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lieux communs (et autres fadaises)
13 novembre 2013

chat roux

INSIDE LLEWYN DAVIS
de Joel & Ethan Coen

Il me semble l'avoir déjà écrit, a propos de A SERIOUS MAN : il y a dans le cinéma des Coen quelque chose d'impeccable, une qualité de facture qui force, forcément (!) l'admiration. Un peu comme s'ils filmaient sur une pellicule spéciale. Cette façon imparable qu'ils ont de s'emparer d'un personnage (un looser magnifique de préférence) et de capturer l'espace-temps qui l'entoure, l'air qu'il respire, la vie qu'il vit.
Llewyn Davis est un musico, un guitariste, un folk-singer sans domicile fixe ni perspective de vie bien définie. Il chante (joliment) par-ci par-là, grapillant quelques dollars, et son principal souci quotidien semble être de savoir où il va bien pouvoir dormir le soir (car l'hiver cette année-là semble être rude, et le pauvre n'a même plus de manteau.
Dès le début du film (qui sera d'ailleurs, par une  construction temporelle spécifique, aussi la fin), les choses sont posées : il a chanté dans un bar, s'excusant au près du patron de la cuite qu'il tenait la veille, puis se fait casser la gueule par un cow-boy dans l'arrière-cour dudit bar, avant de se réveiller dans un appartement vide, en compagnie d'un chat roux qu'il va malencontreusement laisser s'échapper au moment où il ouvre la porte pour sortir, et à la poursuite duquel il va consacrer une certaine partie du film.
Llewin Davis est un  barbu frisé mimi que les réalisateurs réussissent à nous rendre attachant à défaut d'être toujours vraiment sympathique... Ok, il galère, mais est-ce vraiment la faute à pas de chance ? mais on le suit, au long des épreuves qui s'nchaînent tout au long des nuits hivernales (ce n'est pas pour iren qu'on apprendra, tout à la fin, que le chat s'appelle Ulysse) au fil des rendez-vous plus ou moins manqués, des rencontres plus ou moins improbables, des coups plus ou moins durs, des engueulades plus ou moins justifiées aux réconciliations plus ou moins idem, et c'est du grand grand Coen & Coen (mais n'est-ce pas le sentiment que j'ai chaque fois que je sors d'un de leurs films ? Non non, il ya des fois où je sens que, même si c'est brillant, c'est tout de même mineur, tiens il faudra que je fasse bientôt une liste récapitulative).
Oui, j'ai adoré, même si -honte à moi- je me suis un tout petit peu endormi au milieu , et c'est d'ailleurs pour ça que j'y retourne cet après-midi (fin de ce post alors suivra)

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(après l'avoir revu, donc)
Quel bonheur mais quel bonheur d'y être retourné! D'abord le plaisir de revoir le film, mais aussi ce que j'en avais manqué (rien pendant un certain temps, et puis, pour le voyage à Chicago, voilà qu'il m'en manquait pas mal, ou plutôt tout ce qui se passait entre les quelques images qui m'en étaient restées, et ç'aurait été très dommage car c'est vraiment un morceau du film que j'adore, typiquement coenesque : de la belle image, des personnages presque mystérieux, en tout cas inquiétants juste ce qu'il faut, la route dans la lumière des phares, les pauses dans des stations-services, la neige, les mots ou les actes sybillins, on ne comprend pas tout, juste ce qu'il faut, mais on se laisse porter, c'est merveilleux...)
Oui, merveilleux. Tout serait prétexte à compliments : la lumière, la couleur (une gamme d'ocre de bruns de gris), le cadrage, la construction (j'adore cette fuite en avant simplement rectiligne qui nous prouve, finalement, que, même en allant tout droit, et bien, on finit -plaf!- par revenir à son point de départ (parce que la terre est ronde, cqfd), sans oublier l'essentiel : les personnages, bien entendu, en premier lieu ce looser magnifique de Llewyn D., mais tout autant l'intégralité des personnages qui l'entourent, tous traités avec la même attention curieuse, dépeints avec la même tendre vacherie. La même humanité, simplement.
Si le film peut faire sourire en surface, il n'en relève pas moins en profondeur de la même veine mélancolique (aussi violente que discrète, si je peux oser le paradoxe) que j'aime tant chez les brothers C.
Un grand grand cru.

1 novembre 2013

fifty-fifty (prévisionnement Pont-de-Roide)

(tentative de critique "deux pour le prix d'un")

LE GEANT ÉGOÏSTE
de Clio Barnard

LES GARCONS ET GUILLAUME, A TABLE!
de Guillaume Gallienne

Deux films qui m'ont plutôt plu, mais aussi un peu déçu, chacun à leur manière.
Le premier est un film "socio-britton", d'obédience Ken Loach ou Andrea Arnold -déjà deux rigolos- mais que, ces deux-là, à côté c'est quasiment les Bisournous). Le deuxième est un film dont on parle beaucoup depuis Cannes (et avant ?) et c'est l'adaptation par Guillaume Gallienne de son one-man-show du même nom, qu'il réalise qu'il joue -et peut-être même qu'il produit ?-).
Dans les deux films il est beaucoup question de mère (celle des différents personnages principaux) et accessoirement de chevaux (dans les deux films, coïncidence, le même plan ou quasiment d'une tête de cheval dont on voit surtout l'oeil.)
Chez Barnard, les deux héros sont des gamins / jeunes ados "en rupture" (familles dans la mouise, absentéisme scolaire, alcoolisme, surpopulation, chômage, joggings crasseux, clopes, etc.) -un petit blond maigrichon teigneux en colère contre la terre entière et un petit gros placide qui aime les chevaux, qui vont essayer de "s'en sortir" (surtout en volant du cuivre et en se mettant en cheville avec des ferrailleurs), tandis que chez Galienne le héros est Guigui lui-même, tout propre et bien frisotté, son problème étant qu'il est considéré dans sa famille (et par sa mère) comme une fille, et tentant donc de se comporter comme tel(le).
En Angleterre on essaye de s'en sortir en grattant du fric par-ci par-là avec des combines plus ou moins légales et honnêtes (plutôt  moins que plus, d'ailleurs), tandis qu'en France, il s'agit pour le héros juste de faire son coming-out en tant qu'hétérosexuel, ce qui n'est pas évident non plus, certes, mais pas exactement sur le même plan.
Le film de Clio Barnard est une reconstitution poignante et immersive, extrêmement vériste, jusqu'au moindre cheveu gras et autres ongles en deuil, tandis que celui de Gallienne est avant-tout  une aimable -et hallucinante- prouesse technique, puisque l'acteur joue simultanément son rôle et -c'est là que ça dépote- celui de sa mère omniprésente et castratrice -hallucinante, je le répète-).
Peut-être que le premier (film) est trop noir-noir-noir et répétitif dans les hurlement les fucking bastard et les coups de vache, et que l'autre au contraire est trop gentillet et égocentré... Mais c'est incontestable, on flippe autant devant l'un qu'on rigole ou sourit devant l'autre...

Dans Le géant... il faut attendre les quinze dernières minutes (après une catastrophe qu'on pressentait quasi depuis le début du film) pour que tout ça s'apaise un peu (c'est vrai que, par opposition avec tout ce qui a précédé la fin est comme une respiration, un appel d'air, un apaisement) et acquière une certaine grandeur, alors qu'on contraire j'ai le sentiment un peu flou (je n'ai plus exactement le souvenir) que, chez Gallienne, c'est la fin, au contraire qui serait un peu ramollo-planplan, et, du coup, pêcherait...

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31 octobre 2013

le nouveau marronnier

UN CHÂTEAU EN ITALIE
de Valeria Bruni-Tedeschi

Je l'avoue, la dame m'intéresse, surtout depuis qu'elle a un délaissé les rôles suicidaires / bipolaires / borderline dans lesquels on l'avait cantonnée un peu à ses débuts au cinéma pour passer à la réalisation (elle joue aussi dans ses films, elle y est toujours un peu dérangée, ou à côté, avec, heureusement un éclairage qu'on pourrait qualifier de comique (allez, lâchons-nous) ou, tout du moins, souriant, qui vient agréablement adoucir l'acidité (ou l'amertume) des susdits rôles borderline). oui, j'ai toujours été intéressé par la façon de jouer de Valeria Bruni-Tedeschi.
Il y a eu Le chameau, il y a eu Les actrices, et voici Le château,et j'avoue que mon plaisir est resté quasiment intact (contrairement à certains, dans les Cahiaîs, par exemple, qui se sont livrés à un dynamitage en règle tout aussi méchant que gratuit -à mon avis-). C'est sûr, Valeria B-T raconte toujours un peu la même chose, elle parle d'elle, ou de quelqu'un qui lui ressemble drôlement, et de sa famille (ou d'une qui lui ressemble drôlement : sa mère joue son propre rôle dans chacun de ses films, et son père, son frère et sa -célèbre mais que je ne nommerai pas ici- soeur (ou demi-soeur ?) et là Cloclo pourrait conclure "oh oh ce serait le bonheu-eur". Sauf que pas vraiment.)
La famille était riche, mais elle n'a plus de pépètes et doit penser à vendre pour retrouver quelques liquidités, le frère est gentil mais il est séropositif, Valeria voudrait un enfant, mais ça ne marche pas, Louis Garrel est sympathique, mais il n'arrive pas à décider si cette relation mérite ou non qu'il s'y investisse... Bref, tout va un peu joyeusement de traviole, même pour les proches de la famille (la belle-soeur -Céline Salette-, l'ami pique-assiette  profiteur et alcoolique -Xavier Beauvois dans ce rôle est idéalement confit dans l'alcool- et même le curé (Pippo Delbono, même si on le voit à peine 2' chrono). Quant à Omar Sharif, il va très bien rassurez-vous.
Oui, il est à nouveau question d'actrice (ici c'en est une de cinéma qui ne veut plus jouer), de différence d'âge (elle fait jouer à son ex le rôle de son nouvel amoureux) de désir d'enfant (fiv et autres "branlettes dans les chambres d'hôpital") et on peut toujours y percevoir, si on le souhaite, cette délicieuse aura tchekhovienne qui faisait déjà le charme des Actrices... La maman est toujours aussi bonne actrice (et on retrouve dans son visage les yeux de Carlachounette, non ?) et la succession scénaristique en dents de scie toujours aussi plaisante (zigzags affectifs, passage du coq à l'âme narratifs, montées en pression dramatique suivies d'un brusque éclat de rire ou l'inverse...), avec en plus des musiques plaisantes (Ah, Rita Pavone sur le générique de fin), qui aident à mieux s'attendrir sur / sourire de ces pauvres gens affreusement riches mais si exquisement malheureux...

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21 octobre 2013

grands chaperons rouges

LE GRAND'TOUR
de Jérôme Le Maire

Un film jupilatoire.
C'était programmé dans la semaine belge, et j'aurais pu attendre la 2ème projection, celle de la soirée de clôture, à 20h30 en présence du réalisateur, avec la bière offerte à la fin, mais un pressentiment m'a poussé à aller à la première, au cas où... et le cas était bien là. Plaf! le genre d'évidence qu'on se prend en plein dans la tronche. Un film qui démarre comme une bonne blague potache : les membres d'une fanfare, tous habillés en rouge, décident de couper à travers bois pour rejoindre un carnaval, à 20km de là. "Passer par les bois". Le début du voyage est très festif, très alcoolisé, très fêtard, très cocaïne et autres adjuvants psychotropes. Imaginez dix mecs qui s'en vont, qui lâchent tout pour partir comme ça, faire la fête, entre potes, à pied. C'est bien, c'est tellement bien qu'ils décident de ne pas s'arrêter en si bon chemin, et vont donc continuer vers Munster, où les rencarde un fêtard germain croisé par hasard dans une rue la nuit. Lorsqu'ils y arrivent, pas de teuf mais un symposium d'art contemporain. Pas grave, ils vont alors profiter des ressources locales. Puis de là repartent vers un autre carnaval, dans le village natal d'un d'entre eux. Et repartent encore. Et ainsi de suite.
Le film m'a enchanté (au sens propre, comme dans les contes). Parce que ce qui se présente au début comme un documentaire, (des mecs témoignent face caméra et a posteriori sur ce que l'on peut (re)voir, en même temps, en live (une joyeuse troupe braillarde, enrougée, une fanfare dissonante, des litres de bière...) il me faut là une deuxième parenthèse de fermeture...) va se révéler au final un projet bien plus malin -et grandiose- qu'il n'en a l'air.
Où est-on, où en est-on ?
Au début, nulle part. Pour vous donner une vague idée, euh... sur la forme, on pourrait évoquer une version rigolarde  du Projet Blair Witch (des gens sont filmés en train de crapahuter dans les bois, mais c'est filmé vrai/faux) avec énormément de tout à fait autre chose qu'on aurait du mal à nommer (oh cette folie, cette folle liberté, cette simplicité et à la fois cette justesse, non, vraiment, ça ne ressemble à rien de connu ou presque) ou bien -tiens- une version à la fois enfantine et alcoolisée de Dix petits nègres pour le fond et la structure (le groupe initial va progressivement et inéluctablement se réduire) ou bien le début de Monty Python Sacré Graal (les mecs qui marchent en cognant les noix de coco) sauf que pas du tout.
Sous des dehors fêtards, sous les oripeaux -rouges- de fiction à la va-comme-je-te-pousse (ou plutôt comme je te filme), le réalisateur met en place une fausse/vraie histoire autour d'une communauté virile (hmmmm), qui part comme ça sans savoir où ni trop comment et surtout sans se demander jusqu'à quand (comme chez les AAA : juste un jour à la fois) qui, s'élaborant hors des sentiers battus , sort ainsi d'une réalité rassurante et réglée, et dérègle aussi par la-même la mécanique de la fiction et du film qu'on aurait pu attendre, ou qu'on aurait cru qu'on allait voir.
Et il s'agit peut-être bien finalement d'un doc, mais pas sur ce groupe d'hommes qui marchent, ou plutôt d'un genre d'état des lieux de la masculinité (j'allais écrire masculinitude, tant il faudrait peut-être créer un terme pour désigner cette condition d'homme(s), ce que Jérôme Le Maire nous montre, nous donne à voir, ou veut nous dire.) Des hommes normaux, comme vous et moi (encore que) qui à un instant donné font un pas de côté. Puis un autre. Et un autre encore. Hommes qui marchent, mais, surtout, qui marchent ensemble, "dans l'amour et l'amitié", comme le dit Pinard. C'est cet état qui m'a particulièrement séduit et fait gamberger, cette collectivité mâle rêvée, fantasmée, pourtant à partir d'éléments disparates et banals
Au départ, ils vont d'un point à un autre. Mais "en passant par les bois". Cette dénomination devient presque une contrée fantasmatique à elle seule, tandis qu'ils sillonnent la Belgique en laissant autour d'eux (derrière eux) des traînées de confetti comme des petits poucets fanfarons et vacarmeurs. Et c'est vrai que ce sont pour moi les moments les plus forts du film, les crapahutages, les campements sylvestres (aussi joyeux qu'utopiques), les instants de vie commune, idéalisés quasiment (oh ces attendrissants réveils enchevêtrés), les bivouacs, les rencontres, les discussions...
Car, mine de rien, le film prend soudain une nouvelle respiration (et la façon de filmer aussi), lorsque Vincent annonce qu'il arrête la présidence et qu'il "continue son Grand'Tour", et que certains décident de le faire avec lui. On est moins dans la grosse rigolade, la poudre aux yeux et la fanfaronnade. On repart, mais pour quoi ? On y va, mais où ? Les conversations se font plus posées (la caméra aussi), et les questions aussi, que justement chacun se pose, à sa manière, comme s'il faisait le point -personnel- sur ce fameux Grand'tour (sur soi-même et un peu plus loin.) Il y a alors un genre d'épuisement progressif. Plus rien à sniffer/fumer, plus rien à boire ou presque, de moins en moins de certitudes... C'est à ce moment que les personnages sont de moins en moins filmés de près, mais de plus en plus comme insérés dans un cadre naturel qui prend de plus en plus d'ampleur de respiration et de majestueuse beauté (de réalité), au fur et à mesure qu'eux rapetissent dedans...
Et certains continueront jusqu'au bout, même si d'autres s'arrêtent. A la presque fin, ils sont encore trois (hirsutes et barbus) et s'engueulent pour une histoire de carte, de direction à prendre, de détour, de délais. Deux routes, trois mecs. A ce moment, chacun a fait ce qu'il avait à faire, changé, un peu, beaucoup, ça dépend des gars, et chacun finissant par trouver quelque chose qu'il n'avait pas forcément cherché...
Oh le beau, le délicieux, le merveilleux film
(à suivre, probalement, après la soirée du 22)

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19 octobre 2013

semaine belge un

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LA CINQUIEME SAISON
de Peter Brosens et Jessica Woodworth

Un film magnifique. Une mise en images somptueuse pour une histoire sombre, à mi-chemin entre Les saisons (le beau bouquin pluvieux et glauquissime de Maurice Pons) et The wicker man (le film tordu de Robin Hardy). Un film aux couleurs, et au goût, de la terre, omniprésente. Des images saisissantes pour une histoire de pécores subtilement romancée (le printemps ne revient plus, dans un petit village et ses environs, alors que vient justement d'y arriver et de s'y installer un "étranger" apiculteur en camionnette pourrie avec son fils handicapé...) qu'on suit au fils des saisons (annoncées à chaque fois, comme titres de chapitres), ou de la saison, plutôt, celle  annoncée au générique... Avec, en pointillés, la relation entre la fille d'un paysan et le fils de l'épicier...
Une oeuvre (d'art) splendide, ouverte sous le signe de la comédie agreste et pince-sans-rire, pour glisser progressivement vers la noiceur la plus inquiétante. Car les choses vont de plus en plus mal, forcément, quand plus rien ne pousse, que les coqs ne chantent plus, qu'il faut tout rationner. Et se préoccuper surtout, alors, de trouver un bouc émissaire.(Ah la singularité cinégénique -et terrifiante- des rites païens et ancestraux...) pourt tenter de remédier à tous ces malheurs qui s'abattent (comme les arbres, qui tombent tout seuls). Très impressionnant.

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JE SUIS SUPPORTER DU STANDARD
de Riton Liebman

C'est le film, parmi les six qui sont programmés, sur lequel je n'aurais pas  apriori parié une cacahuète, au vu de l'affiche et du synopsis (un bourrin amateur de foot essaie de changer de comportement lorsqu'il tombe amoureux d'une jolie blonde...) mais qui se révèle une agréable et sympathique comédie (je précise que j'ai personnellement horreur du foot) par le biais de son réalisateur scénariste acteur principal, l'attachant Riton Liebman (le film aurait de forts accents autobiographiques) et la galerie de personnages (et d'acteurs) tout aussi attachants dont il a su s'entourer.
Le film vaut incontestablement mieux que la volée de bois vert critique qu'il a reçu. Riton Liebman sous couvert de "comédie romantique" (pas l'aspect le plus probant du film d'ailleurs) nous livre le portrait "social" (aigre-doux) d'un mec "normal" souffrant  d'une dépendance (le foot présenté comme une addiction, j'adore), puis s'empatouille un peu dans différentes strates du récit pour  virer -j'adore- au conte bisounours (avec -en ce qui me concerne- le plaisir ineffable du sous-sous-texte gay (qui n'était peut-être pas l'intention de Riton L.) : "je vais t'aimer jusqu'à ce que tu t'aimes..." dit-il à son jeune ami torse nu avec qui il s'éloigne après l'avoir étreint...) où tous les fils scénaristiques épars se nouent magiquement d'un coup : youp la boum! et que tout va bien partout. Avec en prime un très joli clin d'oeil à La rose pourpre du Caire. Oui, attachant, vous dis-je.

19 octobre 2013

prévisionnement dole

4 films :
SUZANNE
de Katel Quillévéré

Sara Forestier est magnifique, et Katel Quillévéré est son prophète. Après Un poison violent, le nouveau film de la dame. Dès le générique, on est appâté : Sara Forestier, Adèle Haenel, François Damiens : les deux soeurs et le papa, dans une chronique familiale qu'on va suivre sur une vingtaine d'années, voire plus. Chronique centrée sur le personnage de Suzanne (Sara Forestier, enfin sortie des rôles de fofolle dans lesquels elle semblait jusqu'ici cantonnée), une jeune fille qui sait parfaitement ce qu'elle veut, même si ce n'est pas toujours le plus judicieux choix envisageable. Un personnage "contre", qui va grandir, s'affirmer, se construire (ou l'inverse ?) au fil de scènes agencées comme des blocs temporels, se succédant chronologiquement, au fil d'ellipses savamment pensées. Une belle et forte chronique, des beaux personnages, des acteurs inspirés... une incontestable réussite.


YASMINE
d'Alain Ughetto

Une histoire d'amour datant de 1978. Le réalisateur se souvient de la femme qu'il a aimé, une jeune Iranienne qui est ensuite retournée à Téhéran, (au moment où ils mettaient le Shah dehors pour le remplacer par l'ayatollah) qu'il a rejointe là-bas, avant de retourner seul en france et de perdre sa trace. Un film autobiographique, un film d'animation (mêlant images d'époque, parfois retravaillées, et animation de pâte à modeler -un travail de titan, certes, mais un peu répétitif dans la forme) sous forme d'échanges de lettres entre la France et l'Iiran


AVEC DEDE
de Christian Rouaud

Un doc sur un musicien / chanteur/ grand bonhomme breton, par l'auteur des Lip et du Larzac. De la bombarde et des traditions orales chantées bretonnes. film dont je ne veux rien dire d'autre tant j'y ai honteusement dormi (mais tous les autres avaient l'air enchantés)


HENRI
de Yolande Moreau

Pippo Delbono est magnifique, et Yolande Moreau est son prophète. Pépin l'avait vu cet été en avant-première à l'utopia d'Avignon et m'en avait dit le plus grand bien, mais je ne suis pas toujours d'accord avec lui (il a une prédilection sur ce qui est très... atypique), j'étais donc au départ sur une réserve prudente, d'autant plus que le début du film justement, la mise en route donc, est un poil laborieuse (avec notamment des scènes récurrentes et un peu péibles de trognes et d'ivrognes, notamment jacky berroyer dans un rôle spécialement ingrat - et antipathique-.) Un veuf (le plus court rôle de Lio à l'écran), Henri,  un peu poivrot, colombophile, restaurateur, et un "papillon blanc" (entendez une jeune fille handicapée mentale, engagée au foyer du coin par la fille du restaurateur pour l'aider "parce que ça coûte moins cher"), Rosette. Premiers contacts, apprentissage(s), apprivoisements respectifs. Jusqu'au matin où, après un lendemain de cuite, Henri ne se souvient plus qu'il a donné à Rosette une robe de son ex-femme. Ni que, comme elle le raconte partout, il l'a mise enceinte durant la fameuse nuit en question. Aïe aïe aïe.
Et puis, tout à coup, ça devient magique. Merveilleux, beau à pleurer, étrangement réaliste, ou réalistement étrange, par la grâce de Pippo Delbono et Candy Ming, d'un bord de mer, d'une baraque à frites, d'une chambre d'hôtel. On a quitté une narration un peu trop terre-à-terre pour se mettre à planer soudain dans les hautes sphères d'une folle beauté cinématographique. oui, c'est vraiment ça, le film prend soudain son envo l (normal, c'est peut-être le pigeon qu'on cherche depuis le début...). C'est en même temps très simple et très majestueux, ça coupe le souffle et ça oxygène grave le ceur et le cerveau. Superbe.

16 octobre 2013

la vie de nader

ALI A LES YEUX BLEUS
de Claudio Giovannesi

Celui-là, ne e chez pas les horaires de projection, il n'est pas encore sorti! (eh oui! on a de l'entregent ou on n'en a pas -mais cette fois-ci ça ne vient pas de Zabetta, ça vient d'Ericchounet, dit aussi Groumfff en d'autres criconstances). il me semble qu'il sort début décembre ou dans ces eaux-là. Décidément tout ce que je vois en ce moment comme cinéma italien me fait grand plaisir. et celui-là même tout pareil!
Deux copains ados, un italien et l'autre égyptien, qui font des conneries (ça commence avec scooter, flingot et braquege de pharmacie) mais vont quand même en cours après, histoire de rouler un peu les mécaniques, de mater les demoiselles, et de glander comme peuvent le faire les ados (et adotes). petite zone plaisante, trucs d'ados quoi, jusqu'à ce que, un matin (!) en discthèque, l'un des deux se prend la tête avec un mec qui dragouille son ex, en vient aux mains, puis au couteau. manque de bol, le mec blessé est roumain, et voilà que les grands frères tontons et cousins roumains se mettent à la recherche de celui/ceux qui a/ont fait ça, et qu'ils ne sont pas joyeux joyeux.
Bord de mer, jeunes gens désoeuvrés, avec le caleçon qui dépasse du baggy, action violente et ses conséquences qu'il faut assumer, on nest pas très loin des Apaches vu récemment et  d'excellente mémoire (d'autant plus qu'ici, de la même façon, les acteurs principaux ont donné leur prénom au personnage qu'ils interprètent. -et réciproquement-.)

9 octobre 2013

je suis l'autre

NOS HEROS SONT MORTS CE SOIR
de David Perrault

Je l'ai vu à la maison (puisqu'il ne sortira que le 24 octobre, hihihi). Encore un fruit de l'entregent de mon amie Zabetta (qui m'a sorti le dossier de presse et le dvd, hop! comme un lapin du chapeau d'un magicien...). Ledit dossier de presse est très beau (photos en noir et blanc "sépiatisé", avec un encart de fac-similés de journaux de catch de l'époque, car le film parle de catch et de catcheurs -masqués- à la fin des années 50/ début 60), à l'image du film donc : noir et blanc, très beau, et "d'époque".
C'est l'histoire de deux hommes, deux amis, Simon (Jean-Pierre Martins) et Victor (Denis Ménochet). Deux costauds. Qui vont s'affronter sur le ring, le premier avec le masque blanc ("Le spectre", le gentil), et l'autre avec le masque noir ("L'équarisseur de Belleville", le méchant). C'est Simon (comme dans la chanson...) qui va  mettre le pied à l'étrier à son ami Victor en lui organisant une audition pour le faire embaucher comme catcheur qui combattra avec lui/contre lui. Mais Victor revient de la guerre, et est encore "émotionnellement fragile". (Denis Ménochet joue ça à la perfection : dans une carcasse de la stature  d'une armure de combat se dissimule en réalité une petite chose fragile, -une fleurette, un brimborion-).
L'ouverture (la mise en place) prégénérique, plastiquement superbe, est un régal de cinéma : on débute avec un gris granuleux d'images comme celles des actualités au cinéma, alternant scènes de catch et scènes de guerre, nous évoquant en alternance quel genre de combattant peut bien être chacun de nos deux héros, puis on glisse à un noir et blanc magnifiquement sculpté (on ne serait pas très loin d'un David Lynch ou d'un Guy Maddin -puisque c'est un film qui se revendique comme cinéphile-, avec toujours cette alternance, ce parallélisme entre les deux (un homme dans une chambre) que vient surfiler la voix off du narrateur (celle de Simon)
A ses vaguement inquiétantes (mais cinéphiliquement exquises) dérives oniriques initiales  le réalisateur va  ajouter un contrepoint narratif plus terre-à-terre, réaliste, rassurant : un bistrot, une chambre, un juke-box, un comptoir, et c'est un peu comme si une histoire parallèle se mettait en place, ou peut-être juste un reflet de ce qui est depuis le début en train de se jouer, un trompe-l'oeil. Car il s'agit d'une histoire en noir et blanc située à la fin des années 50, et qui plus est dans le monde "interlope" du catch (mais celui des petits combats miteux  -et  des paris crapoteux qui vont avec - distractions popu du samedi soir). Donc on reste dans l'un peu étrange, l'à-côté...
Cette problématique initiale du double (ou du reflet, ce qui revient un peu au même) - avec bien entendu (!) son sous-sous-texte affectif et homoérotique- était à mon sens suffisamment forte, avec le petit monde environnant -et juste- du bar, du ring,  et des chambres de bonne, sans devoir lui adjoindre encore un fil narratif supplémentaire (histoire de truands, de dette, d'exécuteur des basses oeuvres, de vengeance) qui ne fait que parasiter le propos -et je ne suis pas sûr que le personnage de Yann Colette, tout droit sorti d'un film de Bilal- soit vraiment indispensable, tandis que celui de Philippe Nahon, par exemple, l'est. Comme dans les matchs de catch, c'est d'un affrontement qu'il est question certes, mais tout est  prévu, arrangé. Codé. Chorégraphié serait plus juste (et plus élégant). Comme dans les polars français ou américains que le film évoque. (James Cagney est cité deux fois, par les dialogues et par l'image)
Oui, un film d'hommes. Et Denis Ménochet et Jean-Pierre Martins sont tout aussi superbes l'un que l'autre à l'écran parce qu'ils sont (mais encore une fois c'est moi qui l'interprète comme ça) filmés avec grand soin, quasi... amoureusement (ah ce virevoltement de cape qui révèle un torse mâle au ralenti...). Et que leur(s) histoire(s) parle(nt) aussi un peu de ça (cf la scène dite "du poulet"). Des hommes (comme dans la chanson de Brigitte Fontaine, on y revient...), et du cinéma aussi (tout aussi amoureusement à propos du film que des costauds masqués, d'ailleurs). Avec beaucoup de tendresse et de respect. Et de trouble aussi. (les scènes de rêves récurrentes de Victor, avec les masques, et les masques de dessous les masques, en sont un exemple parfait). Bref un premier film original, épuré, attachant. Et troublant.

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(Je ne suis pas sur que l'affiche, telle que, donne vraiment envie aux gens d'en savoir davantage et les incite à voir le film. le masque, sorti du contexte du ring évoquerait plutôt a priori un univers SM, que la représentation des 2 hommes en rectangles verticaux accolés -figurant des barreaux- accréditerait encore)

 

 

8 octobre 2013

théosophie

LA DANZA DE LA REALIDAD
d'Alejandro Jodorowsky

Du même réalisateur, j'ai finalement peu vu : La montagne sacrée , que j'avais adoré, ou qui plutôt m'avait fasciné, principalement sans doute parce que c'était un des premiers FAQV -avec Les 1001 nuits de Pasolini- que j'avais pu voir à l'époque, puis -et enfin-  El topo qui m'avait exaspéré à tel point que j'étais me semble-t-il sorti avant la fin.
Celui-là ne me faisait pas au départ  particulièrement envie mais je me suis laissé titiller par l'enthousiasme de certaine chronique dans Téléramuche. En plus, les horaires concordaient pile-poil.
Vamos pour La danza!
Et alors ? Bon, déjà j'ai raté les premières minutes de projection (dans le bôô cinéma, si un film de deux heures passe à la séance de 18h, même si la séance a été programmée 5' plus tôt, le film démarre tel quel sans pub ni rien) ce qui m' agacé. Ensuite, j'ai eu un peu de mal à m'immerger dans la reconstitution de ces souvenirs del Señor Alejandro. Le père grosse brute, ok, la maman qui ne s'exprime qu'en chantant ok, les estropiés en pantalon de treillis ça devenait déjà moins drôle, et les scènes où je me cachais les yeux avec la main (soit par leur violence, soit par la répugnance qu'elles provoquaient) ont commencé un peu à me fatiguer...
Je pensais -et je pense toujours- au long de la projection Que tout cela est excessif! et j'avais le sentiment -nationalité et profession oblige- d'être devant un film de Raul Ruiz mais sous crack et sous mezcal... Et que peut-être l'enthousiasme excessif du chroniqueur de Téléramachounet était dû à un fumage excessif de moquette (ou autre substance adéquate).
En même temps, j'ai une grande tendresse pour le vieux Señor, je comprends le projet, je le respecte, même si j'ai du mal, et de plus en plus au fil du film, à y adhérer. Ca gueule trop, ça saigne trop, ça dynamite trop, dans un premier temps, puis ça s'étire et se répète un peu trop dans la -trop longuette- deuxième partie, et pourtant quel lyrisme, quel enthousiasme, quelle force, dans la révolte du réalisateur, contre les tyrans (en général, et d'Amérique latine en particulier), la religion (dieu n'existe pas) le racisme, l'antisémitisme, .
Le programme est impeccable sur le fond, c'est juste la forme à laquelle je ne parviens pas, ou pas assez, à adhérer. (Cette fascination pour la monstruosité, la difformité, qui fit aussi les beaux jours et les choux gras del Señor Arrabal, dont je dois dailleurs avoir quelque part une photo qui traîne où on les voit tous les deux, à poil, en train de fumer le cigare, au temps du mouvemnt Panique).
La fin, heureusement, est tout juste sublime, peut-être justement parce que c'est un temps d'apaisement et de respiration lyrique. (fondu au blanc sur une embarcation qui s'éloigne lentement...)

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7 octobre 2013

docteurs(s) pizarski

TIREZ LA LANGUE, MADEMOISELLE
d'Axelle Roppert

J'ai enchaîné, après le Woody Allen, sur le film d'Axelle Roppert (dont j'avais beaucoup aimé La famille Wolberg). Et si j'ai beaucoup aimé le premier film de l'après-midi, j'ai encore plus aimé celui-là. Encore un beau portrait de femme (Louise Bourgoin, vraiment excellente) mais cette fois-ci prise entre deux feux : elle est désirée en même temps par deux hommes, deux frères, tout deux médecins (Laurent Stocker et Cédric Khan, tout aussi magnifiques), qui soignent sa fille.
Un film simple, tendre, chaleureux, humain trop humain, quoi... Tous les rôles sont traités avec le même intérêt, la même attention, le même respect. (est-ce juste possible que deux médecins travaillent ensemble, dans le même cabinet, assis côte à côte, et se déplacent, de même, sensemble pour les visites , dans la vie réelle ? en tout cas, ici, c'est comme ça que ça se passe, ça fonctionne, et on y croit, ou on a envie d'y croire...)
La fillette est souvent seule, car sa mère est barmaid, et c'est au cours d'une visite nocturne (la petite est diabétique, mais "elle gère"...) que les deux frangins vont faire sa connaissance, puis celle de sa mère, séparément, mais avec le surgissement du même sentiment : chacun tombe amoureux de cette demoiselle, ce quasi chaperon rouge (quand elle marche dans la nuit pour rentrer chez elle, dans son petit manteau de la même couleur -avec gants et ongles assortis-...) et va, dans un premier temps, tenter d'assumer ça tout seul comme un grand, avant que de s'en ouvrir à l'autre, car la situation n'est pas exactement simple, mais va, encore, du coup, se complexifier...
Le jour, il y a les clients du cabinet médical, la secrétaire, le "quotidien", et la nuit, tout un ballet de gens qui marchent dans les rues, seuls ou à deux, se croisent, se rencontrent, parlent, se rapprochent, s'envisagent... C'est aussi touchant que juste, ces déambulations, ces conversations, ces fenêtres dans la nuit dont on attend qu'elles s'allument pour être rassuré (les deux frères ont des appart' en vis à vis).
Oui, tout est d'une justesse et d'une tendresse confondantes. Louise Bourgoin rayonne, et si Laurent Stocker est un peu en retrait (c'est son personnage qui veut ça), Cédrick Khan, par contre, est lui vraiment superbe (je le connaissais réalisateur, il me semble que je le découvre acteur, et je le trouve beaucoup plus convaincant dans ce rôle. -Je viens de vérifier, et je l'avais déjà vu jouer, c'était lui le frère chiant de Pio Marmaï dans Alyah- mais, je le répète, il est ici, parfait, dans la retenue, le quant-à-soi, l'intériorité).
La dignité. Oui, c'est un mot qui lui convient bien, et qui conviendrait tout aussi bien pour définir le film.

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