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lieux communs (et autres fadaises)

3 mars 2011

meth

WINTER'S BONE
de Debra Granik

Un film qui me parvenait précédé d'une louangeuse réputation, avant même sa sortie française. Je suis donc allé sans rien en lire à l'avant-première de mardi soir.
Un film comme un chien méchant, attaché court, qui grogne et montre les dents. Un film pas aimable. Tourné "réalistement" dasn le quart-monde américain, en plein Missouri, avec les ploucs locaux qui n'ont pas une vie facile mais ne vous la rendent pas non plus.
Où une demoiselle (Ree, qui pourrait être une version plus agée de la demoiselle des frères Coen) qui éleve seule ses deux jeunes frère et soeur, et sa mère qui a viré légume, doit soudain remuer ciel et terre pour retrouver son père (ou ce qu'il en reste) sous peine de perdre la maison et le terrain qu'elle occupe, et met le nez dans des combines familiales et claniques de plus en plus fangeuses et violentes.
Un film où le seul sourire apparaît à la toute toute fin du générique de fin. Un film où la réalisatrice se réclame des Dardenne, Dumont, et autres Olmi, mais déclare avoir utilisé des vraies maisons de pauvres et même des vrais habits de pauvres (en plus des vrais mots de pauvres!) pour faire plus "vrai".
Un film qui met mal à l'aise, tient à distance. Gens difficiles, vies de merde, couleurs froides hivernales, désespoir glaçant. Misère, violence, coups de cueules, re-violence, re-misère, etc.
"Y a quand même du déesepoir, oui, y a quand même du désespoir..."
Déplaisant. (En tout cas, le genre de film qui ne convient pas, à moi le midinet plus à l'aise avec les "films de filles" -mais pourtant ceci en est un- habituels.) Pourtant beaucoup crient au génie : "extraordinaire" "magistral", "coup de maître", etc.
Mouais.

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1 mars 2011

imam rose

C’est OK d’être musulman et gay !» Muhsin Hendricks, métis sud-africain du Cap, fils d’imam et homosexuel déclaré, répète ce message peu orthodoxe chez lui et à l’étranger. Sa fondation, The Inner Circle, veut aider les musulmans gays à faire leur coming out. Invité à Amsterdam par COC, influente association néerlandaise de défense des droits des homosexuels, Muhsin Hendricks enchaîne ces jours-ci les interviews pour expliquer comment il a «réconcilié» ses deux identités, l’une religieuse, l’autre sexuelle. Il a étudié l’islam au Pakistan, tirant ses propres conclusions : «Il n’est écrit nulle part dans le Coran que l’homosexualité est interdite.» Après six ans de mariage et trois enfants, il a divorcé et a révélé sa préférence sexuelle. A l’époque imam, il a été remercié et traité de «sataniste», mais il continue de se considérer comme un membre du clergé. Muhsin Hendricks, en ménage avec un hindou, est très critiqué dans sa communauté, mais pas menacé. L’Afrique du Sud est l’un des rares pays d’Afrique à reconnaître les droits des homosexuels."
(Libé du 25 février 2011)

1 mars 2011

avec du recul

TRUE GRIT
de Joel & Ethan Coen

Alors ? Grande forme ? Fatigue ? Petite forme ? Important ? Mineur ? Majeur (en l'air) ? Les avis divergeaient tellement qu'il n'y avait qu'une solution, y aller pour se faire son opinion (et en VO bien évidemment)

Eh bien (j'en sors) j'ai trouvé ça très bien, et j'aurais du mal, comme ça, à chaud à lui trouver immédiatement une place dans ma filmo Coenienne. Je les aime quasiment tous (certains, bien sur, un peu plus que d'autres...) et celui-là c'est indéniable, je l'aime aussi.
En tant qu'exercice de style, certes, car je n'ai jamais eu pour le western en tant que tel une grande attirance, tant le genre est codifié à l'extrême et la plupart du temps sans grande surprise. le gentil / le méchant, les cow-boys / les indiens, le duel / le saloon, on a tous vu et revu ça les dimanches après-midi (ou soir) en noir et blanc sur la première chaîne, et ce n'est que bien bien plus tard que j'ai commencé -perversement- à en apprécier le sous-texte gay, qui offre certes beaucoup plus de réjouissances à la vision de la chose.
Des tentatives isolées, comme le Silverado de Lawrence Kasdan (où Kevin Kine, entre autres, m'avait fantasmatiquement ému), ou le splendide Dead Man de Jim Jarmusch, m'étaient apparues comme de plus qu'agréables dépoussiérages (ou, plus justement, rempoussiérages) du motif (rétablissant la crasse, la sueur et autres viriles joyeusetés qu'Hollywood  avait consciencieusement gommées, nous livrant en général des cow-boys propres sur eux et sentant bon le savon. Aseptisés. ) On était loin des JohnWayneries (ou même des Leoneries, les westerns dit "spaghetti" ne m'ayant jamais intéressé).
Les western exaltaient les valeurs viriles, mais racontaient, au fond, (ou "chuchotaient en douce") d'indicibles amours entre hommes. Et ce fut peut-être pour ça que Brokeback mountain me combla (enfin un vrai western, comme je l'entendais!) Mais je me souviens d'avoir, un peu plus tard, aussi énormément aimé  L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, qui n'était pas spécialement gay (mais dont un des acteurs me faisait baver, dont j'ai oublié le nom, fugaces amours de jeunesse...)

Enfin, bref (?) (cette introduction fut plutôt longue!) le dernier film des Coen est un western, remake d'un film du même nom en 1963, avec John Wayne justement, qui a l'avantage de n'avoir laissé aucun souvenir. Pourquoi décider de reproduire ce qui fut oubliable ? Parce qu'on en a envie, pardi, parce qu'on s'appelle Joel et Ethan Coen, et parce que ça va faire glousser tout le monde, en roulant les yeux au ciel.

Il y a une voix-off, celle d'une fille (d'hab', le western est plutôt viril, les gonzesses c'est fait pour y chanter dans les saloons, séduire vipérinement le héros, être roulées dans la poussière ou jetées cavalièrement en travers du cheval  pour être sadisées par tout le camp indien) qui raconte que son père a été lâchement assassiné par un homme qui a pris la fuite, et qu'elle va rechercher pour lui rendre justice (à son père). en compagnie d'un marshall borgne et alcoolique, et bavard (Jeff Bridges, dont toute la critique encense tellement la performance que les pages des journaux en fument) et d'un texas ranger moustachu et éperonné (Matt Damon, plus que parfait dans un rôle de benêt taiseux, qui mériterait au moins autant d'éloges que le précédent). Aventures, péripéties, embuscades, pendu, indien taciturne, balles perdues, chevauchées fantastiques, whisky, feu de camp, serpents à sonnettes, rien ne manque -à part, peut-être, les buissons qui roulent, mais peut-être n'est-ce pas la bonne région pour ça ? je me perds un peu dans les états américains- jusqu'à la rencontre (fortuite ? tiens, justement où ils avaient perdu la trace, ça tombe bien quand même, hein ?) du méchant (Josh Brolin, beaucoup plus sale et barbu que dans le dernier Woody Allen, mais avec la chemise beaucoup moins ouverte aussi, il faut faire des choix...). Et la -moyennement heureuse- happy-end, vingt-cinq ans plus tard.
Si le travail sur l'image est parfait ou quasiment (on a tiqué, avec hervé, sur la même chène de chevauchée qui semblait appliquée et un peu maladroite), celui sur le son ne l'est pas moins. Il faut voir le film en VOI, pour apprécier les voix incroyables de Bridges et Damon. Et, à la musique, on retrouve l'abitué(l) Carter Burwell.
On en a pour ses sous, comme dirait un auvergnat de mes amis. Le cahier des charges westerniensest respecté scrupuleusement, la reconstitution est parfaite, on est captivé (j'avais écrit capturé) d'un bout à l'autre, on détourne même les yeux devant certaines cruautés sanglantes (doigts coupés, tête qui fait sprountch! contre un rocher) on rit, on sourit (les dialogues sont, comme d'hab', aussi aiguisés que percutants) bref, on est comme un gamin qui regarde Zorro, en noir et blanc, un jeudi après-midi, sur sa télé.
L'improbable équipée de cette gamine de quatorze ans (assez chiante et têtue pour mériter des gifles) avec ces deux loulous mérite sans conteste le détour. On en reparlera dans quelques mois pour voir ce qu'il en reste, mais en tout cas ce fut un beau moment.

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28 février 2011

ça s'est passé un dimanche...

(une visite à Metz...)

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("tout est art" /hihihi)

26 février 2011

pomme de reinette (et pomme d'api ?)

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(Désolé, je ne sais pas faire les o barrés , alors, j'écrirais Nesbo, au lieu de Nesbo avec un o barré...)
J'ai découvert nesbo avec Le bonhomme de neige, qui m'avait tellement emballé que j'avais rembobiné toute la bibliographie du gus, excepté les deux premiers (L'homme chauve-souris, dont je connaissais le nom du tueur, et les cafards, trop exotique), mais, bon j'ai tout lu, et à chaque fois autant apprécié... Rue sans-souci, Rouge-gorge, L'étoile du diable, Le sauveur, -les deux derniers que j'avais d'ailleurs eu la chance de trouver chez Gibert en grand format et à petit prix, juste, peut-être parce qu'ils étaient rangés sur le dernier rayon tout en haut et qu'il n'y avait pas de tabouret immédiatement accessible...- Il vaut mieux, pour qui découvre, les lire dans l'ordre...
Nesbo, c'est un style, une vraie écriture (ce qui n'est pas si fréquent chez les auteurs de polar), avec un sens de l'intrigue et de la manipulation du lecteur (il est très fort pour ça : il vous écrit une chose, et, en tant que lecteur, vous en comprenez -ou imaginez- une autre, parce que, volontairement, il vous a égaré en utilisant un terme vague ou impersonnel, et vous avez alors cru bon de croire ce que vous avez bien envie de croire...
Méfiez-vous, donc. si les choses ne sont pas dites explicitement, c'est qu'il s'agit d'un jeu de miroir, d'une duperie, d'une manipulation. Mais qu-est-ce que c'est agréable de se faire rouler dans la farine avec une telle maestria!
Nesbo, c'est aussi le héros récurrent de ses bouquins (sauf dans l'avant-dernier) un nommé Harry Hole, un vrai de vrai, un dur de dur, alcoolo plus ou moins maîtrisé, ne répugnant pas à une petite défonce de temps en temps, sacahnt se servir de son flingue, de ses points, mais aussi de ses cellules grises... Car il y a toujours une énigme à la clé de chaque roman, où comme dans tout bon thriller qui se respecte, il ya un assassin qui commet des crimes et qu'il s'agi de découvrir l'identité. Le personnage d'Harry Hole est assez fascinant : il peut être violent, très violent même, mais, aussi, des fois, il pleure. Et Nesbo maîtrise cet art du chaud et froid, avec un art consommé (comme dirait les critiques de certains journaux) et jubilatoire (comme on écrirait dans Téléramuche...)
Le léopard, c'est donc l'assassin qui nous occupe dans le roman du même nom, un pavé de 760 pages (même pas écrites plus gros que d'hab'), auquel Harry va devoir s'affonter. Assassin aux crimes relativement atroces, d'autant plus qu'ils nous sont décrits d'assez minutieuse façon (j'ai failli lâcher le roman dès le premier chapitre!). Sous une couverture en couleur, une première me semble-t-il dans la collection La Noire, mais la couleur rouge -finalement- s'y justifie doublement...
J'ai dû en fractionner régulièrement la lecture (oui, je suis extrêmement bon public...) tant l'auteur sait nous tenir en haleine, parfois jusqu'à l'intenable! De temps en temps, il fallait que je repose le bouquin pour aller prendre un peu l'air,bref, pour changer d'air, quoi..., quand la tension devenait par trop insupportable.
Le bouquin est vraiment très bien fichu, c'est passionnant de bout en bout, et Nesbo est très fort pour les révélations ou les changements d'éclairage en fin de chapitre (chapitres qu'il a la sagesse d'écrire plutôt courts, avec parfois plusieurs séquences dans la même page, juste séparées par un saut de paragraphe, pour nous faire entendre les différentes voix  (voies) qui permettent à l'intrigue de progresser... On tient un coupable qui est arrêté vers la page 500, mais non, c'est mal connaître l'auteur, qui va redémarrer après un genre de demi-tour au frein à main, suivant sa technique habituelle...
A recommander, sans modération!!!

 

23 février 2011

jeunes gens

MEMORY LANE
de Mikhael Hers

Ça pourrait être rien, ou presque. Des mouches dans une boîte, des fourmis qui courent dans l'herbe, des nuages qui s'éloignent, tellement l'intrigue n'a pas vraiment d'importance, tant l'enjeu est ailleurs. Dans une fin d'été lumineuse (août se termine, comme s'éloignerait l'adolescence), un groupe d'amis, d'amis d'enfance même, évolue sous la caméra attentive de Mikhaël Hers.
Simplement. Avec douceur.
Garçons et filles, frères et soeurs, copains et copines, comme filmés  à leur insu : on discute, on boit des bières, on discute encore, on se rappelle, on souffre plus ou moins, on l'exprime ou pas... Sans jamais s'appesantir, la caméra survole, s'approche,  se pose, avec une infinie légèreté et une jolie délicatesse. Tous les (jeunes) acteurs sont au diapason. Didier Sandre en père malade et Marie Rivière en maman solaire jouent le contrepoint adulte de cette jolie musique (la bande-son est assez classieuse).
La lumière est belle, les blessures guérissent-elles ? En tout cas, on se retire sur la pointe des pieds. Joli.
Une scène merveilleuse, de danse (boîte de nuit) filmée d'abord normalement, puis au ralenti, et enfin au ralenti mais avec une autre musique surajoutée. Du grand art.
(Ou comment on peut parler de choses "sérieuses" sans pathos.)

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22 février 2011

micro89

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"émancipé, aimant si peu..."
(dans une chanson)

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j'ai tellement peur de perdre cette très belle écharpe que je ne la mets plus!

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me suis acheté (en solde) une paire de chaussettes laine-cashmere

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mes lecteurs ne sont pas bavards

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La sarcosine aggraverait le cancer de la prostate

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Mon voisin d'en face m'a repiqué des giroflées.

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"un bon ouvrier vaut mieux que n'importe quel étudiant." ('FICA)

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- (le serveur, à propos des cafés) : "c'est les longs qui sont longs..."
- (moi, finement) : "et les courts, y courent ?" (FICA)

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"les maisons, c'est comme les gens :
quand c'est vieux, on a beau rafistoler, ça reste vieux..." (FICA)

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"Si nos parents sont réactionnaires, ce sont nos ennemis" (FICA)

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(une mamie au téléphone, très fort) :
"alors ça y est, elle est passée, la petite souris ?" (FICA)

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"Mangeurs de pellicule, vous êtes mes frères en culture..." (FICA)

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"et maintenant, place à l'amour..." (FICA)

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Dans Didier, Jean-Pierre Bacri dit :
"Je crois même pas à ce que je viens de dire..."

*

 

 

 

21 février 2011

décalage horaire

ET LA-BAS, QUELLE HEURE EST-IL ?
de Tsai Ming-Liang

Un film que j'avais raté quand il était passé au Bôô Festival (je me souviens juste d'une discussion post-proj' entre Hervé et Mireille, qui m'avait donné envie de le voir.) Invisible ensuite, difficile à acheter (en tout cas à un prix décent),  Et je suis donc resté (depuis 2001) assez longtemps sur ma faim, mais j'ai enfin réussi à le télécharger malhonnêtement récupérer en tout bien tout honneur, et en  VO.ST anglais (mais vu le peu de dialogues qu'il y a, la VO seule eut été quasiment envisageable...)
Chronologiquement (...) il vient dans la filmo de Tsai Ming Liang, juste avant Goodbye Dragon Inn, qui est -justement- pour moi son film que je préfère.
J'aime les films qui n'ont pas d'enjeu (visible, tout du moins) et donc j'aime énormément Et là-bas quelle heure est-il ?
Formellement, le film est proche de la perfection (chaque cadrage est virtuose dans sa simplicité, sans pour autant le crier sur les toits), le rythme typique des films de Tsai Ming Liang est incontestablement présent (les  fameux "plans-séquences" qui s'étirent, parfois voluptueusement, et parfois douloureusement) et réussit, dans le même temps à nous fasciner (perception de la durée) et à nous surprendre (par cette façon abrupte de couper la scène et de passer à autre chose, au moment où, justement, nous spectateurs, on aurait pensé que ça allait continuer).
Et les thèmes de prédilection du réalisateur : solitude, incommunicabilité, mais aussi cinéma, nourriture et... "traditions"  (rituels ?) sont tous là, fidèles au rendez-vous. Avec une imperceptible -mais indispensable- touche d'humour, une infinitésimale distance, qui rend l'ensemble d'autant plus fascinant.
La trame narrative est mincissime : le "héros" (Lee Kang-Shen, acteur récurrent de tous les films du réalisateur, alter ego comme le fut Jean-Pierre Léaud pour François Truffaut, ça tombe bien on les verra tous les deux passer dans le film), qui vient de perdre son père, vend des montres à la sauvette, et passe son temps à remettre à l'heure toutes les pendules, montres horloges et réveils qu'il croisera dans le film, à l'heure de Paris, ou est partie une jeune fille tristounette qui a tenu auparavant absolument à lui acheter sa montre (qui est double time). Il vient de perdre son père, et voilà que sa mère, avec qui il habite, a du mal à gérer l'évènement en question, et pète un peu les plombs, persuadée que son défunt mari va lui rendre visite post mortem et reincarnationem incessamment sous peu, et s'y préparant donc (sauf s'il s'est réincarné en bestiole et que son fils l'a écrabouillé par inadvertance).
Trois personnages, la mère, le fils, la jeune fille,  trois histoires singulières qui cohabitent dans le récit sans vraiment s'y mélanger. Ultramoderne solitude, légers troubles (dérèglements) physiques, moraux et sociaux, événements minuscules, comme trempés du bout des baguettes dans l'amertume contemplative, sous le glaçage léger de la perfection graphique.
Fascinant, hypnotique dis-je. Un film idéal pour cette fin d'hiver, et une lacune enfin comblée. Merci Tsaïchounet!

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20 février 2011

mystère et balle de golf

TOUS LES SOLEILS
de Philippe Claudel

Tous les gens qui l'ont déjà lu pourront vous le confirmer, Philippe Claudel n'est pas spécialement associé à la grosse rigolade ni au tapage sur les cuisses, et on pouvait donc donc s'interroger sur l'aptitude du même à réaliser une comédie à l'italienne (comme si on apprenait que Dany Boon adaptait Le dialogue des carmélites). On y alla donc, en avant-première et avec une certaine curiosité mâtinée de bienveillante méfiance, puisqu'en plus c'était gratuit.
Un générique sur fond de tarentelle (musique joyeuse et rital s'il en fut) suit le trajet en solex d'un prof de musique baroque, jusqu'au cours où il fait écouter la musique en question à ses étudiants. On apprend qu'il s'appelle Alessandro, qu'il est rital, veuf, qu'il lit dans les hôpitaux, qu'il est chanteur amateur et prépare un concert, et qu'il vit avec sa fille de quinze ans et son frère, rital lui-aussi,qui a décidé qu'il ne sortirait plus de l'appartement tant que Berlusconi n'était pas viré...
Voilà pour la situation de départ.
On est donc indiscutablement dans un registre plus léger que d'hab', aucun drame en vue, et les petites histoires individuelles de chacun, celles à deux (les engueulades entre frangins, les relations orageuses père/fille, les relations complices oncle/nièce, les relations compliquées Alessandro / les femmes) sont les fils conducteurs du récit, vont  s'entrecroiser et s'entasser, parfois un peu au détriment les uns des autres, comme si le réalisateur avait voulu  en mettre le plus possible (la famille, l'amour, le deuil, l'adolescence, les premiers émois, la politique, les copains, la multipropriété, les sites de rencontre internet, l'Alsace, la musique baroque, les soins palliatifs...) et avait du coup  décidément  trop chargé la barque (la mule ?).
Le film est imparfait mais il est attachant. Il est hétérogène (hétéroclite (et même hétéronormé mais bon là c'est une autre histoire...), et pourtant, même si on n'y croit pas tout à fait (comme aux lunettes de Stefano Accorsi), on se laisse porter, sans rechigner. L'interprétation aide : au plaisir de revoir Anouk Aimée, impériale,  dans un rôle touchant, s'ajoute surtout la révélation  grandiose de Nori Marcoré, le frère du héros, (dont la dégaine, le peignoir et la loufoquerie m'ont beaucoup fait penser au Kramer de Seinfeld...) qui vole la vedette, justement, à un Stefano Accorsi que j'ai trouvé un peu anodin  (trop lisse) en comparaison ; sans oublier l'apparition tardive de Clotilde Courau, sobre et joliment tristounette, qu'on a peut-être eu l'habitude de voir dans des figurations plus... légères, mais dont le capital sympathie reste intact.
Comédie à l'italienne ? Certes, c'est justement dans ces moments où les frangins (ou le père et la fille) s'engueulent, et que la langue maternelle réapparaît (et que les voisins frappent au plafond en les traitant de ritals de merde) que l"on retrouve la chaleur et le rythme que la version originale, justement, insuffle.
Mais indiscutablement Philippe Claudel est plus à l'aise dans l'émotion que dans le comique. Question de rythme ? La première scène avec le flic anti-CRS, par exemple, tombe un peu à plat tant elle arrive par surprise, comme un cheveu sur le minestrone. Autrement, c'est  inégal, hauts et bas, drôle et moins, convenu et original, émouvant et nunuche (comme la vie, quoi), on louvoie entre des jolies scènes, très réussies (dans le registre de l'émotion, surtout), et d'autres qui le sont moins, parce que le jeu des comédiens n'est parfois, pas tout à fait juste, ou que les dialogues ne les aident pas, ou que la situation n'a pas été traitée dans l'esprit qui aurait le mieux convenu.
Mais, je le répète, on y trouve son compte. Ne serait-ce que pour le joli duo père-fille dans la voiture, le film vaut la peine d'être vécu.
On passe un moment agréable, le happy-end lyrique (et choral) de la fin est assez finement négocié (même si on a voulu le voir venir à des kilomètres) pour qu'on sorte de là avec le sourire, et ma foi presque une larmichette. C'est quand même le but recherché pour une comédie, non ?

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(Hommage involontaire ? le Stefano Accorsi sur son solex m'évoque immanquablement le Nanni Moretti sur son scooter de Journal intime...)

19 février 2011

la peau de l'ours

 

Comme quoi, il suffit de pas grand-chose pour une soirée  tout simplement miraculeuse (ou miraculeusement simple)...
Un concert à Luxeuil, pourtant prévu de longue date, mais où, peut-être je n'aurais pas eu le courage d'aller, si je ne m'étais engagé moralement à y transporter des amis dans ma Twingouille. Et j'aurais raté tout ça. Je ne l'aurais pas regretté, puisque je ne l'aurais pas su, mais quand même...
Simplement, le fait de partir de nuit, comme ça, simplement, à quatre (Pépin, Loulou, Emma), avec la musique, ça vous avait déjà un petit air de vacances, de on part à l'aventure...
Le concert, c'était Florent Marchet , dans son "Courchevel Tour" (accompagné, donc, du Courchevel Orchestra), la salle était agréable, on était au quatrième rang, assez idéalement placés, le public était bon enfant, et visiblement convaincu (y figuraient plusieurs personnes que j'aime aussi de bien à beaucoup). Sur scène, un décor à peine scénarisé (peau d'ours, téléphone, avec une bande-son de feu qui crépite), comme le furent d'ailleurs les musiciens (hmmm ces petits débardeurs  jacquard, l'arrivée sur fond de grelots de traineau -chacun le sien- ) et Florent M lui-même (oh ce petit pantalon trop court et ces chaussettes rouges...), qui parle au public mais dans un rapport lui-aussi à peine scénarisé...
Je me suis régalé d'un bout à l'autre dans ce concert parfois surprenant (présentation des musiciens dès le deuxième morceau, envoi du "tube" (Benjamin) dès le troisième) mais toujours touchant dans sa simplicité bonhomme. Avec ses envolées rock juste ce qu'il faut, et ses variations sur le thème. On eut ainsi le bonheur d'entendre non pas juste  le dernier album en promo (Courchevel) mais un survol des autres opus (Gargilesse et Rio Baril).
Tout s'est passé comme sur des roulettes, les musiciens ont mouillé la chemise (oh qu'il était mimi ce guitariste costaud  aux avant-bras velus, avec des airs de Sergi Lopez dans ses bons jours (avec la barbe de 3)!), j'aime vraiment l'écriture de Florent Marchet (paroles & musique) où jamais tout n'est exactement complètement dit, et laisse une petite marge d'incertitude à l'auditeur...
C'était d'autant plus agréable qu'au moment, par exemple, où je me suis dit "tiens, j'aimerais bien qu'ils jouent Je n'ai pensé qu'à moi", et bien hop, justement ils l'ont joué, et quand, avant le rappel, j'ai chuchoté à Emma "j'aimerais bien Le terrain de sport" et bien hop, re on l'a eu, suivi d'ailleurs d'une reprise d'Aucun express, de Bashung, chanson que j'aime tout particulièrement aussi...

 

Bref, c'était bien, c'était vraiment bien...

J'ai pensé très fort à ma copine Isa...

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