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lieux communs (et autres fadaises)
25 octobre 2014

escamotage d'éléphant

MAGIC IN MOONLIGHT
de Woody Allen

Le nouveau film de Woody Allen, c'est comme la Foire aux livres de Belfort : on y va une fois par an, on y entre plein d'espoir, et on en sort plus ou moins déçu... Les derniers m'ont laissé sur des sentiments variés, allant de l'ennui le plus plombant à l'enthousiasme le plus sautillant. Celui-ci ? Je l'ai trouvé... fatiguant, surtout à cause de la quantité incroyable de sous-titres qu'il fallait déchiffrer sans prendre le temps de cligner des yeux, tellement c'est un film bavard (c'est en tout cas la première fois que je ressens ça aussi fort : peut-être le couscous de midi avait-il été trop copieux ? Peut-être était-ce plutôt l'heure d'une sieste digestive ? Toujours est-il que j'ai souffert, de devoir ainsi rester tout le temps les yeux écarquillés, attentif, aux aguets, à l'affût.
Une histoire de magicien donc (vous avez dû voir déjà 50 fois la bande-annonce qui  est tout aussi bavarde), un hyper-fort magicien (hyper-fat aussi), invité par un autre pote magicien chez des gens chicos et richissimos où s'est incrustée (avec sa mère qui lui sert d'imprésario) une jeune médium (dont le fils -de la famille- s'est entiché), avec pour mission de démasquer impitoyablement ladite intriguante lors des séances psychiques et mediumniques qu'elle organise régulièrement, pour mettre en contact la maîtresse de maison avec son défunt mari, s'attirant ainsi les bonnes grâces de la dame en question (qui en pose beaucoup à son ectoplasme de mari, justement, des questions).
Sauf que, bien entendu, rien ne va aller comme prévu : on sait déjà, d'après la bande-annonce, qu'ils sont tomber dans les bras l'un de l'autre (et c'est généralement d'ailleurs comme ça que ça se passe à la fin des Woody Allen) mais, heureusement, il y manque (heureusement) deux ou trois détails, rebondissements, et demi-tours au frein à main (bon, avec une voiture de 1928, ça n'est pas bien méchant) et autres -justement- incidents mécaniques, mais bien pratiques pour la, justement, mécanique de précision (d'orfèvrerie diront certains, d'horlogerie, préciseront d'autres) qui fait tictaquer -joliment- le scénario comme une bombe à retardement de terroriste d'opérette, pour que (je finis la phrase commencée en début de paragraphe) pour que donc, le spectateur n'ait pas trop le temps de s'ennuyer, de bailler, ou de penser à ce qu'il va manger plus tard, ou boire.
Beaux personnages, belle lumière, beaux sentiments, beaux discours, un rien datés comme un hot jazz d'époque, ou un verre de sherry servi par une vieille tante (tss qu'allez-vous imaginer c'est celle du héros) en robe verte et rangs de perles assortis. Bien que très concentré pour ne manquer aucun sous-titre, je reconnais que j'ai plusieurs fois gloussé, voire éclaté de rire, on reconnaît bien là les qualités de dialoguiste de Woody Allen, et j'ai pu prendre au film un certain plaisir, même si j'étais à la fin si exténué que je n'en eus pas la force de me relever immédiatement.

 

(un blanc)

 

Mine de rien, quelques heures ont passé. je rentre du bôô cinéma (quelle surprise!) où je viens de voir "en vrai" Chaînes conjugales, de Joseph Mankiewicz. Quelle merveille! Je pourrais presque effacer tout ce que j'ai écrit ci-dessus, tant il n'y a pas photo si on compare les deux films. C'est glamour, c'est intelligent, c'est spirituel, c'est impeccablement mené.  Portrait brillant de trois femmes, parties pour la journée  en pique-nique scolaire, qui apprennent par courrier de la part d'une quatrième (en voix-off) qu'elle vient de partir avec le mari de l'une d'elles, et les voici chacune à introspecter successivement et à se demander si elle reverra le soir à la maison, en rentrant, son cher et tendre. Trois portraits, trois couples, trois façons d'envisager la vie maritale et trois états des lieux de la "guéguerre des sexes". Ici aussi, on parle beaucoup, mais sans qu'à aucun moment pourtant on ne ressente la moindre fatigue. Ça étincelle ça scintille ça effervesce ça palpite... Du grand art, de la dentelle hollywoodienne, que ce film de 1949, oscarisé en 1950 (dialogues et scénario si je me souviens bien) à côté de qui son successeur allenien (son petit-fils cinématographique en quelque sorte) paraîtrait presque vieillot et compassé. Le film est en noir et blanc, mais encore une fois c'est le Woody Allen qui semble bien pâlichon en comparaison.
Une merveille, vous dis-je, tant pour ce qui s'y dit (une critique du mariage n'est jamais pour me déplaire) que la façon dont c'est fait (les trois portraits successifs sont agencés (cadencés) comme trois facettes de la féminitude, avec une incontestable et subtile gradation à la fois dans le langoureux  le cruel et le sublime.) Carrément. Comme pour les cocktails dans le film, tout est une question de dosage entre l'alcool de la vacherie et le soda de la tendresse. Et les glaçons du glamour. Cheers!

CHAÎNES CONJUGALES
de Joseph Mankiewicz

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9 octobre 2014

en suivant le patron

SAINT LAURENT
de Bertrand Bonello

Saint Laurent(s).
On a passé le "premier", dans le bôô cinéma. Ouais, bon... Performance de Pierre Niney, ok, mais tout ça était bien "sage"... (et assez vite oublié). Le deuxième, on a cru qu'on le passerait, et en sortie nationale même,  mais non, le dstrib'a pas voulu, et j'ai donc du aller à Besac pour le voir... Bonello fait partie des cinéastes pour qui j'ai énormément de respect, mais avec les films desquels j'ai toujours un peu de mal (ceux que j'ai réussis à voir, en tout cas) et j'appréhendais un peu, tout de même.
Mais non, pas du tout, j'avais tort.
(oui oui ça m'arrive de temps en temps je le reconnais...)
J'aime cette façon destructurée d'aborder le sujet, les scènes les plans qui se succèdent se juxtaposent s'entrechoquent, le temps qui passe qui va et qui vient les années 70 surtout, les fragments de l'histoire (en éclats) de cet homme fatigué qui revient sous pseudonyme à l'hôtel "pour dormir" et qui est prêt à donner une mystérieuse interview (scène qui ouvre et clôt la boucle du film, comme une boutonnière qu'on ouvrirait et refermerait)...
YSL : Yves Se Lâche... couture et création, certes, mais aussi vie mondaine, night-clubs, champagne, drogues diverses, mais encore drague, bosquets, regards, chantiers, baises nocturnes, mais toujours cachetons, dégringolade, décomposition à vue d'oeil presque pourrait-on dire.
Gaspard Ulliel y est  magnifiquement magnifique, c'est vrai, et tout aussi magnifique est l'idée de faire jouer le Saint Laurent "de la fin" par Helmut Berger  (les interférences et les résonances entre les deux personnages deviennent alors presque comme des plaies doublement à vif.) Pour qui a vu le "premier", on retrouve des choses communes (normal, ce sont des biopics et donc forcément on y a des passages obligés, des événements, des lieux, des personnages qui reviennent) même si elles sont traités (plus ou moins) différemment), on n'est donc jamais désarçonné (quoique j'avoue que cette scène de légionnaires m'a laissé un peu perplexe, et je ne suis pas le seul...)
C'est un film extrêmement élégant. Il serait facile de filmer la métaphore avec la haute-couture, ou même la couture (j'avais écrit la coupure hihi) tout court : modèle original, étoffes choisies, matières luxueuses, couture minutieuse et discrète - rien ici ne serait cousu de fil blanc, c'est certain-, tombé à tomber, ou bien simplement avec les défilés -de haute-couture, vous suivez ? - la succession des mannequins parfaits -et numérotés- sur une musique choisie, les démarches, les poses, les attitudes, le parterre des spectateurs conquis et enthousiastes, bien sûr le clou du (défilé, eh oh!), etc.
Mais non, Bertrand Bonello n'a pas conçu son film comme un catalogue quadrichromie sur papier glacé qu'on feuilletterait presque distraitement, un coffee table book comme disent les zaméricains. S'il est oversized (les livres de table à café se doivent d'être énormes, -et à ce propos je placerais bien un clin d'oeil à mon amie Zabetta, qui m'avait laissé entendre que lors de la projection à Cannes, pas mal de réactions d'adimration incrédule s'étaient produites lors de l'exhibition de certain appendice saintlaurentesque justement hors d'assez commune mesure fermons la parenthèse) par la durée -et je vous promets que, hormis les discussions financières un poil ennuyeuses (où ça fait plaisir de retrouver, à quelques jours d'intervalle, dans le rôle d'un financier, justement, le jeune homme mimi qui jouait le metteur en scène dans Sils maria et dont le nom m'échappe, ici blondement -et joliment- barbu) on ne voit pas le temps passer- il n'est jamais ni pesant ni complaisant ni relou, et on ne peut prendre à son visionnement qu'un plaisir sans cesse incontestable et renouvelé.
(quand je pense que Pépin ne verra pas ça parce qu'il ne va pas voir "les films de mode"...)
On le savait depuis le premier (film) la vie d'YSL n'a pas été simple (mais une vie d'artiste ne peut être ni simple ni rectiligne) et j'admire la façon dont Bertrand Bonello a fait oeuvre de créateur pour aborder (j'avais écrit abordel, et c'est assez juste...) le portrait de cet autre (créateur, justement).
Et j'adore la façon dont le film se clôt sur ce sourire-caméra, aussi énigmatique que sublime, (comme un Chat du Cheshire version haute-couture) qui resterait encore là, magique, flottant sur l'écran alors que tout le reste a disparu depuis longtemps...

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3 octobre 2014

la groupie du pianiste

ELLE L'ADORE
de Jeanne Herry

Mais qu'est-ce qu'ils ont donc à vouloir forcément nous vendre comme des comédies des films qui n'en sont pas ? Parce que les gens ont 'achement envie de voir des comédies ? et qu'ils vont juste au cinéma pour se décontracter les zygomatiques ?? C'est vrai qu'il manque peut-être une catégorie de films, entre les comédies d'un côté , et les tragédies de l'autre.  Rien au milieu. On parle alors de comédie dramatique (tiens, et jamais de drame comique), mais on pourrait peut-être, entre les deux, inventer la neutrédie (et ça vaudrait pour pas mal de films, d'ailleurs, non ?)
Il s'agirait plutôt d'un polar (il y a tout ce qu'il faut : cadavre, meurtrier, et complice, sans oublier flics à la pelle -mais il y a un autre personnage qui est à la pelle aussi hihihi-) sur fond de rencontre entre deux personnages  "en principe pas vraiment appelés à vraiment se rencontrer mais c'est ça qui fait justement tout le sel de l'histoire": le chanteur à succès (qu'on n'entend jamais, et c'est très bien comme ça) et la fan de base aussi assidue et énamourée que légèrement mytho (qu'on entend beaucoup, par contre et c'est très bien comme ça aussi).
Lui c'est LaurentLaffitedela ComédieFrançaise, et elle c'est Sandrine Kiberlain, et c'est pour elle que j'allais voir cette avant-première (on était mardi soir) sous les lazzi et quolibets d'ailleurs de mon ami Hervé... Elle y tient ses promesses (l'aviez-vous vue dans le 9 mois ferme de Dupontel ? Elle y faisait déjà merveille), masi le film a du mal à tenir les siennes.
LaurentLaffitedela ComédieFrançaise lui campe un salopard de première mais on n'en prend conscience que petit à petit. Le film  nous égare dans un premier temps temporellement (une suite d'actions filmées comme si elles s'étaient produites réellement alors qu'elles ne sont qu'énoncées, puis les mêmes actions refilmées quand elles se produisent pour de bon, mais pas tout à fait (où on ne sait pas jusqu'à quel point) de la même façon, et on sent bien qu'il s'est passé quelque chose qu'on a sciemment omis de nous dire). Et c'est dommage d'avoir un peu chargé la barque (mais peut-être est-ce la comédie ?) avec un couple de flics (elle/lui) un peu excessifs dont les engueulades et le ni avec toi/ni sans toi trop systématiques sont assez vite lourdingues et déséquilibrent le film vers un comique vaguement pataud sans qu'on en soit très sûr.
C'est pas mal (ohlala j'ai déjà oublié la fin, la toute fin je veux dire) mais bon voilà pas de quoi hurler à la lune, ni à se relever pour, une nuit sans.
(S.Kiberlain, C.Deneuve, F.Loiret-Caille, J.Binoche, K.Stewart, C.Mastroianni, C.Gainsbourg... mais qu'est-ce que j'ai tout d'un coup, moi, à craquer comme ça pour les actrices ? Serais-je en train de changer d'équipe ?? uh uh uh)

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29 septembre 2014

living theatre

SHIRLEY
de Gustav Deutsch

La bande-annonce était vraiment bluffante : un film qui reconstitue précisément des tableaux d'Edward Hopper avec des vrais gens dedans, ho ho! J'y suis donc allé avec Emma, à l'unique séance quotidienne, au Victor Hugo.
Et alors ? (l'auditoire, impatient...) Eh bien... il y a les tableaux, effectivement, et il n'y a que ça, que les tableaux. Chacun fait l'objet d'une petite saynette, avec une introduction visuelle (lieu et date) et sonore (des actualités à la radio de l'année en question, par un speaker américain, concernant différents pays du monde). Ils sont classés chronologiquement (de 1932 à 1963 si je ne m'abuse), et racontent vaguement (en pointillés) l'histoire de Shirley, la dame qu'on voit justement sur les tableaux ou bien l'histoire de l'héroïne d'un roman d'Emiliy Dickinson que la femme (Shirley) lit dans le premier tableau qui est aussi le dernier (livre dans lequel le réalisateur nous fait entrer véritablement.)
Les reconstitutions des tableaux sont époustouflantes, mais le lien entre les différentes historiettes, ces différents moments de la vie d'une femme sont plutôt lâches, la voix off féminine systématique ressassante rajoutant un petit côté durassien précieux plutôt  affecté et un franchement peu agaçant à la longue (il est question de théâtre -amateur-, puis du Living Theatre, d'Elia Kazan et d'engagement politique, de Cape Cod, de Joan Baez et de Platon aussi.) Ces discours intérieurs successifs nuisent à l'intérêt qu'on porte à ce qui se passe à l'intérieur de chacun de ces tableaux, ou, du moins ne renforcent pas l'intérêt en question., rendant tout ça (de plus en plus) très artificiel, très formel.
Un film peut-il être en même temps tout aussi fascinant et ennuyeux ???
J'ai fouiné sur le ouaibe parce que j'avais envie de reconstituer ici la succession des tableaux utilisés, mais je me suis rendu compte que ce blog de cinéma, quasi-professionnel, semble-t-il, l'avait déjà fait, et donc rendons à César...

(Ce qui est très plaisant, dans le film, c'est, pour chacun des tableaux, puisqu'il ne s'agit pas des oeuvres les plus connues d'Hopper, d'essayer de trouver le moment exact du tableau, et ce n'est pas si facile...)

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28 septembre 2014

vendredi soir

"- Pourquoi tu m'aimes ?
- Ben, je sais pas. Je t'aime, c'est tout, c'est comme ça.
- Qu'est-ce que tu préfères chez moi ?
 -Je me sens bien avec toi. Ben, tu me respectes. Tu me fais pas trop chier, aussi. Puis tu me stimules, t'as de l'esprit, tu es honnête. Puis j'aime bien tes yeux. J'aime bien le goût de ta peau. J'aime bien te caresser juste ici, là. Là, en bas de ton visage. Et ici, au début de ta nuque. Puis j'aime bien tes mains rêches.
- J'ai pas les mains rêches.
- Si, t'as les mains rêches.  Et aussi, parce qu'avec toi, je me sens pas oblige de jouer un jeu. Puis... t'es cochonne. Et impudique. Et forte, et fragile. Tu me fais rêver à un monde idéal.
 - Oui, c'est un peu con.
- Oui, mais tu me fais quand même rêver à un monde idéal. Et je trouve que tu te poses de bonnes questions. Je sais pas, avec toi, j'ai l'impression d'être quelqu'un de bien. Puis, contrairement à ce que tu peux croire, de toutes les personnes que je connais, t'es la plus douée, mais alors de très, très loin... pour la vie. Et c'est tout ?
- Oh, ça va, attends. "C'est tout" ? Putain...
- Et mes pieds ?
- Ça va. Tes pieds, ça va."

un extrait des dialogues du téléfilm de vendredi soir sur arte, trouvé ici

*

J'étais spécialement heureux de voir

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l'adaptation de

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(le roman graphique autobiographique de Frederik Peeters, qui raconte l'histoire d'amour d'un dessinateur de BD qui rencontre un demoiselle séropositive et son fils, séropositif aussi, et qui raconte son histoire, sa vie en images...)

spécialement heureux parce que'il y avait dans ce téléfilm, donc,

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la divine Florence Loiret-Caille qui joue elle et le non moins divin Guillaume Gouix qui joue lui

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il en faut peu parfois pour être heureux...

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27 septembre 2014

comme du bon pain

GEMMA BOVERY
d'Anne Fontaine

Oh la jolie surprise! j'avais beaucoup vu la bande-annonce (trop), et je n'avais plus vraiment envie d'y aller (pas assez), mais... le hasard a fait que je passais près du bôô cinéma aux alentours de 18h (signe), et hop, j'ai tourné le volant dans la bonne direction...
Quelle bonne idée ! Ce film m'a ravi. il est à l'image de l'écriture des mots du générique : une calligraphie  "classique", appliquée (de la cursive) mais avec des fioritures et des zigouigouis paraphant décorant joliment les mots. Avec élégance. Voilà, c'est un film élégant. Fabrice Lucchini est y est excellent (plutôt sobre dans le jeu, et appliqué dans la diction de la voix off du narrateur, comme s'il jouait à être Lucchini en train de jouer son personnage), et Gemma Arterton y est divinement exquise (avec, en plus, des participations d'Elsa Zylberstein, en pimbêche de cambrousse, Niels Schneider en nobliau local, fils d'Edith Scob, appliquée, elle, à retrouver son biscuit rafistolé (Eros), voilà qui fait plaisir à voir...).
Un bobo parisien (Frabrice L., donc) qui fait office de boulanger en Normandie, après avoir été critique littéraire, délire sur Emma Bovary, qu'il croit voir incarnée en la délicieuse et anglaise voisine  qui vient de s'installer en face de chez lui (et son mari s'appelle Charles...) Et le voilà qui retricote, à quatre mains avec Gustave Flaubert, en utilisant les moyens humains du bord (qui s'y prêtent d'ailleurs tout à fait) "sa" version de l'histoire, grandeur nature...
Pour une fois, la bande-annonce, si elle semble en dire beaucoup, ne raconte (ouf!) pas vraiment le film, et c'est tant mieux.
Comme Gemma avec le pain de Fabrice, je me suis régalé. Avec gourmandise. Un film très bien construit, tout aussi bien écrit, où la superposition des couches du récit (le réel, le supposé, l'écrit, le fictionnel) croustille en délicieux petit feuilleté.

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25 septembre 2014

à chroniquer (en retard)

(deuxième chance) :

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LA COUR DE BABEL
de Julie Bertuccelli
Un très joli documentaire, que je n'avais pu voir, en présence de sa réalisatrice, en plus. Un an dans le cadre d'une classe d'accueil, où le nombre de nationalités représentées et de langues parlées frise l'invraisemblable. Un film vrai, fort, touchant, juste...Un très beau moment d'émotion cinématographique.

(dvd par Eric L.) :

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MOUTON
de Marianne Pistonne et Gilles Deroo
Oh que j'en avais envie (je l'avais raté de peu à Paris...) Un film en deux parties, qui a visiblement hérissé le poil de pas mal de monde. Tranché net au milieu comme le bras de son héros, le doux Mouton, qui disparaît ainsi hop! au milieu du film, tandis que ses proches "continuent leur vie"... Sidérant. ("Rugueux" dirent les critiques, et ils eurent raison.)

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QUE TA JOIE DEMEURE
de Denis Côté
J'avais adoré son Bestiaire, le voilà qui récidive, sur le monde du travail (et du rapport de chaque individu(e) à son), ça commence très bien et puis ça se démantibule à vue d'oeil, comme si le réalisateur, justement, n'avait pu choisir un point de vue, et la façon de filmer lui correspondant. Bancal, dommage.

(prévisionnement Valdahon) :

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CHANTE TON BAC D'ABORD
de David André
Un documentaire chanté (ça n'est pas si courant) sur un groupes d'ados, une bande de potes (et de potesses) l'année où ils passent leur bac (et doivent décider de leur avenir), à Boulogne-sur-mer. Série de portraits attachants, chansons inégales (mais j'ai adoeré celle du canrd qui est mort.) où le "vrai" est une nouvelle fois joué (ou pas). Enchantant.

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VIE SAUVAGE
de Cedric Kahn
D'après une histoire vraie, un père (Matthieu Kassovitz) qui vit caché avec ses deux enfants qu'il a refusé de rendre à leur mère (Céline Salette), malgré les décisions de justice, et ce pendant dix ans. Mode de vie alternatif, refus de la beaufitude, éloge de la marginalité, (les ados, au bout du compte, sont très mimi) mais on en sort pas plus emballé que ça. Trop appliqué ?

(programmation ordinaire) :

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SUNHI
de Hong Sang Soo
Un de nos réalisateurs asiatiques préférés sort encore un nouveau film (un autre serait déjà sorti depuis). Une jeune fille ("Notre" Sunhi, précise le titre original) qui à besoin d'une lettre de recommandation, et trois (prétendus ?) prétendants : le prof, son ex, et un nouveau... Comme d'hab' ça boit des hectolitres de soju, ça parle, et ça emberlificote la narration à la perfection. Ludique.

20 septembre 2014

cycliste (à pied)

NEAR DEATH EXPERIENCE
de Gustave Kervern et Benoït Delépine

Italiques. Le nouveau film des trublions D et K. Un nouveau film radical. Avec Houellebecq (et sans dents -c'est lui qui l'a dit-) autre genre de trublion. Légitimes inquiétudes au vu de la bande-annonce.  A quelle sauce etc. Première surprise, le générique de fin est au début (très cinégéniquement orageux et pas très lisible, vu la taille de la police choisie). Deuxième étonnement  : la pellicule est "normale", la lumière et les images sont "normales" aussi (traduisez "magnifiques" ou"chiadées" ou tout autre qualificatif de votre choix) : pas de 16 gonflé, pas de couleurs pourries, pas de gros grain grumeleux, d'éclairages bavassants : si le sujet est "radical" le filmage est tout ce qu'il y a de net, de précis, de cinématographiquement louangeable. De la belle ouvrage, avec de la belle image, eh oui, il fallait que ce soit dit.
Houellebecq, à présent. C'est vrai qu'on ne comprend pas toujours ce qu'il dit (articulation), mais on se prend bien dans les dents tout ce qu'il raconte, Mister H. (et, contrairement à ce que j'aurais supposé mais que je viens de lire - dans Libé, non ?- c'est pas lui qui l'a écrit, c'est Gustave et Benoït!) . Un mec en tenue de cycliste qui part faire un tour, puis abandonne assez vite le vélo, puis le casque, pour continuer à pied (en tenue de cycliste, quoi). Marcher, donc. On comprend assez vite (il nous le dit) qu'il veut en finir, mais qu'il ne trouve pas le courage de le faire. Il veut sauter, rambarde, pont, mais non. Il soliloque, il monologue, il édifie des cairns, auxquels il fait la conversation, il tente de faire du feu en frottant des bouts de bois pour allumer une dernière cigarette, il s'arrête, il s'allonge, il rêvasse, il ressaie.
C'est infiniment, lucidement, totalement, pessimiste et désespéré (il me semble avoir compris que ça serait donc ça, l'existentialisme ? -je n'ai jamais lu Sartre, je l'avoue-), avec des éclairs d'humour noir qui zèbrent soudain (des sautes d'humour) le paysage illuminé  intérieur de cet ex-employé des Télécoms avant de lui rendre son atonie initiale. Tout est affaire de contraste oui.
Le projet était culotté (comme le cuissard de Michou H.) mais le film tient la distance, parfaitement, sans forcer. Change de braquet quand il faut. Nous essoufle parfois dans les montées, mais nous met le vent dans la face dans les descentes. pas une promenade de santé, mais on s'accroche des deux mains sur le porte-bagages pour garder l'équilibre. Pas forcément toujours facile.
On ne dit pas la fin, bien sûr.

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17 septembre 2014

j'ai un poème! j'ai un poème!

L'INSTITUTRICE
de Nadav Lapid

Je ne m'attendais pas tout à fait à ça. Son premier film, Le policeman, m'avait beaucoup plu, mais le résumé succinct de celui-ci "une institutrice découvre qu'un des ses élèves, agé de 5 ans, est très doué pour la poésie" ne me faisait pas plus envie que ça. C'était compter sans l'intelligence de Nadav Lapid qui vous présente le sujet tel que, sur un plateau d'argent, impeccable, rien à dire, puis tout à coup swich swich swich effectue dessus quelques passes magiques et le transforme en tout à fait autre chose. Sans qu'on ait rien vu venir.
Il y a bien une institutrice, et un enfant (dès l'affiche, on devrait se douter de quelque chose : le cadrage, le regard de l'enfant, le fait qu'il est pieds-nus). Un enfant qui, de temps en temps entre quasiment en transe en disant "j'ai un poème! j'ai un poème!" et hop, les mots sortent de sa bouche (pas forcément des mots ni des tournures qu'un enfant de 5 ans serait supposé connaître), comme le lui explique la nounou du gamin, une aspirante-comédienne ou chanteuse. L'institutrice s'intéresse à l'enfant, de plus en plus attentivement (passant insensiblement de très à trop), il s'avère qu'elle est aussi poète-amateur (poétesse-amatrice ?), et lorsqu'à une des réunions elle lit une production du gamin en la faisant passer pour sienne (et en suscitant l'admiration du "prof"), on se dit que les choses commencent à aller de travers.
C'est bien le cas, et ça ne va pas aller du tout en s'arrangeant. L'institutrice, donc, et le gamin, le mari de l'institutrice, la nounou, puis bientôt le père du gamin et le "prof" de poésie, voilà pour les protagonistes principaux de ce jeu de société dont les coups et les permutations vont se succéder de plus en plus vite, et mettre le spectateur de plus en plus mal à l'aise, sans toutefois que rien de "gore"  soit jamais montré à l'écran.
C'est brillamment filmé, de plus en plus même, au fur et à mesure que la situation se complexifie. Le réalisateur n'en fait jamais trop, au contraire, il opèrerait plutôt par soustraction, minimisant ses rebondissements, tamisant ses effets. On accompagne cette jeune femme finalement assez mystérieuse. Elle nous prend par la main, comme le gamin, et des fois on n'a pas vraiment envie de la suivre mais on le fait quand même. Comme par fascination. Jusqu'à un final somme toute logique mais qui vous laisse sur votre fauteuil, un peu sonné, lorsque les lumières se rallument.
C'est vrai que, dès que ça parle hébreu dans un film, je suis déjà heureux a priori. Lorsque le sujet est original, encore plus ; si la mise en scène est à la hauteur, et rend le traitement vertigineux, je deviens béat, et si, en plus, sont distribuées (de façon toujours justifiée) quelques sympathiques QV, alors là j'ai du mal à trouver le qualificatif...
Top 10, (ou 18, je ne sais plus)...

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16 septembre 2014

vous n'auriez pas une cigarette ?

ELLE S'EN VA
d'Emmanuelle Bercot

Je n'avais pas pu le voir en salle (pourtant j'en avais envie), mais là, depuis mon canapé, je suis tombé dessus en zappant, et j'ai inauguré la fonction "voir depuis le début" que Can*lsat me proposait, et je suis resté scotché jusqu'au bout.
Je crois que j'aimais déjà beaucoup Catherine Deneuve quand elle était plus jeune, mais là, depuis un certain temps (sans être goujat et écrire "maintenant qu'elle est vieille"), je l'adore, vraiment (récemment coup sur coup dans le Jacquot, le Téchiné, le Salvadori) et ce film, où elle est quasiment de tous les plans, en a rajouté encore une louche (d'enthousiasme laudatif) : elle est impériale, magnifique, souveraine, merveilleuse grandiose (dépliez là le dictionnaire des superlatifs) et que que sais-je encore...
Très beau portrait de femme qui soudain,"part chercher des cigarettes" , prend la tangente, puis  la clé des champs, laissant en suspens son restaurant, sa vieille mère, son statut, ses certitudes... Qui part au petit bonheur, fait des rencontres, fume d'autres cigarettes, joyeusement ailleurs, jusqu'à ce qu'un coup de téléphone la remette plus ou moins sur le droit chemin (des écoliers), avec son petit fils (le fils de sa fille) à convoyer chez son grand-père... la vieille dame et l'enfant, dans un rapport en demi-teinte (il serait, au début, question de s'apprivoiser, puis de s'affronter, et, in fine de se réconcilier), ce qu'elle fera aussi avec sa fille (qui, c'est dommage, joue un peu en force) lors d'une jolie scène familiale et finale.
Catherine Deneuve est non seulement crédible, mais, je le redis, absolument bluffante, dans cette démonstration sans esbrouffe de l'extrême finesse de son jeu et de l'étendue de la palette de son jeu. Et les autres, autour d'elle, sont parfaitement en résonnance. Tout sonne juste, oui, c'est juste... parfait.
Aurait  donc du figurer dans le Top10 de cette année-là.

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