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lieux communs (et autres fadaises)
28 avril 2018

déguisée en jambon

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DU SILENCE ET DES OMBRES
de Robert Mulligan

Bien plus que celui de Un été 42, Robert Mulligan reste pour moi le réalisateur du terrifiant L'Autre (et je m'aperçois en lisant sa filmo sur allocinoche que je ne connais quasiment rien d'autre de sa pourtant conséquente filmographie) dont je vous mettrai l'affiche plus bas, parce que je l'ai toujours gardée et qu'elle me fascine.
L'autre, c'était une histoire de gamins, et je n'étais donc pas dépaysé au début de ce film : c'est l'histoire de Scout et Gem, un frère et une soeur, pendant les vacances, dans les années 30, juste après "la grande dépression). Deux gamins qui jouent, en compagnie d'un jeune voisin, à des jeux de gamins, des jeux qui font un peu (délicieusement) peur, et la façon qu'a le réalisateur de jouer sur les frayeurs enfantines (avec une ombre ou une simple balancelle) est proprement magnifique.
Ces deux enfants ont pour père Atticus, un homme idéal,  humaniste, attentionné, bienveillant (Gregory Peck, beaucoup plus rassurant que dans La maison du Dr Edwardes). C'est un avocat, qui va être chargé de la défense d'un jeune noir accusé de viol et de meurtre (sur la personne d'une femme blanche). La première partie du film est centrée sur les enfants, puis une longue partie suivante au procès, avant de revenir sur le enfants (une soirée d'Halloween spécialement mouvementée) et de se clore sur un final familial et plein de douceur, qui m'a alors allez savoir pour quoi (les enfants ? le noir et blanc ? l'agression ?) un peu fait penser à La Nuit du Chasseur, où un Gregory Peck aurait remplacé Lilian Gish (qui elle, montait la garde vaillamment, et défendait avec son fusil les deux enfants contre le Mal).
Le film est l'adaptation d'un livre célébrissime aux Etats-Unis, To kill a mocking bird, de Harper Lee, un livre largement autobiographique dont la voix-off de la narratrice est d'ailleurs est conservée, qui ouvre (et referme) le film. La copie restaurée est magnifique, et on  prend grand plaisir à cette histoire (à ces histoires : le procès pour les adultes et la maison du voisin pour les enfants), pqui dégage un charme indéniable (que certains qualifieront de suranné) beaucoup plus sensible pour moi dans les parties consacrées aux enfants (le début et la fin) que dans celle du procès. La description de la ségrégation raciale en Alabama dans ces années-là fait froid dans le dos mais il suffit de regarder un peu autour de nous, maintenant, pas très loin pour se dire que non non rien n'a changé. Et qu'un plaidoyer anti-raciste, aussi idéaliste soit-il, est toujours bon à prendre.
Un sacré beau film, que je méconnaissais complètement, et pour lequel je dois remercier, donc, le Festival Play it again...

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la nouvelle affiche

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une ancienne

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une autre ancienne

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une encore,  españole

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et une dernière, qui ne raconte pas du tout la même chose...

 

27 avril 2018

oies blanches et verre cassé

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J'AI MÊME RECONTRE DES TZIGANES HEUREUX
d'Aleksandar Petrovic


Play it again, le Festival, on y rejoue cet année. Le premier film des trois que nous avons choisis. Zabetta l'avait proposé, et j'étais d'accord avec elle : ce film, je ne l'avais pas vu à sa sortie (j'avais treize ans) ni même plus tard, et c'était donc l'occasion. d'autant plus que je me suis rendu compte qu'y figurait un amour de jeunesse : Bekim Fehmiu (que je suivais passionnément à la télévision dans le rôle d'Ulysse, dans le feuilleton justement nommé L'odyssée) y tient un des rôles principaux (en costume blanc).
D'abord les ronchonneries : c'est vrai, je suis sorti du film en disant que ça m'avait saoulé, surtout pour des histoires de niveau sonore. Pourquoi donc s'obstinent-t-ils, dans le bôô cinéma  à passer les films à un volume excessif ? Ont-ils donc peur que, étant vieux, nous soyons donc tous sourds ? Sourd, c'est ce qui risque d'arriver, justement, pendant ces projections : il y a carrément des scènes où j'ai été obligé de me boucher les oreilles tellement j'ai trouvé ça insupportable. D'autant plus que la copie a été restaurée, ce qui est sans doute bien pour l'image mais pas forcément pour le son, tellement on est souvent ici dans un registre de stridences métalliques et désagréables (car, dans le film, ça chante beaucoup, et, donc souvent, ça sature. question volume sonore, mais aussi, en ce qui me concerne, question supportage de ça... Oui donc j'étais saoulé...)
Mis à part cette histoire de chansons et de décibels exagérés, le film est plein de qualités. Une histoire de tziganes, donc, (pleine de bruit, de fureur et de plumes d'oies) comme c'est dit dans le titre. Surtout d'un (celui avec le costume blanc) qui vit grâce à la traite des blanches au plumage des oies, dont il a fait son bizness, et qu'il supervise dans un certain nombre de cantons (dix, je crois), autant que celui de son partenaire et rival (un gros moustachu) qui supervise le même nombre d'autres cantons. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes tziganes (chansons, raki de prune, verres jetés, roulage de mécanique des mâles, gouillasse par terre partout à la ronde, et pains distribués tout aussi à la ronde (mais bon, surtout aux femmes)), si une série d'incidents fâcheux ne venait soudain gripper cette belle mécanique : un souci d'abord au niveau du commerce des plumes d'oies, justement, qui implique une mise au point et un remontage de bretelles, puis, surtout, l'apparition d'une belle jeunesse fougueuse, qui est la fille du moustachu, et sur laquelle notre héros en costard blanc va se mettre à concupiscer, et à monter sur ses ergots de coq pour parader et lui prouver combien il est désirable et combien elle le mérite. Sauf que le gros moustachu n'est pas du tout d'accord et que tout ça va dégénérer (des couteaux seront sortis...). Ah la la les hommes... comme dira, plusieurs, fois, la chanson dans le film...
Conclure en disant que les oies sont doublement photogéniques, en tant qu'animal en troupeau d'un blanc virginal qui traverse l'écran très chorégraphiquement, mais aussi en tant que fournisseuse de, justement, des plumes, des monceaux de plumes au sein desquels (les monceaux) vont se jouer plusieurs scènes fortes du film... Et se dire que (le coup de pied de l'âne) oui que, finalement, Emir Kusturica, les oies, dans ses films, (enfin, l'idée d'en mettre) il n'a pas eu besoin d'aller les chercher très loin, hein... Moi je dis ça, hein...
Mais c'est vrai qu'en sortant je ne me sentais pas vraiment au diapason (!) des autres spectateurs  : finalement je suis assez peu sensible à cette apologie "folklorique" du virilisme, où les mecs se pavanent et où les femmes n'en sont réduites qu'aux stéréotypes de base : à droite la bobonne (vieille) à gauche la bombasse (jeune). Et si le film reste encore aujourd'hui intéressant c'est surtout grâce son aspect quasiment documentaire.
Mais bon...

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la nouvelle

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et la vieille...

A remarquer qu'entre les deux, le réalisteur a retrouvé son prénom originel qu'on avait alors francisé), que c'est le gros moustachu qui a pris la place du mec en costard blanc, et que les deux affiches évoquent, par des moyens très différents, les chants et la musique -celle du bas avec un petit côté flamenco plutôt à côté de la plaque...-

26 avril 2018

le jus de la pêche

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CALL ME BY YOUR NAME
de Lucas Guadagnino

Le plaisir de (re)voir un film dans le bôô cinéma (l'écran est 3 ou 4 fois plus grand que celui du Victor Hugo, et Dominique m'a fait remarquer que le le lui re-redis à chaque fois). Le plaisir de le suivre, d'y reprendre du plaisir, et de pouvoir en profiter pour s'attacher un peu à comment c'est fait... ce sentiment, très vite, que le film progresse de la façon dont le personnage d'Elio se déplace : de façon à la fois nerveuse (impétueuse, fougueuse, il y aurait là-dedans quelque chose du jeune cerf au printemps) et imprévisible (des petites pauses, des mouvements de danse fugaces, des accélérations (des emballements), des changements subits). Le film suit le même rythme, par bribes, par éclats, des scènes (ou des fragments de) montés très cut, bam bam! On ne s'attarde pas, ou rarement. même lors de plans dits "d'ensemble". Oui des éclats (j'ai pensé, un peu lacanien, "des accès" -film des accès, film désaxé hihI- Des échardes, donc, des bris de verre, des petits machins pointus, aigus, qui piquent, qui coupent qui peuvent faire saigner, qui laissent des traces. Le film procède la plupart du temps par bonds, par saccades. Soubresauts comme on peut en ressentir pendant l'orgasme (quand on est jeune, surtout).
Il y a très peu de scènes qui dérogent à ce rythme (et ce sont sans doute les plus belles) les plus significatives étant la -sublime- scène entre Elio et son père (je n'en suis toujours pas revenu) mais, aussi, le très long plan fixe squi accompagne le générique final (mais la scène entre Elio et Marzia, entre les deux, est tout aussi touchante, même si elle est à peine plus découpée).
J'ai aimé ce côté sec des enchaînements, des transitions, qui, s'il est parfois étonnant, n'est jamais déplaisant.
Et j'ai revu tout ça avec un immense plaisir. Et j'ai encore souri aux pudeurs -hollywoodiennes- de jouvencelle de la caméra qui s'en va regardé par la fenêtre la nuit d'été alors que dans la chambre, sur le lit, se passent des choses bien plus palpitantes et véhémentes...
Et je redis mon plaisir devant l'homogénéité de la distribution (tout le monde est tellemnt bien...)
Et je confirme, oui, le top 10 (même si à un niveau d'enthousiasme juste un poil - oh un tout petit petit poil- inférieur à celui qu'il avait pu être à la première vision...)

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25 avril 2018

contrefaçon

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THE THIRD MURDER
de Hirokazu Kore-Eda

(Ce post aurait pu aussi s'appeler non ejusdem farinae mais c'eût pu paraître pédant, non ?). Le dernier film de Kore-Eda Hirokazu, réalisateur qu'on suit ici passionnément depuis ses débuts (Ah, les sublimes After Life et Maborosi...) et dont on continue de programmer les films, même si l'on n'y ressent plus toujours le même enthousiasme à chaque fois.
Le film est très long. les critiques l'avaient annoncé, mais je le confirme. En ouverture, un homme, sur un terrain vague, marche derrière un autre, qu'il va frapper à la tête puis sur lequel il va s'acharner. Toute la suite du film, cela va être le procès de cet homme, mais surtout les discussions entre les personnages : l'avocat et son client, l'avocat et son collègue, etc. Et c'est vrai que ça parle ça parle ça parle (on a le sentiment qu'il s'agit plus d'un film parlé que d'un film joué).
J'y étais avec Dominique, et, hélas, je me suis endormi dès le tout début du film. mais pas le gros assoupissement passif, non, le petit endormissement sournois qui vout fait ouvrir les yeux et les refermer (ou le contraire) plusieurs fois par minute, vous donnant ainsi l'illusion que vous voyez le film alors que pas du tout. D'autant plus que, dans ce demi-sommeil, je n'entendais plus que le japonais des dialogues, que me cerveau traduissait approximativement avec les mots français aux sonorités équivalentes et qui n'avaient évidemment aucun sens dans le contexte), et c'est ces phrases idiotes qui me réveillaient.
J'ai -quand même- fini par m'éveiller complètement, au bout d'un (assez long) moment, et j'ai pu suivre alors le film jusqu'au bout. J'ai ouvert l'oeil juste au moment d'une révélation majeure qui vient modifier ce qu'on a vu jusque là, (et qui confirme que la famille reste une préoccupation majeure de Kore-eda : les films cités sur l'affiche sont Tel père, tel fils, et Notre petite soeur), qui sera suivie de plusieurs autres, (c'est un peu le principe de tous les films dits "de procès" qu'en principe j'affectionne plutôt) qui auraient presque pu finir par égarer un peu le spectateur. Mais non.
Et j'aime aussi beaucoup ce jeu autour de la vérité et du mensonge. Qu'est-ce que mentir ? Et à quoi sert de le faire? Le vrai et le faux, et de l'utilisation qu'on en fait (cinématographiquement, s'entend) c'est une mécanique 'une horlogerie) très kore-edaïenne.
Car Kore-Eda, tout de même. Et j'aime vraiment beaucoup toute la partie du film que j'ai vue. Avec quelques interrogations (quid de la carte postale ? quid du juge ? quid des précédentes condamnations ?) en me didant que sil e film avait été beaucoup moins long, j'y aurais sans doute beauvoup moins dormi... Mais bon c'est bien fait pour moi hein...
D'autant plus que je viens d'apprendre qu'on le projettera bientôt dans le bôô cinéma (enfin, fin mai...) et ça me donnera peut-être l'occasion de racheter mes fautes (de réviser mon jugement)...
Car Lao-Tseu a dit "Qui a dormi au film de le critiquer s'abstiendra"

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Un beau personnage charismatique, celui de l'assassin, autour duquel se cristallise une histoire à la fois simple et complexe.

22 avril 2018

séparatistes

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FROST
de Sharunas Bartas

Bon. Je suis nul en histoire et en géo (et tout autant donc en géopolitique et histo-politique -ça existe-ça ? je ne suis pas certain-) ce qui ne facilite pas la compréhension du propos. (En rentrant j'ai googlé et wikipédié tout ça pour essayer d'y voir un peu plus clair). En 2014 deux jeunes lituaniens (j'aurais mis ma main à couper qu'on y mettait un h), Rokas (lui) et Inga (elle) partent dans un fourgon "humanitaire" de Vilnius (Lituanie) vers l'Ukraine pour apporter des vivres et des chaussures  aux soldats qui se battent là-bas. En regardant la carte (a posteriori bien sûr), je me suis d'abord demandé  pourquoi ils passent par la Pologne plutôt que la Biélorussie, mais en lisant un peu on comprend que les biélorusses sont plus copains avec les russes, et pas catalogués très gentils gentils bien au contraire.
Le film est signé Sharunas Bartas, grand chantre de la solitude mélancolique (certain critique le surnomme "Le Tarkovski Lituanien") et de la désespérance muette (ou c'est tout comme). J'ai vu ses premiers films (Corridor, Few of us, The House), tristissimes, il y a longtemps (dans les années 90) et j'avais eu, vingt ans plus tard, le plaisir de voir, en 2015, (dans une petite salle du 6ème, sur un écran à peu près de la taille de ma télé) son Peace to us in our dreams, que j'avais trouvé lumineux, élégiaque et... serein. Apaisé, quoi. Pour faire court, Bartas a l'habitude de filmer des gens tristes et des paysages sublimes.
C'est tout à fait le cas avec Frost. Plans rapprochés sur les visages et plans d'ensemble pour les paysages (ce qui est logique). Ces deux-là (nos tourtereaux lituaniens) vont faire un sacré périple dans leur fourgon, après une décision hâtive de Rokas suite à la proposition d'un camarade, sans avoir vraiment conscience de ce qu'ils font ou de pourquoi ils le font.
Rien que les plans d'autoroutes et de pare-brises embués, filmés par Bartas, c'est grandiose. Alors quand il filme la route enneigée ou, simplement, le défilé des arbres entrevus par la vitre du fourgon, dans un travelling aussi poétique que graphique, on touche évidemment au sublime. Ce road-movie est filmé avec une grande rigueur, dans la mesure ou "la guerre" reste pendant longtemps présentée comme une chose abstraite, lointaine, hors-champ, à la fois omniprésente mais tout autant omni-absente, que le récit, dans sa première partie, se plait à éluder. Le ton est curieusement (mais pour le bartasophile, c'est habituel) atone et dépassionalisé. Tout ce qui pourrait, dans un premier temps, être sujet à ennuis et à inquiétude (les passages de douane, les contrôles, les militaires, les armes) et que n'importe réalisateur aurait filmé avec une musique qui fait peur et un suspense au couteau est ici mis à plat, simplement. Nos héros parviendront-ils à mener à destination leur fourgon humanitaire ? tout semble faire penser que oui, au moins, dans un premier temps, tout autant que chacun(e) des personnes rencontrées (dans un road-movie, c'est normal, on fait des rencocntres) semble se poser la même question : "Mais qu'allaient-ils faire dans cette galère ?".
Une jolie parenthèse s'ouvre dans le film, une nuit dans un hôtel plutôt chicos, où séjourne une (joyeuse ?) troupe d'humanitaires (et/ou de journalistes) qui vont accueillir, pour la nuit justement, nos deux jeunes gens, qui eux, après les libations d'usages (non non c'est vrai on ne suce pas de la glace...)  vont vivre cette nuit séparément, Inga dans la chambre d'un  certain humanitaire à lunettes (qui allez savoir pourquoi m'a fait penser à Milos Forman), et Rokas dans celle de Marianne (Vanessa Paradis, très bien, avec un très joli discours sur l'amour, mais dont la brièveté de l'intervention ne justifiait pas forcément sa place tout en haut de l'affiche... moi je dis ça hein...).
Et le film, comme le camion*, reprend son cours, vers ces soldats ukrainiens jusqu'à alors fantomatiques, mais qui vont soudain prendre corps, dans une dernière partie qui s'achemine vers un ultime plan (j'avais écrit blanc, c'était justifié) d'une beauté à couper le souffle. Ce qui était jusque là une notion vague ("la guerre"), puis a fait l'objet de discussions animées ("Est-ce une guerre civile ?", "Faut-il mourir pour sa patrie ?" -j'avoue que là c'est le moment où j'ai un peu dormi-) prend tout à coup forme, se matérialise (s'incarne") , dans un premier temps via le groupe de soldats qui accueille pour la nuit Rokas et inga, juste après avoir failli les tuer (parce qu'ils ne sont sont pas arrêté lorsqu'on leur en donnait l'ordre et ont bousillé la roue du camion en roulant sur la herse), et la façon justement dont on passe du rudoiement et des menaces à la complicité, de la suspicion au partage (j'aime beaucoup cette partie), puis dans cette ultime séquence où Rokas finit par se (re) trouver face à ce qu'il (re)cherchait depuis le début du film. Et Sharunas Bartas prouve une nouvelle fois qu'il est un grand cinéaste. Le dernier travelling arrière justifierait à lui seul qu'on aille voir le film.

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* "Camion dans la nuit
Camion bâché
Comme un ballon lâché
D'illusions, d'espoirs
Et le sang taché
Sangles attachées
Ne plus rien vouloir
D'une époque à vomir
Ne plus rien dire
Rouler dans le noir
Par les rêves attaqués
Sur les bas-côtés
Du désespoir"
("Camion bâché", Gérard Manset, tiens, que ça m'a donné envie de réécouter)

 

12 avril 2018

dents

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APRES L'OMBRE
de Stéphane Mercurio

Quel dommage. oui, quel dommage que nos chers adhérents n'aient pas jugé utile de se déplacer ce vendredi soir jusqu'au bôô cinéma pour y voir le très beau Après l'ombre, en plus, en présence de sa réalisatrice, Stéphane Mercurio (qui nous avait déjà fait le plaisir de venir à notre rencontre, pour son précédent A côté. Oui, c'est toujours rageant de se décarcasser pour organiser une soirée  et que le public ne soit pas au rendez-vous...
Certes, c'était le premier soir des vacances, certes l'horaire avait -sans explication- été avancé à 20h par le directeur de la salle, certes la dernière fois la réalisatrice annoncée n'était pas venue, certes le théme du film n'était pas des plus gaudriolesques (la prison, les longues peines), beaucoup de certes, certes, mais on n'a pas pu s'empêcher d'être très déçus, et de se dire que c'était la dernière fois qu'on organisait un truc...
D'autant plus que, si le film est magnifique (Hervé nous l'avait déjà dit), la rencontre avec la réalisatrice qui a suivi (dans la salle d'abord, juste après le film, puis, pour cause de séance à 22h -on vit même entrer deux trois gugusses avec leur seau de popcorn-, dans le hall, où, heureusement, personne ne nous coupa la lumière -certain projectionniste était visiblement de bonne humeur ce soir-là-) s'est avéré tout aussi passionnante. Parce qu'elle-même est tout aussi passionnée, par le sujet de son film et par ce qu'elle y a mis, qu'elle est habituée à en parler, à le défendre, et ça sent et que du coup on pourrait l'écouter pendant des heures.
Après l'ombre  fait partie d'une -pour l'instant a précisé la réalisatrice- trilogie (A côté (2008), sur les visites et l'heure du parloir et ce lieu "d'accueil" installé juste à côté de la prison de Rennes, puis A l'ombre de la république, sur le travail du CGLPL (Contrôle général des lieux de privation de liberté) filmé dans plusieurs établissements pénitentiaires), dont le thème central, et "en creux", est la prison, l'incarcération, et le système carcéral français.
Un état des lieux lucide et courageux d'autant plus que l'administration pénitentiaire aura fait tout son possible à chaque fois pour ne pas lui faciliter la tâche  en mettant le maximum de bâtons dans le maximum de roues. Lorsque le pouvoir s'exerce, l'abus de pouvoir n'est jamais très loin.
Ici, on est, encore une fois (car on a vu les deux films précédents), en dehors du cadre strict de l'enfermement et de la réclusion puisqu'il est question de théâtre. Et donc de représentation. Le metteur en scène Didier Ruiz a élaboré un projet de création à cinq voix (quatre hommes et une femme, quatre ex-détenus et une femme d'ex-détenu) tous ayant vécu l'expérience d'une "longue peine", pour faire affleurer sur scène ce que chacun(e) en a gardé, ce qu'i/elle est capable d'en dire,bref de leur donner la parole, tout simplement. Et le résultat est, tout simplement, bouleversant.
On assiste, par étapes,  à l'intégralité du projet, depuis les premiers entretiens "sur table" entre le metteur en scène et chacun de ses  acteurs, puis les répétitions, la façon dont le metteur en scène permet à chacun(e) de trouver sa voix, les "ateliers", mais aussi, très important, les pauses, les respirations, jusqu'au grand soir, tant attendu, celui de la première, devant une salle comble, où la réalisatrice aura le bon sens (le tact ?) de nous laisser dans les coulisses, même si -j'ai essayé (maladroitement) de m'en expliquer lors de la discussion- on en ressent un peu de frustration : on les aime tellement, ces cinq-là, qu'on n'a pas envie de les abandonner là, comme ça, on veut les accompagner, mais c'est vrai que c'est bien que le début de la pièce "en vrai" soit aussi la fin du film. c'est une autre histoire, et ç'aurait été une autre façon de filmer.
Annette, Louis, Dédé, Alain, Eric. Je tenais à rendre leur prénom à ceux qu'allocinoche dans sa rubrique "générique" qualifie d'"acteurs inconnus". Leur rendre justice (!) pour la puissance de ce qui s'est joué sous nos yeux. Et de cette force avec laquelle ils parviennent à figurer l'indicible. Comment se vit une longue peine, au quotidien, au jour le jour, dans le détail, et, surtout comment on en sort, comment on s'en sort, de quelle façon on gère les marques (les stigmates) qu'elle a imprimées tout autant sur le corps que dans la tête.
Ces cinq-là ont survécu, chacun à sa manière, et leur témoignage en est d'autant plus poignant. L'administration pénitentiaire, les gardiens, la violence, l'isolement, la sexualité, les transferts, les mutilations, les brimades et les humiliations, chacun(e) prend la parole, tour à tour, et nous sidère et nous fascine à chaque fois (et la façon de filmer ces scènes, avec ce fond noir omniprésent dont ils sortent et où ils s'effacent, à la fois écran et écrin, rajoute encore à la solennité -simple et juste- de  ce dire).
Un film magnifique, donc, dont nous ne serons hélas qu'une douzaine à avoir profité... (si je n'ai pu m'empêcher, au tout début, d'évoquer le très beau César doit mourir, des Frères Taviani, qui conjugue aussi ces deux thèmes : le théâtre et la prison,  très vite je me suis complètement immergé dans cet Après l'ombre tellement ça fonctionne bien et de façon autonome.)
Il s'agit bien, au départ, de parler des longues peines, mais aussi (surtout) de la façon dont s'est constitué et solidifié ce groupe (cette troupe, puisqu'il s'agit de théâtre) avec, toujours, cette incroyable humanité  et ses enjeux (je ne parlerai pas de rédemption, plutôt de reconstruction).
Grand moment.

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11 avril 2018

bleu rouge bleu

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TESNOTA -UNE VIE A L'ETROIT
de Kantemir Balagov

Un choc. D'un jeune cinéaste russe, un premier film beau à pleurer. Palpitant, fulgurant, intense, fiévreux, mais en même temps très simple, centré sur ses personnages que la caméra du réalisateur caresse avec tendresse. Qui sont sont tous beaux (simplement, naturellement, justement), de cette beauté qui touche parce qu'elle vient du dedans. Qui, c'est une famille russe (en fait, soyons précis, une famille juive quelque part en Russie), le père, la mère, le fils, la fille. Plus la copine du fils (ils vont bientôt se marier) et le copain de la fille (qu'elle voit en cachette parce qu'il ne fait pas partie de la même "tribu", eux sont juifs et lui est est kabarde -musulman-). Ilana, la jeune fille, est le personnage principal, qu'on voit à l'oeuvre, dès le premier plan, en salopette, les mains dans le cambouis, en train de tripatouiller dans les moteurs des bagnoles de l'atelier de son père, avec qui on la voit ensuite partager un moment, et on sent immédiatement la simplicité -encore- et la force (la douceur) des liens qui les unissent. Même chose lorsqu'on la voit ensuite avec son frère, dehors, fumant tous les deux en cachette, se chamaillant affectueusement par le mot et par le geste (il est beaucoup question de la bite du frère en question). On fait ensuite la connaissance de la mère, souveraine dans sa maison (et sa cusinie : on prépare un repas de fête) et le constat reste le même : force, justesse, simplicité, avec, toujours, un époustouflant sens du cadrage, cette façon de scruter les visages et les corps de très près, avant le plan large de la cérémonie interfamiliale des fiançailles du frérot. Plus tard, suivant un rituel visiblement bien rôdé (après s'être chargée de barres chocolatées) on verra Ilana quitter en cachette sa chambre par la fenêtre pour aller furtivement retrouver Zalim, son beau nounours kabarde, pompiste de nuit. On connaît alors tous les personnages, et l'histoire peut commencer.
L'histoire (il s'agit d'un fait-divers authentique) est simple. En rentrant à la maison, Ilana trouve sa mère effondrée : David et sa copine ont été enlevés, et une rançon demandée, dont le montant dépasse les moyens de la famille. Comment faire ? L'aide sollicitée aux autres membres de la communauté juive ne permettant pas de régler la totalité de la somme, ni la vente de l'atelier paternel,  il est envisagé (et annoncé par la mère) de marier Ilana au fils d'une autre famille, en échange d'une "dot" qui permettrait, enfin, de régler la rançon...
Et la caméra de Kantemir Balagov continue de suivre ses personnages de très près (on pourrait sans doute respirer leur odeur, leur parfum) avec autant d'attention (d'empathie). On est pourtant ici dans le même marasme socio-politique que tous les autres films russes (ou ukrainiens, oui, je sais, ouille! Hervé ne me tape pas) -Léviathan, La tribu, My Joy par exemple- oui dans le même incontestable merdier/bourbier, pourtant on ne perçoit pas tout à fait de la même façon l'habituel désespoir glaçant, même s'il est patent, car si la violence est incontestablement présente (une longue et insoutenable séquence de brutalités à la télévision) c'est surtout -paradoxalement ?- de l'amour qu'on perçoit, qu'on reçoit, dont on est témoin.
Le film de Balagov, est "tout simplement" exceptionnel, emballant son fond (humaniste) dans une forme esthétique baroquement violente (ou le contraire) qui ne pouvait que ravir presque jusqu'aux limites du raisonnable (une scène de teuf qui manque de virer au décollement de rétine tellement ça stroboscope) l'amateur de bleu et de contrastes que je suis.
Les quasiment deux heures de l'histoire d'Iliana filent à toute berzingue, charriant des émois de l'ordre de l'intime voire de l'indicible mis en images avec une folle virtuosité (qui a fait d'ailleurs renâcler certains critiques, assimilant le film à juste une esbrouffe de film de festival, les benêts) qui font que, lorsque je l'ai revu (car j'y suis retourné deux jours plus tard), à partir de la scène de l'enveloppe (une des scènes les plus fortes et les plus bouleversantes que j'ai vues depuis longtemps) je n'ai pas cessé d'être émotionnellement chamboulé et ce sans en perdre une miette.
Je crois que je n'ai jamais vu un film où les gens s'étreignent autant, l'étreinte -le hug- est une figure qui revient très souvent, elle est celle d'ailleurs qui permet de faire tenir deux personnages dans le cadre le plus resserré possible. L'extrême proximité des corps permet aussi, souvent, d'économiser les mots...
Et pour clore le chapitre j'ai été agréablement étonné  par le "je ne sais pas ce qui leur est arrivé après" lapidaire qui s'inscrit en sous-titre -tchack!- juste après la dernière scène (comme la narration, d'ailleurs, avait débuté, elle aussi, en sous-titres du discours de personne, au tout début du film, où le réalisateur se présente et nous présente son film par écrit, ouvrant la parenthèse qu'il refermera à la fin de la même façon) juste avant le générique de fin (dans lequel est remercié Sokourov, qui semble être le parrain -esthétique, on le comprend-, l'ange sur l'épaule, de ce Tesnota (la vie à l'étroit semblant un rajout du titre français) qui nous éblouit (ébleuit ?) et nous transporte.
Un top 10 indiscutable.

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l'affiche est très juste par rapport au film

 

10 avril 2018

le singe en veste rose et le couteau électrique

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ABRACADABRA
de Pablo Berger

Au sortir de notre Semaine Latino, j'ai eu encore envie d'entendre parler español, et, coup de bol, sortait justement au Victor Hugo ce film, sur lequel j'avais lu la veille en diagonale une notule dont je me rappelais juste que le réalisateur avait déjà fait un film que j'aimais bien (je croyais que c'était La Isla Minima, mais pas du tout -j'ai vérifié ensuite- c'était Blanca Nieves -que je n'avais pas adoré tant que ça, et, je l'ai appris au même moment sur allocinoche, Torremolinos 73, vu aussi et d'assez triste mémoire) et que l'acteur principal jouait, là j'en étais sûr, dans, justement La Isla Minima.
Dominique m'y a gentiment accompagné, alors que je l'avais bien prévenue que je déclinais toute responsabilité, résultat, à la fin du film, tandis que je lui présentais quasiment mes excuses tant j'avais trouvé ça navrant, elle a été beaucoup plus indulgente que moi pour le coup et a dit qu'elle avait trouvé ça pas mal...
Oui, navrant. Ça a beau être (parler) español, ça ne mérite pas pour autant toutes les indulgences coupables. J'ai trouvé ça moche, mal foutu, incohérent, dispersé, et, surtout, dommage. Le pitch ? Un mari beauf, macho, amateur de foot, bas de plafond est, suite à un numéro d'hypnotisme, transformé en gentil mari et super papa, pour le plus grand plaisir de son épouse et de sa fille, sauf qu'on apprend qu'il est habité par l'esprit d'un schizophrène meurtrier (qui a pénétré dans son mental en profitant d'une faille de l'espace-temps générée par La danse des canards, si si, je n'invente rien je vous promets). Tout va bien sauf que l'envahisseur, comme tout schizophrène qui se respecte, n'est pas toujours d'humeur égale... A partir de là, le scénario va commencer à pertir en vrille, ou, plutôt, dans tous les sens : que ce soit dans le ton, le "genre" abordé, le traitement, on a le sentiment que le réalisateur ne sait plus trop sur quel pied danser, et donc il essaie un peu tout ce qui lui passe par la tête, et comme la grue dont le contrôle a soudain été perdu (par le mari lorsqu'il est en position "schizo gentil" -traduisez "un peu pédé maricon sur les bords puisqu'il fait le ménage" quelle ibère finesse), on passe nous aussi par tous les états, toutes les positions, on appuie sur tous les boutons, sans savoir quel est celui qui va faire fonctionner la machine comme il faut. Il y a des moments qui fonctionnent, oui, et d'autres pas, voire vraiment pas (certains notamment où j'avais presque honte pour le réalisateur, je pense à la scène de l'hôpital et du mourant, et du slip Superman).
Oui j'étais, comment dire, content que ça finisse, voilà.
Lo siento.

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8 avril 2018

bébés (ou pas)

047
COLOMBIENNES
programme de courts-métrages

Semaine Latino 7.6 : Colombi
Cinq courts-métrages, donc, tout à fait dans ce qui fut l'humeur moyenne de cette programmation : tristounette! Comme le nom du programme l'indique, cinq portraits de personnages féminins dont la spécifité est d'être colombienne(s) : une fillette que sa mère envoie chercher de l'eau ""au ruisseau, pas à la mare" (dans Camino del Agua), une adolescente qui hésite à se remettre en couple (pour la nième fois) avec son copain qui l'aime mais qui la trompe gaillardement (Solecito), une autre, (hébergée chez sa tante, amatrice de grande musique) qui hésite à garder le bébé qu'elle porte (Flores), une autre qui a déjà accouché mais a bien du mal à savoir où est le papa (et ce qu'il a fait la nuit dernière) et le cherche un peu partout (Leidi, palme d'or du court-métrage, tout de même), et, enfin, une mère qui n'est carrément pas là puisqu'elle a émigré en Espagne, en laissant son jeune fils aux soins de son ex-mari (Rio).
Bref un joli programme, et une sympathique façon -pour moi- de clore cette 7ème Semaine Latino par un genre de bouquet. Couleurs variées, certes, mais avec une certaine -et incontestable- amertume comme point commun. Comme Manue a résumé "Ca n'est pas rigolo d'être colombienne aujourd'hui!"

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l'affiche est joliette je trouve
(ce programme a été composé et diffusé par l'Agence du Court-Métrage, à l'occasion de l'Année de la Colombie)

7 avril 2018

une mite au plafond, un chien sans laisse, et un chat nommé chat

044
ALBA
de Ana Cristina Barragan
Semaine latino 7.3 : Equateur
Portrait d'une fillette de 11 ans qui doit soudain aller vivre avec son père, parce que sa mère est malade. Le papa en question, elle ne le connaît pas, d'ailleurs elle ne lui parle pas, et lui non plus. Il a l'air vieux, tristounet, malade. On découvrira progressivement que ce père, s'il n'est pas très expansif, fait, en silence, patiemment, tout ce qu'il peut pour le bien de sa fille. Un film lent, attentif, juste, à propos d'une fillette qui grandit (j'ai eu comme l'impression qu'elle me rappelait queqlu'un...) avec un intéressant travail sur la couleur et le rythme. Un film à l'image du père, pas bavard (sauf dans les scènes avec les enfants, qui résonnent de jacasseries comme autant de volières) mais doté d'une indéniable tendresse. Un film, enfin, qui s'épanouit et nous bouleverse dans une très simple et touchante scène finale.

Alba_(film)

 

045
MARIANA (LOS PERROS)
de Marcella Saïd
Semaine latino 7.4 : Chili
Portrait d'une femme de la haute bourgeoisie chilienne pétée de thunes, qui tombe amoureuse de son prof d'équitation, qui s'avère être un ex-colonel "responsable de la sécurité" (et donc de multiples disparitions) sous Pinochet. Une saloperie, donc. Trouble, fascination, ambiguïté, dans cette relation naissante entre celle qui ne supporte pas qu'on lui donne des ordres et celui qui avoue qu'il ne connaît pas la peur, et encore moins les remords. Où les chiens du titre ne sont pas uniquement ceux qu'on voit y courir ou qu'on entend (avec insistance) aboyer.  Par la réalisatrice de L'été des poissons-volants (projeté dans la Semaine Latino 3, et dont la critique est ), une étude soignée, grinçante, et plutôt glaçante. Moralité : les riches (ou les puissants) ont toujours le dernier mot.

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046
NOTRE ENFANT
de Diego Lerman
Semaine latino 7.5 : Argentine
Portrait d'une femme médecin de Buenos Aires (encore un personnage de femme forte) qui parcourt 800km (après une belle scène d'ouverture nocturne à base de bruit d'essuie-glaces et de gouttes sur les vitres) pour aller chercher le bébé qu'elle a entrepris d'adopter et qui va vite déchanter en réalisant le traquenard dans lequel elle est tombée, et tenter l'impossible : se révolter, face à un trafic très organisé où les notables locaux s'en mettent plein les poches. Ce qu'on croyait être au départ une simple chronique sociétale se transforme quasiment en thriller où l'on est, à chaque instant, de plus en plus tendu et inquiet. a chaque nouveau rebondissement je me crispais un peu plus sur mon siège. Oppressant. Moralité : comme ci-dessus, les riches (ou les puissants) ont toujours le dernier mot.

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