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lieux communs (et autres fadaises)

16 juin 2020

ce monde est cruel

"Ni se nourrir, ni se loger n'est gratuit, j'crois qu'avec ça j'ai tout dit
Ce monde est cruel (ce monde est cruel) ce monde est cruel (ça y est j'ai tout dit)
Pas manger, ça fait mourir, et j'suis habitué au chauffage
Tes besoins vitaux sont payants, t'as compris la prise d'otage
Depuis tout p'tit dans la merde, tu sais qu'il faudra mailler
Au moins un peu pour l'loyer, au moins un peu pour grailler
Depuis tout p'tit dans la merde, on t'apprend à travailler
Personne va t'ravitailler à l'œil, personne va s'apitoyer, ma gueule
Ce monde est cruel (ce monde est cruel) ce monde est cruel (ce monde est cruel)
Et j'peux développer encore, j'te l'fais sans aucun effort
Pour travailler, donc pour manger, on t'prend à trois ans, on t'lâche à vingt-cinq
Tes meilleures années, si tu pars avant, tu démarres en bas de la pyramide
Et tu fermes ta gueule, tu fais les pires des tâches, tu gravis les étages au ralenti
Tu tapines en stage, t'es sous-payé et on t'oblige à sourire (merci)
Car c'est une chance (merci) déjà d'être là avec tes vieux diplômes (hein?)
Hein? Bon, parlons des diplômes (oh non)
Personne n'est sûr mais fais-le quand même pour la sécurité
D'ailleurs, toute ta vie, pense à sécuriser, même si t'amasses ne dépense pas
On sait pas c'qui peut arriver, hein, tu peux mourir, c'est vrai
Mais, si c'est pas l'cas, tu peux souffrir du manque, être interdit par ta banque
Et, ça, ça fait peur (et, ça, ça fait peur)
Ouais, les banques, ça fait peur (ouais, les banques, ça fait peur)
Des banques privées s'enrichissent, des pays s'endettent
De tout petits groupes très riches face au reste du monde
Face au bétail, face à la masse de salariés sans tête
N'oublie jamais qui gagne quoi lorsque tu taffes
Si ça te fâche et qu'tu veux plus, n'oublie jamais qu'tu manges plus
Ça r'ssemble à un choix (that sounds like a choice)
Si c'est pas d'l'esclavagisme, c'est quand même pas vraiment très humaniste
J'emploie des mots à m'faire sucer la bite
Ce monde est cruel comme se faire des amis
C'monde est cruel comme tenir sa racli, déjà faut l'avoir, faut passer les tests
Je sais qu'sans le rap, je referais partie
Des 95% des garçons qui n'ont qu'une ou deux filles dans leur vie
Parce qu'ils sont pas très beaux, parce qu'ils sont pas très riches
Et même pas vraiment drôles donc un peu invisibles
J'f'rai pas d'généralité mais, franchement, les meufs sont res-du
Le gentil garçon que j'étais s'en souvient dans son lit, j'ai douté de tout, merde
À m'en couper le cou, j'étais sûr d'être le 'blème
La preuve en est, j'me suis amélioré, et c'est maint'nant qu'on m'aime
C'est pas des lol, j'ai dit "deviens génial", deviens spécial, ah ouais, dans l'pire du pire
Tu pourrais trouver quelques fétichistes, ce monde est cruel, il te reste le cynisme
Tu ne nais pas dans l'amour, enfoiré, on t'éduque à la honte, on t'éduque à la haine
On s'habitue à tout, on t'apprend qu'être aimé se mérite
Il y a bien longtemps de ça, deux être ailés sont venus, qu'ils nous ont créés
Qu'on les a déçus, qu'ils nous ont maudit comme le peuple élu Hein?
Qu'au moindre péché t'es bon pour l'enfer, une éternité de flammes et tortures

Fais doucement le sexe, fais doucement le rap et trie tes ordures
Hé, il faut qu'tu sauves la planète parce que, c'est sûr, c'est ta faute
Té-ma ton pot d'échappement, eh, té-ma ton déodorant, hmm
Tu mets l'carton dans la verte, la pollution, c'est ta faute
Et l'réchauffement, c'est la chatte à ta mère
Ce monde est cruel (ce monde est cruel) et culpabilisant (et culpabilisant)
Ce monde est cruel (ce monde est cruel) et abrutissant (j'ai du vocabulaire)
(...)
Toute info' a son contraire, personne ne veut qu't'y voies clair
T'es du complot ou du-per
Ce monde est cruel (ce monde est cruel) ce monde est cruel (ce monde est cruel)
Et j'ai tellement de chance à côté des autres, j'trouve ça tellement cruel, hein?
Comment ça?
Dieu donnerait de la chance, du talent à certains

Pas à d'autres?
Ça, ça m'rend parano
Je sais plus si j'me suis entraîné, si, tout ça, j'le mérite
Si l'univers était avec moi ou si ça fait dix ans que j'me bats
Avec Merkus, avec Suikon Blaze, avec tous ceux qu'ont rejoint l'navire à l'occas'
Et qu'ça fait seulement quelques mois qu'on brasse, brasse
En vrai, je sais pas comment ça se passe, en vrai, je sais pas qui maintient le cap
Si ça vient de moi, si ça vient de là
Ce monde est cruel (ce monde est cruel) ce monde est cruel (ce monde est cruel)
Faut changer les choses, si c'monde est cruel, c'est sûr qu'y en a d'autres
J'remercie les anges, j'remercie les autres, hein, j'remercie les miens, remercie les vôtres
Ce monde est cruel, j'remercie quand même
Merci pour tout (quatre minutes vingt, j'rallume un oint-j)
Wow, eh, ouais, eh, hey (c'est bon, c'est fini, hein)
Ce monde est cruel
Et comme j'suis bleu-blanc-rouge, je suis Crips et finalement Blood
Fait qu'ce monde est bruel"

(Rappel, Vald)

15 juin 2020

blow up encore et toujours...

c'est Co & Pépin l'autre soir qui m'y ont fait repenser...

j'étais passé à côté de ce splendide numéro à propos du confinement,

un bijou de neuf minutes

 

15 juin 2020

char à voile

051
JUSQU'A L'OS
de Sébastien Betbeder

(C-EFF2)
Continuons avec le festival... Un court-métrage (30') présenté hors-compète, dans la section Musique & Cinéma. A juste titre, puisque centré autour de Usé (Nicolas Belvalette) vrai musicien (que j'avais déjà repéré, notamment avec son Slow avec un flic), dont un journaliste pigiste au Courrier Picard (joué par le toujours intéressant Thomas Scimeca) est censé faire le portrait (le film démarre sur ladite interview devant des moules-frites.)
Le duo va vite sortir du sillon habituel de l'interview, (ne pas oublier qu'on est chez l'ami Betbeder, qui ne cesse de me ravir depuis le magnifique 2 automnes, 3 hivers, avec, tiens donc Vincent Macaigne), les deux hommes  (curieusement physiquement proches, c'est drôle, le même pif les mêmes cheveux raidasses déclinés en deux version, blond et brun) vont vite sympathiser et partir en crabe dans les rues d'Amiens (et l'histoire aussi, comme d'hab' chez Sébastien B., remember ses zozos en voyage au Groenland, aller, retour, et encore davantage, avec, tiens, d'ailleurs déjà le même Thomas Scimeca -déjà repéré dans le grandiose Apnée de Jean-Christophe Meurisse-). A une certaine (et attendrissante) gaucherie initiale (le film à l'allumage) va succéder une tout aussi attachante balade (dérive) faussement touristique genre "Amiens comme vous ne l'avez jamais vu"
Et comme hier dans le film de Guillaume Brac, le duo va devenir trio, suite à une abracadabrantesque histoire de cierge et de voeu (dans la cathédrale d'Amiens, justement) et hop!  voilà Jojo (Jonathan Capdevielle) qui entre à son tour en piste (et en scène).
C'est bien entendu Usé qui a fait la musique du film (et on le verra d'ailleurs en scène plusieurs fois, dont un mémorable duo avec Jonathan Capdevielle).
Un film de mec(s) d'accord, mais avec toujours, en filigrane, le beau visage de Rebecca (Alma Jodorowski), grâce à qui, d'une certaine façon, tout ça a pu arriver...
Un peu barré,  un peu punk, un peu instable, le film prouve une nouvelle fois que Sébastien excelle dans l'art de nous chatouiller et de nous grattouiller là où ça fait du bien. Orléans ? Char à voile ?  Atypique ? Excentrique ? On en redemande en tout cas...

jusqu-a-l-os2

Jojo, Usé, Thomas

14 juin 2020

re, et re, et re

(ou "belote, rebelote, et dix de der", sauf que je ne joue pas à la belote)

jeudi 11 c'était le jour de tous les re :

11h40 : Marie passe me prendre devant chez moi pour m'amener au FJT dans sa 'oiture

11h45 : on se retrouve sur la parking du FJT, avec Catherine, (qui a sa nouvelle voiture) et on va manger (elles découvrent la nouvelle organisation, suite au protocole imposé) puis boire le café (servi sur table, adieu -provisoirement ?- à "notre" chère table et au point de vue unique -incomparable- qu'elle offrait)

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13h : nous voilà chez moi avec Marie pour re-jouer au scrabble "en vrai" (après nous être lavés les mains!), on ne fait "que" 4 parties (on en gagne chacun deux, me semble-t-il)

18h : Coralie et Pépin passent pour m'emmener jusqu'à Gy, (pour y fêter l'anniversaire de Gigis), en faisant un crochet par Les Bâties pour prendre René, une averse violente à peu près au moment où on arrive nous signifie qu'on mangera à l'intérieur (Emma, Régis, Dominique et Marcello sont déjà là)... Mon premier "vrai" re-repas (à 8!), sans distance règlementaire, sans masque, sans gel, et tout est très bien comme ça (on se retrouve, c'est ça qui importe, et ça fait beaucoup de bien de rire beaucoup comme ça...-et de se sentir presque... insouciant-)

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(la violente averse)

13 juin 2020

canyoning

050
A L'ABORDAGE!
de Guillaume Brac

(C-EFF1)

Je ne savais pas que c'était Sophie Dulac qui organisait le Champs-Elysées Film Festival -, du 9 au 16 juin, il suffit de s'inscrire- (ce festival je le connaissais de nom, mais je ne suis pas sûr d'y avoir déjà assisté... début juin, c'était "trop tôt" quand je travaillais encore, et, ensuite, je ne suis plus allé à Paris donc c'était mort) Et voilà que cette année malgré les conditions actuelles plutôt mortifères pour le cinéma "en vrai", cette chère Sophie D. décide non seulement de le maintenir, mais de le dématérialiser, et, encore mieux, de donner la possibilité aux spectateurs de voir les films gratuitement (dans la limite des places disponibles), et , des places, il y en avait 500 pour la séance de 18h du nouveau film de Guillaume Brac (je me suis pointé à la séance à 18h30 mais j'ai quand même pu voir le film...)
Guillaume Brac, j'y suis venu grâce à Vincent Macaigne il y a une dizaine d'années (Le Naufragé (2009), Un Monde sans femmes (2011) Tonnerre (2013)) puis j'ai continué d'embarquer même sans Vincent M., tellement j'ai aimé aimé la petite musique de Guillaume Brac , et je suis allé voir le diptyque Contes de Juillet / L'île au trésor (dont le titre de ce film-ci semble une suite logique.) qu'on, d'ailleurs aussi programmés.
Je reprend donc ici ce jour mes chroniques-ciné (l'avant-dernière, n° 049, date du 29 février!), et je suis très très très content de le faire avec ce film... On est en terrain connu : filles et garçons, marivaudages estivaux, manoeuvres d'approche, confusion des sentiments, on ne manquera pas d'évoquer l'ombre tutélaire de Tonton Eric (Rohmer)... Mais Guillaume Brac fait bien mieux que du Rohmer, il fait du Guillaume Brac. Et j'aime beaucoup ça.
Trois garçons  : Félix, Chérif, et Edouard (dit "Chaton"). Félix décide de rejoindre à l'improviste Alma qui vient de partir en vacances dans le sud (et qu'il vient juste de rencontrer), il part avec son pote Chérif, et ils se font co-voiturer par Edouard, qui a emprunté la voiture de sa maman. Et nous voilà partis avec cet aimable trio, dans un climat gentiment un peu tendu au départ (fils de banlieue vs fils à maman), et voilà qu'à l'arrivée, les choses pour chacun des garçons, ne vont pas vraiment se passer comme prévu, soucis divers de mécanique automobile, et de mécanique humaine tout autant. Et donc, réparations envisageables.
Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue, juste que c'est (justement!) très juste, très simple, et donc, très touchant. Dans la description, fine,  des personnages, et la mise en place des fils  (et donc des noeuds) de la trame qui va servir de base au tissage des relations "compliquées" (mais pas tant que ça) de ces  garçons et de ces filles (c'est un univers très hétéronormé mais je ne m'en formalise pas, au contraire, tellement cette mécanique cinématographique est agréable et apaisante, comme un peu de biafine sur une peau rougie, en été justement).Un film de "jeunes gens"...
Hésitations, atermoiements, tergiversations revirements (il me semble avoir déjà écrit ça quelque part) entre le camping, la rivière, et (surtout) le bar avec son karaoké fait-maison et bon enfant (une très jolie scène presque finale), mais toujours sur un mode plutôt léger. Estival. (Et c'est rohmérien de le dire, hihi). On a perdu Vincent M. mais on a gagné trois zigotos tout aussi attachants...
Merci au C-EFF, Merci à Sophie Dulac!
(sur allocinoche il est dit que le film sortira prochainement)

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Edouard, Félix et Chérif (avant le départ)

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10 juin 2020

pareil / pas pareil

18h : je sors (enfin) pour aller acheter des cerises
sur le trottoir en face vient à ma rencontre une joyeuse troupe de jeunes gens à barbiche et à casquette, et comme je le pressentais l'un d'eux m'appelle par mon prénom en me demandant si ça va, puis si je le reconnais... bien sûr, que je le reconnais, c'est Loutfi G., et voici que s'avancent, me posant la même question, Hamza C., puis Sofiane B., que j'identifie sans problème, et qu'ils me tendent tous les deux la main, et que la leur serre!  Comme d'habitude chaque fois que je croise d'anciens élèves, j'ai les larmes aux yeux, et tandis que nous repartons chacun de notre côté je me dis que je n'ai pas respecté les gestes-barrière (je me mettrai du gel chez le marchand de primeurs)

17h : je me suis mis enfin à la composition de ce bouquin-photo sur le conconfinement, tâche que j'ajournais depuis un certain temps : ce matin j'ai téléchargé quelques 200 photos, j'ai choisi un format carré qui me permet d'utiliser l'ancien outil de composition de Ph*toway (le nouveau étant, à mon goût beaucoup plus compliqué -et chiant-à utiliser), et je remplis bon an mal an 100 pages avec des images (que celles et ceux qui ont été fidèles de ce blog pendant tout ce temps ont vu passer), mais finalement presque pas de mots (pas de textes en tout cas) ni de chronologie... (à suivre)

16h : je passe chez les Soria pour déposer le bouquin de Jean Echenoz pour Philou, et j'en profite pour boire un café (en entrant cette fois dans la cuisine pour m'y asseoir, comme avant de chez avant, tandis que la dernière fois nous étions restés -prudemment et civiquement- sur la terrasse, malgré les bourrasques assez musclées -nous avions été obligés de nous mettre à l'abri sur le côté de la maison-)

14h49 : j'arrive à l'arrêt de bus pour voir les horaires de retour, (à quelle heure part le prochain, d'habitude je rentre plutôt en fin d'après-midi), et je lis, ô bonheur,  14h50, et il est 14h49 (le moteur tournait déjà), je n'ai qu'à m'installer, et le voilà qui démarre

12h30 : rendez-vous à l'Ermitage, avec Dominique et Emma, comme il y a... longtemps (je ne suis pas venu à Besac depuis plus de trois mois!) : un peu moins de tables, "palmes obligatoires" à l'entrée, comme le signale la facétieux patron, des prix très légèrement augmentés, mais des plats toujours aussi délicieux (pour moi tarte végé asperges et crudités variées, servie avec un petit consommé à la courgette, puis tarte au fromage blanc avec coulis rhubarbe/framboise pour le dessert), avec la présence enjouée d'une nouvelle serveuse (que je n'avais encore jamais vue)

11h25 : dans le bus pour Besançon (toujours à 1,50€) il faut désormais déposer ses pièces dans un gobelet que le chauffeur reverse dans sa caisse, s'asseoir sur un siège près de la fenêtre (les autres sont condamnés) et surtout porter un masque pour monter (et le garder pendant tout le trajet), mais c'est toujours aussi agréable de s'y endormir...

*

(j'adore les histoires de Jacky Durand, le jeudi, dans le supplément Tu Mitonnes! de Libé, voici la dernière, du jeudi 4 juin, puisque vous avez été bien sages...)

"Combien de fois en a-t-il rêvé de sa bolognaise à la queue de bœuf durant ses 55 nuits de confinement ? Il ne sait pas, il ne veut plus savoir. Il se donne un grand coup de torchon sur l’épaule pour vérifier qu’il est bien réveillé. Il se penche sur la grosse marmite en s’appuyant sur ses poignées et n’en finit pas de contempler le frémissement de la sauce carmin. Elle embaume la cuisine de toutes ses senteurs : le bœuf longuement mijoté, le céleri, les oignons, le romarin et le thym du jardin, l’ail nouveau qu’il a acheté samedi au marché. Il s’enivre de sa bolognaise, yeux mi-clos.

Chien fou

«Chef, vous croyez qu’on aura du monde à midi ?» Il se tourne vers son apprenti, soupire doucement. «Y a intérêt mon gars.» «Vous verrez chef, ils seront tous là», assure le marmiton en hochant vigoureusement la tête. Le gamin est revenu en cuisine comme un chien fou quand il a fallu préparer la réouverture. Il jubilait quand le chef lui a dit : «Tu sais, on va avoir du taf.» S’il lui avait donné là tout de suite un sac de 25 kilos d’oignons et un autre de patates à éplucher, l’apprenti n’aurait pas lâché son couteau jusqu’à la dernière pelure. Le chef avait dû même freiner un peu ses ardeurs quand ils étaient allés ensemble faire le plein pour remplir la chambre froide et le garde-manger.

Côtes d’agneau

A l’aller, dans la camionnette, il n’en finissait pas de jacasser. «Vous allez prendre des fraises chef, hein ? Et puis des rognons, des côtes d’agneau, de la raie, du veau, etc.» Le chef avait pilé brusquement au feu orange : «Stop. Tu m’en mets plein la tête. Maintenant, tu la mets en veilleuse.» L’apprenti avait baissé la tête, le regard hostile, en réajustant ses écouteurs. «Allez, fais pas tes yeux noirs», avait enchaîné le chef, comme il le faisait quand ça coinçait avec le môme.

Clebs

Au fond, ces deux-là forment une sacrée paire. Ils avaient commencé par se renifler comme des clebs quand un client, enseignant au collège du coin, était venu présenter le môme. Ils l’avaient envoyé jouer sur l’antique flipper à côté du bar tandis que le prof racontait une histoire que le chef avait entendue cent fois. «Echec scolaire», «décrochage», «manque de concentration», «bon fond mais turbulent». Le chef connaissait la musique par cœur depuis qu’à quatorze ans, on lui avait joué le même refrain. «Ce sera cuisine ou mécanique générale.» Va donc savoir pourquoi, il avait opté pour les fourneaux. Aujourd’hui encore, il se le demande en ne s’autorisant qu’une seule certitude : ce métier, il lui avait fallu du temps pour apprendre à l’aimer entre les coups de gueule, les coups de feu, les tauliers autistes et les seconds sadiques. Il s’était juré qu’il ne ferait jamais pareil avec les mômes en apprentissage chez lui. Comme il leur dit : «Tu sais, ici, c’est pas l’école Ferrandi ou l’Institut Bocuse. C’est pas non plus la piste aux étoiles du Michelin, mais on se respecte mutuellement.»

Tablier bleu

Quand le gamin est arrivé le premier jour, il n’a rien compris au film quand à midi et demi, le chef lui a fait enlever son tablier bleu. Sur l’instant, il a pensé qu’il était viré. Pourtant, il n’avait pas fait grand-chose le matin. Il avait surtout écouté le chef lui causer «d’ordre», de «propreté», de «régularité». Pourtant ce n’était pas l’armée parce que cet homme-là lui parlait doucement, avec tendresse même, en lui montrant ses couteaux dont certains remontaient à son apprentissage et qu’il affûtait avec soin : «Un bon cuisinier, c’est un ouvrier qui sait d’abord prendre soin de ses outils.» A midi et demi, donc, il avait pris le gamin par le bras et l’avait conduit en salle. Il l’avait installé à une petite table solitaire et lui avait présenté la carte : «Tu commandes ce que tu veux.» L’ado s’était soudain retrouvé en panique, c’était pas KFC ou McDo ici. Le chef avait capté le désarroi du môme. «Comment veux-tu devenir cuisinier si tu ne goûtes pas ce que tu fais ?» Le môme avait mangé des escargots, les paupiettes maison et une pêche Melba.

Pommes paillasson

Aujourd’hui, il sait faire la différence entre une brunoise et une julienne, un roux blanc et un roux brun, la crème fouettée et la crème chantilly. Là, il est en train de râper les bintjes pour les pommes paillasson. «T’as goûté la bolo ?» lui lance le chef. Le gamin prend l’air de celui pris en faute. «Non, j’ai oublié.» «Alors ? On a perdu les bonnes habitudes pendant le confinement ?» L’apprenti s’empresse de plonger une cuillère dans la marmite, souffle sur la sauce trop chaude et l’aspire doucement. «Fameuse chef, elle va faire revenir le monde votre bolo.» L’ancien équeute des fraises les yeux dans le vague. «Inch Allah, mon gars, inch Allah…»"

*

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*

Orne : 0
Nièvre : 0
Haute-Saône : 0
Doubs : 0
(yesss!)

*

9 juin 2020

à lire

(pour les personnes qui m'ont fait remarquer que je n'avais rien publié depuis la semaine dernière, et à qui j'ai répondu que sans doute je n'avais plus vraiment, pour le moment, grand-chose à dire...)

et

deux trucs à lire sur Checknews/Libération, le premier répondant à la question "Les prévisions de Ferguson, qui ont conduit de nombreux pays à se confiner, étaient-elles fantaisistes ?" et le second à la question "Pourquoi l’étude du «Lancet» sur l’hydroxychloroquine est-elle sous le feu des critiques ?"
Deux trucs qui m'ont "interrogé"... Où il est question à chaque fois d'une étude dont les résultats prêtent à controverse, à confusion, à questionnement, et, pour résumer, sèment le doute...

des nouvelles ?

un petit esprit des murs :

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(avec rime riche, indéniablement)

*

le nouveau porte-clés que je me suis offert (3€ sur priceministruche) en souvenir du BVT (bon vieux temps) du conconfinement, et qui est presque aussi gros que le porte-clés en sardine de Manue (mais qu'elle a tout de même perdu me semble-t-il)

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*

en parlanr de clé, j'évoquerai en passant (et en restant caaaalme) celle de ma twingouille, payée 255€ l'année dernière chez mon conconcessionnaire (pour rester au diapason), et que mon gros garagiste a... perdue (oui oui)... j'ai laissé la facture des réparations en suspens et j'attends des nouvelles (de sa part) et la nouvelle (de sa part aussi)... "zen, soyons zen..." (air connu)

*

il aura beaucoup été question de cerises, pour mon plus grand bonheur (c'est pour ça que j'adore la première quinzaine de juin), que ce soit sur les arbres ou dans les magasins (d'ailleurs je suis à court là et je vais aller un peu remburer)

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*

et c'est tout pour aujourd'hui

5 juin 2020

(re)

un mercredi riche en "re" :

- 8h : le retour de ma très chère aide ménagère, Anne-Marie (qui préfère qu'on l'appelle Marie) après trois mois d'interruption, que j'ai d'ailleurs assez vite lâchement abandonnée (mais qui, à mon retour, m'a fait remarquer gentiment qu'elle avait eu beaucoup plus de boulot que d'habitude, à cause de la poussière notamment), pour aller retrouver Manue à

- 8h40 : un petit-déjeuner en terrasse (au soleil!), deux grands crèmes et deux croissants servis par un garçon mimi comme tout dont on devinait la pilosité faciale entre les élastiques de son masque, tables à distance règlementaire, les gens prennent le soleil, se retrouvent, discutent, expriment leur plaisir d'être (à nouveau) là

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*

 - 11h45 : retour (tant attendu) au FJT! Peu de monde s'y est risqué (j'arrive juste après cinq joyeux travailleurs), découverte des nouvelles consignes, "on ne touche plus rien" (c'est le cuisinier qui met sur le plateau) nouveau sens de circulation (on entre toujours de la même façon mais on sort a présent par l'autre côté) , masques obligatoires pendant les déplacements, plus de pots à eau mais service au verre, plus que deux chaises (en quinquonce) par tables de quatre, et café à commander en même temps que le repas, c'est bon de se retrouver là (c'est ce que vont dire aux cuisiniers toutes les personnes quand elles arrivent) mais il va falloir s'y faire

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(bon appétit...)

*

- 13h : il fait soleil, il fait chaud, et si je rentrais par le chemin des écoliers ? allons donc juste faire un petit tour sur mon ex parking préféré, juste pour voir ce qui s'y passe... Pas mal de bahuts, mais l'ombre est rare, l'activité proche de zéro, et donc je ne m'attarde pas...

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(pas très facile de photographier en conduisant...)

*

et retour à la maison pour un peu de scrabble, (à chaque journée son lot de nouveautés!)
...Tiens, au courrier, 

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Téléramuche a retrouvé son supplément Sortir... (encore un "re" pour cette journé!)

*

tiens, je suis en verve :

comme au bon vieux temps :

l'esprit des murs :

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et, tiens, des marins...

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sans oublier un petit graphique qui montre que tout va de mieux en mieux...

Screenshot_2020-05-31 INFOGRAPHIES Coronavirus morts, hospitalisations, âge des malades Suivez l'évolution de l'épidémie en[

*

(quant aux chiffres des décès par départements, ils n'ont plus été mis à jour depuis le 28 mai...)

 *

that's all folks!

 

2 juin 2020

top100

(c'est un truc que j'avais commencé il y a un certain temps... il y était  juste question de 100 livres chéris, toutes catégories confondues, mais comme j'avais du mal à arriver au bout, j'ai changé mon fusil d'épaule / coupé la poire en deux, et fait deux listes : 50 écrivains et 50 livres)

50 écrivains (dont plusieurs livres m'ont donné de grands bonheurs de lecteur)

1) Glen BAXTER

2) Emmanuelle BERNHEIM

3) Lawrence BLOCK

4) Larry BROWN

5) Raymond CARVER

6) John CHEEVER

7) Agatha CHRISTIE

8) Tim COCKEY

9) Julio CORTAZAR

10) James CRUMLEY

11) Michael CUNNINGHAM

12) John DICKSON-CARR

13) Tim DORSEY

14) Jean ECHENOZ

15) Larry FONDATION

16) Jonas GARDELL

17) John HARVEY

18) Markel HASKELL-SMITH

19) Carl HIAASEN

20) Patricia HIGHSMITH

21) Edgar HILSENRATH

22) Eric HOLDER

23) Georges HYVERNAUD

24) Laura KASISCHKE

25) Stephen KING

26) Milan KUNDERA

27) Joe R. LANSDALE

28) Manu LARCENET

29) Dennis LEHANE

30) Edouard LEVÉ

31) Iain LEVINSON

32) David LODGE

33) Jean-Patrick MANCHETTE

34) Duane MICHALS

35) Hubert MINGARELLI

36) Rick MOODY

37) Lorrie MOORE

38) Jo NESBO

39) Georges PEREC

40) Jean-Bernard POUY

41) Manuel PUIG

42) Ellery QUEEN

43) Christiane ROCHEFORT

44) Phillip ROTH

45) Jorn RIEL

46) James SALTER

47) Riad SATTOUF

48) SEMPÉ

49) Lewis TRONDHEIM

50) Teri WHITE

 

50 livres (au 01/06/2020)

1) 100 ALLEGORIES POUR REPRESENTER LE MONDE de Peter Greenaway

2) A FEU DOUX de Gérard Arseguel

3) A POIL EN CIVIL de Jerry Stahl

4) ARTURO L'ETOILE LA PLUS BRILLANTE de Reinaldo Arenas

5) BEAUFORT de Ron Leshem

6) CRASH! de J.G. Ballard

7) DANS LA NUIT DU 4 au 15 de Didier Da Silva

8) EDEN EDEN EDEN de Pierre Guyotat

9) EN VUE de Christian Colombani

10) EUREKA STREET de Robert Mc Liam  Wilson

11) EVASION de Benjamin Whitmer

12) EXERCICES DE STYLE de Raymond Queneau

13) GREGUERIAS de Ramon Gomez de la Serna

14) HISTOIRES PARALLELES de Peter Nadas

15) I REMEMBER de Joe Brainard

16) L'OPOPONAX de Monique Wittig

17) L'USINE A LAPINS de Larry Brown

18) LA BOUTIQUE OBSCURE de Georges Perec

19) LA MER C'EST RIEN DU TOUT de Joel Baqué

20) LA MEUTE de John King

21) LA SEMAISON de Philippe Jaccottet

22) LA VIE MODE D'EMPLOI de Georges Perec

23) LE BAISER DE LA FEMME-ARAIGNÉE de Manuel Puig

24) LE BLOG DE FRANTICO (Lewis Trondheim sous pseudo)

25) LE CLUB DES POLICIERS YIDDISH de Michael Chabon

26) LE DERNIER COYOTE de Michael Connelly

27) LE GRAND CAHIER / LA PREUVE / LE TROISIEME MENSONGE d'Agota Kristof

28) LE LAMBEAU de Philippe Lançon

29) LE LIVRE DES REGRETS de Jacques Drillon

30) LE PARTI-PRIS DES CHOSES de Francis Ponge

31) LE POIDS DU MONDE de Peter Handke

32) LE SERVICE DES AFFAIRES CLASSEES de Roy Vickers

33) LES AMNÉSIQUES N'ONT RIEN VECU D'INOUBLIABLE d'Hervé Le Tellier

34) LES AMYGDALES de Gérard Lefort

35) LES ARPENTEURS de Kim Zupan

36) LES PIERRES QUI MONTENT de Hedi Khaddour

37) LES REGLES DU SAVOIR-VIVRE DANS LA SOCIETE MODERNE de Jean-Luc Lagarce

38) LETTRES DE LA GUERRE de Antonio Lobo Antunes

39) MON CAHIER DE FRANCAIS de Slawomir Mrozek

40) PLUS TARD OU JAMAIS d'André Aciman

41) PRINTEMPS AU PARKING + C'EST BIZARRE L'ECRITURE de Christiane Rochefort

42) PROMENADE de Régis Jauffret

43) SANS MOI de Marie Desplechin

44) THE MISSING PIECE de Shel Silverstein

45) TITAN / SORCIERE / DÉMON de John Varley

46) TINGO d'Adam Jacot de Boinod

47) TRAVAIL SOIGNÉ de Pierre Lemaître

48) TU MITONNES! (L'ÉTÉ) + TU MITONNES! (L'HIVER) de Jacky Durand

49) ULYSSE de James Joyce

50) UNE ARDENTE PATIENCE d'Antonio Skarmeta

(remplaçants :

L'ANNÉE DU CALYPSO d'Abilio Estevez

LES MOTS QUI NOUS MANQUENT de Yolande Zauberman et Paulina Mikol-Spiechowicz

LE MODE INTERROGATIF de Padgett Powell

LES LAMENTATIONS DU PRÉPUCE de Shalom Auslander

...)

1 juin 2020

mai 2020

vendredi 1er (la verdure dans la cour en bas)

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samedi 2 (les roses de la voisine)

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dimanche 3 (penser à tourner la page du calendrier)

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lundi 4 (la fenêtre)

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mardi 5 (petite composition circulaire faite avec le doigt pendant une conversation téléphonique)

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mercredi 6 (colza : le retour)

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jeudi 7 (mon jean)

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vendredi 8 (Boucles d'or et les trois radis)

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samedi 9 (le poissonnier)

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dimanche 10 (utilisation de ma dernière attestation)

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lundi 11 (il pleueueueut)

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mardi 12 (le soleil dans les yeux en sortant de la boulangerie de bon matin)

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mercredi 13 (bol de riz)

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jeudi 14 (workers au 12)

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vendredi 15 (fermer la porte)

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samedi 16 (distanciation sociale)

cuse


dimanche 17 ("viens pour le café...")

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lundi 18 (les petites asperges)

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mardi 19 (men on tv)

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mercredi 20 (en tout cas y en a un qui aura bien profité...)

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jeudi 21 (les plaisirs simples)

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vendredi 22  (derrière les volets)

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samedi 23 (tiens, il pleut!)

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dimanche 24 (philippine)

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lundi 25 (cerises à Cuse)

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mardi 26 (phoenix ?)

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mercredi 27 (coiffeuse)

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jeudi 28 (un petit tour là juste pour se rappeler)

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vendredi 29 (le café, 2 rue plumage)

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samedi 30 (retour au jardin)

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dimanche 31 (tarte du jour : pommes / rhubarbe)

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*

(et c'est fini pour ça aussi, dès demain on revient à la formule initiale (inspirée par Isa T.) "une seconde par jour (mais sans photo)")

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