distance
Après celle, géographique, qu'on a prise (avoir traversé la france de part en part) il convient de ne pas s'arrêter en si bon chemin, et de continuer d'en prendre sur tous les plans (c'est fait pour ça les vacances, non ?)
Changer de lieu, changer de repères (et de repaires ? ), changer d'habitudes, changer de fonctionnement.
Changer les automatismes émotionnels.
Changer, quoi.
Le lieu, d'abord : je ne connaissais de la Bretagne qu'un seul jour passé à Plonéour-Lanvern et la Pointe du Raz (avec M.C!) il ya quelques trente ans, autant dire rien. Moi qui suis plutôt Sud (sud-ouest, sud-est, sud-sud) : entassements sudoripares, peaux-rouges, locations exorbitantes, moustiques, canicule, sourires fallacieux à l'égard du touriste/gogo, je découvre ici un monde délicieux, absolument délicieux, peut-être justement parce que je ne le connaissais pas jusqu'alors (ou que je n'en avais que des images mentales stupides et des à priori lourdauds) Bref, c'est peu de dire que la région me ravit. (En plus, les hortensias, le vent, le bruit et le mouvement de la mer, sont, je le réalise, des éléments constituants de ma mythologie personnelle. Pourquoi ? Je n'en sais rien...)
Loin de chez soi, donc. En profiter, dans un environnement (la maison que l'on loue) rustique juste ce qu'il faut (papier désuet à médaillons , salle de bains de l'autre côté de la cour, pas de micro-ondes, pas de télé, pas d'eau chaude sur l'évier à la cuisine (sinon le chauffe-eau explose!), les wc à l'étage les plus microscopiques du monde (assis, on a les genoux et la tête qui touchent le mur opposé!),les voisins d'en face en chiens de faïence, le bouc dans la cour voisine, le seau à compost, les chiens qui gémissent invariablement à hmmm heures du matin et s'arrêtent tout aussi mystérieusement.
Dans les activités quotidiennes, idem : choses un peu exotiques pour moi (si si) du genre remplir le lave-vaisselle, aller arroser le jardin à l'école, ramasser les courgettes, faire des promenades (si si je m'y remets doucement), où la vie donc ne se résumerait plus au parcours ca'pé/ordi/ciné/lit et où il faut donc s'organiser en conséquence. Lire le journal (qu'on a pris soin de faire suivre) devient ainsi une activité majeure de la matinée. Le soir devient non plus le moment de la cigarette magique (on a mis en place le sevrage) mais celui du scrabble. And so on...
Dans les activités touristiques aussi, jouer le jeu : lire des guides locaux et des programmes de manifestations estivales, établir des programmes journaliers, décider si oui ou non on ira, visiter le Musée du Vent, une réserve ornithologique, aller écouter des chants de marins en mangeant des moules/frites, descendre au marché d'Audierne le samedi matin pour y acheter son pain bio (et son poulet idem ? ), comme on cocherait chaque jour sur son guide du Cap Sizun ce qui a été fait.
Et la nourriture, bien sûr. Après un extraordinaire début gastronomique sur les chapeaux de roues, grâce à notre hôtesse, tant qu'elle fut encore là (merci P.!) : crabes, araignées, langoustines, homard (excusez du peu) et ce poisson délicieux que je ne connaissais pas, à l'étonnante peau rouge et blanche, nommé la vieille ("la vieille réchauffée au four est délicieuse"), il faut bien continuer avec les spécialités locales sucrées et bourreletogènes (mais si merveilleuses pour moi) : crêpes et galettes, gâteau breton, kouign aman, j'en passe et des plus beurrées!
Enfin, la cohabitation. Car, enfin, il faut bien reconnaître que le reste de l'année on s'est habitué (chacun) à vivre seul, avec ses rites, ses habitudes, ses manies. Là on est deux, (on sera bientôt trois.) S'organiser donc et faire pour le mieux. Répartition des tâches, gestion du quotidien, faisage mutuel de concessions, arrondissages des angles, échange de bons procédés. il s'agirait, finalement, de respect mutuel,ce qui n'est quand même pas rien, et ça fonctionnerait il me semble plutôt bien (même si des fois c'est un peu plus difficile que d'autres...)
(et pour finir le plus délicat peut-être : le dedans de la tête. Mais là j'ai décidé que c'est les vacances, et que je ne veux pas en parler, hein, ça ne regarde strictement que moi et moi, mais bon hein, je changerai peut-être d'avis incessamment, je vous tiens au courant promis)
Il est toujours question d'hyper-émotivité et de larmes aux yeux fréquentes (c'est vachement bien pour ça, les lunettes de soleil!) même si les raisons en sont variables et/ou plus ou mojns justifiées.
"When in Rome, do as the Romans do..."
Juste un p'tit crachin breton de l'âme, alors ?
(photo à postériori 3)