k7 pour k7
LES MAGNÉTIQUES
de Vincent Mael Cardona
C'est Zabetta qui avait proposé ce film (dont je ne savais rien, et dont l'affiche n'était pas particulièrement attractive) et donc j'y suis allé avec mes copines (Emma, Catherine, et Dominique) jeudi après-midi dans la salle 10 du bôô cinéma.
Eh bien Zabetta avait raison, c'est un très chouette film. L'histoire de deux frères (c'est le plus jeune qui raconte leur histoire), et de l'admiration que le plus jeune porte à son grand frangin, avec qui il anime une petite radio locale (pirate ?). Une histoire de fratrie, et de nostalgie aussi, puisqu'elle débute le 10 mai 81, le soir des résultats à la télé de l'élection présidentielle (j'avais 25 ans en 81, et je me souviens que ce soir-là j'étais à Besac, et de l'immense joie -et espoir- que ça avait provoqué, on se congratulait par les fenêtres ouvertes avec les voisins de l'autre côté de la rue, pire qu'une Coupe du Monde!), bref, déjà rien que ça, ça remue des choses!
Philippe, le narrateur, est un bidouilleur de sons, avec les moyens du bord (à l'époque, il est surtout question de la K7 audio -autre raison de faire remonter une vieille nostalgie de mix(es) amoureusement confectionnés (souvent à Vaux, chez Emma et Régis, qui avaient été les premiers à s'équiper d'un lecteur CD et d'une platine double-k7...), de jaquettes chiadées, de lettrasets à grattouiller pour composer les titres - je vais vous faire une confidence, les miennes, il m'arrive de les écouter encore, quand j'ai déménagé, j'ai acheté une platine double K7...).
81, les K7, voilà déjà deux feux de bengale allumés (des cierges magiques, plutôt), et en voilà un troisième qui se met à phosphorer lorsque le narrateur part faire "ses 3 jours" (nous c'était à Mâcon si je me souviens bien, quelle horreur mon dieu quelle horreur) avec la ferme intention de finir P4, comme son grand frère et ses potes, mais pour qui, manque de bol, ça va foirer, et qui va se retrouver envoyé à Berlin (avec une reconstitution, qu'on suppose autobiographique, des joyeusetés de la vie de troufion et des ambiances de chambrée -cf le jeu dit "de la biscotte" qu'on n'entr'aperçoit que fugacement-).
Philippe est à Berlin, mais il pense à Marianne, au départ pourtant la copine de son frère, mais dont il est soudain tombé très amoureux (une émission de radio sera ainsi l'occasion d'une déclaration d'amour bidouillée en live, une des scènes les plus touchantes du film...).
La multiplicité des scénaristes (ils sont 6 au générique!) explique peut-être la structure en dents de scie du film (des scènes très fortes, puis d'autres plus flottantes, pour un récit à la structure instable), mais on s'en fout on lui pardonne tout! Des acteurs non-professionnels pour la plupart- qui vous tendent le miroir où se reflète votre propre jeunesse, rien que pour ça, on les en remercie.
Et la bande originale est à la hauteur (plusieurs fois j'ai eu les larmes aux yeux en écoutant certains morceaux, certains que je connaissais -Passenger, d'Iggy Pop, toujours aussi plaisant- et d'autres non (le premier morceau de Joy Division, tout au début, qui oui m'a fait pleurer...
(Merci Zabetta d'avoir insisté pour qu'on le programme!)