, peut-être, simplement, aussi très cons que moi je l'ai été, avant de l'aborder ???)
Deux personnages centraux, Rasmus, qui quitte sa cambrousse natale à 19 ans pour aller faire des études à la capitale (stockholm, en l'occurence), mais avec tout de même quelques arrière-pensées lubriques (il sait qu'il est gay, et veut enfin en profiter), et Benjamin, qui, s'il vit à Stockholm, n'a guère eu encore l'occasion d'en "profiter", puisque
a) il ne le sait pas encore, qu'il est gay
b) il fait partie des Témoins de Jéhovah (comme toute sa famille) et en conçoit d'ailleurs, au moins au début, un immense bonheur.
On va suivre l'histoire de ces deux tourtereaux beaux comme tout, avant, pendant, et après (leur rencontre, qui aura lieu lors d'un réveillon de Noël, chez Paul, un gay flamboyant, une folle d'anthologie, dont on suivra également l'histoire, le reste de la vie, comme celle(s) des autres membres du "collectif gay" qu'il a fondé : Reine, Lars-Åke, Seppo, Bengt...)
J'ai utilisé les mots reste de la vie volontairement car Jonas Gardell ne fait pas que nous évoquer un groupe de mecs gays à Stockholm dans les années 80, il va tout aussi minutieusement nous raconter l'apparition du SIDA, point par point, du début jusqu'à la fin, jusqu'aux fins je devrais dire, puisque du petit groupe de départ, saisi en cette fameuse veille de Noël où tout a commencé pour Rasmus et Benjamin (car il s'agit aussi, et surtout, d'une histoire d'amour merveilleuse), du petit groupe, donc, il n'en restera que très peu à la fin du roman.
Jonas Gardell présente les choses simplement (la vie de famille, "avant", la rencontre, le coming-out, les réactions familiales, la vie commune, les disputes, l'apparition de la maladie, les soins...) et abordera ainsi, successivement, chacun des personnages principaux au cours du roman. dans une approche jamais linéaire, concentrique plutôt,  tricotant passé et présent, tendresse et noirceur, via une écriture fasinante, elle-aussi se déployant entre la sécheresse du constat et le lyrisme de l'incantation.
Six-cent pages, ou presque, en trois parties (L'amour, La maladie, La mort), et, je le répète, j'aurai rarement pleuré autant au cours d'une lecture. Le genre de spasme qui soudain vous étreint et vous coupe la respiration au détour d'une page. J'ai retrouvé tout ce que j'aimais dans Et un jour de plus (la lucidité, l'humour, le lyrisme, l'anticonformisme) mais dans une forme beaucoup plus ample. car la "petite histoire" de Benjamin et Rasmus se niche et s'enracine dans une autre, la "grande", celle des luttes pour la "légalisation" de l'homosexualité, intimement liée, avant, pendant, et après, à celle du SIDA.
On referme le bouquin, sonné, et il reste dans la tête plein de scènes belles et fortes (les cent dernières pages, notamment, en fourmillent, mais on y est peut-être d'autant plus sensibles que'on sait que les personnages vont bientôt nous quitter...)
Un très grand bouquin, à la hauteur de son titre : magnifique.

81HQcy42sKL

23 mai 2017

laszlo szabo forever

103
LES FANTÔMES D'ISMAËL
d'Arnaud Desplechin

Ça c'est étonnant : la bande-annonce raconte un film, mais qui n'est pas celui qu'on va voir. Enfin, pas exactement. Qui n'en serait qu'une petite moitié. On savait qu'Ismaël avait des fantômes (enfin, un(e), surtout), mais on ignorait qu'il réalisait un film sur son frère (c'est une des autres moitiés du film). Et, comme souvent chez Desplechin (surtout dans les derniers films), il y a autant de choses qui me fascinent que de choses qui m'agacent.
Dès le début, si on connaît la bande-annonce, on est désarçonné puisqu'on est embarqué dans l'autre moitié du film (le film, donc, que tourne Ismaël, mais on ne le sait pas encore) avec des diplomates, suppose-t-on, qui parlent d'un autre diplomate, et de son protecteur. Question acteurs, je suis content, puisque je reconnais au milieu du groupe un acteur que j'aime beaucoup, Philippe Fretun, (qui je trouve, vieillit merveilleusement), puis en la personne du protecteur un autre acteur qui m'émeut, le grand Jacques Nolot, très "Ors de la République" en patron matois du Quai d'Orsay.
On découvre que (le jeune) Dedalus est joué par un fringant Louis Garrel avec les cheveux razibus (on n'a pas l'habitude, ça lui va bien). On croit encore qu'il s'agit d'Ismaël, jeune, mais on apprendra plus tard qu'il s'agit de son frère. Ledit ismaël (Amalric, bien sur, on n'est pas chez Desplechin pour rien) nous est présenté avec son amie Sylvia (Charlotte Gainsbourg, divine), et commence alors le film qu'on avait pressenti dans la bande-annonce. Un portrait de Carlotta (hmm hmm) nous apprend que sa femme a disparu 20 ans auparavant et qu'elle a été déclarée morte. On fait alors la connaissance de son vieux père (joué par un exquis Laszlo Szabo qu'ici on révère, n'est-ce pas Pépin?), un vieux cinéaste, qui est le meilleur ami d'Ismaël (qui n'hésite pas à se rendre à son chevet lorsqu'il le réveille en pleine nuit à cause de ses cauchemars). On aura entre-temps entamé le premier d'une série de flashes-back (intitulés "deux ans auparavant", où on apprend comment Ismaël a fait la connaissance de Charlotte (qui est astrophysicienne), qui (les flash-backs) réapparaîtront régulièrement par la suite.
Puis nos tourtereaux sont en villégiature sur une île (Charlotte à la plage, Ismaël dans son bureau) et voilà-t-y pas que réapparaît, surgissant quasiment des ondes (c'est très réussi) la fameuse Carlotta (jouée par une Marion Cotillard qui m'a plutôt surpris, tellement elle a la faculté de ne pas se ressembler du tout, par moments), qui fond sur Charlotte, se présente, et se fait ramener à la maison. laquelle Carlotta a une petite idée derrière la tête, concernat Ismaël, mais ne sait pas trop quoi faire avec son père (laszlochounet) : quand on réapparaît au bout de ving ans, on assume, et on ménage les vieux coeurs fatigués.
Et, comme dans la course de chars de Ben-Hur, tout ça va se mettre à galoper, de plus en plus vite, à se poursuivre, à se rattraper, à se mettre des bâtons dans les roues, à déraper, à s'emballer, à déballer, à remballer... et il est conseillé d'attacher soigneusement sa ceinture si on ne veut pas finir largué comme un vieux paquet soudain tombé d'une malle-poste mal fermée, et abandonné au beau milieu de la chaussée en pleine nuit.
Plusieurs histoires, plusieurs époques, plusieurs conflits... On a l'impression qu'il manque des trucs, que le montage est mucho eliptico (attention, je n'ai pas dit epileptico!) mais  il semblerait que Thierry F. soit intervenu auprès d'Arnaud D. pour lui faire raboter un peu la durée de son film, le faisant passer sous la toise des deux heures alors qu'il en faisait au départ un peu plus, et que cette autre version (orininale) aurait été également distribuée en même temps que celle-ci, dans quelques salles qu'on supposes parisiennes et élitiquement (?) choisies).
Enfin, tel que, ça fait un peu trop chantier cérébral à mon goût, avec connivences universitaires et cinéphiliques (à qui donc peut-ce faire une belle jambe que celui-ci s'appelle Bloom et l'autre Dedalus, hein ? Quelqu'un aurait-il écrit une thèse sur Joyce lorsqu'il était plus jeune ?), ça part dans tous les sens, mais Desplechin oblige, tous les critiques ou presque a-do-rent et révèrent et se prosternent. C'eût été signé de quelque moins panthéonique nom que, j'en suis sûr, des tomates auraient volé (j'exagère à peine) et que des bouches se seraient sans doute  davantage pincées (le "C'est bordélique!" que d'aucuns n'auraient pas manqué de crier se mue alors "C'est un feu d'artifice", par exemple. Et tiens, justement, d'artifice(s), on pourrait d'ailleurs en parler...)  .
On passe un excellent moment, on reconstitue les histoires sur son bloc-note mental, on comble les failles, on colmate les interstices, on surligne les citations, oui, c'est plaisant. On se dit que certaines scènes (de colère, notamment) semblent un poil excessives et surjouées et, pas justes, convaincquent donc moins, mais bon. Dialogues bien écrits, bien mis en place, acteurs excellents (ah je n'ai pas mentionné Hyppolyte Girardot, ni Alba Rohrwacher, ni Bruno Todeschini, qui pourtant le méritent.). On se dit que le traitement de la fin est spécialement désinvolte (plutôt qu'un déroulant nous informant des ultimes péripéties personnelles, il a été jugé plus intelligent de faire lire le prompteur -et faire le boulot- par Charlotte G., assise face caméra, ce qui constitue le comble de l'audace nôôôn ?)
Et on sort, quand même en se disant qu'on préfèrerait un cinéma peut-être moins brillant (clinquant) certes, mais qui se regarderait beaucoup moins complaisamment le nombril...

305976

22 mai 2017

taille de guêpe et gros pétard

104
LA VENGERESSE
de Bill Plymton & Jim Lujan

Je ne l'ai pas chroniqué tout de suite, et il s'est hélas déjà presque évaporé. Vu à une séance de retraité (jeudi, 13h45), seul dans la salle, et j'y ai hélas copieusement -et irrémédiablement- dormi, mais pas le sommeil de plomb boum! qui vous assomme pour une plombe, non, le petit sommeil sournois, exaspérant, clic je regarde clic tiens j'avais fermé les yeux clic je re-regarde clic oh mondieumonideu je re-dormais encore.
J'adore le graphisme excessif de Bill Plymton, ces visages et ces corps hypertrophiés, distendus, malmenés, ces personnages improbables, ces méchants d'anthologie.
je me souviens de la scène d'ouverture, ou un méchant retranché dans une chambre d'hôtel se fait arrêter grâce à un faux room service de clopes, de bières, et de magazines de cul
Je me souviens d'une belle brune (la vengeresse du titre) qui conduit des bolides et tire à l'arc
Je me souviens d'une mémé qui manie le taser
Je me souviens d'un ancien catcheur qui n'est pas le philantrope qu'il prétend être
Je me souviens d'un faux réparateur de wc
je me souviens d'un biker qui fait exploser la cuvette tellement il pousse fort
et je vous mets plein d'images tellement je suis morfondu de honte d'avoir si copieusement dormi.

anim-2

125194

349205

l_1024228-revengeance2-1200

383315

Revegeance

20 mai 2017

qu'angola que l'amour...

102
LETTRES DE LA GUERRE
d'Ivo M Ferreira

Un film dont j'ignorais tout avant qu'hervé n'en parle. Antonio Lobo antunes je connaissais juste de nom, mais je n'avais jamais fait l'effort de m'y plonger. Il s'agit ici des lettres qu'il a envoyées à se femme alors qu'il était médecin militaire en Angola. J'avoue que le résumé ne m'en avait pas fait plus frémir que ça et que je m'y suis rendu, cet aprèm', dans le bôô cinéma,  moitié par curiosité et moitié par politesse.
Et vlam! (c'est le bruit d'une claque (ou plutôt vlam! vlam! plutôt le bruit d'une bonne paire) dans la figure, pour figurer à la fois la surprise et l'intensité de celle-ci).
Ivo M. Ferreira a réalisé un film qui m'a mis doublement (voire, triplement) sur le cul. Lettes d'amour, donc D'Antonio Lobo Antunes à son épouse, lettres d'amour quotidiennes, tour à tour lyriques, embrasées, splendides, incandescentes, débordantes. Rien que ça pourrait justifier d'aller voir le film (elles sont lues le plus souvent par une voix féminine -celle de leur destinataire- mais quelques fois, aussi par une voix masculine (celle de l'expéditeur).
Et ces lettres viennent se poser sur les images de la vie de notre médecin épistolier en Angola, au sein d'une guerre où personne en comprend grand-chose. La vie militaire, quotidienne, au ras des paquerettes, filmée dans un noir et blanc à la fois simplissime et grandiose. Et le décalage entre ces deux formes narratives (au terre-à-terre de la vie des bidasses répond le ciel-à-ciel des lettres lues) produit un effet de sidération qui grandit plus le film progresse. Je m'en suis déjà expliqué plusieurs fois auparavant ici même, bien qu'étant un pacidiste convaincu je suis pourtant... séduit, très souvent au cinéma dès qu'il est question des bidasses, troufions et autres piou-pious, mais bien plus dans leur quotidien (le camp, les chambrées, l'inaction, les chaussettes sales, bref le prosaïque) que lors des attaques, représailles, et autres opérations logitisques et guerrières qui ne me passionnent pas vraiment.
Et (la référence m'avait fait peur car je n'avais pas vraiment aimé le film) le sublime noir et blanc à la Tabou (de Miguel Gomes) cisèle à merveille des ambiances à la fois triviales et lyriques (on suit le traintrain d'Antonio, le narrateur, au jour le jour, dans la rusticité moite de son camp à Chiunge, avec sa routine, ses incidents, ses rencontes) que la perfection des cadrages, des contrastes, des angles de prises de vue, viennent encore magnifier.
Et plus encore le texte de ces lettres d'amour, toujours fascinantes, mais dont quelques-unes sont carrément sublimes, tant l'écriture se fait incantation (je pense à une, notamment, qui n'est qu'une longue liste de qualificatifs de l'aimée).
Je m'en suis d'autant plus voulu d'être un tout petit peu tombé en somnolence au tout début du film, et j'ai dû me pincer avec la plus grande énergie pour, par la suite, ne plus en perdre une miette.
"Une splendeur" dit l'affiche, et c'est tout à fait juste.
Encore une fois merci, Hervé.
Top 10, probablement.

043650

16 mai 2017

tasse de thé

101
GET OUT
de Jordan Peele

Un petit film sorti d'à peu près nulle part, et exploité en France parce qu'il a rapporté beaucoup de pépètes aux USA. Affiche noir et blanc, simple, efficace (gros plan sur les yeux d'un mec), titre simple (dont on ne sait pas toujours exactement comment le traduire) tout à fait à l'image du film, puisqu'il est question de Noirs et de Blancs (faut-il une majuscule ou pas ?) Le film est en couleur (normal, pour une histoire de noirs et de blanc) et plutôt malin.
Sans surprise dans les surprises, que, justement, il distille à intervalles réguliers, ni dans la construction, (on croit deviner grosso modo ce pourquoi on est venu) mais incontestablement efficace. Après une scène d'ouverture "classique" (mais nocturne et inquiétante), un genre de mise en appétit, on fait la connaissance du héros (le black du regard de l'affiche) et de sa copine (blanche) qui partent en week-end dans la famille de la dulcinée. Comme c'est la première fois, il s'inquiète de savoir si elle a prévenu ses parents qu'il était black, et elle lui assure qu'ils ne sont absolument pas racistes. Ils ont l'air, effectivement, très sympathqiues et ouverts et accueillants et décontractés et souriants. Trop, peut-être, se dit le spectateur habitué à la structure des films "inquiétants".  D'autant plus qu'il hébergent chez eux deux personnages énigmatiques, qui font office de personnel de maison multicasquettes, qui ont la particularité d'être tous les deux noirs et un peu étranges... Le héros se relève la nuit pour fumer discrétos dans le jardin, il va expérimenter diverses choses, toutes aussi étranges.
Car, bien entendu, le week-end ne va pas se passer DU TOUT comme prévu, et je ne peux hélas en révéler davantage, mais il faut reconnaître que c'est bien goupillé, la montée progressive de l'angoisse, les détails mystérieux, les choses qu'on ne comprend pas sur le coup mais qui trouveront une explication ensuite... Vous vous doutez bien que personne ou presque n'est vraiment ce qu'il a l'air l d'être au début du film et que le héros va passer de Charybde en Scylla, et aura besoin de ruser grave (mais bon, normal, c'est le héros, il est fait pour ça , hein) pour réussir à s'en sortir.
Une bonne surprise, donc. (le film passait dans le bôô cinéma, mais uniquement en vf, j'ai préféré ne pas tenter l'expérience, et j'ai préféré attendre que quelqu'un de gentil le mette à dispo sur le ouaibe et en vo, pour le regarder sur mon ordi, samedi bien soir, et j'avoue qu'à la fin j'avais tout de même un peu les pétoches, dans le noir, je suis d'ailleurs descendu voir la fin de l'eurovision pour me changer un peu les idées...).
Un film beaucoup moins anodin qu'on aurait pu le croire à première vue (on pourrait même le qualifier de "politique", si si, à la façon dont le sont les films de John Carpenter, de Georges Romero, ou de Wes Craven) et qui a le mérite de finir "proprement" (il est plus question ici d'éthique que d'hémoglobine, sur ce dernier point, il faut reconnaître qu'il est très salissant), en nous épargnant, en plus, l'habituel et insupportable rebondissement hyperfinal qui vous fait sursauter dans votre fauteuil alors que vous croyiez que tout était fini. Non, là, quand c'est fini, c'est fini. (quoique, en y réfléchissant bien, un petit Get Out 2, non ???)

253940

affiche américaine

487327

affiche française

15 mai 2017

en long


IMG_20161006_120854
IMG_20170502_104346
IMG_20170331_135003
IMG_20170330_101545
IMG_20170214_125451
IMG_20170417_194730
IMG_20170127_120542
IMG_20161116_120645
IMG_20170430_140216

14 mai 2017

"dévergondées"

100
JE DANSERAI SI JE VEUX
de Maysaloun Hamoud

Le film est dédié à la mémoire de Ronit Elkabetz, et il est produit par son frère, Shlomi Elkabetz. déjà rien que le titre me plaisait, et  j'avais très envie de le voir. Et j'avais bien raison (même si, comme me l'a dit malou, Téléramuche ne délivre parcimonieusement qu'un seul petit T). Beau portrait de femmes, à Tel Aviv, aujourd'hui. Dès la scène d'ouverture, le ton est donné : une future mariée se fait épiler les jambes à la cire par une vieille femme, qui lui donne des conseils pour son futur état matrimonial : être belle, servir l'homme,... et fermer sa gueule. L'éternel "Sois belle et tais-toi" à la sauce palestinienne.
Tel Aviv a déjà été le décor de films que j'aime (notamment The bubble, d'Eytan Fox, si je ne m'abuse), ici, il sera plutôt nocturne (puisque c'est surtout-là que ces femmes peuvent tenter de vraiment vivre leur vie.) Noctambulerama. Pour danser,  chanter,  boire,  fumer (et pas que des cigarettes). Le film fait, justement, la part belle à la musique (électro) , - et Emma m'a rappelé que la bande-annonce m'avait, déjà, accroché l'oreille...-, et l'habillage (du film) est au diapason, avec un générique plaisamment graphique, duel, décliné en surlignage vert et rouge, soulignant ce que j'aime aussi beaucoup dans le film, le fait qu'il est israélo-palestinien (ou plutôt palestino-israélien, puisque, si la main qui tient la caméra est arabe, celle qui a donné les sous est juive...) et rien que ça, pour moi, constitue déjà une excellente raison d'y aller.
Trois femmes dans cet appartement (la dernière arrive en remplacement de celle qu'on a vue se faire épiler dans la scène d'ouverture et qui est donc partie se marier). Layna est avocate (et fêtarde), Salma est barman et d-j (et fêtarde aussi) et toutes les deux, cheveux au vent (qu'elles ont sublimes, -les cheveux-) voient débarquer Nour, dûment foulardée, sans aucun (cheveu) qui dépasse, avec sa valise à roulettes, et son manteau réglementairement boutonné du bas jusques en haut. Elle est étudiante, a un "fiancé" (réglementaire lui aussi) qu'elle doit prochainement (et tout aussi réglementairement) épouser.
Evidemment, les trois héroïnes vont évoluer, au contact l'une de l'autre. Trois femmes, trois cas de figures, trois relations différentes avec l'horrible et omniprésent (et sacro-saint, et écrasant) pouvoir machiste qui se manifeste notamment sous la forme d'un fiancé sourcilleux et pressant, d'un père pas très compréhensif, d'un amant qui se veut large d'esprit mais ne l'est peut-être pas tant que ça.
Jour et nuit. le film alterne donc les scènes de teuf (la nuit) et les aléas du quotidien (au jour le jour). Chacune des trois se débrouille comme elle peut avec son problème perso (l'indépendance / la soumission / la différence) mais c'est bien souvent à plusieurs qu'elles réussissent à faire un peu avancer les choses, chacune à sa manière et mettant au service des copines les moyens dont elle dispose.
Ce que le dispositif pourrait-avoir de théorique (recenser différents cas de figure) et de linéaire (l'histoire de Nour, par exemple) est contrebalancé par le joyeux bordel des scènes nocturnes, les néons urbains et les stroboscopes, son lyrisme électro-échevelé, sa sensualité, qui sent la sueur, la fumette, les shots de téquila, les "desserts" que chacun apporte à tour de rôle. La liberté, quoi. ("Les ordres du jour et les désordres de la nuit", ça ne serait pas du Ferré, par hasard ?*)
C'est surtout ça qu'on retient du film, la zique qui tape, les couleurs qui claquent, cette belle énergie déployée par ces femmes, dont on souhaiterait qu'elles poussent du coude et donnent l'exemple à toutes les copines, soeurs, mères, tantes, grand-mères, dont les yeux sont encore bien souvent occultés par le foulard qui les cache (et que certaines continuent de demander  -revendiquer- avec obstination) pour que, enfin, les choses changent un peu.
Car il faut bien reconnaître que les mâles du film ne sont pas forcément à leur honneur (mais bon, hein, ils l'ont bien voulu, et méritent ce qui leur arrive) en tant que piliers des traditions, des obligations, du phallocentrisme, de la domination des couilles, de l'asservissement des femmes... (quand même, si, un très joli -et folklorique- personnage de gay follissime mais attendrissant).
Je suis d'autant plus étonné que la critique du Monde, pourtant écrite par une femme, traite le film quasiment avec des pincettes ("C’est finalement à un exercice de ventriloquie auquel on assiste, où la réalisatrice ne donne à ses héroïnes aucune autre option, sinon l’obligation pour elles d’être des étendards et de n’exister qu’à travers une unique problématique." écrit-elle, ce que je ne suis pas d'ailleurs certain de bien comprendre...)

377281

* Ben non, j'ai googlé et je n'ai rien trouvé...

13 mai 2017

avec un accent grave

Le Cran d'arrêt, éditions Denoël, 1985

Un couple, éditions Gallimard, 1987

Sa femme, éditions Gallimard, 1993 (Prix Médicis 1993)

Vendredi soir, éditions Gallimard, 1998

Stallone, éditions Gallimard , 2002

Tout s'est bien passé, éditions Gallimard, 2013

Emmanuèle Bernheim est morte il y a quelques jours.
Je crois que c'est Philou qui m'avait  fait découvrir (Le cran d'arrêt) ces romans petits par la taille mais intenses de par leurs mots. Avec une tendresse particulière pour Vendredi soir,
(et le magnifique film qu'en a tiré  Claire Denis, avec Valérie Lemercier et Vincent Lindon.)
Je les ai tous lus, relus. Et plusieurs fois offerts (notamment Sa femme , à Zabetta, pour son deuxième mariage).
Le dernier, Tout s'est bien passé, n'était pas un roman, mais un essai, une chronique plutôt, sur la mort de son père.

9782070712571FS

 

9 mai 2017

le congélateur, etc. (additif : "sans oublier le bazooka")

(pourquoi va-t-on revoir les films ? suite)

(- parce qu'on en a fait beaucoup de publicité à tous ses amis et aux autres, et qu'on voudrait être bien sûr que ça le mérite...)

099
TOMBÉ DU CIEL
de Wissam Charaf

Manue m'avait smsé qu'elle l'avait vue la veille au soir et qu'elle était toute seule dans la salle. Vendredi à 16h, avec Marie, nous étions quatre (encore trois femmes et moi, hihihi). Autant Aurore est un film de femmes, autant celui-ci se revendique comme un film d'hommes (c'est sans doute une des choses qui m'ont fait tant l'aimer quand je l'ai vu à Belfort/Entrevues en décembre dernier ; je me souviens que j'avais jubilé de façon quasi continue pendant tout le film (comme vous pouvez le revoir ici)). Là, il s'avéra que je ne jouissais plus de l'effet de surprise (qui est sans doute pour beaucoup dans le plaisir qu'on prend au film) et que je l'ai donc revu plus...  posément (avec moins d'exaltation que la première fois). Preuve que j'étais redevenu calme, j'ai même pris conscience de certains -oh, minimes- défauts, (je devrais plutôt dire "fragilités") dans la structure, dans l'enchaînement des séquences. Et le sentiment, finalement (comme dans Aurore!) qu'il ne manque pas grand-chose pour que de très bon ça devienne excellent.
Non pas que je  regrette de l'avoir fait figurer dans mes films de l'année (je persiste), mais je ne (me) mentirai pas non plus en reconnaissant que le fait que le héros ait une si jolie barbe poivre et sel n'y est pas non plus tout à fait étranger. (midinet un jour...).Là je suis resté un poil (!) (le film est pourtant pileux) sur ma faim, peut-être justement parce que j'en aurais voulu plus (de temps).
Wissam Charaf a écrit le scénario, mis en scène, réalisé, composé la musique (une des choses qui m'avaient, aussi, beaucoup plu la première fois) de son premier long-métrage de fiction (il a auparavant réalisé quelques courts puis un documentaire, All in Lebanon), et j'aime sa façon de dire (et de montrer) les  choses. En lui conseillant juste, peut-être, d'étoffer son propos.
Ce qui m'a beaucoup intéressé (fait réfléchir), ce fut la discussion qui suivit, avec Marie, devant le cinéma. Et de voir que sa manière de digérer (d'accepter) les éléments surnaturels du film n'était pas du tout la même que la mienne. Moi je suis bon public, j'ai joué le jeu,et accepté implicitement l'aspect surnaturel (et non expliqué) de certains faits. C'est comme ça, parce que le réalisateur l'a souhaité. Sa façon à lui de chantonner, comme Bourvil "C'était tout juste après la guerre..."
Les hommes, la guerre, la mémoire, le désir... Et le bazooka.
(la bande-annonce )

Capture-d%u2019écran-2016-04-24-à-14

(les deux frérots)

arton5014

la nouvelle affiche (dont je ne suis pas certain qu'elle serve vraiment la cause du film...)

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 527