Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

lieux communs (et autres fadaises)

11 juillet 2011

virages

AVANT L'AUBE
de Raphael Jacoulot

Je n'avais pas pu le voir à sa sortie, (malgré les commentaires élogieux faits par des proches) et donc là, pour la fête du cinéma à 3E (avec la carte de Marie) et qui plus est en présence du réalisateur, je n'allais pas manquer ça! Bien m'en a pris ! Autant son précédent Barrage m'avait laissé sur une appréciation mitigée, autant celui-ci est véritablement "tenu" d'un bout à l'autre (avec en plus  une fin "juste avant le happy end" dont j'apprécie particulièrement l'élégance.)
Une voiture, la route, la neige. Le film démarre en suivant Vincent Rottier qui arrive sur son lieu de stage, un hôtel en pleine montagne (c'est pas parce que je suis né là-bas, mais je trouve que le paysage est vraiment cinégénqiue) tenu par Jean-Pierre Bacri. Assez rapidement, on va comprendre qu'il s'est passé quelque chose, concernant un client de l'hôtel disparu, quelque chose à quoi est mêlé le fils de l'hôtelier, que son père tente de couvrir, tandis que le petit jeunot stagiaire est au courant de ce dont il ne devrait pas être courant.
Une trame de film noir, prétexte à une étude de personnages. Comment ces deux-là se rapprochent (le père de l'un est absent, le fils de l'autre est un sale con) pour recréer -illusoirement ,- un lien qui leur fait défaut.
On a tout de même un peu peur : tout est un peu trop : Bacri est "trop" Bacri, Vincent Rottiers est "trop" fermé/buté, Sylvie testud (la fliquette qui mène l'enquête) est "trop" fofolle et colorée, mais le réalisateur nous empaquète et nous ficèle si bien tout ça qu'on arrête vite de s'inquiéter et qu'on ne pense même plus à ronchonner.
C'est très bien fait, et le fait d'avoir le réalisateur dans la salle pour nous parler -fort intelligemment- de son film était encore un plaisir supplémentaire.

19642417

(dsl, je finis un peu précipitamment un post commencé il ya trop longtemps...)

11 juillet 2011

micro95 (ici et là)

*
tiens! un papillon blanc qui volète dans la cour! ca faisait longtemps...

*
je pensais que Peter Falk était déjà mort, mais il ne l'a fait qu'hier.

*

Si les orientaux sont lascifs, ceux du  Moyen-Orient ne le sont-ils qu'à moitié ?

*

 pour que se reconstituent les nappes phréatiques du sommeil

*

 tous les Turcs sont-ils circoncis ?

*

artisan sucrecuitier

*

un voisin de métro aux avant-bras couleur bâton de cannelle et merveilleusement velus

*

"et l'avocat, pendant ce temps, y se cirait les moustaches..."

*

se remonte presque imperceptiblement les couilles
juste avant de s'asseoir

*

quatre nounours discutent avec véhémence en langage des signes

*

une anamorphose arborée, Place de l'Hôtel-de-ville

*

(nouveau truc pour faire la manche)
un faux orgue de barbarie, qui joue de l'accordéon

*

un jeune homme en sweat à capuche rose et t-shirt bleu layette observe  par en-dessous
  dans la vitre du wagon l'effet produit

*

(éviter le 13h13 le samedi)

*

 

 

10 juillet 2011

paris ciné

...de retour, après quelques jours à Paris (quand jai pris mon billet, il y a quelques semaines, je ne savais pas qu'il y aurait au même moment un festival de ciné, je comptais juste aller voir quelques projections de presse, obtenues grâce à mon amis zabetta  ("qui a de l'entregent") surtout, et grâce à mon ami Hervé, également).

j'ai du donc transiger pour élaborer un programme potable (avoir le carton pour la projection est une chose, pouvoir y assister en est une autre, ces gens-là (ceux du milieu cinoche) sont difficiles à joindre) entre les projections de presse (qui ont toutes lieux dans le même périmètre, grosso modo autour du métro Etoile) et les autres (métros Bibliothèque, Hôtel de ville, Montparnasse, pas évident quand on est hébergé entre  Porte de Bagnolet et celle de Montreuil, ça vous fait tout de suite des  trajets de minimum vingt stations, z'avez intérêt à ne pas avoir oublié votre bouquin à la maison, comme ce fut le cas pour moi hélas le premier matin!)

 

mardi 5 juillet :

EN VILLE (de Valérie Mréjen) ***
I'M STILL HERE (de Casey Affleck) ***½

mercredi 6 juillet :

L'EPEE ET LA ROSE (de Joao Nicolau) **½
WALKOVER (de Jerzy Skolimowski) ***
LE BATEAU-PHARE (de Jerzy Skolimowski) ***½

jeudi 7 juillet :

I WISH I KNEW (de Jia Zhang Ke) ****
FEYDYDURKE (de Jerzy Skolimowski) ***
ROI, DAME, VALET (de Jerzy Skolimowski) **
ABSENT (de Marco Berger) ****

vendredi 8 juillet :

IL ETAIT UNE FOIS UN MEURTRE (de Baran Bo Odar) ****
LES EAUX PRINTANIERES (de Jerzy Skolimowski) ***
LA BARRIERE (de Jerzy Skolimowski) **
HAUT LES MAINS (de Jerzy Skolimowski) **

et je me suis arrêté là parce que j'avais pris un billet de retour pour le lendemain (l'année prochaine, je m'organiserai mieux...)

A la place de I WISH I KNEW, j'aurais à l'origine pu voir LOURDES ou NEDS en projection de presse, mais un incident dans le métro en a décidé autrement... (je n'ai pas regretté...)
De même, le soir de ABSENT, j'aurais du voir HABEMUS PAPAM (je n'ai pas regretté non plus)
Par contre, le soir de HAUT LES MAINS, j'aurais pu voir soit l'avant-première de IMPARDONNABLES (Téchiné) ou de MICHAEL (Schleinzer), mais bon c'était trèèèès loin et ça m'aurait fait rentrer trèèèès tard... (soupir...)

J'avais adoré le Skolimowski de TRAVAIL AU NOIR, j'ai adoré celui de QUATRE NUITS AVEC ANNA, mais je dois dire qu'entre les deux, il aura été moyennement convaincant, malgré tout le respect que j'ai pour le monsieur... La période polonaise (noir et blanc) est formellement intéressante mais souvent absconse, brouillonne (comment dit-on "nouvelle vague" en polonais ?), tandis que la période américaine, avec toutes ses adaptations littéraires (Gombrowicz, Nabokov, Tourgueniev...) est pour le moins très hétérogène (certains films ont hélas mal vieilli...).

Je reviens plus tard sur quelques films...

3 juillet 2011

il est cinq heures

Hier à la même heure ou presque on arrivait enfin sur le parking des Eurockéennes... (soupir). Trois heures pour faire 60km, c'était quand même un peu exagéré, mais bon, on se l'est tenu pour dit : si on veut y a ller dès le vendredi (le premier soir) il ne faut pas partir après le travail (de l'après-midi) mais bien plutôt après celui du matin. Ce qui permet d'avoir sa voiture dans l'allée marquée "E" ou "F" plutôt que dans celle marquée "Q" (ce qui était notre cas, mais c'est vrai que c'est plus facile à se rappeler, comme nous le dirent nos jeunes voisins suisses avec de gros rires : "On est garés tout au fond du Q" -le genre de plaisanterie qui me met tout à fait en joie vous vous en doutez...-)
Comme pour se faire pardonner des deux dernières heures passées à avancer pare-chocs contre pare-chocs à une allure d'escargot, la suite fut très facile et sans anicroche : pas d'attente pour monter dans la navette, pas d'attente pour checker les billets, ni pour les sacs non plus : en genre dix minutes on y était!
On a commencé par comparer la liste de nos souhaits respectifs en matière de concerts, et c'était conciliable : en commun presque tout le temps, sauf pour le concert de 23h (Beth dito pour Manu, Wu Lyf pour moi)
Vu quelques minutes de  AND SO I WATCH YOU FROM AFAR, mais beaucoup trop trop de monde, impossible de bouger ni même de voir les musciens en entier, et donc, on est parti et on a refait la queue pendant des plombes pour acheter de la bière, jusqu'à ce qu'une idée lumineuse et culottée de Manu nous fasse gagner beaucoup de temps...
The TING TINGS : dès les premières notes,  j'ai vraiment vraiment beaucoup aimé ça... ils ne sont que deux (une blondinette en short et à grosse guitare et un play-boy ombrageux à lunettes et à electronique) mais ont livré un set impeccable : gros son, grosses guitares comme j'aime, boucles électro idem, belle énergie de la demoiselle, avec des trucs qui accrochent bien l'oreille et qui donnent envie de secouer la tête et de dansotter sur place. Mais comme je voulais être bien placé pour le concert suivant, j'ai quitté la grande scène trop tôt, et ai assisté à 20 minutes de réglages son des roadies de WU LYF. (c'est mon plus gros regret rétrospectivement, de ne pas avoir vu les Ting Tings jusqu'au bout...)
WU LYF ne m'a pas enthousiasmé (j'ai quitté à la moitié aussi, mais juste parce que ça ne m'intéressait pas vraiment, et qu'il y avait, de plus, quelques énervés enthousiastes qui pogottaient et poussaient le public alternativement vers la droite puis la gauche.) Cette musique (que j'aurais du mal à étiqueter, même si c'est marqué "rock" sur le programme) n'est pas ma tasse de thé, quoi qu'en disent les Inrocks...
METRONOMY, ensuite, on se retrouve (on réussit à se retrouver!) à la plage et dans la nuit, avec Manu, pour un concert très bien aussi, qu'on doit écourter (encore! la vie ici n'est faite que de frustrations, semble-t-il) pour ne pas être à des kilomètres pour le concert suivant (celui que j'ai le plus envie de voir, à vrai dire), à savoir STROMAE.
quand on arrive, il  y a déjà beaucoup pas mal de monde, on est à une distance raisonnable, mais pas tout près tout près. il démarre à l'heure dite et commence un set qui présente les titres de l'abum quasiment dans l'ordre. Le public est nombreux et conquis, et, là, on restera vraiment jusqu'au bout. Il est attendrissant, un grand machin un peu gauche qui présente chaque titre par un petit speech, et arrive même à meubler quand le son plante pour cause de problème (électrique ?). C'est vraiment vraiment plaisant. J'ai un petit moment de flip quand il entame Alors on danse en installant le morceau son par son, et que les (1000 ? 2000 ? spectateurs comment effectivement à danser comme des fous. Je ne veux pas mettre les bras en l'air, je ne veux pas danser, alors je me prends les dreads de mavoisine de devant rythmiquement dans la figure, et, si je me recule un peu, c'est mon voisin de derrière qui m'appuie sur les épaules chaque fois qu'il retombe en sautillant (et il sautille beaucoup!). Un seul inédit au programme : une reprise de Putain putain d'Arno, et la boucle est bouclée avec -je trouve qu'il a du courage de finir comme ça- une reprise de Alors on danse tout seul en scène (il est accompagné par deux Dupont Dupond en chapeau melon au(x) synthé(s)) accompagné par un orchestre virtuel...
Déjà deux heures du mat', et on va terminer avec THE SHOES, un groupe français comme son nom ne l''indique pas, qui bastonne bien electro (il ya deux batteurs percus qui frappent bien en cadence, c'est impressionnant, même à la distance où on est)... C'est bien, mais il ne faut pas trop tarder, les (2000 ?) autres spectateurs ont la même idée que nous, et tout le monde commence à s'aloigner à pas rapides à une demi-heure de la fin, car il faut maintenat arriver à monter dans une navette (3/4 d'heures à poireauter entre deux parois métalliques) puis à pied jusqu'à l'allée Q (encore un bon quart d'heure), puis réussir à sortir du parking (c'est pas très bien indiqué) et enfin revenir sur la route dans la bonne direction (comme l'an dernier on se retrouve dans Belfort, mais y a-t-il vraiment une autre solution ?
Manu conduit bravement, je sens bien qu'elle est fatiguée, mais, contre ma volonté, je pique rapidement du nez... j'essaie de lutter, de réister, mais elle est de plus en plus crevée, et, comme je ne me sens pas en état de conduire, on s'arrête sur un parking et on tape un petit roupillon (pas très longtemps, un quart d'heure vingt minutes je pense).
Il est cinq heures, et il fait jour, on voit de la brume en écharpes sur les prés le long de la route, c'est très beau, et, dans un dernier sursaut d'energie, Manu nous ramène jusqu'à Coulevon d'abord, et elle continue ensuite vaillamment jusque chez elle, avec l'espoir (fallacieux) de pouvoir acheter en route des croissants au chocolat tout chaud du jour pour pouvoir petit-déjeuner chez elle en arrivant.


stromae belfort 2011
(voilà ce qu'on voit quand on n'est pas très grand et qu'on n'est pas très bien placé, hihihi...)

29 juin 2011

sauterelles

LES MOISSONS DU CIEL
de Terrence Malick

Je l'avais vu il y a trèèèèèès longtemps (quasiment à sa sortie je pense, et sans doute en Vf), et j'en gardais juste le souvenir d'un film très beau. J'avais même acheté la VHS (!) (que j'ai toujours, mais je ne sais plus où exactement).
Et voilà qu'on a eu l'occasion de le repasser dans le bôô cinéma, en copie restaurée et numérique, et même avec un critique de Positif pour nous le présenter (Pascal Binetruy). Nous avons tout de même eu une cinquantaine de personnes, quasi, (pas si mal) dont la plupart se sont déclarées enchantées de la soirée. C'est vrai que l'effet Tree of life a peut-être joué dans un premier temps en sa défaveur (de la soirée) mais bon.
Etonnant de revoir le film avec l'éclairage de justement, ce même Tree of life. De voir l'extrême cohérence de la démarche cinématographique du réalisateur et la continuation des mêmes thèmes / dadas / obsessions (l'amérique, la nature, le "mysticisme"), à quelques trente années (un peu plus) et quatre films d'écart.
La copie était, c'est vrai, merveilleuse, et rend justice à la subtilité des éclairages de Nestor Almendros. Emouvant aussi de revoir Richard Gere et Sam Shepard si... jeunes, dans cette histoire quasi de roman noir (il fait épouser sa copine -qu'il fait passer pour sa soeur- à un fermier dont il croit qu'il va bientôt mourir, tout ça pour sortir de la mouise mais bien sûr ça ne finira pas très bien) mais que le traitement de l'image, littéralement,  sublime (en tant que verbe, mais pourrait tout autant l'être en tant qu'adjectif).
Il s'agit bien de sidération (du spectateur) face à cette splendeur visuelle qui, loin d'avoir pris une ride, s'est encore bonifiée me semble-t-il au fil des décades. Qu'il s'agisse de plans d'ensemble (les moissonneurs dans les champs) ou de détails (le verre au fond de l'eau), la même magie opère, et se maintient jusqu'au bout.
Nature, animaux, champs qu'on moissonne, noirceur de l'âme humaine, et une avant-dernière séquence (les sauterelles / l'incendie) bibliquement anthologique.
A voir, et revoir, et revoir encore.

19347072

28 juin 2011

plastoche

P1600248

22 juin 2011

accident

OU VA LA NUIT
de Martin Provost

Un film amer. Portait d'une femme qui après (au bout de) trente-deux ans de mariage se révolte soudain et passe à l'acte. Et tue volontairement son salopard de  mari. Avec la même voiture  que celle avec l'aquelle il a tué une autostoppeuse. Et au même endroit. La femme est jouée par Yolande Moreau, et c'est comme d'habitude un bonheur de la voir. Elle joue comme ensourdine, en demi-teinte, et elle n'a presque rien à faire pour qu'on soit, d'emblée, conquis.
Une histoire de famille (mari cogneur, femme soumise, fils homo) abimée, décomposée. Une histoire d'amitié, aussi (Edith Scob, toujours magnifique elle aussi), avec un plan citation / hommage / référence à Thelma et Louise (mais c'est une fausse piste). Une histoire de respect, aussi (le personnage du flic.)
Des maladresses parfois (on a de temps en temps que le film marche à la fois en gros sabots mais à trop petits pas). Le personnage du fils (j'avais écrit "du film"!), notamment, ne me semble pas complètement crédible. Mais on suit avec intérêt cette fuite dont on soupçonne d'emblée la non-issue inéluctable.

19698636
(je trouve l'affiche confuse et pas assez lisible)

22 juin 2011

journal

P1590934

19 juin 2011

la troisième compagnie

INFILTRATION
de Dover Kosahsvili

Celui-là, je l'avoue, je l'attendais trop. J'avais reçu les précédents, Mariage tardif et Cadeau du ciel, comme de sonores et viriles paires de baffes, envoyées avec une jubilation féroce. Sonné mais admiratif, j'étais, et donc j'attendais celui-ci de pied ferme, avec le souhait de m'en prendre encore une bonne... D'autant plus que Zvezdo (me) l'annonçait come un "vraiment bon film". J'avoue que j'en suis sorti un peu perplexe, et sans savoir illico dans quelle case je pourrais le ranger. Disons que je l'ai reçu d'une façon moins évidente que les deux précédents.
Parce que c'est un film pluriel (on suit tout un groupe d'hommes), parce que c'est un film historique (l'action se passe en 1956), parce qu'il s'agit de l'adaptation d'un best-seller israélien dans lequel il a fallu élaguer beaucoup, parce que c'est filmé apparemment, comment dire... simplement ? platement ? frontalement ? désinvoltement ? parce qu'enfin le gros grain de la pellicule est quand même un peu attristant à la longue.
Et aussi parce qu'on ne sait pas sur quel pied danser, et ça il faut le mettre sans conteste au crédit du réalisateur, qui réussit à nous mettre mal à l'aise de différentes façons, et qui le fait très bien.
Le quotidien de la "formation" d'un groupe de jeunes gens, d'origines multiples, dont le seul point commun est qu'ils sont a priori "inaptes" (médicalement, psychologiquement, physiologiquement) de façons variées.
D'ordinaire, c'est vrai que j'ai un faible pour les films de bidasses (euh les films "militaires", je devrais plutôt dire, tant le mot de "bidasse" renvoie à de sinistrissimes pantalonnades aussi franchouillardes que seventies) : concentration de corps masculins, testostérone, promiscuité, ambiance de chambrée (en plus c'est vrai que le treillis, en général -mais même en simple soldat d'ailleurs hihihi-, ça vous fait de ces petits culs d'enfer...), etc.
Je pourrais citer Beaufort, Streamers, (pas Full metal jacket que je trouve vraiment too much), Ordinary people, Jarhead... oui, j'aime bien quand il i a beaucoup d'hommes et pas trop de guerre ou de violence dedans... Ce qui est tout à fait le cas de Infiltration. La formation qu'on impose à ce mecs est d'autant plus absurde que la plupart d'entre eux ne sont absolument pas destinés à devenir de "vrais" soldats. Parmi tout cette "meute" on va suivre plus en détail l'histoire de trois soldats, chacun avec une problématique différente, mais avec ceci de commun que, par leur comportement (l'entêtement, l'insoumission ou la lascivité), ils s'opposent au chef de section, un petit mec à lunettes à l'air gentil comme tout mais qui s'avèrera bien cacher son jeu. Il y en a quelquers autres qui reviennent de façon péridodique, mais plus en tant que silhouettes (ou running gags) que comme vrais personnages : le culturiste en short qui passe tout le film torse-poil, le grand barbu épileptique, celui qui a une maladie de peau, etc.
On suit donc ces journées répétitives (crapahuts, garde-à-vous, pompes, corvées, brimades et autres joyeusetés) jusqu'à un shabbat où presque tous partent en perm (l'entêté reste, le lascif aussi, malheureusement avec un caractériel dont je n'ai pas encore parlé parce qu'on ne le voit qu'un peu qui a des comptes à régler avec lui). Parallèlement, l'insoumis va vivre, dans une soirée salonnarde quasiment rohmérienne, une rencontre amoureuse, et le contraste (le décalage) est fort avec le quotidien troufionnesque. retour à la caserne après cet intermède urbain, et re-manoeuvres, vexations et marches forcées, jusqu('à un triple épilogue (chacun des trois lascars qu'on a suivis pendant le film, vous l'aviez deviné) qui nous surprend plus ou moins.
J'adore Dover Kosashvili, je le dis et je le répète, mais encore une fois aussi je m'interroge. Le cynisme est patent, avec lequel il observe ses personnages (impossible de s'identifier à qui que ce soit) et l'ironie amère du constat rend l'ensemble un peu dur à avaler. Pour dire quoi, en réalité ? Mariage tardif était ironique, Cadeau du ciel aussi, tous les deux étaient forts en gueule et sévèrement couillus si l'on peut dire, mais tous les deux aussi  s'attachaient à leurs personnages, les défendaient, en quelque sorte. Ici, rien n'est moins sûr...
La musique aussi, volontairement pompière/troupière distancée, vient rajouter encore un peu d'aigre-doux au constat.
Il me restera de ce film une belle scène de danse du ventre par un nounours torse-poil au ventre aussi arrondi que velu, une autre scène, plus tard, où le même interprète, sous la pluie, et en français s'il vous plaît, une Marseillaise impeccable (c'est drôle,quand même,  pourquoi me suis-je attaché au pédé plutôt qu'au bellâtre ou à l'aspirant-para ?) une autre belle scène pluvieuse et nocturne d'insoumission collective, ainsi qu'une jolie scène finale de remise de lettres.
Et aussi la façon impitoyable qu'a le réalisateur, à plusieurs reprises, de couper net en plein dans une scène, et d'enchaîner direct sur autre chose, désamorçant ainsi quasi-sytématiquement les effets "dramatiques". Raide mais efficace (c'est comme ça qu'on devrait aimer les hommes, hihihi).

19707146

18 juin 2011

cui-cui & coin-coin

POURQUOI TU PLEURES
de Katia Lewkowicz

Oh la bonne, l'excellente surprise! L'affiche ne m'inspirait pas vraiment, je ne savais rien ou presque de l'intrigue, à part la présence de Benjamin Biolay  (qu'il serait difficile d'ignorer, publicitairement parlant), mais, dès les premières secondes -des mecs qui parlent face caméra pour décrire leur pote-, ça a fonctionné (syndrome "ohlala qu'est-ce que c'est bien..."), et ça a continué comme ça sur sa lancée, jusqu'à la fin (qui referme la parenthèse du film exactement de la même façon).
Tout pour plaire. Question interprétation, déjà : Benjamin B., le cheveu idéalement gras et l'oeil idéalement bas, est par-fait, comme sont par-faites Emmanuelle Devos en grande soeur un peu stressée, Nicole Garcia en maman un peu borderline, Valérie  Donzelli en future épousée un peu à éclipses, Sarah Adler en grain de sable, comme sont par-faits tous les mâles de la distribution : les potes (une bande de joyeux branleurs idéalement pileux -oui je sais ce n'est pas un argument cinématographique-), la belle-famille folklo yiddish (avec un faible pour le gros tonton serreur), sans oublier les ouvriers (qui pataugent dans le futur appartement nuptial...
Question filmage aussi : si le pitch (les quatre dernières nuits de célibat d'un mec qui va se marier et qui est -on le serait à moins- furieusement -mais assez mollement- en proie au(x) doute(s)) n'est pas a priori ni d'une originalité ni d'une intensité folle, le traitement en est véritablement accrocheur : mise en place intriguante, montage nerveux, dialogues percutants, répliques vachardes, humour acide,  personnages aussi touchants qu'énervants, aussi attachants que méritant des claques (qu'ils reçoivent d'ailleurs, parfois), bande-son... décalée (?) revue et corrigée par le señor Biolay himself (ça commence par un remix de La chatte à la voisine et ça finit par une ré-interprétation d'Enrico Macias, c'est dire...), rythme qu'on pourrait qualifier d'alerte (ça va et vient, ça zigzague, ça rebondit sans arrêt, et, surtout en parvenant à soutenir l'allure -juste une petite perte de vitesse un peu vers la fin mais bon...-.
C'est drôle, c'est décalé, c'est attendrissant, c'est malin, c'est original, c'est...
Bref rien de rien à reprocher, bien au contraire, juste plein de compliments, et l'espoir simplement que ça passera, par exemple, dans le bôô cinéma pour la Fête du même nom, pour avoir le plaisir de retourner le voir...

19726893

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 527