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lieux communs (et autres fadaises)
28 octobre 2023

"fils de pute" en roumain

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SECOND TOUR
d'Albert Dupontel

Le film était ce soir en avant-première et j'avais, disons, besoin de me changer les idées. J'y suis allé, sous la pluie. Un drôle de film, à défaut d'être un film vraiment drôle (ce pour quoi je l'avais pris...). Dupontel c'est, au départ, un cinéma iconoclaste, bête et méchant, à la lisière du fou-furieux, et puis les années passant, qui s'est assagi, apaisé, lissé... Que de chemin parcouru depuis BERNIE (1996)...
J'avais adoré NEUF MOIS FERME (2012), j'avais beaucoup aimé AU REVOIR LA-HAUT (2017) pour lequel l'avalanche de César m'avait semblé un peu excessive. Et j'avais aussi beaucoup aimé (post ici) ADIEU LES CONS (dernier film vu avant le conconfinement...). Donc Dupontel c'est plutôt ma tasse de thé.
Et là j'avoue que j'ai été un peu... perplexe.
Le démarrage part un peu dans tous les sens : On comprend que Cécile de France (qui s'est fait un peu la tête de Catherine Deneuve dans AGENT TROUBLE : cheveux frisottés et lunettes) joue une journaliste (qui a été rétrogradée "au foot" à cause de sa grande gueule), et travaille en duo avec un photographe (Nicolas Marié, l'aveugle de ADIEU LES CONS) qui sait lire sur les lèvres, surtout les insultes, en langues étrangères. Dupontel joue un candidat à l'élection présidentielle (un des deux restés en lice à l'issue du premier tour), et voilà que la journaliste et son photographe sont chargés de "couvrir" les derniers jours de la campagne (qui semble d'ores et déjà acquise au candidat -de la phynance- Dupontel) et voilà qu'elle se rappelle qu'ils étaient tous les deux ensemble en 4ème et qu'elle était amoureuse de lui...
Et tout va partir -énergiquement- en sucette : attentat à la voiture bientôt-présidentielle (explosion) attentats divers contre la personne (du futur président) déjoués manu militari par de très physiques blondes russisantes charpentées façon Ilsa la Tigresse du Goulag, mais aussi des tas de trucs bizarres dans cette campagne (de plus en plus), qui mettent une grosse puce à l'oreille de la journaliste...
Et je n'en dirai pas plus.
Le film n'est pas complètement convaincant. J'ai souri quand même à plusieurs reprises (il y a quelques aimables running gags notamment sur Cécile de France qui jure comme une charretière) et le reste du temps je me suis laissé porter par les péripéties en essayant de rester concentré (parce que tout ça est quand même au final assez emberlificoté, et pas vraiment à juste titre), et de ne pas être trop consterné par la naïveté (le simplisme, la nunucherie ?) de certaines séquences...
J'ai trouvé bien que Dupontel ouvre son film en le dédiant à Bertrand Tavernier, à Jean-Paul Belmondo et à Michel Deville (dans cet ordre). Et j'irai voir, c'est certain, le prochain film d'Albert Dupontel.

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26 octobre 2023

goulasch

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LE CIEL ROUGE
de Christian Petzold

Comme promis dans mon précédent post honteux et confus à propos de ce film (j'avais oublié de le chroniquer !) j'y suis retourné, dans le bôô cinéma. Et j'ai adoré ça. De A jusqu'à Z. (puisqu'il y est question, entre autres, d'écriture. C'est un film d'une extrême finesse (sous une apparente simplicité) et à l'écriture, justement, magnifique.
Deux garçons, Leon et Félix, débarquent dans la résidence secondaire du père de Félix, pour "travailler au calme",agréable  maison  de campagne où ils trouvent une jeune femme déjà installée, Nadja, jeune fille avec laquelle ils n'ont tout d'abord que peu de rapports (excepté les nuisances sonores de ses rapports nocturnes (les cloisons sont minces) avec Devid (avec un e) un jeune maître-nageur ("sauveteur") comme on l'apprendra un peu plus tard...
Les journées passent : Léon essaye de travailler (il planche sur son nouveau roman) Félix lui, préfère aller se baigner, et, sur la plage fait connaissance avec Devid, le sauveteur. Tous les quatre se retrouvent le soir à table autour d'un goulasch que Nadja, on l'apprendra plus tard, rapporte de l'hôtel où elle travaille...
Déjà (ça c'est personnel) c'est un plaisir d'entendre parler allemand. Ensuite, c'est (toujours) un plaisir de retrouver Christian Petzold, un cinéaste qui ne m'a jamais déçu (et dont nous avons programmé tous les films depuis YELLA, en 2007, avec la somptueuse Nina Hoss, qui fut sa muse jusqu'en 2018 (TRANSIT) où elle fut remplacée par la toujours exquise Paula Beer). Et, tertio c'est un plaisir de regarder un film d'une intelligence pareille.
Ces petites histoires humaines trop humaines, ce petit théâtre des sentiments, parfois tendre et parfois cruel qui se joue sur l'espace réduit de la maison et du jardin (avec la plage, puis la forêt, comme décors alternatifs) tandis que se joue, hors-champ pendant une grande partie du film, une tragédie autrement violente (incendie de forêt). Qui finira par rattrapper (au vol) notre quadrille de tourtereaux. Quintet, plutôt, puisque viendra se rajouter bientôt un cinquième personnage, l'éditeur de Léon, qui vient redistribuer les cartes, rééquilibrer les forces.
J'ai adoré la façon dont, dans le film, rien n'est sûr. Du grand art, cette façon, par exemple, de nous balader, dans la séquence d'ouverture, sur la fausse piste d'un quasi-début de film d'horreur (la panne de voiture, la forêt, la nuit qui tombe, les bruits ...) avant que de rebondir sur tout à fait autre chose, un genre de comédie rohmérienne, où l'on parle beaucoup mais où les sentiments restent flous... Circulation d'affects. Suppositions. Frémissements. Au début, les deux potes pourraient être davantage que ça... Leon pourrait être amoureux de Felix. Nadja fait irruption dans leur relation, avec sa belle robe rouge. Et après on ne sait plus trop, avec l'apparition du "sauveteur" Devid. Ca marivaude, ça parle beaucoup, et chaque situation semble rebattre les cartes. En jouant avec notre étonnement de spectateur.
Tout me plaît dans ce film, où les rapports entre les protagonistes sont finalement beaucoup plus complexes que ce qu'on aurait pu croire au début. A priori. Où chaque personnage a le don de vous surprendre. Et dont la seconde partie s'avère moins légère, moins "marivaudante" au fur et à mesure qu'on progresse dans l'intrigue. (A propos de laquelle certain(e)s critiques ont fait la fine bouche, et pan, machine à gifles!)
Indiscutablement, Top 10

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25 octobre 2023

pâtes aux noix et aux anchois

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ET LA FÊTE CONTINUE!
de Robert Guédiguian

Un film parfait pour cette Soirée d'Ouverture de Saison. Par son titre et par son thème. Et qui visiblement a plu au plus grand nombre. (En plus, il y en avait, du monde, dans la salle 4, et ça aussi ça nous a fait plaisir. Bon, même si ça nous coûte bonbon, hein...°
Plaisir de retrouver Robert G, sa ville, son quartier, sa bande (Ascaride, Neymark, Darroussin, Meylan, Stévenin, Leprince-Ringuet -qui, ouf, pour une fois n'a pas un rôle de salopard- et je pensais dire qu'Alicia Da Luz Gomes était la "petite nouvelle" sauf qu'allocinoche m'apprend qu'elle était déjà dans le précédent TWIST A BAMAKO, que je n'ai pas vu...) et ses thème récurrents : l'Arménie (et les Arméniens), la politique (les socialistes et les communistes) les revendications sociales, la famille et les relations filiales, et... l'amour ("il n'y a pas d'âge etc." hihihi) qui vient mettre son grain de sel et c'est très bien.
Un Guédiguian un peu à part parce que plus doux, plus tendre, plus apaisé. Pas de caillou dans la chaussure de la narration, pas de cas de conscience, le dilemne le plus aigu étant celui posé au personnage d'Ariane Ascaride : va-t-elle ou non être tête de liste aux prochaines élections ? Et ça aussi ça fait beaucoup de bien.
Un film qui vous donne le sourire, un grand sourire, et que je vous invite à voir si vous l'avez manqué lorsque nous le reprendrons dans le bôô cinéma à sa sortie, à la mi-novembre (le 15, exactement).

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22 octobre 2023

esmée

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LE RAVISSEMENT
d'Iris Kaltenbäck

Je l'ai vu parce que j'étais à Besac. Parce que "l'occasion a fait le larron". Et je ne l'ai pas regretté, bien au contraire. Un film "d'après une histoire vraie" ça ne m'attire a priori pas plus que ça. Une histoire de bébé, de bébé volé (emprunté, plutôt) non plus. Mais là quelque chose de mystérieux s'est produit : parce que la voleuse de bébé est aussi sage-femme, et, surtout, qu'elle est interprétée par Hafsia Herzi, comédienne troublante (à propos de qui j'ai pu avoir parfois dans le passé  ça et là  des réserves sur la qualité de son jeu -ou non-jeu-) qui se révèle ici parfaitement enthousiasmante. D'autant plus qu'elle forme dans ce film un couple avec Alexis Manenti, tout aussi parfaitement surprenant, en conducteur de bus serbe atone et, quasiment, diaphane (c'est sa voix, que j'ai reconnue "à l'oreille" assez rapidement, qui introduira le récit, nous informant ex abrupto de l'issue de cette histoire et commentera à intervalles réguliers la progression de l'histoire). Alexis Manenti qu'on n'a jamais connu d'une telle douceur un peu éteinte, somnambulique presque , mais qui fait le job à la perfection, formant avec Hafsia Herzi un non-couple (un "faux couple" ?) un peu blafard, sidérant, qui fait la grande force du film (qui laisse une sensation de froid).
Qu'on suit, un peu en apnée, faisant le dos rond devant l'imminence de la catastrophe. Avec, au bout du compte deux mots dans la tête : "profondément malaisant". Et une scène finale hypnotique.

(Tiens, je me réconcilie avec la critique de Libé à qui j'ai déjà promis par le passé  maintes machines à gifles mais qui livre ici une critique impeccable):

"Pour dire la force captivante du Ravissement dès ses premiers instants, rien ne sert d’évoquer autre chose que le visage de son interprète. On le savait, chaque apparition de Hafsia Herzi à l’écran se prête à une étude sur son sourire laconique, sa manière de bouger les yeux, ces paupières lourdes d’un vécu qu’on ignore. Ce nouveau personnage d’amoureuse au cœur brisé, larguée au tout début de l’histoire, semble d’ailleurs échouer d’un précédent film qu’elle réalisait en 2019, Tu mérites un amour. Dans le premier long métrage de la Française Iris Kaltenbäck, la superbe de l’actrice frappe encore d’un grand coup de blues et de grâce.
Surtout pas évanescente, la grâce. Toujours cette trempe du réel et du contemporain dans lequel la cinéaste veille à ancrer son film, dans le concret de la matière. Lydia, la trentaine, ne connaît en effet que ça, travaillant dans une maternité comme sage-femme. Le premier beau programme du film consiste à l’accompagner au travail, enregistrant son passage parmi les foules d’anonymes qui, comme elle, mènent une existence de nuit. Un sentiment reconnaissable file dans la cohue parisienne, quelque chose comme la solitude des villes, imprégnée des mines absorbées des passants au hasard de leurs circulations. Un autre film les aurait voulus "sans fard", or celui-ci les farde au contraire – fards d’une nuit de synthèse, marbrée de couleurs romantiques, phare rouge de ce manteau que Lydia ne quitte jamais.

(...) Son souvenir est imparfaitement reconstitué au passé, en voix off, à travers les yeux de l’homme qu’elle a dupé et des hypothèses formées par son imagination. Dindon de la farce, le voici réennobli par ce pouvoir de narrateur, délicatesse qui donne une idée des attentions qu’a la fiction pour ses personnages. Une autre s’illustre dans une scène qu’on sent tributaire de l’imprévu du tournage. Alors que Lydia se blottit dans un rideau, prise en chasse et sans échappatoire, le bébé dans ses bras agrippe le tissu avec sa petite pogne pour le rabattre sur elle, comme pour la protéger. Beauté de l’accident que le film semble toujours prêt à accueillir, et qui lui va en effet à ravir."

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21 octobre 2023

marionnettes

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LE GRAND CHARIOT
de Philippe Garrel

Oh la la j'ai honte j'ai dormi dormi dormi (j'ai même réussi à piquer du nez pendant les bandes-annonces!). J'ai dormi copieusement, voluptueusement. J'ai loupé la mort du père (Aurélien Recoing, que j'aime pourtant beaucoup) que je n'ai vu que trente secondes lors de la scène d'ouverture et je n'ai ouvert les yeux qu'à celle de la mère (Oh, Francine Bergé pour qui je garde une grande tendresse quasiment amoureuse depuis son interprétation de LA BELLE JARDINIERE, feuilleton quotidien en noir et blanc de ma jeunesse...)
J'ai donc pris l'histoire en cours, mais cette histoire de marionett(ist)es m'intéressait moyennement (repensé à la scène de Guignol au début de SOMBRE de Philippe Grandrieux
Louis Garrel, Esther Garrel, Léna Garrel, trois frères et soeurs dans la vie qui jouet trois frères et soeurs de fiction dans un histoire, qui, paraît-il, ressemble à la leur.
Il me semble avoir compris qu'a eu lieu une permutation de couples, et qu'une des deux soeurs se met en ménage avec Pieter, qui faisait partie de la bande de marionnettistes mais va lui aussi quitter le navire (Louis part faire du théâtre et va devenir célèbre, et donc laisse tomber les marionnettes) pour faire de la peinture, de plus en plus obsessionnellement (spoiler : il finira à l'asile).
Avec une très jolie image finale (et un très joli décadrage / recadrage).
Je ne suis pas autorisé à émettre le moindre jugement sur ce film après y avoir autant dormi.
Je suis passé à côté de ce film, je suis un peu désolé...

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20 octobre 2023

code civil

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MARIE-LINE ET SON JUGE
de Jean-Pierre Améris

Un après-midi pluvieux et cinématographique. Entre deux films du Festival Parlons d'amours, j'avais un trou, et j'en ai profité pour aller voir celui-là (dans la salle 1, mais que j'ai trouvée, surprise, bien remplie!). J'avais vu la bande-annonce et j'y avais entraperçu Nathalie Richard. Une excellente raison, donc...
Un cas d'école : ça commence très très très (j'en mets trois exprès) mal : mal joué, mal dialogué, mal scénarisé, mal éclairé, mal musiqué mal tout : (et on se dit pour quoi tant de haine ? et de quel droit faire jouer à Louane E. un personnage de fille aussi ouvertement et définitivement conne, à un point que ça en devient insupportable, inregardable, indéfendable...)
(Ouille!)
Et puis il se produit un genre de miracle : le vrai démarrage du film, c'est la confrontation entre les deux personnages de l'affiche (la jeune fille conne, donc, et le vieux juge qui est lui aussi entretient sa panoplie de vieux con dans un autre style) qui se met en place, et "contre toute attente", voilà que ça prend vie, que ça fonctionne, et l'histoire, par la grâce de son duo d'interprètes (ça matche vraiment entre Louane et Michel Blanc, c'est perceptible) devient touchante, amusante, émouvante, (on pense à DRIVING MISS DAISY -qu'on n'a pourtant jamais vu mais dont on connait le pitch-, on pense aussi, dans un autre registre, à DRIVE MY CAR, et le film ressemble un peu à cette voiture rouge cabossée rafistolée, où on est installé avec les deux protagonistes, au début un peu contre notre gré, puis dans laquelle on commence à  prendre nos aises ; on a l'impression de connaître le trajet à l'avance (on est en terrain connu), mais plus ça progresse et plus on prend ses aises sur les sièges (qu'on imagine défoncés), on s'y attache...)
Jusqu'à cette scène avec la divinissime Nathalie Richard (qu'est-ce qu'on l'aime, mais qu'est-ce qu'on l'aime, celle-ci!), avant que le film ne se termine très youplaboumesquement... On est passé, insensiblement, du très très mal au très très bien, et on sort donc de la salle avec le sourire (on n'a même plus envie d'enguirlander les trois de devant -deux nanas et un mec- qui nous ont pourtant bien fait suer pendant la séance...)

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19 octobre 2023

parlons d'amour 2

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L'AIR DE LA MER REND LIBRE
de Nadir Moknèche

La soirée d'ouverture, avec une cinquantaine de spectateurs (et un verre offert après, c'était sympathique -et des petits gâteaux de chez Georgette!-), et c'est le producteur du film qui a remplacé le réalisateur qui a eu une défaillance de dernière minute... Un jeune homme va épouser une jeune femme, on sait très rapidement qu'il s'agit d'un mariage arrangé, que les deux familles engagées y trouvent chacune leur compte, la jeune fille a "fait des conneries", et le jeune homme, on le saura très vite, est gay et amoureux d'un autre garçon, Vincent (avec qui il rompt le jour de son mariage). Mariage arrangé, donc, qui finit par se faire, même si le jeune époux a tout fait pour ne pas. Et donc, de la cohabitation qui s'ensuit des tourtereaux dans leur nouvel appartement, lui partant chaque matin travailler dans la boucherie familiale, elle femme au foyer et aux fourneaux dans l'attente d'un hypothétique enfant. Sauf que le jeune homme sort "courir" tous les soirs (il est branché sur un site de rencontres gays) et quand il rentre est trop "fatigué" pour honorer  madame. Une douche et dodo. Ambiance. D'autant plus que belle-maman (sa mère à lui) veille au grain, et pousse à la roue pour qu'enfin l'heureux événement se produise et qu'elle soit enfin "rassurée"... J'ai eu un peu de mal avec le personnage masculin que je ne trouve pas "aimable", mais j'ai plutôt bien aimé, finalement la façon -assez respectueuse- dont les choses se dénouent. Et c'était très bien, vraiment,  d'avoir le producteur pour animer la discussion. (Et les petits gâteaux étaient super!)

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NUIT NOIRE EN ANATOLIE
d'Özcan Alper

Nous voici en Turquie. Et il est de notoriété publique qu'il ne fait pas bon être gay là-bas. Et réaliser un film qui évoque le sujet est encore plus difficile (on se souviendra du récent BURNING DAYS, d'Emin Alper, et de tous les problèmes qu'il a pu rencontrer avec les "autorités", en dépit d'un excellent accueil critique international). Un homme, parti depuis plusieurs années, revient dans son village à la mort de sa mère, et va se heurter à l'hostilité de tous les mâles du cru, en raison de son obstination à vouloir revenir sur une affaire à laquelle il a été mêlé sept ans plus tout, concernant la disparition d'un jeune homme, un garde forestier nouvellement nommé. Le fil suit une double narration (aujourd'hui / il y a sept ans) et heureusement que le héros a désormais les cheveux plus longs pour nous aider à suivre ces deux temps parallèles. Le film est trèèèès pudique quant au SSTG (la scène la plus "chaude" étant une baignade des deux hommes en caleçon dans l'eau glacée, d'une chasteté totale, ce qui la rend encore plus affriolante (pensez, deux jeunes turcs qui font mumuse en caleçon, ça enflamme l'imagination...) où le contact physique le plus poussé est de prendre l'autre par la main pour le tirer sur la berge...) Un beau film finalement aussi noir que la nuit de son titre (il ne fait pas bon être gay en Anatolie, je le redis). En avant-première (le film sort le 24 janvier 2024), il mériterait donc d'être(re)vu à cet occasion.

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LES DAMNÉS NE PLEURENT PAS
de Fysal Boulifa

Et nous voici au Maroc pour mon incontestable -et tout autant qu'inattendu- coup de coeur de ce Festival. Un genre de road-movie, à travers tout le pays, d'une mère et son fils. Deux acteurs non-professionnels absolument éblouissants. Elle, Fatima-Zahra (Aïcha  Tebbae), toute en rondeurs en sourires et en oeillades complices, et lui, Sélim (Abdellah El Ajjouji)  beau jeune homme avec une ombre de moustache et un corps d'éphèbe couleur pain d'épices (c'est vrai je ne suis pas très objectif sur le coup, je m'enflamme assez vite pour le pain d'épices...). Eux vont de ville en ville, trimballant leurs sacs, survivant comme ils le peuvent (avec un très fort sens de la débrouille), vivant une relation très fusionnelle entre engueulades et réconciliations... jusqu'à ce que l'une rencontre un chauffeur de bus qui n'est pas insensible à son charme (et envisage de la prendre comme seconde épouse) et lui idem avec un français (Antoine Reinartz, beaucoup plus "gentil" ici que dans le récent ANATOMIE D'UNE CHUTE) qui finit par l'embaucher dans son hôtel... La force du couple mère / fils l'emportera-t-elle sur les aspirations individuelles de chacun des deux ? La dernière séquence du film, très forte, a l'intelligence de ne pas tout à fait répondre à la question... Un film parfaitement magnifique, dont j'ai regretté qu'il ne soit projeté qu'une fois...

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TROIS NUITS PAR SEMAINE
de Florent Gouëlou

Décidément cette programmation fut comme un escalier de l'enchantement, chaque film étant un peu plus haut que le précédent. j'étais resté sur le gros bonheur cinématographique des DAMNES NE PLEURENT PAS d'hier soir, et voilà que je me prends -et je n'étais pas le seul, vu les réactions à chaud dans la salle après la projection- une encore plus grosse claque avec celui-ci. Dont le pitch (un jeune photographe tombe amoureux d'un drag.) ne m'affriolait pas spécialement au départ. Mais voilà, le photographe est incarné par Pablo Pauly, un jeune acteur que j'affectionne particulièrement (découvert dans la série LES LASCARS, en 2011, puis retrouvé en haut de l'affiche dans le PATIENTS de Grand Corps Malade...) grâce à qui (pour qui) je suis donc allé voir ce film. Il tombe amoureux de Cookie Kunty (Quentin quand il est "en garçon"), incarné par l'excellent nouveau venu Romain Eck), croisé dans le cadre de son job. Il est aussi marié à Hafzia Herzi, toujours aussi délicieusement incertaine dans son jeu (mais c'est désormais devenu un peu sa marque de fabrique). L'amour soudain de Baptiste pour Cookie va être l'occasion, pour tous les deux (et même tous les trois, puisque Samia, femme de Baptiste, est partie prenante dans cette tourmente affective). Au sein d'une ambiance générale qui évoque autant PRISCILLA FOLLE DU DÉSERT que le TOURNÉE de Mathieu Amalric. Mais bon à la fin, tout à la fin, quand la voiture s'arrête et que la portière s'ouvre et qu'on voit qui en sort, on ne peut pas ne pas pleurer... Et c'est bien ce que j'ai fait.

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DES GARCONS DE PROVINCE
de Gaël Lépingle

Je l'avais déjà vu en ligne (le post est ici). On reste dans le thème du film précédent dans le premier segment (et, je l'avais oublié, dans l'épilogue) et j'ai quand même trouvé ça assez cruel (le troisième segment) et, finalement, un peu démoralisant (surtout après l'émotion générée par le film précédent). On peut juste dire que TROIS NUITS PAR SEMAINE était follement romantique, tandis que ces GARCONS DE PROVINCE sont plus... objectivement réalistes. D'une réalité qui n'est pas youplaboum tous les jours (quand on n'habite pas dans le Marais, il faut savoir ramer...) mais plus cinglante, et que, bon, il faut bien vivre, hein. Lucide et attachant. Quand même plein d'amertume. (et je trouve toujours l'affiche aussi laide hélas...)

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18 octobre 2023

mal-aimés

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On en a quand même programmé 5 sur les 10!
(et failli en programmer un 6ème)
On est des gentils de gentils programmateurs et on défend les plus faibles!
Et on en est fiers !!!

 

16 octobre 2023

étrusques

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LA CHIMERE
d'Alice Rohrwacher
(sortie prévue le 06 décembre 2023)

Et voilà!
Déjà le dernier film pour moi de cette DSI. Séance "de vieux" à 13h30, avec, bonne surprise,  un public assez conséquent. Et c'est, sans doute l'effet last but not least, le film de la sélection que j'avais le plus envie de voir... J'avais adoré son HEUREUX COMME LAZZARO, en 2018 (post enthousiaste ici), et je dois dire que celui-ci m'a tout autant enthousiasmé.
Le héros, Arthur, est un jeune homme un peu mutique (on comprendra ensuite que c'est parce qu'il est anglais), interrompu au milieu d'un rêve par le contrôleur du train dans lequel il voyage (on comprendra ensuite qu'il sort de prison et rentre chez lui), refuse de (re)voir ses anciens amis (on comprendra ensuite qu'ils sont complices dans une occupation illégale, et que lui s'est fait arrêter mais pas eux) et préfère aller voir une vieille amie (le plaisir de retrouver Isabella Rossellini en nonna) dans une maison qui fut somptueuse mais semble à présent délabrée, où elle vit avec ses filles (une flopée) et une élève-cantatrice qui lui sert aussi de bonne à tout faire, Italia... Une de ses filles, Beniamina, absente, revient souvent dans la conversation, on comprend qu'Arthur, (le jeune homme pas bavard), est amoureux d'elle et qu'il attend son retour...
On va bientôt en savoir davantage sur les "occupations" d'Arthur et de ses camarades : ce sont des tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques, tombes qu'ils découvrent grâce au talent singulier d'Arthur : avec une baguette il arrive à percevoir sous la terre l'espace vide de ces sépultures, et indique précisément là où il faut creuser. ils sont en cheville avec un mystérieux -et longtemps invisible- Spartaco, qui leur rachète leurs trouvailles... (dont l'interprète n'étonnera pas vraiment ceux qui connaissent les films d'Alice Rohrwacher clic clic). Arthur mène la danse (et la réalisatrice aime visiblement le regarder le faire) , détecte le vide, perçoit l'imperceptible (la réalisatrice nous signale avec une astuce de mise en scène toute simple mais très plaisante chaque fois qu'il entre en transe.), et les comparses s'activent pour creuser et faciliter l'accès (priorité à celui qui a trouvé la tombe).
Ce qui est bien, chez Alice Rohrwacher (on l'avait déjà senti dans les films précédents et celui-ci le confirme) c'est qu'elle aime les petites gens. Les gens simples, les pauvres, vous, moi. Ceux qui sans cesse courent derrière leur chimera, le rêve d'une vie meilleure avec l'argent que cela suppose (et les moyens pas forcément légaux pour y parvenir...). Le délabrement, le précaire, est une notion qui revient plusieurs fois dans le film, que ce soit la maison de la nonna, celle d'Arthur, où la gare désaffectée ("à personne et à tout le monde") dans laquelle va se créer un genre de communauté sororale (où Arthur sera autorisé à venir  jouer les faux-bourdons).
Un film un peu ébouriffé (les pauvres ça n'a pas de peigne, comme le confirme mon expérience personnelle), un peu débraillé, mieux : dépenaillé (les pauvres ça n'a pas de dressing-room, hihi) mais, sans doute justement pour ça incroyablement attachant (vivement la sortie nationale, qu'on puisse le reprogrammer dans le bôô cinéma).
Avec, pour moi, un plaisir supplémentaire (et parfaitement inattendu), celui d'entendre (je l'ai reconnu dès les premières secondes) un morceau de Kraftwerk (Spacelab) qui vient illuminer toute une séquence...

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15 octobre 2023

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LA CHRONIQUE DES PAUVRES AMANTS
de Carlos Lizzani

Elle suit son cours, cette DSI, piano piano, un film par jour... Et là je découvrais ce film d'un réalisateur inconnu (de moi) que Hervé nous avait suggéré avec disons une certaine insistance... Eh bin vous savez quoi ? Il avait, encore une fois, tout à fait raison (je l'aurai, un jour, je l'aurai...) Un film en noir et blanc, superbe, dans une copie magnifique, avec des sous-titres attentifs (pas la même taille de police de caractères selon que ce sont les personnages qui s'expriment ou la voix du narrateur...). Chronique sociale située dans un quartier de Florence, en 1925, où débarque le jeune Mario, qui va prendre pension chez Maciste, un forgeron anti-fasciste... Il est (il sera) question d'affontement(s) , pendant tout le film, entre les chemises noires et les chemises rouges, les fascistes et les anti-fascistes, au sein de ce quartier, de cette rue presque, dépeinte par le réalisateur comme un petit village où tout le monde connaît tout le monde, et c'est par les fenêtres que communiquent tous les habitants du lieu...
C'est comme un petit théâtre florentin, où défilent et s'entrecroisent les hommes (si on était en basse-cour, je dirais du vieux coq roublard au jeune coquelet plein d'ambition, sans oublier le jeune poussin idéaliste et plein d'illusions) et les femmes (pour filer la métaphore aviaire, toute une série de jeunes poulettes sémillantes, avec en arrière-plan une vieille poule qui surveille tout ce qui se passe et tient son poulailler d'une patte de fer).
J'ai trouvé le film vraiment excellent, en particulier une longue scène nocturne où deux de nos héros, en side-car, parcourent la ville pour aller prévenir ceux que les fascistes ont décidé d'éliminer. Comme d'habitude, j'ai été un peu handicapé dans ma compréhension du récit par mon manque -désolant- de connaissances historiques (concernant l'italie fasciste, notamment).

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