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lieux communs (et autres fadaises)
14 novembre 2014

C'est Rocco mon pitbull...

QUAND VIENT LA NUIT
de Michael R. Roskam

Pour le titre désolé, ça a été plus fort que moi, rapport à une chanson d'Oldelaf qui me tourne dans la tête, mais où le pitbull s'appelle Raoul... en plus, celui du film y a une importance certaine (même si c'est juste un bébé) et donc on va dire que ça le fait... Le film, j'en avais envie surtout parce que James Gandolfini (qui dans une autre vie télévisuelle s'appela Tony Soprano) et aussi, pourquoi pas Noomi Rapace (Millenium 1) et Matthias Schoenaerts (Bullhead) mais aussi, après coup, Tom Hardy (je ne le connaissais pas avant, puisqu'il n'a joué que dans des films que je n'ai pas vus), dans le rôle principal, idéalement atone.
La bande-annonce en semblait attractive, polar nocturne, atmosphère, Brooklyn, old school, ombre tutélaire James Gray, allons-y donc, d'autant plus quand Dominique m'apprit que c'était adapté de Dennis Lehane (mais de quel roman donc, me suis-je longtemps demandé, avant d'apprendre, à la sortie, qu'il s'agissait d'une nouvelle). C'est le genre de film dit en pelures d'oignon, où , après un départ relativement simple et carré : tac tac tac un personnage deux personnages trois personnages, un bar, un bébé chien, et hop!, il va vite s'avérer que les choses ne sont pas du tout aussi simples qu'il semblerait,  et on commence à ôter les épidermes les uns après les autres, disons qu'ils s'effeuillent tout seuls au fur et à mesure qu'on en apprend de belles sur chacun , que personne n'est vraiment tout à fait celui qu'il/elle veut bien paraître, que les choses s'enveniment, que les menaces et/ou leur mise à exécution se succèdent, et qu'on en arrive à craindre, dès qu'on voit un personnage, de quel côté il va bien pouvoir s'en prendre une (ou à qui il va bien pouvoir en coller une, c'est donnant-donnant).
Une histoire d'hommes, essentiellement, qui aurait presque -je dis bien presque- pu tenir debout sans le personnage de Nadia (mais à ce compte-là, idiot que je suis, on pouvait aussi enlever le chien, non ? Et puis tous les personnages, un par un,  tant qu'on y est, non ? bon bon je retire ça.) C'est vrai qu'il est de tradition, dans les films de mauvais garçons, d'avoir une chouette pépée, à jambes interminables et à fume-cigarette langoureux, quelques grammes de rimmel, ou de carmin, dans ce monde de brutes... Là ça n'est pas tout à fait ça, (Noomichounette  joue, contrairement à ses habitudes, une demoiselle fragile et tremblante) mais ça nous ferait presque lorgner le thriller velu vers la bluette rafraîchissante, l'idylle roucoulante, la love story brooklynante. presque, je dis bien.
J'ai déjà dit que j'étais bon public, et ça s'est encore vérifié : là, il s'agissait être stressé, et  bingo! c'est bien dans cet état que j'ai vu le film : un certaine tension, les poings serrés, le souffle court (je ne suis pas seulement bon public, je suis aussi très imagé) on n'y a pas souvent l'occasion de le reprendre (son souffle)..
Cette histoire d'argent sale blanchi dans les bars, de bébé-chien tabassé, de jeune fille instable, de petit ami encore plus instable juste sorti d'hosto psy, de mafieux tchétchènes qui clouent les jambes, de hold-up foireux, de billets sanglants, on sait bien depuis le départ, que ça ne peut que mal se terminer (voire très mal ou même très très mal), mais le réalisateur parvient tout de même à nous surprendre en bouclant le tout d'une façon à laquelle on n'aurait pas forcément pensé. Et en rajoutant hop! une louche dans notre stupéfaction de spectateur. Ca finit, en plus,  d'une façon délicieusement amorale (je ne vous dis pas pour qui...) donc, le contrat est rempli. Sauf que le tout dernier plan n'était peut-être pas tout à fait indispensable, un peu comme si on avait ajouté in extremis un joli ruban autour de disons un fusil à pompe...

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l'affiche américaine

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... et la française
(le titre n'est pas terrible)

11 novembre 2014

hors cadre

NATIONAL GALLERY
de Fred Wiseman

Fred Wiseman, c'est un camarade de longue date. Un de ceux d'ailleurs qui m'ont fait aimer le "documentaire". (Pour moi, quand j'étais jeune et fougueux con, et que je découvrais le cinéma, je pensais qu'un "vrai" film ne pouvait être qu'une oeuvre de fiction, et certains, heureusement, m'ont prouvé le contraire.) Avec Nicolas Philibert, par exemple, dont le travail n'est pas si éloigné, pour ce film notamment. Chacun son musée : lui avait choisi le Louvre,  Wiseman la National Gallery. Une même démarche, un même esprit d'appréhender un "lieu" de culture (de culte culturel, hihi) dans son intégralité, par toutes ou presque ses entrées possibles : les lieux eux-mêmes, les oeuvres, bien sûr, les spectateurs,(indispensables!) mais également   tout ce (ceux) qu'on ne voit généralement pas (ou quasiment jamais) : l'à côté, avec les "dirigeants", les concepteurs, les réfléchissants, les organisateurs, et, à l'autre extrémité, les "exécutants" : les accrocheurs, les installateurs, les réparateurs, les nettoyeurs, tout aussi (sinon plus)  indispensables que les susdits. Les têtes et les mains, en gros.
Comme Philibert, Wiseman ne parle pas. Il laisse à entendre ceux qui parlent dans son film, sur les lieux où il a posé sa caméra, ceux qu'il montre, ceux qu'il nous apprend. La seule différence, ce serait peut-être au niveau de la durée : là où Philibert s'était cantonné à une "raisonnable", Fredounet, comme d'hab', s'est lâché, et hop, carrément nous offre (la durée de) deux films pour le prix d'un. Et même qu'à la fin on n'est pas rassasié, et on en redemande.
Le film volète (volette ?) dans le temps et dans l'espace sans jamais donner le sentiment de s'apesantir, consacrant à chaque séquence le temps qui lui est le plus adapté (ainsi quelques discussions quelque peu arides ou moins intéressantes auront ainsi juste le temps idéal pour qu'on puisse s'y endormir quelques instants, débrancher les neurones et baisser les paupières) tandis qu'on ne se lasserait pas d'écouter par exemple la dame qui raconte aussi bien les tableaux à un auditoire tout aussi captif et attentif que nous dans la salle.
Car dans cette gallery, le plus important ce sont tout de même les tableaux. Ceux qui y sont accrochés (ou décrochés) et que Wiseman montre dans leur intégralité, et leur environnement. Comme en vrai. Et ceux qu'il recadre, qu'il découpe, dont il extrait un élément, souvent un visage, et de plus un visage qui nous regarde, qui nous contemple en train de le dévisager (ou qui nous dévisage en train de le contempler, eh eh) dans une somptueuse litanie de peinture et du beau temps qui a passé...
Des films et des effets qu'ils produisent : si, par exemple, en sortant de Still the water on se sent paisible, serein, rasséréné, en sortant de  National Gallery, on se sent... intelligent, éclairé, rempli de tout ce savoir qu'on vient d'absorber pendant les  presque trois heures du film. Un vrai film de maître.

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10 novembre 2014

ballons blancs

LES HERITIERS
de Marie-Castille Mention-Schaar

Volià un film qui ne commençait pas sous les meilleurs auspices, reconnaissons-le. Le lycée dans la zone, la classe de seconde multi-ethnique (et multi-têtes à claques, aussi) et bordéleuse, la prof (d'histoire) charismatique qui décide de l'inscrire à un concours national sur le thème de la déportation des enfants et des adolescents pendant la seconde guerre mondiale, tout ça d'après une histoire vraie, en plus, on sent venir le syndrome Will Hunting ou Le cercle des poètes disparus à plein nez, préparez vos mouchoirs, d'autant plus qu'on a vu l'excellent La cour de Babel peu de mois mois auparavant, sur un sujet quand même très proche...
On est... méfiant, le début du film est quand même assez cahotant, et puis, clic clic clic les petits engrenages se mettent à cliqueter, les choses démarrent, pour un trajet dont on connait déjà l'issue, dont on (re)connaît chacune des étapes, dont on on identifie assez vite la trajectoire de chacun des personnages, mais, allez savoir pourquoi, on ne peut s'empêcher de continuer, par que c'est une histoire comme on les aime, un conte réaliste qui finit trop bien, tellement youp la boum qu'on se dit que tout ça ne pourrait avoir lieu que dans un film (mais c'est arrivé en vrai, et c'est d'ailleurs un des élèves de la classe qui a contacté la réalisatrice pour qu'elle fasse un film avec leur histoire à tous) tellement juste et poignant à certains moments (beaucoup) qu'il vous tire des larmes (j'y ai pleuré d'assez bonne grâce je dois avouer), même si à d'autres moments ce sont les maladresses qui vous font un peu tiquer (ou ricaner, c'est selon, je pense que d'autres n'ont pas dû s'en priver).
Histoire "édifiante" a donf, super feel good movie, chronique sans doute un peu idéalisée où tout ce qui finit par arriver et qu'on avait anticipé depuis un moment (avec le mutique, avec la rebelle, avec le converti, etc.) devrait a priori agacer alors que non. On joue le jeu. Quand il y a de l'amour de l'espoir et de la justesse, ça fait oublier le reste. Au début les ados sont cons et présentés comme tels (ça semble juste et réaliste), à la fin c'est tout le contraire (presque trop le contraire diront certains). Mais bon, ça s'est passé comme ça aussi en vrai (sans doute pas si idylliquement ricaneront les mêmes certains).
C'est vrai que tout ce qui a trait à la déportation et à la Shoah me fait immanquablement perdre mes moyens, mais il y a façon et façon de traiter le sujet.  Je me souviens d'être sorti quasiment dans le même état lacrymal de La guerre d'un seul homme, d'Edgardo Cozarinsky. (C'est au moment de parler avec les gens, à la sortie, que ça s'est manifesté de la façon la plus forte...)
Car il y a aussi les réactions physiques, incontestables, pendant le film : Plusieurs fois j'ai ressenti dans le ventre ce petit spasme , qui apparaît sans prévenir, au détour d'une scène, qui coupe un peu le souffle, qui signale un soudain trop-plein émotif, mais qui ne se manifeste , tout compte fait, que face à très peu de films. Là, ça s'est produit, plusieurs fois, (et j'étais content de m'être installé sur le côté, et de ne pas risquer de gêner mes voisins par ces sursauts imprévisibles.)
En tant qu'enseignant (même si ex) je ne peux pas m'empêcher de savourer ce genre d'histoire (ahlala ces profs d'exception, iconiques et sacerdotaux, qu'on a tous à un moment rêvé d'être, qui sont à l'éducation ce que St Louis rendant la justice sous son chêne est à l'histoire de France, ou Les contes du chat perché à la littérature,  ou encore  la Pavlova sur la carte des desserts : des références, des exemples, des trucs qui font plaisir, qui font du bien, que tout le monde adore...)
Et finalement j'étais un peu coupé en deux pendant tout ce film : les tripes (l'affect) qui ouvraient régulièrement les vannes et faisaient pleurer chaque fois qu'il fallait pleurer, et le cerveau (l'intellect) qui commentait en même temps qu'on pleurait "tiens, là, le contrechamp sur la larme qui coule sur la joue, c'est peut-être trop, quand même, non ?" ou "ohlala  et lui qui parle pour la première fois pour dire que, justement, ils ne savent pas s'exprimer, c'est aussi trop...". Vous le savez, je prends souvent les choses au premier degré, et ce fus le cas là aussi, mais, en même temps, j'étais sur un "deuxième niveau de lecture" où je me regardais en train de pleurer (je me serais bien tendu un kleenex, tiens), en décortiquant, en temps réel,  les effets du film. Un poil schizoïde, comme exercice. mais plutôt plaisant (et libérateur ?).
Bref, un film très attachant, concluera-t-on, (ce qui fait qu'on s'y retrouve pieds et poings liés).

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oh oh les affichistes manqueraient-ils singulièrement d'imagination ? Ca ne vous fait pas penser à ça :

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ou encore à ca ??

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4 novembre 2014

typhon

STILL THE WATER
de Naomi Kawase

J'aime le cinéma japonais. Les deux tendances du cinéma japonais : la manière douce (Kore-Eda, Miyazaki, Naruse,Ozu) et la manière "forte" (Kitano, Miike, Nakata, Kurosawa) -en regardant la page "réalisateurs japonais" sur wikiped, je m'a perçois que je n'en ai connais pas le dixième!-, et j'aime donc Naomi Kawase (pas beaucoup d'autres réalisatrices, dans cette liste!) dont nous avons passé plusieurs films déjà dans le bôô cinéma, et, celui-là, Hervé m'en avait tellement dit monts et merveilles que j'avais un peu peur d'être déçu...
(Bon, on va dire "Merci Hervé", encore une fois, avec un peu les yeux rouges et en applaudissant fort.) Même si on n'est pas toujours tout à fait d'accord (sur Bruno Dumont, notamment), grosso modo je sais qu'on peut se faire confiance, mais là, alors mais là, quel commun accord, quel ravissement ce fut!
D'abord, c'est incontestable que la mer est cinégénique (juste une caméra posée devant le rivage, et déjà ça le fait : Kiarostami l'a bien tenté, avec ses canards de Five), et celle que filme Naomi Kawase l'est encore bien plus. Le film s'ouvre sur des plans superbes de vagues assez furieuses qui se fracassent sur une jetée, et, rien que là, on est déjà ravi.
Il sera question d'un typhon (on aura l'avant, le pendant, et l'après), il sera question d'une histoire d'amour (du début d'une) entre deux adolescents, et il va aussi (surtout ?) être question de deux familles, deux structures familiales : une réunie (celle de la demoiselle, où la mère est en train de mourir du cancer) et une  dissociée (celle du jeune homme, dont le père a quitté la mère pour aller vivre à Tokyo). Sans oublier un "regard extérieur", celui de "Papy-Tortue", un vieillard magnifique, poète et sacrificateur. Au début du film, on verra le corps nu d'un noyé, que la mer a rejeté, tandis qu'à la fin on en aura deux, en train de nager idylliquement, juste après avoir fait l'amour... Et tout sera dit. Et, tout du long la mer ("toujours recommencée" comme l'écrivait je ne sais plus qui) dans tous ses états, dans toutes ses couleurs, et toutes ses lumières aussi. Comme dans le récent (et pas encore chroniqué) Des chevaux et des hommes, prennent place régulièrement dans le récit des plans de coupe suffocants de beauté. Rythme, respiration, ressac...Des haltes, des pauses. Mais pas que belles pour juste belles.
Comment dire ? J'ai retrouvé dans Still the water la quintessence de deux cinéastes que j'adore : Apichatpongounet pour la  douceur et la façon de filmer la nature, et Kore-Eda pour l'attention portée aux gens. Et le mélange des deux ne pouvait être que très doux à mon coeur (et à mes yeux).
D'autant plus que la beauté formelle de l'ensemble n'est pas vaine, ni gratuite, elle est juste au même niveau, tant le contenu est dense, et la multiplicité des pistes ouvertes stimulante. Presque trop, diront certains, et pas suffisamment fouillées répondront d'autres (oh les critiques inhumaines pondues par P*sitif et les Cahiaîs, par exemple... comment peut-on parler de regard inquisiteur (celui-la) ou d'interprétation narcissique (celui-ci à propos de ce film ? Je préfère la belle phrase de Didier Péron dans Libé : "Le film nous semble si précieux qu’on voudrait l’avoir dans la poche comme un objet porte-bonheur pour affronter sans peur les nombreux "pourquoi ?" qui attendent encore aux détours des chemins."). La vie (la vie de famille, la fin de la vie), l'amour (le début de l'amour, la fin de l'amour), le temps (être jeune être vieux), les éléments naturels (l'eau, les arbres), les sentiments (amoureux, familiaux, filiaux), les traditions (le sacrifice, les chants, les danses), on pourrait continuer comme ça un certain temps, sans que rien ne soit jamais assené ou définitif. On suggère, on chuchote, on espère, on commente...
Il faut sans doute un certain temps au film pour que le spectateur s'y enracine (mais moins longtemps qu'il en a fallu au banyan (banian) géant pour pousser), il faut en accepter la lenteur, s'y laisser descendre le long du courant, "au flux et reflux des marées" (oh qui donc a écrit ça ?) et aussi les changements de rythme et d'intensité de ces mouvements aquatiques qui scandent le récit : eau plate, déferlantes, ruissellement, trombes, gouttelettes, ressac... Humains aussi. Oui, still the water (ne manquent même pas les larmes.)

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(un petit truc rigolo : quans j'ai enregistré l'image de l'affiche avant de la mettre ici, elle est allée se ranger toute seule dans le dossier "best of 2014 2015"... Incroyable, non ?)

31 octobre 2014

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THE TRIBE
de Myroslav Slaboshpytskiy (vive le copier-coller!)

Celui-là, on peut dire que j'aurai hésité jusqu'au bout avant d'y aller! J'vais lu les critiques, je connaissais l'état d'esprit général, mais je craignais surtout l'extrême violence de la dernière scène (à propos de laquelle je n'ais que des éléments épars et sibyllins). Donc, un film entièrement en langage des signes, mais au début duquel le réalisateur prévient le spectateur que tout cela ne sera ni sous-titré ni doublé ni traduit (ce qu'on peut considérer tout de même un peu comme désinvolte, voire méprisant  envers cette langue, non ?). Ah, Ukraine joyeuse (je suggère au spectateur curieux - et particulièrement de bonne humeur- de voir en double programme celui-ci et Leviathan, par exemple), plaine ma pleine, rien ne manque, la neige, le froid, la vodka, la misère, les magouilles, les combines, la violence, les menaces, et leurs mises à exécution, sauf que tout ça se passe dans un institut pour sourds-muets, où débarque, un beau matin, notre héros, avec sa petite valise à la main. C'est vrai qu'on comprend l'essentiel, les situations (j'avais écrit les sentiments hihihihi!) mais, dans les échanges un peu plus longs, on a un peu de difficultés à saisir les subtilités linguistiques des insultes que nos jeunots s'envoient joyeusement à la face. On le suit de près, (caméra à l'épaule) dans sa découverte de la maison et de son fonctionnement. il comprend vite, notre héros (!) Il en veut! Racket, prostitution, tabassages, vols, plaies et blessures, j'en passe et des moins joyeuses. J'avais tellement peur de ne pas supporter (et tellement peur tout court) que du coup, avec le recul, j'aurais tendance à avoir un jugement finalement plus positif que ce que je craignais -cette fameuse scène finale n'est finalement pas si horrible, alors que celle de l'avortement, si!-, et que je vais essayer de retenir le nom du réalisateur, histoire de voir la suite...

 

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LE DERNIER METRO
de François Truffaut

Je n'avais pas forcément prévu, mais c'est l'Expo Truffaut à la Cinémathèque, vue l'après-midi même, qui m'en a donné l'idée (et l'envie). Manque de bol, c'était au MK2 6 (heureusement j'étais arrivé assez tôt) et la salle était PLEINE. La copie est magnifique, et le film aussi. Deneuve (aaah) Depardieu (oooh) Poiret (eeeh) et tous les autres, aussi. Le cinéma, le théâtre, la guerre, l'amour, la haine, tout y est. Quel plaisir de revoir ce film (que j'avais vu à sa sortie!, c'est à dire, pour certains spectateurs présents, quasiment au temps des dinosaures!) qui a excellemment vieilli. Le désir, la sexualité, le sentiment amoureux... Chacun des personnages a un rapport unique à "l'amour" (Depardieu est charnel, Deneuve sentimentale et Bennent intellectuel, pour faire court, mais chacun des autres aussi (Andréa Ferréol, Sabine Haudepin, Jean Poiret Maurice Risch représente une des facettes de ce sentiment amoureux. Et même László Szabó!). Un art certain du romanesque, et surtout un grand soin apporté à la caractérisation de chacun des personnages.  Du cinéma "classique" (tout autant que l'était celui que Truffaut s'employa à dénigrer et à atomiser lors de ses fougueux débuts critiques). La nouvelle vague est loin, sans doute, mais cette "vieille vague"-ci est plaisante et goûteuse comme un boeuf mironton. Patrimoniale gastronomie cinématographique (c'est dans les vieux pots...) et Deneuve est sublimissime. Oui, oui, oui...

30 octobre 2014

pariscope 6

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A LA RECHERCHE DE VIVIAN MAIER
de John Maloof

Un doc que j'avais raté à Besac, et qu'on ne passera pas dans le bôô cinéma, DONC je suis allé à l'unique séance hebdomadaire du MK2 Beaubourg. Mauvaise pioche, c'était à la 6... Une histoire vraie comme je les adore (un mec qui achète dans une vente aux enchères un gros carton pleins de négatifs et bingo! tombe sur les photos fabuleuses et inédites d'une photographe mystérieuse qui n'a rien voulu montrer de son vivant et a tout gardé pour elle, et les photos sont -VRAIMENT- fabuleuses!) Le chanceux monsieur en question s'est donc mis au boulot, sur tous les fronts : tirage des photos, développement des négatifs , contact avec le milieu de la Photo et celui des Musées (où, au départ, tout le monde fait le sourd -l'aveugle plutôt- avec une belle unanimité) pour déterminer la "valeur" de cette photographe, dans un premier temps,puis ensuite pour tenter de mettre sur place une expo, et finalement, tournage d'un film pour raconter au monde sa belle aventure, et celle, beaucoup plus énigmatique, de la fameuse (désormais) Vivian Maier en question (s). Il a donc mené l'enquête, découvert qu'elle était nounou, et a entrepris de retrouver ceux qui la connaisaient pour qu'ils puissent lui (nous) en parler. Ce qui est drôle, au montage, c'est que les gens font l'effort de se souvenir devant la caméra, disent certains noir et d'autres blanc, se contredisant presque systématiquement, rendant ainsi encore plus complexe le personnage et patente sa volonté de ne pas être découverte (dans tous les sens du terme). Non seulement c'était une grande photographe, mais une grande obsessionnelle aussi, qui multiplia peut-être les photos comme le faisait avec les journaux, les objets, les tickets, organisant  sa vie comme une somme d'accumulations.

 

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 ROME VILLE OUVERTE
de Roberto Rossellini

Je suis allé faire la queue au Champo (ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps, mais avec cette carte merveilleuse désormais plus de soucis! A moi toutes les salles -qui m'intéresseent- ou presque -quand je suis à Paris!-) J'ai donc découvert ce poignant film de Rossellini.L'Italie, la guerre, les soldats, la résistance, la gestapo, les tortures... Anna Magnani est vraiment magnanifique, en femme du peuple qui lutte et tente de survivre au quotidien. Trois personnages principaux, dans le film : Magnani (un) est Pietra, la copine de l'ami d'un résistant, Giorgio (deux) et il y a aussi un super curé super-résistant (trois), Don Pietro. La première mourra "par accident" au milieu du film, le second presque à la fin sous la torture et le troisième tout à la fin sera exécuté. Tout ça à cause d'une traîtresse qui aime trop la drogue, les fourrures, et poser sa tête sur l'épaule d'une officière allemande... C'est à la fois très documentaire et très passionnel. C'est très triste et tout à fait magnifique pour un ignare comme moi pour tout ce qui concerne la guerre et surtout le néoréalisme. Rossellini est un grandissime, et il serait temps que je fasse un effort pour voir enfin tous ses films. Le film raconte le peuple italien au quotidien, qui galère, qui crève de faim, qui s'organise comme il peut, avec le contrepoint sur l'occupant allemand, où tout n'est que champagne, petits fours, manteaux de fourrures et bottes étincelantes. Chacun a choisi son camp, et la guerre fait rage. Plus pur longtemps, heureusement, on est en 44.

29 octobre 2014

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LILTING
de Hong Khaou

J'y suis allé sans rien en savoir du tout et j'ai bien fait. My god! Non mais quel festival de minauderies et de lèvres pincées chez la majorité des critiques (sans une hésitation des hétéro-ploucs, tiens je vais écrire comme dans les tracts du FHAR dans les années 70 parce qu'ils le méritent bien). Voilà un film délicieux, certes avec une grand-mère acariâtre qui a priori ne méritait pas autant d'égards, mais de jolis jeunes gens aussi, un film british avec plein de cups of tea, de politesses, de sentiments qu'on n'a pas forcément beaucoup d'aise à exprimer, de retenue, de larmes aussi, puisqu'il s'agit de la mort d'un jeune homme qui était sur le point de faire son coming-out et d'annoncer à sa mère qu'il vivait avec un autre homme... Et voilà l'autre membre du couple gay, donc le "meilleur ami" aux yeux de la mère, qui va la rencontrer dans la maison de retraite où le fiston l'avait placée provisoirement et va tout faire pour se rapprocher de la mamie revêche et faire son bonheur (elle est chinoise et ne parle pas un mot d'anglais, et il va donc engager une jeune chinoise bilingue pour traduire à la mamie les discussions avec un papy british qui n'est pas insensible à son "charme"...).J'ai trouvé ça très doux, très touchant, très émouvant, (et même très drôle parfois!). Et bien sûr j'ai versé ma petite larme (et pas qu'une, d'ailleurs). Un film tout simple et à la fois très fort. Parfaitement anglais comme on les aime, et le jeune homme survivant est singulièrement attachant...

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LA BALADE ENTRE LES TOMBES
de Scott Franck

C'est drôle d'aller voir un film qui n'"existe" quasiment pas (critiquement parlant). Oui, presque personne ne l'a chroniqué, et pourtant! Bon je l'avais repéré depuis un moment, non pas pour Liam Neeson (quoique...) mais parce que c'était l'adaptation d'un roman de Lawrence Block, avec ce héros, Matt Scudder que j'adore et que j'ai suivi sur une quinzaine de bouquins, depuis une (oups!) trentaine d'années. Au début de la série, c'est un pochetron fini, mais, à partir du moment où il décide d'aller aux AA, c'est fini, il tient bon (mais comme ça a été un peu traduit dans le désordre, des fois il ne buvait plus, et d'autres il rebuvait parce que c'était avant). Ici, il est sobre (sauf dans le flash-back initial où il est joyeusement beurré), et le voilà charger d'enquêter sur des méchants serial-killers en minibus qui kidnappent et zigouillent des petites amies de dealers notoires... C'est bien de voir incarné de façon vraisemblable un héros de polar qu'on chérit particulièrement. Le film est bien fichu, et prenant de bout en bout, "à l'ancienne" diront certains, mais c'est vraiment bien, comme disait Malou, rien que pour la vision de ce New-York des bas-fonds comme si on y était. Une enquête, un privé sans licence, des meurtriers tordus, des comparses attachants (ça fait plaisir aussi de voir incarner TJ, du coup on aurait presqu'envie, aussi, de voir Elaine, la "copine" de Scudder). recommandé, donc, (mais en VO, bien évidemment!)

28 octobre 2014

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LE PROCES DE VIVIANE AMSALEM
de Ronit et Shlomi Elkabetz

Le troisième film de famille (et d'intérieur) des frère et soeur Elkabetz. Dans les six jours, on était dans une maison (mais n'en sortait-on pas un peu quand même ?) ici on n'est que dans un tribunal (et un peu dans sa salle d'attente), uniquement, pendant les deux heures (et les cinq ans!) que dure cette histoire. car, en Israel, quand une femme demande le divorce, il faut et il suffit que son mari daigne le lui accorder. Et ici, le mari (Simon Abkarian chéri-chéri mais là à claquer quand même) ne le veut pas. Et d'audience en audience, de plaidoiries en auditions de témoins, de tentatives de conciliation en outrages à magistrat, de nullité de procédure en bannissement du tribunal, les mois passent, et Viviane Amsalem (la belle Ronit Elkabetz) se désespère mais s'obstine, et cent fois sur le métier remet inlassablement son ouvrage...
Magnifique plaidoirie que ce film sur la "place" (la toute petite place) concédée à la femme par tous ces vieux birbes sentencieux et dogmatiques, mais pas que les juges, non, les maris aussi, et les voisins, et les collègues, toute une société mâle (et machiste) arc-boutée sur des fonctionnement séculaires et le doux ronronnement de la toute-puissance accordée à ses précieuses roubignolles. Le film est passionnant, et réussit son pari, parvenant à nous captiver et même parfois à nous surprendre. Une sacrée belle réussite donc (mais vous savez bien que, dès que ça parle hébreu j'ai déjà des frémissements de plaisir qui me parcourent l'échine...).

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WHITE BIRD
de Greg Araki

Je suis allé le revoir (je l'avais déjà vu en projecttion de presse) le jour de sa sortie, à l'IGC Les halles, et la salle était... complète! (je me demande combien il a fait de spectateurs dans le bôô cinéma hier soir pour notre "ouverture de saison"...) Je l'ai revu avec grand plaisir je dois dire. Peut-être pour essayer de mieux en voir les "coutures", ou plutôt de quelle manière Gregg Araki a su s'approprier, tout en le respectant , l'univers de Laura Kasischke, qu'on pourrait qualifier de pas forcément très proche a priori de celui de l'auteur de Mysterious skin, de Kaboom ou de The doom generation... Le trait d'union, le point commun,  en est, bien sur, les ados, les djeunz, les teen-agers. Des ados aux "hormones en ébullition", que ce soit l'héroïne (oh la scène où elle drague le flic) son boy-friend (oh la scène au bord de la piscine avec la maman de sa copine) ou les deux amis de la narratrice (oh un joli gay et une black oversized, qui ne sucent pas de la glace ni ne ménagent leurs mots ou leurs aspirations fornicatoires), dans un assez réjouissant télescopage entre une reconstitution de cette Amérique de magazine de mode de jadis et la furieuse modernité desdites bouillonnantes et adolescentes hormones. Le film est plutôt très fidèle au roman (j'ai lu celui-ci après avoir vu celui-là) dans ses grandes lignes, mais le réalisateur n'a pas pu s'empêcher d'assaisonner le récit à sa sauce, en rajoutant, notamment, une scène tout droit (toute droite ?) sortie de son imagination mais qui reste somme toute, au diapason du film. Rien n'est jamais Araki à l'homme ni sa force, ni sa faiblesse, ni son coeur et quand il croit... Et je réitère tous mes compliments à Eva Green...

 

27 octobre 2014

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REFROIDIS
de Hans Peter Molland

Un dessert glacé, une gourmandise venue du grand nord : un polar norvégien, avec, normal, Stellan Skarsgård (le papy de Nymphomaniac, entre autres), mais,aussi, beaucoup plus étonnant, Bruno Ganz en parrain mafieux... slovène!. Le premier travaille sur les chasse-neiges, et apprend que son fils a été abattu "par erreur" par des trafiquants de drogue, qu'il va entreprendre d'éliminer l'un après l'autre, en remontant la filière du plus petit jusqu'au plus grand. Le titre anglais du film signifie "par ordre de disparition", et c'est scrupuleusement ce que fait le réalisateur, puisqu'à chaque mort on a droit à un avis de décès, avec l'état-civil du décédé et un croix rappelant son obédience. C'est très... nordique. C'est blanc à cause de la neige et la neige c'est très cinégénique), c'est rouge à cause des morts violentes successives (et si le papa vengeur n'est pas regardant, les autres ne sont pas en reste), et c'est noir rapport à l'humour de la chose. Humour typiquement nordique, je le répète, et le réalisateur sait, à intervalles réguliers, nous rafraîchir les zygomatiques autant que les muscles des paupières (qu'on prend plaisir à fermer de temps en temps), et nous surprend même avec un baiser passionné dans une bagnole que je n'avais pas du tout vu venir. La fin n'est peut-être pas complètement à la hauteur de ce qui a précédé, le règlement de compte final est, pourrait-on dire, sans surprise, mais bon, ça oxygène et ça ravigote une petite virée polaire et frisquette...

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SAMBA
d'Eric Toledano & Olivier Nakache
La bande-annonce me faisait envie (j'aime le regard de faon de Charlotte Gainsbourg et la dégaine touffue de Tahar Rahim) et je suis donc allé à l'avant-première du mardi soir, au MK2 Gambetta, avant d'en lire quoi que ce soit dessus. Je suis bon public, je l'ai déjà dit, et j'avais donc bien déjà les yeux humides au bout de trois minutes de film, et le sourire aux lèvres la minute d'après, certes, et puis rebelote, mais ensuite ça s'est un peu gâté. Il y a effectivement dans le film des scènes magnifiques, drôles, touchantes, jubilatoires, et tout et tout, et puis il y a aussi des choses très maladroites, lourdasses, parfois même surjouées, et entre les deux, beaucoup de trous, comme dans le gruyère. Et pourquoi donc étirer aussi interminablement cette romance entre Omar et Charlotte (2h pour parvenir à leurs fins, pour faire ce qu'on savait très bien qu'ils allaient faire depuis le début du film)? Ca crée des appels d'air dans le récit et c'est dommage. Si les deux héros sont très bien (chacun appliqué dans son registre), on ne peut que craquer pour les seconds rôles (Tahar Rahim, déjà nommé, et Izia Higelin, avec une dégaine qui rappelle Julie Depardieu à ses débuts).Mais bon, problèmes de rythme. Comme si les réalisateurs n'avaient pas réussi à choisir sur quel pied danser (la comédie, la romance, le social, le mélo) et du coup le spectateur est un peu condamné à rester assis et à garder le sac de sa copine...

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26 octobre 2014

pariscope 2

(dans l'ordre)

LE PARADIS
d'Alain Cavalier

Probablement celui que j'avais le plus envie de voir... Dès 9h donc, lundi matin aux Halles, dans une salle assez petite mais étonnamment remplie... Une heure dix en compagnie de la voix d'Alain Cavalier (ce cinéaste singulier qui de tout temps fut plutôt cher à mon coeur ) et des images de sa petite caméra. Un petit paon est mort (que l'on aura vu vivant au tout début du film), il sera question de sa sépulture (d'abord de son absence de) au fil des saisons qui changent le paysage, repérée au pied d'un arbre par un petit bloc immobilisé par trois longs clous recourbés (que le coca n'a pas du tout dérouillés), c'est une chose très belle et très touchante, viendront s'y ajouter, au fil des soixante et quelques minutes suivantes, d'autres choses, plus ou moins petites, plus ou moins touchantes, piochées dans la boîte à trésors qu'Alain Cavalier entrouvre pour nous. Avec bienveillance. Il sera question de mythologie (Ulysse) de foi, d'extases mystiques, (la première avec une hostie, la seconde avec un rollmops), de petits bonheurs, (entre autres douceurs, peut-être douleurs), en utilisant une ménagerie minuscule d'objets simples en apparence pour évoquer des choses qui le sont peut-être moins. Le paradis d'Alain Cavalier m'a sans doute  moins fait immédiatement (et continûment) jubiler que son précédent Pater, mais m'a laissé, à la sortie, quand se rallument les lumières de la salle, comme flottant amniotiquement dans un genre de.... sérénité. Oui, paisible...

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GONE GIRL
de David Fincher

Un thriller dont on croit déjà tout savoir ou presque, au vu de la bande-annonce, justement, vue 1000 fois (au moins). Un mari trop lisse pour être honnête (Ben Affleck), une épouse disparue le jour de leur anniversaire de mariage, l'enquête, les médias qui s'en mêlent, rien de bien nouveau là-dedans, sauf que ce n'est que le début. Le roman (que son auteur a adapté à l'écran pour Fincher) s'intitulait Les apparences, et il en sera beaucoup beaucoup question, de ces apparences, justement.  Surtout que, au bout d'une heure, le réalisateur nous plante le bec dans l'eau de sa narration initiale et nous raconte une autre façon de l'histoire, tout en reprenant la même chronologie, où on découvre une autre façon de voir les choses, qu'on n'avait pas forcément vue venir. Et toc! car voilà que ne va pas tarder un autre renversement, et toc toc! Et ainsi de suite... Fincher connaît son boulot, Gillian Flyn (l'écrivaine/scénariste) aussi, et on passe donc deux heures  vingt quasiment dans un certain état de tension (il paraît qu'elle a changé la fin...). Efficace!

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