(Pour une fois, (Merci S. Mc Cauley), j'ai trouvé le titre avant.)
Oui, "l'objet de mon affection" c'est mieux que "le p'tit mec que j'aimais/j'ai aimé/j'aime" (ou "dont j'étais/j'ai été/je suis amoureux").
Plus précis, plus objectif, avec un poil de distance, un je-ne-sais-quoi de scientifique ou de mathématique, non ?
Réaliser, en ce dimanche de début avril, que non non rien n'a vraiment changé.
Quand Bernard au théâtre, hier soir, m'a dit qu'il était en train de (me) préparer un cd des photos de l'accrochage des 2ème année (oui, oui, ça date de février, pendant que j'étais dans tous mes états à Clermont-Ferrand...), j'ai réalisé que ça me faisait vraiment (plus que) très plaisir, je ne m'y attendais plus, et, le reste de la soirée, ça a fait dans ma tête comme une petite ampoule allumée dans une cave, ça me tenait compagnie.
Bref, comme si, pendant tout ce temps, pas avancé d'un centimètre.
Planté comme une bourrique (je parle de moi).
Vissé au sol. Rétif, entêté.
Quand je suis rentré du théâtre (presque 3h du mat),tiens, il était là (oui, en vrai, pour de bon, enfin, en virtuel), sur msn, (en d'autres temps je me serais fait croire qu'il m'y attendait) et on a donc chatté un moment. Et après, bien sûr, je ne savais plus trop dans quel état j'errais (heureusement c'était direct l'heure d'aller au lit et hop sans se poser de questions ni déployer d'états d'âmes).
Increvable.
Vous prenez l'objet en question, vous l'enveloppez de papier journal, plusieurs couches, bien serré, vous fourrez tout ça dans un sac hermétique et étanche, vous l'enrubannez d'adhésif pire qu'une momie récidiviste, vous placez le tout dans un caisson, imperméable aussi bien aux radiations pernicieuses qu'aux explosions atomiques, que vous rangez lui-même à l'intérieur d'un coffre-fort que vous allez jeter au fond d'un lac qui doit bien avoir des milliers de kilomètres de profondeur, et qui se trouve également à des millions de kilomètres de chez vous. (Vous conduisez, bien sûr, avec les yeux fermés pour ne pas vous rappeler du chemin...)
Vous repartez en sifflotant et en vous frottant les mains, vous croyez en être débarrassé, et vous rentrez chez vous avec le sentiment du devoir accompli, tête vide et coeur léger, et, quand vous arrivez devant chez vous : horreur! (placez là des réactions visuelles à la Tex Avery, yeux qui jaillissent de la tête, mâchoire qui tombe avec un bruit d'enclume, vrombissement de sirène d'alarme...) IL est là, devant là porte, il vous attend, faisant le beau et tendant la patte (si j'osais j'écrirais "frétillant de la queue comme un chiot amical" mais bon point trop n'en faut et restons calme!) , l'objet de votre affection.
Comme disait la chanson ...et le matou revient le jour suivant, le matou revient, il est toujours vivant... Ben là, pareil, on croit (on s'est fait croire) qu'on a réussi à liquider (achever, clore, conclure, terminer, régler,...) cette affaire, tout seul, en adulte avisé, mais non, non de non, pas du tout, absolument pas.
Je m'en étais bien rendu compte en revenant mercredi aux bozarts (j'ai préféré ne pas en parler sur le coup, tant j'ai réalisé, une fois sur place, que c'était une mauvaise idée ). En le revoyant, j'ai tout de suite réalisé que c'était tout pareil qu'avant. Intact, inchangé. C'était comme au mois de novembre, c'était comme au début, comme il était une fois...
Quand je le vois arriver, par les portes coulissantes (je fais l'innocent, je fais comme si je ne l'avais pas vu tout de suite, je fais durer le plaisir...),quand je le vois remonter le couloir, la tête haute, souriant, fier comme un taurillon. Et aussi (un peu plus tard) en photo sur le journal. Et à la télé aux infos régionales, au milieu de la manif avec sa copine et son pote...
Ca me fait plaisir. C'est comme ça. (Appelons ça comme ça, à défaut d'un terme plus précis.)
L'objet de l'affection (ou de l'attention, allez, mais je ne suis pas sûr que c'est de ça dont auquel à quoi il était question...) continue (hélas ?) d'exister ien dehors de, justement, cette affection.
Dans ces tours de magie, vous savez, où le prestidigitateur fait léviter un spectateur posé juste sur deux chaises, et quand il retire une chaise, puis l'autre, le quidam continue pourtant encore de léviter. Bien sûr, il y a un truc, (et j'ai pas envie de le savoir) mais c'est tout pareil que dans mon histoire un peu plus haut : soient a et b les deux chaises (autrement dit lui et moi) et le bonhomme posé dessus représentant la relation entre nous. En ôtant une des chaises (lui, par exemple) ben la situation (l'équilibre) semble pourtant imperturbée en apparence...
(euh c'est peut-être pas un si bon exemple que ça)
Bref, j'ai comme qui dirait retrouvé mon rocking-chair passionnel et mes charentaises affectives, bref ma situation amoureuse habituelle, en tout cas celle qui m'est le moins inconfortable, à savoir le syndrome dit "du crapaud et de l'étoile")
Je ressens un machin (de l'amour ? de l'affection ? de l'intérêt ? de la concupiscence ? du désir ? de la tendresse ? de l'attendrissement ? ) pour quelqu'un de spatialement, temporellement, socialement et affectivement inaccessible.
Et j'en conçois -paradoxalement- pourtant à chaque fois comme qui dirait une certaine satisfaction. (Rassuré ? )
De loin, très loin. a travers une vitre hermétique, une porte blindée.
"Sans faire de bruit, sans faire de vagues..."
Ca ne fait de mal à personne, et moi ça me ferait plutôt plaisir...
Euh... Et si je l'appelais plutôt mon centre d'intérêt ?
L'amour -Tchékhov l'a bien compris lui- est toujours univoque (et paradoxalement, dans le même temps, équivoque), c'est pour ça qu'on a pérennisé l'image des flèches de Cupidon. Flèches au sens vectoriel, chacune partant d'une personne a vers une personne b, puis de b vers c et de c vers d, and so on, mais rarement (jamais ? ) n'effectuant le trajet en sens inverse...