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lieux communs (et autres fadaises)
11 septembre 2023

jaune comme le poison

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UN COUP DE MAÎTRE
de Rémi Bezançon

Je suis allé jusqu'à Lure pour le voir. le programmateur nous l'avait annoncé en sortie nationale puis pfiouh! le film avait soudain (à la date dite) disparu des radars, et disparu dans les limbes sans qu'on ne l'en vît jamais ressortir...Pourtant, un film starring Vincent Macaigne et Bouli Lanners, vous l'imaginez bien, ça ne pouvait que me faire saliver... Il s'agit du remake d'un film argentin qu'on avait failli projeter dans notre semaine du ciné latino (mais qui était , lui aussi, tombé dans les abysses des films non programmés).
Donc, on le sait via l'affiche, il s'agit d'une histoire de peinture. De peinture et d'amitié. Entre un peintre (Bouli) et un galeriste (Vincent). Deux vieux amis très très amis depuis longtemps. mais ces derniers temps ça ne va plus très bien pour le peintre (en manque d'inspiration) et pour le galeriste (dont la dernière exposition, celle des oeuvres de son pote, a été un flop retentissant : zéro toile vendue!).
Le duo Macaigne / Lanners fonctionne à merveille. Même si le film met un peu de temps à démarrer, une fois qu'il est lancé, ça va devenir une véritable locomotive à jubilation. d'autant plus qu'on a (que j'ai) le plaisir d'y voir débarquer, en plus du duo susnommé, le jeûnot Bastien Ughetto, en apprenti transi  d'admiration devant le "maître" Bouli (c'est comme ça qu'il l'appelle, d'ailleurs, "maître", ça m'a fait rire). C'est un comédien que j'aime beaucoup (d'enfant dans DANS LA MAISON jusqu'à un premier rôle de jeune adulte dans HABIB, LA GRANDE AVENTURE, en passant par une double casquette d'acteur et réalisateur dans la série L'EFFONDREMENT -où il gère avec maestria une scène très impressionnante dans un EHPAD-).
Mais bon c'est surtout les deux cocos qui font le numéro. Et à partir de la scène du cimetière, je me suis régalé sans arrière-pensée, avec plein de moments savoureux (le café : boira-t-y ou boira-t-y pas ?, la prison, etc.) des situations qui ne le sont pas moins, des dialogues affutés... Oui, les deux lascars rayonnent dans le film, et s'en donnent -visiblement- à coeur joie, et Rémi Bezançon, encore une fois fait le job (et j'adore vraiment le bob de Bouli Lanners...)

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ps : ce n'est pas très objectif, je sais mais je ne pouvais pas ne pas mettre dans le top 10 de l'année un film avec mes deux chéris-chéris, voilà (midinet un jour...)

5 septembre 2023

entre le 15 et le 18

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UNE ANNÉE DIFFICILE
de Eric Toledano & Olivier Nakache
(sortie le 18 octobre 2023)

Hier soir c'était "ze" événement au bôô cinéma (prévu en salle 4, a ensuite été déplacée en 5, la plus grande) l'avant-première du nouveau film des deux réalisateurs, en présence d'iceux et de Pio Marmaï, annoncée depuis des semaines, que dis-je des mois, bande-annonce projetée quasi à chaque séance, et donc le "public était au rendez-vous"...
Bon, c'était sympa, cette soirée annoncée "en présence de" et tout, mais bon un peu publicité mensongère puisque la soirée a été tout de même plus rikiki que prévue, les trois ont présenté le film pendant un quart d'heure, ensuite ils filaient à Remiremont, faire la même chose, puis encore ensuite à Epinal! (et ils venaient de Gérardmer... ça c'est de la tournée de promo, hein...)et nous ont d'ailleurs annoncé que c'était leur soirée de reprise...
Quand on a vu 45000 fois la bande-annonce on a un peu compris de quoi il retourne (et on se rendra compte d'ailleurs qu'il y a des trucs qui sont dans la bande-annonce et pas dans le film...) et on sait grosso-modo à quoi s'attendre : deux losers surendettés (Marmaï et Cohen) font connaissance, un peu par hasard, et aussi celle d'une militante écolo). Et quoi ? Leurs coeurs balancent, mais "même s'il ne doit rien se passer entre eux" c'est Pio (dit "Poussin") qui a la préférence et Jonathan (dit "Lexo", mais c'est provisoire) qui devra se la mettre sous le bras.  Et c'est tout! Oui à peu près, encore grosso-modo...
Une comédie (hihihi) romantique (boy meets girl) et sociale ("tous ensemble tous ensemble!") voilà le programme (commun, bien entendu). Paroles paroles ? Pendant un certain temps, je me suis senti vaguement mal à l'aise, face à ces deux mecs qui ne pensent qu'à leur(s) gueule(s) et bien moins sympas que ce qu'ils se donnent de la peine à vouloir paraître. Face à ces manifestants écolos relativement caricaturés, ou du moins dépeints avec une certaine condescendance j'ai trouvé. Même si le début, très réussi, m'a évoqué celui de l'excellent NOCTURAMA de Bonnello. Et (je reviens aux "deux mecs" de quelques lignes plus haut) à leurs aventures somme toutes pas très intéressantes. Qui les amènent, par hasard, à avoir soudain un semblant de prise de conscience. Et pourtant (comme je l'écrivais à Emma après coup) "ça n'est pas très drôle, ça n'est pas très réussi, et pourtant j'ai envie d'être indulgent"...
C'est comme un pavillon-témoin, tiens. C'est sympa, pimpant, bien décoré, "joli" : rassurant, quoi. (même si c'est pourtant un peu vide, que ça fait juste mine d'être habité.) On sait qu'il va y avoir une rencontre amoureuse (ça fait immanquablement partie du cahier des charges), peut-être deux, qu'il va y avoir su "social", des luttes, que ça ne va pas être très facile de parvenir à ses fins, mais qu'on va quand même y arriver, etc.
Un peu de la façon dont les réalisateurs ont traité leur public ce soir-là, avec gentillesse, certes, mais non sans une certaine désinvolture : "Bon, vous êtes gentils, on vous trouve très beaux, mais là on a autre chose à faire, on doit filer à Remiremont..."
Et le générique de fin est délicieux, il faut le reconnaître.

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Une Année difficile

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3 septembre 2023

takatāpui

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PUNCH
de Welby Hings

Visionnement "spécial entregent" grâce au lien aimablement transmis par le distributeur (Outplay) via Zabettina, dans le cadre de son festival LGBT (Parlons d'amours 2, à partir du 11 octobre prochain dans le bôô cinéma). un film, donc, LGBT néo-zélandais, avec Tim Roth, (trois bonnes raisons, déjà, d'avoir envie de le regarder) par un réalisateur inconnu au bataillon (j'utilise souvent, je m'en rends compte,  cette expression, sans doute à cause de la connotation de promiscuité virile, hein...) dont IMDB nous dit seulement qu'il a réalisé précédemment trois courts-métrages...
Dès les premières images, on est charmés (ravis) par une réalisation extrêmment soignée. de la très belle image. Un jeune aspirant-boxeur, à l'entraînement, coaché par son père dont on apprend assez vite qu'il est alcoolique (c'est Tim Roth qui s'y colle). Avec l'échéance proche d'un combat important pour le jeune boxeur, et, parallèlement un personnage de jeune homme atypique aux ongles vernis en noir, maori et gay assumé (deux bonnes raisons d'être stigamatisé dans cette région peuplée d'une majorité d'autochtones hétéros poilus et barbus (belliqueux et très homophobes). Ces deux-là n'ont a priori aucune raison de se rapprocher... Et pourtant.
Le film va suivre deux pistes principales : la préparation du match du jeune Jim et le rapprochement avec Wethu (l'autre garçon). Et la réalisation est toujours aussi soignée. On sait qu'il ya de fortes chances que ces deux-là finissent par roucouler. la caméra reste toutefois assez pudique pour que le film soit visible par un large public (les deux scènes de rapport sexuel - qu'il soit consenti ou pas, sont filmées avec les mêmes... précautions. Mais cela participe à l'homogénéité du projet. Il s'agit avant tout ici de violence physique (celle de la boxe, mais celle ausi des rapports humains en général) opposée à un certain romantisme (on peut oser le mot).
Et le réalisateur réussit l'exploit de signer une fin qui ne correspond pas vraiment (voire pas du tout, même) à ce qu'on avait confortablement imaginé depuis le canapé sur lequel on était installé. Et c'est tout à son honneur, de, finalement, refuser la facilité, à l'issue d'une scène "surprenante" (et sans doute mélodramatiquement excessive -excessivement mélodramatique ? ça marche aussi).De faire hop! un pas de côté et de s'en aller ailleurs que ce vers quoi nos gros sabots de spectateurs habitués nous dirigeaient. Bon ça ne finit pas forcément aussi bien que ce que les midinet(te)s espéraient, ni aussi mal que ce que les pessimistes craignaient. Juste entre les deux (et entre les deux, c'est bien connu, mon coeur balance). Cet entre-deux vaut aussi pour la façon dont le réalisateur met en parallèle deux formes de courage : celui, sportif,  de se battre avec ses poings pour affronter un adversaire, pour l'un, et celui, pour l'autre, de s'affirmer ouvertement gay dans un environnement testostéroné violemment hostile. dans un cas comme dans l'autre, la métphore habituelle soulignera qu'il faut des couilles.
Et même si la prise de conscience de Jim concernant son attirance pour wethu peut sembler aussi soudaine que trop belle pour être vraie, on s'en délectera (midinet un jour...) et oh oh cette cabane meublée de bric et de broc au milieu des bois ne pouvait pas ne pas me faire penser à celle de nos amis cow-boys dans le très cher FIRST COW...
Un film étonnant, attachant, (mi-frappant mi-caressant pour filer la métaphore) qui fera une très belle avant-première pour le Festival Parlons d'amours 2, dans le bôô cinéma, à partir du 11 octobre je le rappelle.

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le jeune boxeur a une plastique intéressante, mais ce n'est pas non plus le plus intéressant du film...

2 septembre 2023

asturias (et aspirine)

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ANATOMIE D'UNE CHUTE
de Justine Triet

Oh oh, le voilà enfin ce film dont on a beaucoup beaucoup  parlé depuis Cannes 2023, sous le double signe des films dits" de procès" (pour laquelle j'ai un certain faible) et des films "palmedorisés" (pour laquelle c'est, dirons-nous, plus fluctuant... avec quelques cruelles désillusions au fil des années   entrecoupées de réels ravissements). En ce qui concerne le film de procès, on en connaît aussi grosso-modo la structure et le mode de fonctionnement (de fabrication) : on écoute les dépositions, témoins à charge, témoins à décharge, des plaidoiries, l'accusation, la défense, avec ce qu'il faut de coups de théâtre et de révélations (sinon le film de procès serait raplapla), car, en fin de compte, il n'y a pas trente-six mille cas de figure : coupable ou innocent, Vothe Honneur (et de me souvenir de certains coups de théâtre sensationnels : celui de MUSIC-BOX, de Costa-Gavras, celui de FAUTE DE PREUVES, de Simon Moore, celui de TEMOIN A CHARGE, de Billy Wilder -qui m'avait flanqué une sacrée frousse quand j'étais gamin-). Mais Justine Triet est beaucoup plus fine mouche que ça.
Refaisons un peu le film : d'abord une scène d'ouverture plutôt... déstabilisante, pour nous présenter l'héroïne (Sandra Hüller est parfaitement parfaite) suivie d'un générique beau à pleurer (c'est ce que j'ai fait d'ailleurs...) pourtant sur une idée toute simple,  avant que ne survienne cette fameuse chute, (que, bien sûr on ne verra pas) et que se mette en place le fameux procès. D'abord les réactions "à chaud" des différents protagonistes, puis "un an plus tard" (dixit l'intertitre) nous y voilà. Sandra Hüller est l'accusée, Swann Arlaud son avocat, et (on ne le découvrira qu'un peu plus tard) Antoine Reinartz, l'avocat général. C'est tout à fait... étonnant (et magistral) ; pour parler comme l'avocat général j'aurais presqu'envie de dire qu'il s'agit d'un film de procès sans être un film de procès tout en étant un film de procès. Voilà.
On le suit attentivement, ce procès, la caméra y est très attentive, avec parfois des prises de vues étonnantes, décalées, décentrées, comme si la caméra était un petit oiseau voletant de ci de là dans la salle d'audience... Rien que cette façon de filmer nous permet de prendre de la distance, et, comme le volatile, de choisir en fin de compte notre point de vue... C'est le film des paradoxes : en même temps très simple d'apparence mais redoutablement complexe, au ras des paquerettes mais en même temps d'une vertigineuse hauteur, et je dis dire que le scénario de Justine Triet (et d'Arthur Harari) fait merveille. Tout comme la réalisation. J'ai vu tous les films précédents de la la réalisatrice, depuis l'initial LA BATAILLE DE SOLFERINO (2013), auquel j'étais venu surtout, au départ, pour Vincent Macaigne...) et je les ai tous appréciés. Mais là, mais là! Je suis resté sidéré pendant les cent-cinquante minutes que dure le film, avec des moments de sur-sidération même, c'est dire! (la déposition de l'enfant).
Avec une séquence finale que j'ai trouvée sidérante dans sa simplicité apparente, d'autant plus forte qu'à ce moment précis, soudain,  on réalise (enfin, je réalise) que ce qu'on tenait pour acquis ne l'est plus du tout, et peut finalement être interprété de façon tout à fait connaître. Et que, finalement, on s'en fout un peu de savoir si oui ou non. La vérité est ailleurs, et on se souviendra longtemps de ce personnage féminin magnifique (grâce à Sandra Hüller).
Top 10

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cette affiche est vachement bien, parce qu'elle est complètement "à rebours" du film
(de la même façon que le film est "à rebours" de nos certitudes)

 

1 septembre 2023

les sardines parlent

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LES MEUTES
de Kamal Lazraq

Un film marocain "noir c'est noir" (et il n'y a effectivement plus d'espoir). Unité de temps : une nuit, unité de lieu une grande ville marocaine (Casablanca), unité d'action : un père et son fils galèrent avec un gros cadavre (il n'était pas mort au début, ça n'est pas "tout à fait" de leur faute s'il a claboté) dans le coffre de la vieille camionnette rouge ("couleur de la poisse" a commenté le padre) qu'on leur à prêtée pour la nuit pour régler leutr affaire (qui consistait simplement, au départ, à ramener le gros bonhomme à leur boss).
Et, pour galérer, ils galèrent (c'est le principe du film, qui commence, brutalement, avec un combat de chiens, chose dégueulasse s'il en est, et se clôt sur d'autres chiens, errants, qui -aïe- en fouillant dans des sacs -poubelles, relancent une histoire qu'on pensait -espérait- close pour nos deux héros. Moralité : dans la mouise un jour, dans la mouise toujours...). Un film quasi-entièrement nocturne, un genre de doc sur "Casa by night", un défilé de trognes et de crapules, avec un seul personnage féminin (la mère) et un rituel funéraire qui est comme une petite respiration. A l'image de ses héros, c'est un film qui n'a pas eu de chance, dans le bôô cinéma : programmé en "film A", donc non annoncé dans notre programmation-papier, il a été programmé pour 5 petites séances, à la sauvette, un mois après sa sortie, sans pub, sans affiche, sans rien... Dommage !
Le film a obtenu le prix du jury Un certain Regard à Cannes 2023.

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24 août 2023

nymphéas

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UN HIVER EN ÉTÉ
de Laetitia Masson

Hmmm... (on se racle la gorge)
On l'attendait plus tôt (quelques mois auparavant) et la sortie en a été repoussée au 26 juillet. Soit. Donc dans le bôô cinéma on ne l'a eu que quelques semaines plus tard. Re soit. Pour notre "brochure", j'avais eu du mal à trouver une critique vraiment enthousiaste, sauf celle de mondociné dont je vous livre ici le début :

"Quand on évoque Laetitia Masson, on a l’impression de remonter le temps, comme si la cinéaste appartenait à une autre époque. Qu’elle semble loin aujourd’hui la fraîcheur de son cinéma. On se rappelle encore de ses En Avoir Ou Pas, A Vendre ou Love Me avec sa complice d’alors, Sandrine Kiberlain. Mais parce qu’une résurrection tardive n’est jamais impossible, Laetitia Masson revient avec probablement l’un de ses plus beaux films. Porté par une distribution impressionnante, Un Hiver en Eté est la chronique d’une poignée d’êtres abîmés dans un étrange été où une terrible vague de froid s’abat sur le pays. Certains pensent que c’est bientôt la fin du monde. "Dix personnages comme dix fragments d’humanité" clame la note d’intentions."

Soit, au départ, une distribution époustouflante :

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(à laquelle il ne faut pas oublier d'ajouter

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que j'aime énormément)

Dix personnages,  (au NORD au SUD à l'EST à l'OUEST, et aussi à PARIS -on reconnaît les capitales rouges qu'affectionne la réalisatrice), une nuit d'été où il fait très froid (-10° annoncés), et n petites histoires qui vont se nouer entre eux. En principe à deux, mais il s'avérera plus tard, à plusieurs reprises, qu'un troisième (personnage) y est associé. Des histoires de rencontre, des histoires de couples, des histoires d'amour(s), presqu'exclusivement (à une exception près) hétéronormées. Et plus ou moins intéressantes. Certains personnages sont plus ou moins inexistants et on le regrette vivement (quel plaisir de revoir Hélène Fillières, mais quel dommage de la voir aussi peu), ou assez inintéressants (Hamzawi, Poésy), voire carrément insupportables par le rôle qu'ils ont à jouer (Biolay, Duvauchelle, et, surtout, Judith Chemla, qui assument un vrai chemin de croix personnagistique... pour Laurent Stocker j'ai encore un peu de mal à me prononcer), tandis que j'ai personnellement beaucoup plus aimé Elodie Bouchez, Pablo Pauly, et, surtout, Cédric Khan, qui réussit chaque fois ou presque à me bluffer en tant qu'acteur).
On passe d'une histoire à l'autre, l'espace d'une nuit glacée (Toute une nuit, comme dirait Chantal A.) et on est un peu comme sur des montagne russes. Laetitia Masson (qu'on retrouve par ailleurs régulièrement dans BLOW UP sur arte) nous a installé un beau dispositif sur le thème du gâchis, et dont le macguffin (ou le point de ralliement) serait Les Nymphéas (le tableau). Et du gâchis, il y en a, dans les histoires sentimentales de ces gens-là.
Et peut-être que pour pousser le bouchon encore plus loin (enfoncer le clou), la réalisatrice a orchestré un genre de gâchis supplémentaire : la dernière demi-heure en est un, énorme, patent, pathétique, et on en est -sincèrement- fort attristés.
D'autant plus que, pour se mettre au diapason, le projectionniste du bôô cinéma a rallumé les lumières de la salle dix minutes avant la fin du film (comme il l'avait déjà fait la veille pour le film de Tonton Hong...).
Voilà, on est vaguement tristounet en sortant du cinoche... Le gâchis, oui.
(chose exceptionnelle, le film est arrivé sur allocinoche sans aucune photo d'exploitation... curieux, non ?)

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22 août 2023

un p'tit whisky, une p'tite cigarette...

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DE NOS JOURS
de Hong SangSoo

Ce cher Hong est de retour... En relisant sa filmo, je réalise que le programmateur du bôô cinéma nous en a zappés deux : INTRODUCTION (2022) et A CHAQUE ÉTAGE (2023). C'est qu'il tourne vire, l'oncle Hong, et même de plus en plus, (et corollairement, de plus en plus légèrement, aussi).
Celui-ci est en couleurs, découpé en chapitres avec intertitres, mais ne raconte en fait que deux histoires : celle d'une actrice (tiens comme dans JUSTE SOUS VOS YEUX) et celle d'un (vieux) poète (tiens, comme dans HÔTEL BY THE RIVER). L'univers des films (récents)  de HSS tourne souvent autour des mêmes éléments : acteur / actrice, réalisateur, écrivain, amitié, amour parfois, dialogues, et... soju! Les scènes de beuverie reviennent régulièrement chez le réalisateur (et la légende dit que, justement, il fai(sai)t boire ses acteurs "pour de vrai"...) et sont même un élément constitutif de l'ADN de ses histoires. On parle, on boit, on re-parle, on re-boit, et ainsi de suite. Que ce soit à la maison, au bar, au restaurant... Et glou et glou le soju.
Et patatras! voilà que le point de départ de la deuxième histoire (celle du poète) concerne l'abstinence forcée de celui-ci. Pour raisons de santé, il est, au début du film, au régime sec. Doublement : ni alcool ni clopes. Dur dur. Une jeune fille est chez lui pour réaliser un film sur lui (elle a besoin de scènes de vie, prises sur le vif) et voici que débarque un admirateur plein d'admiration, de déférence, et de questions pour le vénéré poète. A qui il a apporté des présents (qui resteront hors-champ pendant un certain temps...). Toute la question est : Tiendra-t-il ? Tiendra-t-il pas. Tandis que, question questions, justement, le jeune admirateur sort le grand jeu : Et la vie? et l'amour ? et la vérité ? (on se croirait chez Jacques Chancel, hi hi -mais qui se souvient de Jacques Chancel ? - "Et pour finir, pour vous, qu'est-ce que Dieu?").
On va donc suivre ces deux histoires légères, badinantes, en alternance : celle du vieux poète, déjà évoquée, et celle de l'actrice, qui séjourne chez sa copine qui a un gros chat (qui aura son importance dans la suite de l'historiette) et va, elle-aussi recevoir la visite d'une jeune admiratrice, qui lui a apporté divers cadeaux  et va lui demander des conseils pour exercer son métier (il sera beaucoup question de sincérité).
C'est... plaisant (pour les habitués -les aficionados- de HSS, les autres risquent de ne pas forcément tomber sous le charme.)
Jusqu'au générique (qui devient de plus en plus court, puisque HSS fait de plus en plus de choses dans le film).
Un seul bémol (mais le réalisateur n'y est pour rien) : les lumières de la salle se sont rallumées presque dix minutes avant la fin du film... (mais visiblement les spectateurs étaient suffisamment sous le charme pour rester assis tranquillous au lieu de se lever pour aller récriminer (avec le risque d'en rater un morceau...))

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21 août 2023

le sexe (et les oiseaux)

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SUR LA BRANCHE
de Marie Garel-Weiss

Oh que voilà un film, comme son titre l'indique, joliment perché. Comme Mimi, son personnage principal (Daphné Patakia), une jeune fille fraîchement sortie de l'hosto psy, souffrant de troubles mentaux, et en cours de traitement, qui va être amenée à faire équipe avec un avocat dépressif (Benoît Poelvoorde, qu'on a énormément de plaisir à retrouver ainsi, en quasi-sous -régime) par l'intermédiaire de l'ex-femme de celui-ci (Agnès Jaoui, toujours excellente) pour sortir de prison un innocent injustement accusé (Raphaël Quenard, si bien peigné qu'on peine à le reconnaître dans sa première scène, pour la troisième fois à l'écran en peu de temps - CHIEN DE LA CASSE, et, plus près de nous, YANNICK, et donc qu'on aime toujours autant, même si dans un plus petit rôle...).
Voilà pour les quatre principaux danseur de ce quadrille à mi-chemin entre anxyolitiques et bouffées délirantes (et donc éclats de rire -en ce qui me concerne- à contre-temps parfois, donc encore plus précieux).
Un film instable, comme l'est la psyché de notre chère Mimi (Daphné Patakia est vraiment bluffante), mais dont le ton "décalé" dirons-nous s'accorda divinement à notre humeur du jour. Et toujours surprenant : dans son tempo, dans ses rebondissements, dans ses emballements, dans ses ralentissements aussi -oh la scène avec les bagnoles de flics tous gyrophares allumés roulant à la queue-leu-leu paisiblement à 30 à l'heure...- et ce jusqu'à sa toute dernière scène, voire son tout dernier plan...
Une narration de traviole, de guinguois, mais infiniment attachante, touchante, troublante. Qui ne montre pas toujours ce qu'elle dit, et ne dit pas toujours ce qu'elle montre.
On est séduit par cette souriante inquiétante étrangeté autant qu'on est parfois surpris.
"J’admire les films de Billy Wilder, et j’ai revu en écrivant La Garçonnière, dans lequel Shirley MacLaine possède ce côté mi-fille mi-garçon qui nous a inspirés. J’aime ces films qui fabriquent de la comédie avec la petite cruauté de la vie et des autres, qui magnifient des personnages aux destins pâles, tout ça dans un écrin hyper simple mais finalement théâtral, car irréel." (Marie Garel-Weiss)
Avec l'ultime plaisir d'entendre, sur cette fameuse dernière scène,  Good-bye je reviendrai, cette chanson de Christophe que j'étais très content de retrouver (oh oh 1972) et de découvrir qu'elle avait été écrite par Balavoine...

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18 août 2023

double séance... ascensionnelle

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ZONE(S) DE TURBULENCE
de Hasteinn Gunnar Sigurdsson

Un film islandais, mais en coprod". (co-british, ça on ne pourrait pas ne pas le remarquer, et co-teuton, là c'est plus subtil et moins facile de le deviner), sorti comme ça sans prévenir des limbes de la production cinématographique, comme -justement- un avion sortirait sans crier gare d'un nuage. Ou y rentrerait plutôt, car avis de tempête. Un film qui traite de l'aérophobie (non, non, vous n'y êtes pas, vous confondez avec l'aérophagie...), avec un groupe de voyageurs  souffrant de cette pathologie (les "Fearless flyers") qui se retrouvent embarqués dans un vol mouvementé, puis déroutés vers l'Islande où ils devront prendre leur mal en patience dans un hôtel où ils sont accueillis temporairement jusqu'à ce que les conditions météo leur permettent de repartir. Qui dit groupe dit panel représentatif d'individus : l'héroïne (british), d'abord, censée aller retrouver mari et enfants au Cap vert, puis un vieil anglais à tics irascible et belliqueux (british aussi, une tête connue), une (jeune) influenceuse (tête à claques) et son ami photographe barbu à bonnet (joli, donc, et, tiens, islandais), et l'accompagnateur du groupe, qui fait le job pour la première fois (et n'est donc pas forcément au maximum de l'efficacité requise), auxquels se joindra, à l'hôtel, Dries de Vries, un "célèbre investisseur" intéressant à plus d'un titre. Plus un autre homme, qui prendra notre héroïne en stop, mais aura ensuite son importance dans le dénouement.
Le film est sympathique mais bon un peu mou-mou. Looong à démarrer. Comme disent les Fiches du Cinéma "on y sourit plus souvent qu'on y rit"... On a connu l'humour islandais plus acide et plus contondant...

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LA VOIE ROYALE
de Frédéric Mermoud

J'ai ensuite retrouvé Dominique à la salle 3 pour ce film "pédagogique". L'histoire d'une jeune fille de souche paysanne (ses parents sont éleveurs et sont joués, quel plaisir par Antoine Chappey et Marylin Canto) qui aide ses parents dans l'entreprise familiale, mais va aussi en cours. Et dont le prof de mathsdétecte qu'elle est douée, et incite donc ses parents à la laisser s'inscrire en prépa. Immersion de la jeune fille (Suzanne Jouannet, excellente) dans cet unvers nouveau pour elle (bosser bosser bosser) et, pour le spectateur, qu'il connaît déjà (par expérience personnelle ou parce qu'il a déjà vu les autres films qui parlent de ça), un genre de "parcours-Sup'" bien balisé, très bien réalisé (sans doute peut-être un peu trop proprement), dont on connaît la plupart des éléments (la bonne copine, le bizuthage, la prof sévère, le démarrage difficile, les mauvaises notes, les examens blancs, le découragement, la colère), et la question : va-t'elle réussir à intégrer Polytechnique ? (dont vous, allez vous avez vu l'affiche, connaissez déjà la réponse hihi) L'autre question que je me suis posée, pendant tout le film, c'est "mais qui donc joue la prof - sévère- mais- finalement - juste - qui - sous - son - aspect - revêche - cache - finalement - un coeur - d'or ? et dont je n'ai eu la réponse qu'au générique : c'est Maud Wyler, une actrice que j'aime énormément (et qu'on a donc ici du mal à reconnaître dans cet emploi inhabituel.)  Qui dit pédagogique dit didactique (c'est vrai je le reconnais j'ai souvent des problèmes avec les films péda), mais, dans le cas présent, plutôt aimablement didactique (et tous les jeunes gens sont vraiment très bien...)

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13 août 2023

double programme wtf

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YANNICK
de Quentin Dupieux

Une fois de plus Dupieux nous surprend. Un film tourné à la sauvette (en cachette), imprévu, inattendu, avec une affiche immonde, mais, surtout, en très gros le nom de Raphaël Quenard (on ne s'est toujours pas remis de sa partition virtuose dans CHIEN DE LA CASSE, hein...). Un Dupieux "Au théâtre ce soir", unité de temps unité de lieu unité d'action, dans une salle de théâtre d'ailleurs, lors d'une représentation de "Le Cocu" une pièce bien nulle, tout à coup interrompue par l'apostrophe d'un spectateur, le Yannick du titre (et le Raphaël Quenard de l'affiche) qui était venu là "pour se changer les idées" et n'y trouve pas son compte. Et qui a un flingue (il est veilleur de nuit). La suite, vous allez la découvrir (et vous devez absolument le faire) dans la salle (au Victor Hugo cette semaine, et dans le bôô cinéma -je touche du bois- en principe la semaine prochaine).
C'est, pour moi (peut-être avec RUBBER et REALITÉ) le Dupieux le plus entièrement convaincant. Parfaitement. Sans réserves. Et jusqu'au bout. (je trouve la fin non seulement tout à fait d'actualité mais d'une extrême élégance). Raphaël Quenard confirme haut la main (haut le verbe plus tôt)  tout le bien qu'on pense de lui (un double César ?) efficacement épaulé par le trio Marmaï / Gardin / Chassagne (bon, Chassagne, que j'aime beaucoup, c'est normal qu'il ait son nom en plus petit, parce que, hein, c'est vrai, il ne fait pas grand chose, en tout cas, il mouille moins le maillot que Pio ou Blanche.). Il va beaucoup parler.  On retrouve en lui la dualité de son personnage dans CHIEN DE LA CASSE, cette morgue goguenarde sous laquelle on sent poindre une certaine fragilité, une... tendresse, oui on peut oser le mot (j'adore la scène -muette- où on le voit dans les coulisses pendant que se joue "sa" pièce.)
C'est très fort, cette façon qu'a Quentin Dupieux d'exploiter "à fond" ce décor miteux (sur la scène / dans la salle), et ce départ d'intrigue minimal, pour nous prendre, parfaitement je le redis,  en otage(s) (nous, les spectateurs des spectateurs) jusqu'au bout, sans qu'on sache jamais tout à fait, à l'avance, sur quel pied danser. Et il sait, cette fois, retirer l'échelle juste au bon moment.Noir. Petit piano. Du grand art.
Avec Emma on a réagi avec le même enthousiasme,  échange de regards et de sourires, comme des gamins ravis, pendant le générique de fin. Enthousiasmés.
Top 10!

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BARBIE
de Greta Gerwig

(Smiley avec les joues roses). Bon, eh bien voilà j'ai apporté ma modeste contribution au milliard de $ (pour l'intant) engrangé par le film (7,50€ la place, quand même, avec marqué 5,50 sur le ticket, VOLEURS!)
Le début est effectivement très drôle (j'avais la caution morale de mon gourou Swâmi Petaramesh sur twitter : "Tiens au fait si vous envisagez de voir le film "Barbie", rien que la séquence de début vaut dix fois le déplacement, tellement la référence est hénaurme Enfin bref, allez le voir."). Ca démarre avec un aimable clin d'oeil à Kubrick - tant qu'à faire voyons grand-, puis la suite est à la hauteur  (drôle), et la suite de la suite assez drôle (ça s'amenuise, ou on commence à se lasser), et puis, à partir du "ballet des Kens" ça devient de plus en plus navrant, pathétique, lamentable, racoleur, sirupeux, hyperglycémique, poisseux, bref putassier. La fin est un pensum.
Avec Emma, dès que ça s'est rallumé, on s'est regardés en soupirant, et on est partis sans même regarder le générique... On n'était PLUS DU TOUT dans le même état d'esprit qu'à la fin du film précédent.
Le gros problème du film c'est son scénar (ou plutôt son absence de) : tout va bien à peu près jusqu'au moment où B*rbie va dans "le real world", (Barbie et le chantier de construction, très bien vu lol) après (Ken qui retourne au pays après avoir découvert la male attitude, le cheval, et le pouvoir qui va avec), ce n'est plus que de la bouille prémâchée, de la vaine agitation, du caca rose. Naufrage avec gesticulation(s).Il y avait dans la première partie des très bonnes idées, des trouvailles, des références, des clins d'oeil, mais soudain tout s'écroule, et  on markète :  plus que du ressassement (finalement, ça aurait eu plus d'impact filmé avec des vraies poupées) de l'essouflement, et une gigantesque opération d'autopromotion à peine déguisée de la firme fabricante (et hégémonique) dont je ne recopierai même pas le nom. Une mascarade, une phénoménale idiotie.
"Féminisme, mon cul!" aurait conclu Zazie.
Et, parti comme c'est, il est fort à craindre de voir apparaître dans un futur proche un BARBIE 2, vu l'engouement planétaire généré (et la pompe à pépettes qui va avec.)

La-nouvelle-bande-annonce-du-film-Barbie-peint-un-monde-rose

 

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