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lieux communs (et autres fadaises)

7 décembre 2009

tipota

STRELLA
de Panos H. Koutras

Décidément c'était le jour des films atypiques! (Ca c'est pour appâter Pépin... Si je savais comment le faire clignoter, je le ferais!!!)
Sortant de l'Espagne jarmuschienne, j'ai à peine eu le temps de sauter dans ma vaillante 306 pourrie pour faire les 50km qui me séparaient de la Grèce de Koutras (pour l'info, c'est le monsieur qui avait réalisé L'attaque de la moussaka géante, qui m'a laissé peronnellement (je voulais écrire personnellement, mais ça aussi c'est joli, et du coup je le garde, tiens, surtout pour parler de trav') au bord de l'indigestion kitsch, mais bon il a fait du chemin depuis, et ce film-là est sans conteste d'une autre trempe.)
J'aurais pu faire ma grosse feignasse et vous donner simplement le lien qui conduit à la jouissive critique qu'en a fait Gérard Lefort dans Libéchounet mais bon je vais quand même me forcer un peu pour vous dire tout d le bien que j'en pense (sans m'abîmer mes faux-ongles).
Dès le début, on sait à quoi s'en tenir : Yiorgos sort de prison, après 15 ans de détention, dit tendrement au revoir à son jeune copain de cellule, et va se mettre en quête de Léonidas, son fils, dont il est sans nouvelles depuis tout ce temps. Il s'installe dans un hôtel, où il fait assez vite connaissance de la Strella du titre, un(e) jeun(e) transexuel(le), avec qui il va vite faire phosphorer ses hormones mâles (qu'il a puissantes d'ailleurs : Yiorgos est du genre mâle sans hésitation, sans concessions, sans sommations).
Voilà le point de départ, et je n'irai guère plus loin, sous risque de défloration (ouch!) dommageable d'une intrigue à propos de laquelle je proposerais volontiers à notre ami Almodovar d'aller se rhabiller. D'abord parce qu'ici les transexuels le sont vraiment et le prouvent... (Oui oui Strella est -grand bien nous fasse- un FAQV) et que, finalement, c'est assez rigolo de voir un film où l'altersexualité est posée quasiment en norme (il y a très peu d'hétéros purzédurs dans cette histoire plutôt échevelée -à perruques, je veux dire-). Histoire de famille et de liens familiaux : Yiorgos cherche son fils, Strella prend soin de celle qui l'a élevé, et qui est en train de mourir, le copain de Strella enterre sa mère et récupère une soeur... ("La famille ça fait partie des p'tits soucis quotidiens (vous rappelez-vous de Sheila ?) mais pourtant c'est une vie qu'on aime bien...") dans un univers de paillettes, de strass, d'éclairages nocturnes, de perruques et de faux-semblants.
A la différence de L'attaque de la moussaka... qui était une grosse pochade poilade au nième degré, très follasse et très cheap, Panos H.Koutras, s'il n'a visiblement pas beaucoup plus de moyens financiers (mais il se débrouille très bien comme ça), a opté -au moins au départ- pour un  certain "réalisme" , un "profil bas " naturaliste, qui tire progressivement le récit vers le mélo flamboyant, avec tadam! révélation (lorsque le fils réapparaît) et changement de perspective en plein milieu du film (on se demande d'ailleurs à ce moment comment le réalisateur va réussir à se tirer d'affaire et boucler son odyssée, ce qu'il va pourtant réussir   avec un brio certain lors de la scène finale "Noël en famille", comme un clin d'oeil joyeux (idyllique ? ), qui tiendrait plus du chromo sous coke que de l'imagerie sulpicienne (quoique...).
C'est vrai que le film avance parfois comme un travesti qui monte pour la première fois sur des talons-aiguilles, pas toujours sûr de son équilibre, mais continuant à avancer bravement, même  en claudiquant parfois, manquant de peu de se casser la figure, et se relevant bravement, reprenant soudain de l'altitude et de l'audace pour nous mener à bon terme de son histoire. Mais les acteurs sont là pour compenser (comme les semelles huhuhu)  les passages à vide ou les scènes un peu plantées (je pense à une déambulation de Strella sur fond de Callas qui juste ne fonctionne pas, mais alors pas, pas le bon rythme, pas le bon timing, je ne sais pas...)
Les deux principaux, en tout cas, sont superbes, et assurent à tous points de vue (Mina Orfanou as Strella, et Yannis Kokiasmenos as Yiorgos) les excès et abymes d'un scénar pour le moins couillu.
Le renouveau (plutôt la renouvelle, dans le cas présent) du cinéma grec serait-il donc arrivé(e) ? Allons (nous faire) voir... (Oui bon je sais elle est facile, mais elle est comme qui dirait au diapason, non ?)

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6 décembre 2009

peyotl

THE LIMITS OF CONTROL
de Jim Jarmusch

Radical. C'est le premier mot qui me soit venu en tête lors de la projection. Radicalement beau, radicalement différent, radicalement ailleurs. (Bon c'est vrai j'adore Jarmusch et je ne suis peut-être pas tout à fait objectif.) Le film a visiblement désarçonné pas mal de critiques et a visiblement été assez peu apprécié. Et pourtant...
C'est l'essence même du cinéma (que j'aime) qui coule ici lentement sous nos yeux ébahis. Jim Jarmusch nous l'annonce  dès le générique, la musique lancinante, le défilé de noms d'acteurs (ils sont rangés dans l'ordre chronologique, c'est commode, et on sait donc que, quand on verra Bill Murray, ce sera pas loin de la fin) et la petite citation de Rimbaud pour ouvrir les yeux et aiguiser les appétits. Jim est parti en vacance(s) en Espagne, et voici ce qu'il a a ramené...
Un film en forme de faux-semblant. D'apparence, on a sous les yeux l'exosquelette d'un polar standard (un tueur / un contrat à exécuter / des rencontres / des messages codés / une pin-up. / une exécution..) mais, à l'intérieur, ce n'est pas ça du tout, ou, peut-être, justement qu'en vrai il n'y a rien.
De l'espace, des pas, du rêve, des private jokes, des références à l'art (espagnol ?) sous ses multiples formes, et, surtout une structure qui s'apparenterait plutôt à la chanson (couplet / refrain / couplet / etc.) ou à la poésie (voire même au rêve), qu'au film proprement dit.
Le lonesome killer (Isaach de Bankolé, monolithique) marche beaucoup, s'arrête de temps en temps à une terrasse de café ou il commande two expressos in separate cups, et, au bout d'un certain temps vient s'asseoir à sa table un personnage (John Hurt, Tilda Swinton, Gael Garcia Bernal...) qui, après lui avoir invariablement demandé "Usted no habla español? " lui raconte sa petite histoire perso (à propos de la musique, du cinéma, de la peinture, de la science, de la guitare, des hallucinations...) tout en lui remettant une boite d'allumettes (rouge ou verte) qu'il échangera tout aussi invariablement contre une autre boîte d'allumettes  (verte ou rouge) qui est dans sa poche, dont il sortira un papier sur lequel est codé un message, papier qu'il mangera idem invariablement...
Cet "itinéraire" a un but : un américain à exécuter, retranché dans une forteresse protégée par des dizaines de gardes du corps. ("Comment avez vous fait pour entrer ? " "J'ai utilisé mon imagination..."). But qui sera atteint au terme d'un itinéraire tortueux (et pourtant rectiligne) où il s'est agi de ramasser des indices, des signes (la tour, le violon, le pain,etc.) avant de relancer les dés. Jarmush s'amuse, sur ce canevas minimaliste, à jouer de la répétition comme élément ironique (il ya toujours chez lui le même humour à froid, un peu distant) et en même temps à saupoudrer son récit de micro-éléments fictionnels (les diamants, l'affiche de film, l'enlèvement, le flamenco) avec lesquels le spectateur peut s'amuser à jouer s'il le souhaite.
Le spectateur regarde le film comme Isaach de Bankolé regarde certaines toiles au musée (Juan Gris, puis Antonio Lopes -oui, celui du cognassier dans Le songe de la lumière, de Victor Erice, film par moi chéri s'il en est-, pour finir par Antoni Tapiès (que j'aime énormément aussi) -dont il a curieusement choisi une des seules toiles "vierges", sans signes, juste un drap blanc noué aux quatre coins, comprend qui peut ou comprend qui veut). Un dispositif frontal, impliquant un face-à-face, une confrontation avec un univers dans lequel on peut entrer ou duquel on peut s'abstraire, et y rester juste sur le seuil.
Avec, comme dans les rêves, une persistance des visions, une répétition obsessionnelle de certaines phrases, entendues dès le début du film (une scène à l'aéroport assez drôle avec Alex Descas et Jean-François Stévenin) où, déjà, tout est dit, et sera pourtant répété, sous différentes formes et dans différentes langues...
Plutôt que comment raconter une histoire, Jim Jarmusch s'intéresserait à comment inscrire un corps, une présence, dans l'espace (le travail de cadrage est, comme chaque fois, impressionnant de virtuosité). Ce qui est un travail somme toute éminemment théorique peut néanmoins, et paradoxalement, être reçu juste sensoriellement et affectivement, comme une expérience hallucinogène forte et douce à la fois.
Encore une fois la musique a aussi une grande importance dans cette perception (les ambiances guitareuses  éthérées de Boris et Sun 0))) s'équilibrent avec un quintet(te?) à cordes de Schubert) ourlant ouatant cet univers español légèrement surex par Christopher Doyle le chef-op. Et on sort de là comme si on était un peu jeté dehors (circulez y a plus rien à voir, d'ailleurs l'ultime mouvement de caméra semble, à cet effet, coupé en plein élan) et que, porté par la force d'inertie, on prolongeait encore au-delà de l'espace stricto sensu du film la fascination dont on aurait fait l'objet.

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4 décembre 2009

l'homme du jour

C'est incontestablement ce monsieur.
Il s'appelle Ron Yossef.

rabbin

(dsl la photo n'est pas très bonne, c'est un scan de la page 31 du Libé du 2 décembre, dans un long article  (2 pages) qui s'intitule " Vous avez devant vous un rabbin homosexuel" (la citation exacte, dans l'article est " "J'ai pensé que j'avais la responsabilité, comme juif et comme rabbin, de dire devant tout le monde : "Voilà, vous avez en face de vous un rabbin orthodoxe homosexuel. Maintenant vous ne pourrez plus dire que les homosexuels religieux n'existent pas.""
Chapeau.

3 décembre 2009

ce que je ressens

Voilà, depuis deux jours (depuis mardi midi, exactement) je re-sens. oui l'odorat m'est partiellement revenu, pour je ne sais d'ailleurs quelle mystérieuse raison (non non, je ne suis pas amoureux...), et, je le sais aussi, pour un certain temps hélas. Mon odorat m'apporte des messages, de façon discontinue certes, mais des messages tout de même. Le plus agaçant, c'est que je me suis comme qui dirait tout le temps en train de vérifier que je sens encore. Et que tout cela est faible, malgré tout, et discontinu.
Ca fait drôle de s'apercevoir (de se rappeler que) chaque endroit a une odeur spécifique, plus ou moins agréable (j'ai senti l'odeur du couloir, l'odeur de mon appart, celle de mon lit...) comme chaque personne aussi (quel plaisir de constater comme Marie ce matin sentait bon quand je lui ai fait la bise!).
Hier soir, il y avait un truc qui cuisait dans le four et je le sentais, vraiment. J'ai senti le goût du comté, celui du Bourgueil, du yaourt aux cerises, du beurre de cacahuètes, des oranges (dans ces cas-là je bouffe un peu n'importe quoi, il s'agit juste de "retrouver" le maximum de saveurs), et, paradoxalement découvert que cette soupe "aux légumes et semoule de couscous", que je croyais parfumée, n'en avait pratiquement aucun, de parfum.
Un peu déçu, aussi, ce midi au FJT, de constater que "mes" ouvriers en joyeuses bandes n'avaient aucun arôme spécifique, pas le moindre fumet viril comme j'aurais pu en  rêver (ou peut-être qu'il aurait fallu s'approcher davantage, intimement, et les humer, là, juste dans le cou...)
Voilà, ça ne va pas durer, je le sais, j'ai même le sentiment que déjà ça recommence à s'atténuer, mais en attendant, j'en profite...

3 décembre 2009

le bruit de la mer

A PROPOS D'ELLY
d'Asghar Farhadi

Idées reçues... Etonnant de voir un film iranien résolument inscrit dans une contemporanéité à laquelle on n'est pas habitué (pour moi, d'habitude, c'est essentiellement des histoires de gamins qui n'ont pas de souliers, de femmes voilées et maltraitées, de paysans marchant à côté de leur âne...), et voilà des 4x4 (pour faire plaisir à GB), des téléphones portables, des week-ends de rigolade au bord de la mer entre couples amis... Non, la middle class iranienne, on n'y est pas habitué.
Parmi ces huit adultes, et leurs enfants, il y a deux célibataires : Ahmad, (un charmant garçon, réglons  d'ailleurs une fois pour toutes le problème de ces messieurs iraniens "à poil dur" : ils sont, je le confirme, tout à fait mon type -d'ailleurs la syntaxe ne voudrait-elle pas que j'accorde et que j'écrive tout à fait mes types? - fin provisoire de la parenthèse), tout frais divorcé (tiens, d'ailleurs, on divorce, en Iran ?) et Elly, la charmante, rosissante, et si discrète institutrice de la fille de Sepideh (celle qui a tout organisé), que d'aucuns souhaiteraient voir tomber dans les bras l'un de l'autre. Car, après tout, on est quand même venus là pour ça, non ?
Ca commence dans une ambiance de Sautet iranien (qui se souvient de Vincent, Francois, etc. ?), en une longue et chahuteuse exposition (on voit même -mmmh- les messieurs qui dansent, avec cette troublante sensualité moyen-orientale qui s'exprime en mouvements de bras et de bassin...), jusqu'à -rupture dans le discours- un soudain climax émotionnel et aquatique (un peu surmédiatisé, peut-être ?) : l'un des enfants manque de se noyer, qui va en dévoiler un autre : Elly a disparu.
Noyée ? On la recherche, en vain. Vexée ? Repartie à pied ? Son sac est encore là, et son portable aussi.  On s'interroge... A chaque fois, Sepideh, l'organisatrice (et entremetteuse) est en cause... Dans le groupe, ça s'engueule, sur la suite des évènements, la tension monte, certains frappent leur épouse, d'autres flippent, veulent repartir à Téhéran toutes affaires cessantes, d'autant plus qu'Elly semble de moins en moins être ,en réalité, la jeune fille discrète obéissante et bien rangée qu'elle paraissait. La voici fiancée, émancipée  (ses parents ne sont pas au courant), prise en flagrant délit de mensonge, de dissimulation... Ce qui n'est pas fait pour plaire aux différents membres du groupe (les mâles, mais pas que), d'autant plus que -aïe aïe aïe!- voici le fiancé (et non le frère comme elle avait voulu le faire croire) qui arrive pour demander des comptes, au tout du moins qu'on lui explique ce qui s'est passé.
(Parenthèse "iraniens jolis ": celui-ci est vraiment un amour de (entre loukhoum et roudoudou... quelqu'un connaitrait-il un nom de bonbon iranien ?) sur pattes, oeil de gazelle en sus -on ne comprend pas d'ailleurs comment on pourrait bien avoir envie de le larguer...- on a juste envie de le caresser tellement il a l'air à poil doux) dans une dernière partie qui est peut-être celle qui m'a le plus touché, où le réalisateur met en place cet affrontement entre cet homme et le groupe des amis, entre un amoureux et ses (dés)illusions (le face à face final dans la cuisine avec Sepideh m'a vraiment bouleversé), dans sa recherche de la vérité, jusqu'à la révélation finale (qui n'est pas vraiment une surprise mais clôt dignement le chapitre.)
Le film, tel qu'il est, je le répète, m'a beaucoup plu (et pas uniquement à cause des messieurs à poil dur je le répète aussi), montrant qu'il est possible de parler de l'Iran d'aujourd'hui sans misérabilisme folklorique (mais d'aucuns déploreront sans doute cette mondialisation cinématographique, en quelque sorte... vont-ils trouver quand même leur compte de mêêrveilleux paysages ?), que les problèmes entre hommes et femmes sont un thème universel (et l'amour aussi), même s'ils revêtent là-bas une spécificité que nous autres ici ne sommes pas forcément à même de comprendre, et que, finalement, un bon réalisateur est toujours un bon réalisateur, d'où qu'il soit. Je ne connaissais pas Asghar Farhadi,  mais j'avoue que ce film a suffisamment piqué ma curiosité pour que j'ai envie d'en voir autre chose. C'est vraiment très bien filmé, je trouve, et, alors que j'étais vraiment crevé, j'ai trouvé la force de ne pas me laisser aller et de ne pas fermer l'oeil ne serait-ce qu'une seconde. L'Iran est un pays qui a été ces derniers temps sous les feux de l'actualité, pas pour des raisons très joyeuses, mais ce film a l'honnêteté de tenir sa note propre, et juste, en se tenant sans cesse dans un  équilibre (il n'est jamais, par exemple, question de religion) pas forcément facile.

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30 novembre 2009

micro72

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A la sortie de Besançon, un panneau annonce de la boue sur quinze kilomètres.

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Brigitte Fontaine aurait déclaré à la radio avoir été enchantée par le public de son concert de Vesoul...

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mon réveil sonne quand il ne devrait pas et ne sonne pas quand il devrait

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c'est à Bordeaux que la Garonne a des marées

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(les doigts pincés dans les volets)

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je préfère les oranges sans traitement après récolte,
parce qu'on y trouve souvent des bébés-oranges à l'intérieur

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"pour une fois que c'est pas sur moi que ça tombe..."

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"C'est un bras, lui fis-je remarquer. Ca ne mord pas."

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"Tu me remontres la photo où j'étais mort ?"
(réellement prononcé cet après-midi)

*

 

 

25 novembre 2009

la vengeance de la tortue

LE VILAIN
d'Albert Dupontel

Il n'y a rien de plus triste qu'un film "drôle" qui ne vous fait pas rire, il n'y a rien de plus triste que d'être (à ce point) déçu par un film qu'on avait envie d'aimer, il n'y a rien de plus triste que de voir des talents gâchés, il n'y a rien de plus triste que d'essayer de sauver quelque chose du film, et de ne vraiment pas en avoir de quoi même remplir le fond d'une cagette. ("si, la tortue...", me souffle Marie par-dessus l'épaule, ce à quoi je rétorque "oui, la première fois...")
Voilà, c'est dommage. On le (pres)sentait dès le début (ça démarre mal), et ça ne continue pas mieux. il y a d'abord un problème de scénario (quelle histoire il a donc bien voulu raconter ?), qui génère des problèmes de personnages, de situations, de rythme (quand j'ai regardé ma montre, il restait encore la moitié du film, et ça m'a fait soupirer...)
Le vilain ne l'est pas assez, ou trop, ou pas de la bonne façon, ou pas pour les bonnes raisons. Rien ne fonctionne, et même Bouli Lanners n'est pas bon, c'est dire (mais quel idée que de le gominer, de même que quelle (fausse bonne) idée de faire jouer une vieille à Catherine Frot...) Je déteste sortir du cinéma en ayant le sentiment d'avoir perdu mon temps. C'était le cas. La folie (furieuse) de Dupontel, qui m'avait tant plu et touché dans Enfermés dehors tourne ici à vide...
Oui, c'est dommage.

23 novembre 2009

la malveillance

LE RUBAN BLANC
de Michael Haneke

J'avais entendu divers échos, ici et là, mais je voulais me rendre compte par moi-même. Ce fut chose faite hier. Un film, donc, en noir et blanc pour l'image (un noir et blanc, on a déjà du vous le dire, somptueux, nickel, aux petits oignons, un noir et blanc d'anthologie, comme dirait mon ami Nicolas "rien vu d'aussi beau depuis le noir et blanc de Dead Man"), et, pour l'histoire, on serait simplement en noir et noir. Vous ne risquez pas une luxation des zygomatiques. On connaît notre ami Michael H., ses ambiances et ses thèmes de prédilection, et on est sûr qu'il ne risque pas de nous faire un jour Mary Poppins 2 ("Elle revient et elle est encore plus contente...").
Pourtant des enfants, il y en a ici, et même beaucoup...Mais, bon, c'est pas la joie. Rétrospectivement, Le ruban blanc pourrait un peu évoquer le résultat de l'accouplement contre nature entre L'arbre aux sabots et... Le village des damnés (celui de Wolf Rilla, en noir et blanc). Parce que  la vie des paysans au début du siècle, et parce que des enfants meurtriers. Mais plus qu'un conte (pourtant revendiqué en tant que structure, avec ses parenthèses narratives, ouverture et  fondu au noir entre deux génériques rigoureusement silencieux,et son narrateur, l'instituteur du village, la seule personne à peu près "normale" du village comme on le vérifiera par la suite)plus qu'un conte donc, le film serait plutôt un genre de catalogue du malheur : du malheur d'être pauvre, du malheur d'être un enfant, du malheur d'être veuf, du malheur d'être baron, du malheur d'être trisomique, du malheur d'être exploité, du malheur d'être pieux, du malheur d'avoir un physique ingrat, du malheur de ne pouvoir d'exprimer, du malheur d'avoir à se venger, du malheur d'être un oiseau en cage, du malheur de (ne plus pouvoir) se toucher, du malheur d'avoir mauvaise haleine, du malheur du mensonge, du malheur de l'adultère, du malheur etc.
Il commence avec un accident de cheval (un attentat au câble tendu entre deux poteaux et paf le cheval)  contre le médecin du village, et se termine par l'attentat de Sarajevo  qui marque le début de la Première Guerre Mondiale. Et relate, entre les deux, une série d'évènements inexplicables (accidents, mort, enlèvement(s)) qui bouleversent le quotidien d'un village de paysans (de serfs, plutôt) auxquels sont -presque toujours- associés des enfants, qu'on voit toujours en groupe comme dans Le village des damnés. Une entité enfantine. Les enfants du médecin, ceux du pasteur, ceux du régisseur (ces gaillards-là ont en commun d'avoir des familles nombreuses), à qui le narrateur -l'instituteur je le rappelle- a régulièrement affaire, et envers qui il va commencer comme on dit à nourrir des soupçons.
Car les têtes blondes ont semble-t-il quelques bonnes raisons de se montrer (aussi) vindicatives : non seulement le film énumère les différents malheurs, mais il dresse aussi un catalogue, un constat aussi exhaustif qu'effrayant, de toutes les différentes façons (physiques et morales) dont on peut faire du mal à un enfant. Le rapport à la violence (montrée ou non) est un autre passage obligé de la problématique hanekienne. Et, de ce point de vue là, on n'est pas déçu si j'ose dire. La violence "physique" est à peu près tout ce qui reste  à un être que l'on a soumis durablement à l'humiliation. Et les fils doivent-ils payer pour les péchés de leurs pères, ou bien le contraire ?
Pour oser une comparaison facile, je dirais que le film est, à l'image du câble meurtrier du début, extrêmement tendu et-d'une certaine façon- vengeur. Ce qui est appréciable, c'est que, après le dernier silence du générique, tout n'est pas résolu, (au contraire, pourrait-on dire, les dernières minutes du film viennent rajouter une brouettée de points d'interrogation, suite aux "révélations" qui y sont faites, et aux questions que se pose le spectateur.
C'est finalement un Haneke assez soft (je ne veux toujours pas voir Funny Games, et me souviens encore avec un certain effroi de Benny's video...), une reconstitution historique, les costumes, le noir et blanc, la richesse de la langue... une "belle" oeuvre (je mets à dessein les guillemets), dont la maîtrise esthétique (la "joliesse"...) vient à point  pour contrebalancer le pessimisme et la rigueur du propos. Un film auquel on ne peut pas s'empêcher de repenser (et duquel on ne peut que reparler). En tous cas, en ce qui me concerne, un de ses films les plus aboutis.

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21 novembre 2009

poissons volants

Je ne suis pas très people ni chronique mondaine, et c'est rare que je me fasse ici l'écho d'une disparition. Sauf quand il s'agit de quelqu'un qui me touche.
Voilà, j'ai appris hier (en retard, comme toujours) celle de Kriss

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Kriss, c'était, bien sûr, une voix. Pour moi qui ne suis pas très radio, j'étais, un certain week-end des années 80, tombé sur "L'oreille en coin, une émission de Pierre Codou et Jean Garretto", avec son générique trompettant, et , en plein milieu cette voix si reconnaissable, si FIP, cette voix suave, cette voix délicieuse, cette voix inimitable, et surtout qui racontait des choses qui me touchaient, qui me faisaient rire...
Et je l'ai suivie, de loin en loin. J'avais même acheté son bouquin Sur un air de poissons volants... Elle faisait partie de ces gens que je ne connais pas vraiment mais pour qui j'éprouve une immense sympathie, des gens  avec qui justement on aimerait être plu proche...

Voilà, Kriss est partie raconter ailleurs, et je suis tristounet.

20 novembre 2009

... après l'heure c'est trop tard

(je me suis engagé à chroniquer tous les films que je voyais, mais bon là ça commence à s'accumuler, alors comme Zvezdo je vais tenter de faire bref)

RIVERS AND TIDES
de Thomas Riedelsheimer

Un documentaire apaisant (dixit Marie) sur les travaux du land-artist Andy Goldsworthy. La nature, l'eau, les pierres... Des moments vraiment beaux.(oserais-je mettre sur le même plan un serpent de feuilles qui dérive dans un ruisseau et un gros maçon torse nu en caleçon fleuri ? Non, je plaisante...)

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LETTRE D'UNE INCONNUE
de Max Ophuls

Je voulais absolument revoir ce film. Finalement, (soyons cruel) ce n'est que l'histoire d'une gourdasse amoureuse d'un bellâtre. Classiquement joli. (et joliment classique). A la fois un peu "too much" et le genre d'histoire qui ne peut qu'extrêmement me toucher ("je vous ai aimé en secret toute ma vie...") .Trouvé hélas les deux acteurs principaux peut-être un peu fadasses...

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A CÔTE
de Stéphane Mercurio

Un documentaire poignant sur la prison, mais "sans prisonniers et sans gardiens", juste avec des femmes (épouses et mères de détenus) principalement, et ce qu'est leur vie (les parloirs, l'administration pénitentiaire, l'attente, l'espoir, le désespoir...), avec une mise en forme intéressante (tout ce qui se passe "dehors" est traité en images fixes) et une indéniable recherche plastique.

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Z32
d'Avi Mograbi

Un documentaire qui n'aurait presque plus de documentaire que le nom, tant la forme prime sur le fond (un soldat israélien témoigne -à visage numériquement caché- qu'il a participé a une expédition punitive contre des policiers palestiniens). Le réalisateur (un habitué) traite ça sous forme de comédie musicale yiddish distanciée dans son salon. Bluffant, mais sacrément "questionnant".

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(tiens et pour faire bon poids, un spectacle de danse)

FRESQUE, FEMMES REGARDANT A GAUCHE
de Pacon Decina (et sa compagnie)

La danse, c'est fragile, il suffirait de peu pour qu'on ne voit plus que des gens qui se tortillent ou qui font de la gymnastique. Ici, on a un peu peur de ça au début : plateau nu, pas de musique (puis "ou presque..."), et on se laisse progressivement contaminer par cette douceur, cette... simplicité, cette extrême fluidité des mouvements et, oui osons le mot, cette grâce.

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