Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

lieux communs (et autres fadaises)

25 octobre 2020

coiffeuse

099
ADIEU LES CONS
d'Albert Dupontel

On l'avait en sortie nationale et donc, rituellement, j'y suis allé le premier jour à la première séance, d'autant plus vite que j'avais entr'aperçu quelques critiques assez dézingueuses (Libé, les Inrocks, Téléramuche) l'une d'elle allant carrément jusqu'à qualifier le film de moisi, j'ai donc voulu en avoir le coeur net le plus vite possible.
Et j'ai drôlement bien fait. Contrairement aux pisse-froid et aux culs-serrés susnommés (c'est peut-être eux les cons auxquels le titre dit adieu), je me suis tout de suite senti à l'aise dans ce conte moderne qui met en scène un trio plutôt dézingué : une coiffeuse qui apprend qu'elle n'a plus beaucoup de temps à vivre (et veut en profiter pour retrouver son fils qu'elle a dû abandonner à la naissance, ayant accouché à 15 ans), un informaticien burn-outé que son suicide raté va faire prendre à tort pour l'ennemi public numéro un (et qui souhaite rétablir la vérité), et un aveugle relégué dans d'obscures archives suite à un accident de flashball qui lui a ôté la vue (et collé une sainte frousse de la police), qui  demande aux deux autres de l'emmener avec eux. (Dans le rôle, Nicolas Marié est extraordinaire...)
Chacun cherche quelque chose, et chacun a besoin des deux autres, dans une fuite effrénée à la fois pour trouver ce qu'ils (re)cherchent, mais aussi pour échapper aux flics (on se souvient que Dupontel ne les aime pas, mais là il a encore plus mis le paquet, tellement  ceux-là sont spécialement cons, bourrins, violents, gueulards, bref, juste comme on aime les détester...)
Dupontel a toujours le filmage survolté, il se délecte des éclairages polychromes, des cadrages biscornus, des scènes-choc (dans tous les sens du terme, ça fait boum! à plusieurs reprises) et n'aime rien tant que zigzaguer (louvoyer) entre la comédie noire, le mélo tire-larmes, la comédie tendre-doudou, et le blockbuster pyrotechnique à effets spéciaux, en prenant soin de pousser les curseurs toujours un poil trop loin... Ceux de la folie souvent, ceux de la facilité quelque fois, mais ça fait du bien.
Car ça fonctionne, indiscutablement.
Bien entendu, la quête de Suze Trappet (placement de produit ? Hihi)- incarnée par une Virginie Effira délicieusement délicieuse- va aboutir (grâce notamment à un Jackie Berroyer paradisiaque qui redonnerait l'espoir à tous les malades d'Alzheimer -ou plus précisément à ceux qui doivent gérer ce type de malades-, dans une séquence merveilleusement irréaliste et délicieusement à larmichettes, je l'avoue oui là j'ai fondu...), elle va retrouver son fiston perdu, mais le film ne va pas s'arrêter là, heureusement, et après une brève pause (le temps de reprendre son souffle ?) ça va redémarrer, doucement d'abord, puis en mettant les gaz à fond jusqu'à un final à la fois très attendu et très surprenant, où Dupontel va jusqu'au bout (du polar, du mélo, de la love story) et réussit à nous emporter (nous émouvoir) avec cet ultime Adieu les cons... Et bam bam.

2680092

 

 

24 octobre 2020

haut-fourneau

LEURS ENFANTS APRES EUX
de Nicolas Mathieu

Je viens de terminer ce roman, qui restera comme un grand plaisir de lecture de ces derniers mois (voire de cette année), un roman dont Pépin m'avait parlé (il m'en avait même fait lire la première page, je me rappelle que ça parlait de tartines de Vache qui rit...), dont j'avais rangé le titre dans un recoin de ma mémoire, et que les hasards du commerce ouébesque ont rappelé à mon bon souvenir, puisqu'il me manquait 3€ dans ma commande chez Gibertuche pour ne pas payer de frais d'envoi et que celui-ci -pourtant en grande belle édition chez Actes Sud, dans un état impeccable et tout - était à 3€ et des brouettes... Hop donc dans le panier!
Je ne l'ai d'ailleurs pas attaqué immédiatement, mais, dès que j'ai lu les premières pages, l'effet de séduction a été immédiat, et ne s'est plus démenti jusqu'à la fin.
Je dois dire que je m'en méfiais un peu car c'est une habitude chez moi : je me défie des Prix Goncourt. Oui je sais, c'est assez con mais c'est comme ça. Ca doit être mon côté snob, je n'ai pas envie de lire le bouquin que des centaines de milliers de gens ont offert à d'autre centaines de milliers d'autre pour Noël (et je serais très triste si on me l'offrait d'ailleurs). Les seuls Goncourt(s) que j'ai lus, c'est des bouquins que j'avais lus -et aimés- avant que, justement, ils ne soient couronnés (Le jardin d'acclimatation, Je m'en vais, Au revoir là-haut), et j'ai rarement (voire jamais) fait la chose en sens inverse : lire un livre parce qu'il avait eu le Goncourt. En matière de prix, mon préféré est, et restera, indiscutablement le Médicis.
Le livre est divisé en quatre parties, d'inégale longueur, quatre étés (92, 94, 96, 98) au cours desquels on va suivre à chaque fois plusieurs adolescents, mais deux plus précisément, Anthony et Hacine, et ceux qui les entourent : leurs potes, leurs familles, leurs copines). Une narration chronologique, rectiligne, dans une belle écriture qui mêle la langue parlée, (j'adore les roman où l'on appelle un chat un chat et une queue une queue), la narration "objective" et la chronique sociétale (l'auteur a inventé une ville qui n'existe pas, Heillange, un endroit sinistré économiquement qui ne doit pas être très loin (ni très différent) de ceux qu'il connaît vraiment.
Un roman incroyablement fort et attachant, fort bien goupillé, alternant les scènes fortes -voire très fortes- et les moments plus simples, plus vides, parfois juste d'ennui (des diverses manières de s'(in)occuper quand on a 14, 16, 18 ans...). un coup de foudre de lecteur, incontestablement (peut-être -merci Pépin de m'en avoir parlé!- "mon" livre de 2020.), un livre incandescent, assourdissant, fascinant.
Et quand on pense qu'il ne s'agissait "que" du deuxième roman de l'auteur (je viens de me commander son premier, un polar, Aux animaux la guerre) on est impatient de lire la suite...

Leurs-enfants-apres-eux

21 octobre 2020

je jarte

098
GARCON CHIFFON
de Nicolas Maury

Ca y est on a réussi à la faire notre Soirée d'Ouverture de Saison, luttant bravement contre l'adversité (film oublié dans le flyer hebdomadaire de programmation du cinéma, et donc personne à part nous, en gros, ne pouvait le savoir) qui a réuni environ 70 personnes -masquées et distance-socialées- dans une salle "pas trop grande" qui du coup s'est retrouvée bien bien remplie (je n'aime pas trop me retrouver au 3ème rang, heureusement il n'y avait pas de sous-titres, et, donc, on risquait moins le torticolis!)
Un film en avant-première, qu'on avait souhaité à l'origine chacun avec ses raisons personnelles (Hervé parce que Maud Ameline était co-scénariste, et moi-même juste parce que Nicolas Maury...) et que le distributeur (les films du Losange) a accepté de nous "prêter" à une semaine de sa sortie officielle, qu'il en soit remercié...
Nicolas Maury, donc, est un acteur qu'on peut qualifier de "singulier", et on a déjà programmé quelques-uns de ses films  en commençant par Les Rencontres d'après minuit, de Yann Gonzalez, (2013) film tout aussi singulier, où il crevait l'écran en donnant naissance à un personnage... troublant de "soubretton" (qui m'avait fort impressionné) :

21001474_20130425104314248

Il est ensuite apparu dans plusieurs films que j'ai beaucoup aimés (Le dos rouge, Jacky au royaume des filles, Un couteau dans le coeur, Perdrix, Les envoûtés) alternant  personnages flamboyants et d'autres plus... neutres de l'au-delà à l'en-deça), et surtout est apparu à la télévision dans la série Dix pour cent (qui, coïncidence, tiens, redémarre, justement, ce mercredi, sa saison 4...)
Et le voilà qui réapparaît ici avec la double casquette d'acteur et de réalisateur (Nicolas Maury dans un film de Nicolas Maury...) portrait, en plus, d'un acteur dont le personnage ressemble beaucoup à ce qu'on connaît déjà de lui. Ce qui fait déjà, au départ, un peu beaucoup (trop) de Nicolas Maury...
D'où le premier reproche qu'on a pu faire au film, en discutant ensuite dehors devant le cinéma, comme Dominique (mais j'ai partagé son avis, au moins dans un premier temps) qui l'a nommé complaisance. Ca m'a un peu gêné dès le début, c'est vrai, justement, cette omniprésence de Nicolas Maury (et c'est le mot que j'avais moi-aussi utilisé). Jérémie Meyer (le personnage du film) est un jeune acteur, à la voix et au phrasé immédiatement reconnaissables, avec une certaine tendance à l'auto-apitoiement et à la pâmoison. Un jeune homme maladivement jaloux (ce en quoi il a ma bénédiction, car il fut des temps où je fonctionnai un peu de la même façon, même si le traitement de la jalousié au cinéma - El, L'Enfer- ne m'a jamais totalement convaincu...) qui a du mal à trouver sa place, affectivement et professionnellement (il ne s'est pas choisi n'importe quel mari, hein, Arnaud Valois, tout de même...) et qui après une rupture douloureuse (entièrement de sa faute) décide de partir à la campagne pour prendre un peu de distance et répéter un rôle pour une audition, celui de Moritz dans l'Eveil du printemps de Franck Wedekind), et retourne chez sa mère (Nathalie baye, qui est MAGNIFIQUE, les majuscules sont de rigueur).
A partir de ce moment, le film, qui, jusque là, pour moi cahotait, patinait, brinquebalait, sans véritablement trouver ni son ton ni son rythme, passe -miraculeusement- à un niveau supérieur, à partir de la scène dite "de la piscine", que je trouve d'une précision et d'une rigueur -d'une intensité- absolument inespérées, et qui fait basculer le film -plouf!- dans mon adhésion totale et inconditionnelle, pour tout ce qui va suivre, même si, de ci de là quelques stridences narratives peuvent encore de temps en temps me crier dans les oreilles, mais, à partir de ce moment, je lui pardonne tout, tout, absolument tout, à partir de cette cristallisation qui a lieu au tour de cette italienne du texte de Wedekind (que le film donne d'ailleurs furieusement envie de lire), une scène pour moi anthologique, et suivie bam bam d'une autre scène d'anthologie (qui a d'ailleurs donné son affiche au film) celle entre la mère et le fils (je redis combien j'ai énormément aimé Nathalie Baye dans ce film.).
On pourrait, par exemple,  se dire que l'idée du chiot était un peu too much (comme dit un des -beaux- personnages : "Là c'est trop girly pour moi...") mais, sans lui, les deux dernières scènes auraient sans doute été moins fortes...
Un film, donc, à la progression dosée, qui démarre dans le  cafouillage (j'ai au départ très peur de l'accident industriel, (et de l'immense déception qu'il aurait généré), comme avait pu l'être en son temps Merveilles à Montfermeil de ma très chérie chérie Jeanne Balibar) et chemine ensuite vers la sérénité et l'harmonie. Et on se dit que, finalement, il avait raison de se filmer, car je n'imagine pas vraiment qui d'autre aurait pu jouer son rôle, tellement le créneau qu'il occupe est particulier...
Oui, Nicolas Maury (malgré sa coiffure affreuse, ses pulls épouvantables et ses poses récurrentes de diva) a réussi son coup brillamment (et je suis du coup rassuré dans mon coeur de midinet...) et je vais donc ce soir regarder les épisodes 1 et 2 de Dix pour Cent.4

1926020

l'affiche (qui, allez savoir pourquoi, m'a fait penser à celle de Mommy, non ?)

4461171

"ce mec est too much, ce mec est trop..."
(et, pour faire le lien, coucou Hong sang Soo!)

20 octobre 2020

amertume (passagère)

Le monde est plein (de plus en plus je trouve) de merveilleux enculés (ou connards, ou salopards ou empaffés, ou trous-du-cul, ou appelez-les bien comme ça vous plaît) et je voudrais dédier ce post à deux (allez, trois, non allez, quatre) d'entre eux : le premier enculé c'est le policier municipal qui m'a fait coller une prune de 35€ pour "non-affichage du certificat d'assurance" alors que j'étais sûr de l'avoir apposé, mais non après vérification, il m'a été piqué par le deuxième enculé (qui a bien pris soin de laisser en place le périmé, qui était derrière -pour que je ne me rende compte de rien-) profitant du fait que la portière passager de ma voiture est restée inverrouillable pendant trois semaines après que le troisième enculé de mécano m'ait malencontreusement (et inexplicablement) perdu la clé (et donc le "verrouillage centralisé") de ladite voiture, et le temps que son quatrième enculé de patron (dit "mon gros garagiste") se décide -enfin- à la faire refaire à ses frais (ce qui semblait tout de même la moindre des choses). Aujourd'hui ça doit être la St Enculé (ou la St Trou-du-cul, ce qui revient au même), et je me retiens de mettre une illustration (et pourtant ça me démange).
J'ai payé le p-v, rédigé mon chèque, en me retenant de rajouter DE MES COUILLES après avoir écrit TRESOR PUBLIC, j'ai cacheté l'enveloppe, et j'ai même mis un joli timbre (qui me semblait résumer assez bien la situation)

1252236661_ML

20 octobre 2020

makgeolli

097
LA FEMME QUI S'EST ENFUIE
de Hong Sang Soo

Le film s'ouvre sur des poules caquetant dans leur poulailler, ce qui est plutôt inhabituel dans les films de HSS, et, le précédent étant sorti à peine il y a quelques mois, on se dit que c'est comme s'il nous faisait un clin d'oeil et nous évoquait le nouvel oeuf -cotcot- qu'il venait de pondre. Je m'égare. Le très beau noir et blanc hivernal et graphique de Hotel by the river a laissé la place à des couleurs plus chaudes, nous voici à Séoul, une nouvelle fois sur les pas de Kim Min-Hee (comme dans à peu près les dix derniers films du cher Hong), qui va profiter d'une journée où elle est seule (alors qu'avec son mari, elle le dira et le redira, ils n'ont jamais été séparés même une journée, parce que "les amants doivent rester proches") pour aller ici, puis là, et encore là, discuter avec des copines (le film est en trois parties, trois récits, toujours avec ces dialogues entre femmes, avec à chaque fois l'intervention plus ou moins bienvenue (plus souvent moins que plus) d'un homme qui vient s'interposer dans la conversation...
C'est simple, c'est joli, c'est délicat, très agréable,  c'est... ajouré, dentelle, passementerie, un ouvrage de dames en tout cas, indiscutablement. On en avait eu un avant-goût dans Hotel by the river, où hommes et femmes faisaient fifty-fifty, chacun le plus souvent dans son quant-à-soi (le père et ses deux fils/ les deux copines entre elles), mais là c'est encore plus flagrant : c'est un film de femmes, les hommes sont à l'arrière-plan, plus ou moins silhouettés, et du coup avec moins de scènes de beuveries entre mecs, la preuve, il n'est cette fois plus question de soju, mais de makgeolli (je l'ai saisi au vol dans un sous-titre), qui est aussi un alcool mais, parce que sucré, blanc et laiteux est plutôt considéré comme un alcool de filles...
J'ai parlé de dentelle et c'est bien ça qui m'a plus dans le film : les trous dans la trame, les blancs, les manques (comme en poésie, le silence entre les mots, ou, en calligraphie le visible de l'écriture et le blanc du papier). J'ai beaucoup aimé ce film-là, la place -l'importance- qui est donnée aux femmes, et la façon dont l'histoire de celle qui sert de fil blanc entre les différentes séquences émerge -se construit- progressivement. Sans que rien ne soit vraiment dit ou explicité davantage. J'aime aussi énormément que certaines scènes, touchantes, soient montrées comme mine de rien, à distance, recadrées par des caméras de surveillance, histoire dans l'histoire.
Oui c'est un film très simple (et juste) et qui m'a ravi. Parce que les poules, parce que une pomme qu'on épluche (puis une autre) parce que le goût de la viande grillée, parce qu'il faut bien nourrir les chats, parce qu'on finit dans une salle de cinéma, où est projeté (je n'avais pas reconnu, ce sont les critiques qui l'ont écrit) Woman on the beach, de HSS (la scène finale et son très beau plan de mer au crépuscule...), parce que les manteaux des héroïnes (si j'étais une femme j'aimerais être actrice dans un film de Hong Sang Soo) que je trouve à chaque fois d'une folle élégance, parce que, finalement, c'est un film qui existe pour lui même, qui donne l'impression d'avancer légèrement comme s'il n'avait pas d'enjeu dramatique (s'il n'avait rien à vendre) et vous harponne irrémédiablement avec élégance (je le redis) et délicatesse... Plus qu'un "film de filles" (aïe!) un "film de copines"... Et un titre qu'on peut comprendre à deuxième vue. Encore une merveille de Tonton Hong, quoi.

3451037

4434394

copines avec pomme

19 octobre 2020

new-york new-yooooork

096
NEVER RARELY SOMETIMES ALWAYS
de Eliza Hittman

On connaissait "un temps de Toussaint", voici à présent un film de Toussaint.
Un film... peu aimable, mais plutôt efficace dans son genre, avec une longue partie de zone dans un New-York nocturne, moche, peu accueillant, anxiogène et froid (un New-york de Toussaint, quoi...). Où se retrouvent Autumn (c'est l'héroïne, normal, une héroïne de Toussaint) et sa cousine qui l'accompagne. Autumn (qu'on a découverte -c'est le début du film- sur scène guitare à la main et yeux maquillés avec des paillettes chanter une chanson d'amour et se faire traiter par un jeune con dans le public) qui découvre qu'elle est enceinte (elle pense que c'est de 10 semaines mais en réalité on l'a trompée, et c'est plutôt de 18) et qui vient là pour se faire avorter...La jeune fille en question a un physique spécialement lisse et atone (mais -je viens de re-regarder les photos sur allocinoche-, la jeune fille qui l'interprète, Sydney Flanigan, dont c'est le premier rôle au cinéma, mérite tous les éloges, tant elle est capable de mettre une troublante intensité à jouer presque rien, vraiment on est bluffé). Je ne pense pas qu'on la voit sourire une seule fois dans le film (bon la situation ne s'y prête guère hein, mais, hein, il y a quand même de la joie, oh même un petit peu, en ce bas-monde, non ?)
Un film glacé, (glaçant), opaque, parce que clinique, documentaire, où la part de fiction culmine dans une séquence impressionnante d'entretien avec QCM (Never Rarely Sometimes Always), répété comme un mantra et qui donne son titre au film) où la demoiselle laisse de fissurer son masque (sa carapace) d'impassibilité pour laisser passer quelques larmes..
Si je résume en disant que c'est "un film de filles", je risque encore de me faire taper par mes copines et pourtant c'est le cas (j'ai pensé, de loin, à Christian Mungiu et à son 4 mois, 3 semaines, 2 jours, au moins pour la situation de départ, même si la Roumanie de 1987 est bien plus glauquissime que le New-York de 2020 -on met d'ailleurs un certain temps avant de pouvoir dater l'action de ce film-ci).
C'est drôle (!) j'étais un peu resté arc-bouté sur ces sensations d'un film froid, et, en regardant les photos sur allo-cinoche, je le re-découvre, via ses deux interprètes féminines (les mâles, je le redis n'ont pas grand-chose à y voir) comme profondément humain, touchant, émouvant (comme si l'émotion avait mis son temps pour infuser...)

2559795

1569617

les deux cousines (Autumn à droite -mais si elle sourit, tu vois bien...)

PS : sans rapport ou presque avec ce qui précède, un extrait de la critique dégueulasse de Libé, celui qui est cité par allocinoche :
"Le troisième long d’Eliza Hittman est de ces films qui se déroulent tout seuls et sans nous. Autosuffisants et complets, sous leurs airs frêles ce sont des bulldozers. La bonne conscience du cinéma à sujet, limité, mal contraint, d’une paresse politique qu’évince son esprit de sérieux." Si quelqu'un peut me traduire et m'expliquer la phrase en gras, je suis tout ouÏe.

 

18 octobre 2020

encore

XYZ
ou comment parvenir à ses fins
de Georges Appaix

Comme l'a résumé Manue à la fin, le dernier spectacle "en salle" (avant le conconf') était le magnifique concert des Tindersticks à la Rodia, le 11 mars ou quelque chose comme ça, et là c'était le premier, après le déconconf, (sept mois tout de même), et ça faisait du bien redémarrer avec autant de panache (sur scène) et d'enthousiasme (dans la salle), avec un niveau égal de bonheur de spectateur, dans un k comme dans l'autre...
Je tenais particulièrement à voir celui-ci, parce que c'était le dernier (dans tous les sens) proposé par Georges Appaix et sa compagnie La Liseuse, parce que c'était une façon de clore une aventure au long cours, et parce que Georges Appaix, tout simplement.
J'adore ce bonhomme (lapsus : j'avais tapé bonheur), sa bonhomie, sa rondeur, sa légèreté, sa désinvolture (c'est Emma qui la première -en 1985!- avait utilisé les termes de danse désinvolte), dont on est allé voir chaque nouvelle chorégraphie chaque fois qu'on en avait l'occasion, toujours avec le même plaisir.
ET là, XYZ c'était -visiblement- la fin, un spectacle doublé d'une jolie publication (comme l'indique le nom de la compagnie - La Liseuse- il est question de corps et de mots, de danse et d'écriture) et vraiment j'étais enchanté d'être là, assis entre Manue (à ma gauche) et Emma et Dominique (à ma droite, au beau milieu d'une assistance essentiellement féminine -c'est bien connu hihi les mecs, c'est plutôt la chasse et le foot-) au milieu d'un public à peine moins nombreux que d'hab' (distanciation sociale ? mouais) mais tout le monde rigoureusement et scrupuleusement masqué.
Plateau nu ou presque, en cour un gros entassement / enchevêtrement des lettres de l'alphabet (comme on a deviné, elles y passeront toutes), au fond un portant avec des bandes de papiers parallèles qui permettent d'ntrer et sortir (et, accessoirement, de projeter des images dessus) de l'autre côté des machins en fer qui permettent de fixer les lettres dessus et de les déplacer, en jardin un écran suspendu (pour y projeter aussi des trucs) et un moniteur vidéo, et c'est parti!
A : Ah! fait le maître de cérémonie lorsque dégringole des cintres, juste à côté de lui, un gros A vert en mousse, chaque lettre étant rattachée à un mot, ou plusieurs, et sujet/prétexte à des évolutions chorégraphiques, à un(e), à deux, à tout le monde, du mouvement mais des mots aussi, utilisant le double langage (celui des paroles et celui des mouvements) et c'est vraiment un extrême plaisir qu'on y prend (autant que les danseurs sur la scène). Ils sont sept, quatre danseuses et trois danseurs. Ca galope, ça se chamaille, ça s'interpelle, ça se poursuit, ça se rejoint, ça plaisante, ça surprend, pendant une heure on essaie de ne pas en predre une miette, car parfois ça se passe un peu partout.
La force de la charge émotionnelle est pour moi incontestable (j'en aurai les larmes aux yeux plusieurs fois pendant le spectacle), et le bonheur donc, l'est tout autant (incontestable).
Jeux de mots, jeux de corps, jeux d'espace... J comme jubilation, voilà.

FDH_2020_Appaix_1800x850

(le cas du Q, comme chantait Nougaro...)

14 octobre 2020

habitat à loyer modéré

095
MANO DE OBRA
de David Zonana

Un (premier) film fort, mais qui m'a un peu... abattu (un peu paradoxal quand on parle de construction). Et comme c'est mexicain, on peut dès le début être quasiment certain que ça va mal finir... (vous connaissez, vous un film mexicain qui finit bien ?) Et ça ne loupe pas.
Ca démarre sur un chantier, dans une très belle (et très grande, le détail a son importance) maison où s'affaire(nt) toute une équipe de travailleurs sous-payés (on va le savoir très vite), chantier brièvement interrompu lorsqu'un des hommes tombe du toit. Et se tue. C'est le frère de Francisco, le héros du film, qui laisse une jeune épouse enceinte et complètement démunie, les "experts" ayant refusé de classer le décès en accident du travail, des "analyses" prouvant selon eux que l'homme était tombé du toit parce qu'il était ivre, alors, que Francisco sait que son frère ne buvait jamais.
Francisco essaye d'obtenir réparation, via le contremaître, puis via le (riche et seul, autre détail qui a son importance) propriétaire, en vain. Il décide alors de régler le problème à sa façon...
Un peu de fil électrique, d'abord, et une "bonne idée"...
C'est là, bien sûr que les choses vont se gâter. Car au Mexique (comme partout ailleurs, d'ailleurs, mais tout particulièrement ici  au Mexique) la loi des castes est immuables : les pauvres doivent rester pauvres (et dans la merde) et les riches riches (et dans leurs grandes et belles maisons) Et tout le reste n'est qu'utopie. Et David Zonana, le réalisateur, en fait le constat glaçant et sans appel.
Même Francisco, son héros, n'échappe pas à la dure loi du sport : il y a des moments où il est montré, sans concessions, comme un mec pas très sympathique... Un mec "normal", quoi...
En sortant de la salle, je me disais qu'il (le réalisateur) était bien dur avec eux (les pauvres), mais non il est juste... réaliste. Quand on n'a rien ou presque, on voudrait un petit peu plus, et quand on a plus on voudrait encore (un petit peu) plus, et badaboum.
Pourquoi donc ? Comme dans la chanson du monsieur qui chantait Marly-Gomont et dont le nom m'échappe (non, Kamini ça vient de me revenir) "Parce qu'on est con." cqfd.

5667056

11 octobre 2020

sans faire de vagues

094
ONDINE
de Christian Petzold

Christian Petzold (Transit, Phoenix), Paula Beer (Transit, Frantz), Franz Rogowski (Transit, une valse dans les allées), j'étais très partant, pour moi ça démarrait très bien... "Sous les meilleurs auspices". Ondine ? J'en avais vu une version il y a quelques années au CDN, je me souviens qu'il y avait de l'eau, de l'amour, et de la mort... Le contrat est tenu : de la mort, de l'amour, et de l'eau. Beaucoup de chaque.
J'aime beaucoup le cinéma de Christian Petzold, même si (ou, peut-être justement, parce que) il fait des films pas très aimables. Des histoires d'amour mais jamais rectilignes. Avec de la violence, et de la douleur beaucoup plus que de la douceur (même s'il y en a aussi, quand même, eh oh, quand il y a de l'amour il y a aussi de la douceur, mais bon, plus ou moins quoi). Longtemps la muse de Christian P. a été Nina Hoss (5 films en commun, tout de même, entre 2003 et 2014), mais, depuis deux film (Transit et celui-ci), il semble qu'elle ait été remplacée par la touchante Paula Beer, sans doute moins polaire en apparence, mais il ne faudrait pas trop s'y fier. Elle recompose avec Franz Rogowski le couple du précédent Transit (et j'adore cet acteur -découvert en 2015 dans le déjà germain (et tambour battant)  Victoria- autant pour son jeu, que sa façon de parler), passant ainsi d'une dystopie à un conte fantastique (mais le résultat est un peu le même, non?)
Paula interprète Undine (la version allemande), une jeune femme qui fait des conférences sur l'histoire et l'architecture de Berlin(s), après la réunification (même si je nne suis pas très sûr vraiment compris l'utilité de cette "spécialisation", et son rapport avec l'histoire qui nous concerne), jeune femme qui au début du film vient de lancer un ultimatum à son amant, Johanes, en lui signifiant que s'il l'abandonne elle sera obligée de le tuer, (et effectivement il l'abandonne), puis qui va rencontrer Christoph, (qui vient d'assister à une de ses "conférences"), un jeune scaphandrier avec qui elle va illico re-plonger dans une histoire d'amour. fin de l'acte 1.
Il y a beaucoup d'eau dans le film (Ondine, normal), successivement un aquarium, une piscine, et un lac de barrage (pas forcément dans cet ordre) et de l'amour et du mystère, dans lequel une figurine de scaphandrier, offerte par Christoph à Undine, tient une place importante... Christian Petzold parvient, avec beaucop d'intelligence à insérer la thématique intemporelle du conte (la malédiction, la fatalité, la force de l'amour, les fantômes) dans un film au réalisme fort, "normal", contemporain, ancré dans une matérialité incontestable, terre-à-terre.
Car c'est de l'eau que vient le fantastique, la magie, le mystère  (avec, à chaque fois, quelque chose de littéralement surhumain qui s'y produit) et qui vous laisse, à la fin du film, les yeux dans le vague, dans la lumière trouble  de la presque obscurité subaquatique, avec le bruit des bulles qui remontent vers la surface (et les rencontres qu'on peut y faire).
"Les fantômes, dit Christian Petzold, sont des apparences qui ne veulent pas disparaître : ils n’acceptent pas d’être morts. Ils essaient désespérément de redevenir des êtres humains, mais personne ne veut d’eux.".
Et j'ai, bien sûr, repensé à Yella.
Et j'ai pensé aussi à la chanson de Gréco (écrite par Manset)
"Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez
Sans faire de bruit sans faire de vagues
Sans faire de bruit sans faire de vagues..."

2054006

10 octobre 2020

carnet de croquis

093
JOSEP
d'Aurel

Un film qui m'a bouleversé (et pas uniquement parce que ça parle d'Espagne et d'espagnols), l'histoire d'un artiste que je ne connaissais pas, réalisée par un dessinateur que je ne connaissais pas non plus... Aurel (de son vrai nom Aurélien Froment) a réalisé un "film de dessins" (comme il le dit lui-même) plus qu'un film d'animation (mais ne vous inquiétez pas ça bouge quand même!) pour raconter Josep Bartoli, "combattant anti-franquiste et artiste d'exception" (comme le résume allocin*che), depuis son arrivée en France en 1939, et son internement dans ce qui ressemble furieusement à un camp de concentration jusqu'à la rétrospective de ses oeuvres dans un grand musée.
L'histoire devient encore plus intéressante quand elle est racontée par un grand-père mourant à son petit-fils, surtout qu'il s'agit non pas de Josep devenu vieux, mais, bien plus habilement, de celui qui, à l'époque, était un jeune gendarme, qui a sympathisé avec un de "ces saletés d'espagnols" (c'est ce que disent les autres flics, chargés de la surveillance, et qui rivalisent en beauferie et en dégueulassitude -François Morel, qui en double un, prend visiblement plaisir à incarner ces lointains grands-parents des Deschiens, qui étaient peut-être aussi bêtes mais certainement pas aussi méchants-)
Une belle histoire d'amitié, avec la grande Histoire en toile de fond (je ne savais pas que les Tirailleurs Sénégalais avient été appelés en renfort), qui va d'avant-hier (1939) à après-demain (l'ado qui écoutait l'histoire est devenu adulte, et, clôt, avec panache, cette belle histoire, où je ne m'attendais pas du tout à croiser Frida Kahlo).
Plastiquement, c'est une merveille (ce qui, rajouté à la grande humanité du projet -et au bonheur d'entendre la voix de Sergi Lopez- fait du film un choc et une découverte, aussi forte qu' avait pu l'être l'année dernière J'ai perdu mon corps, de Jérémy Clapin.)
Un bien beau choc.
Inratable.
Sans doute Top 10!

7_1488055

l'affiche

5105937

le réalisateur

Josep-Bartolí

Josep Bartoli

bartoli_03web

une tête de Bartoli

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 568